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Jeudi 26 janvier 2012
Matin lacéré d'un mauvais rêve. Restes de nuit suspendus aux
paupières. Salle de bain incompétente. Cette glu informe où se
piège mon optimisme. Et je ne me rappelle même plus ce qui me
hantait.
Dehors
le froid prend le soleil et le thermomètre refuse de grimper. Je
vais tenter de me rassembler devant un café, face à cette rose qui
s'agrippe à la beauté qu'elle fût.
Vendredi 27 janvier 2012
Dans
l'arène, on a lâché des hommes politiques. Féroce la cage aux
lions. Aucune dignité, aucun respect pour l'électeur. Je zappe de
plus en plus souvent. Je ne vote pas pour des hommes mais pour des
idées, même si les hommes qui les représentent n'en sont pas
toujours dignes.
Aucune
chance pour le citoyen de base de se faire élire. Il se ferait
étriper par le vocabulaire de circonstance. Refuser le débat.
Seulement exposer ses idées et disqualifier tous les adversaires qui
transgresseraient cette règle. Mais qui s'intéresserait alors à la
politique.
Pauvre
langage, dévoyé par toutes ces limaces baveuses que des
journalistes irresponsables exploitent. Je sais pourtant qu'il existe
des politiques honnêtes, y compris dans ceux qui se prêtent au jeu
médiatique.
Samedi 28 janvier 2012
Ô
merveilleux sourires, vous qui n'avez rien en commun avec ces rictus
qui vous ressemblent, maquillant les visages des maquignons qui
voudraient bien nous vendre leur salade, vous êtes parfois si
anachroniques.
Maquiller
et maquignon n'ont-ils pas tous deux cette même origine néerlandaise
de trafiquer (makelen). Que nous cache-t-on sous ce masque de parade
resplendissant, ces dents blanchies à la javelle, et ce... et
cette... ces lèvres largement ouvertes qui respirent la bonne foi et
le bonheur. Attention à ce qui est trop parfait ! C'est à vendre.
Alors,
mon pauvre sourire que je promène dans la rue, lorsqu'il a croisé
le votre, Madame, par réflexe, vous y avez répondu. Puis vos yeux
se sont arrêtés un instant sur ma bedaine, mes cheveux blancs et
mes vêtements de friperie populaire. Vous vous êtes rétractée,
presque apeurée. Pendant un court instant vous avez été belle,
madame, oui belle.
Astiquée
comme un modèle de foire, vous aviez repris votre allure de
carrosserie rutilante. Vos talons aiguilles balançaient votre cul,
si maigre. Nul marin n'en aurait voulu pour bouée. Soudain je fus
triste de vous deviner si seule.
Dimanche 29 janvier 2012
J'ai
trouvé une coccinelle qui trottinait sur le sol de notre chambre.
Une coïncidence curieuse. Hier soir nous avons reçu l'amie du "Dieu
des coccinelles", titre d'une nouvelle qui relate sa rencontre
avec un naturaliste fameusement gourmand, qui sévit dans la vallée
de Chaudefour. Nous avions déposé son vêtement sur le lit.
Cette
rencontre, c'est l'histoire d'une paire de pantoufles, d'un orage,
d'un coup de foudre et ce qui en est découlé : l'incroyable
complicité entre cet homme, la nature et... les coccinelles.
Cette
rescapée, arpentant timidement ma carpette, avait dû se réfugier
entre les replis secrets de l'anorak de l'aimée. Passant entre les
dents du froid sans coup férir, elle nous rend ainsi un bel hommage
pour avoir provoqué les multiples méandres de leur premier
télescopage. Ce choc émotionnel passé, ils prirent quand même
beaucoup de temps à s'apprivoiser
Petite
coccinelle, entre mes doigts tu joues la morte. Ici tu ne crains
rien. Vois, je te dépose entre les feuilles toujours vertes de cette
plante, miraculée elle aussi, sauvée in extremis de la décharge
municipale.
Lundi 30 janvier 2012
Je
ne retrouve plus ma coccinelle. Bien planquée derrière une feuille
ou dans la terre de ma plante, elle attend patiemment un signal du
soleil.
Les
jours inarticulés de l'hiver égrainent leur monotone rigueur, mais
renoncent pour l'instant à plonger dans le grand froid. La terre se
réchauffe et les pauvres bourgeons ne savent plus que faire. Dans le
méristème, une nouvelle génération de cellules s'impatiente trop
tôt.
Chaque
jour, nous louons les progrès de la science, tout en ignorant les
nombreux signaux d'alerte qu'elle nous prodigue. Droit devant
matelot, fonce dans le récif, pour que, jusqu'au dernier instant, la
croisière s'amuse.
J'en
appelle au poète; dès
aujourd'hui
ami,
remet
tes
mots
sur
l'établi
et façonne
pour
nous
la
rime
mordorée.
Le
murmure
azuré
des
secrètes
saisons, au cœur des
hommes, chantera la raison. Et l'hiver craquera pour des guirlandes
de givre.
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Un récit, des mots touchants qui me parlent ! L'indifférence des marionnettistes face à ce vieux monde qui tombe en ruine ! Bravo et casquette bien bas aux deux artistes, toi Tippi la magicienne des mots, et Marcel pour ce texte résolument altruiste qui résonne en moi comme un signal d'alarme ! A consommer sans modération ! Merci à vous deux !!!!
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