MISE EN VOIX LOUYSE LARIE
Illustration de ZIB
Souris, sot !
L’aube se lève, plombée par un
soleil de feu.
40° sous l’abri de fortune. La
journée sera torride. Le vent a rasé la nuit. Un vent sec, au
souffle glacé qui a enduit de poussière la pierre du toit. Elle
déblaie la couche ocre qui obstrue les ouvertures. Ce fichu sable
s’infiltre partout, le déjeuner sera dur à préparer aujourd’hui.
Dans leur couche, les petits piaulent de faim.
Elle s’active, gratte, déplace les
pierres accumulées par la tempête de sable.
La voie semble libre. Elle sort,
respire pour se débarrasser de ce rouge qui lui obstrue les narines.
Elle n’aurait pas du. Une goulée de feu lui fait exploser les
poumons et la laisse pantelante, l’esprit égaré.
Le soleil cuit la pierre et la
réverbération aveuglante la fait cligner de l’œil.
Doucement, elle reprend ses esprits. La
marmaille attend. Elle jette un regard inquiet à la maisonnée, et
tel un faucon, étend les yeux tout autour de l’abri.
Tout est calme, silencieux. Seul un
insecte corné s’escrime à rouler une graine desséchée.
Elle secoue la tête. Pauvre bête qui
se fatigue pour rien. Cette graine est vide, vide comme l’étendue
immense qui surplombe le malheureux. Aride, magma de cailloux
indifférents qui se dorent la face tandis que d’autres triment !
Un frisson lui parcourt la colonne
vertébrale.
Elle se met en marche, cahotant sur la
pente abrupte. Monter, monter, toujours plus haut, toujours plus
loin, monter pour trouver de quoi subsister.
Un jet de poussière devant ses pieds
la glace d’effroi. Elle sait ce que cela signifie. Elle recule, se
fait toute petite devant les pinces noircicaudes du scorpion.
Le traitre a jailli de son trou, la
toisant de son œil torve. Une morsure et c’en est fini à jamais
dans cette immensité inhospitalière.
La peur lui a fait franchir la première
crête. Une touffe de végétation la salue de ses poils hérissés
en balai défraichi. Elle gratte la terre frénétiquement, à la
recherche de quelque trouvaille juteuse.
Elle creuse d’arrache-pied, s’ombrant
sous le feuillage erratique, bien décidée à déraciner la plante.
Mais la plante tient bon ! C’est
à se demander comment ses racines peuvent trouver de la vie dans ce
sol caillouteux. Mais c’est là le secret de l’adaptation, et la
racine plonge, plonge, au plus profond de la terre.
De ses dents, elle lime la tige,
mâchant ce sable qui la fait tousser. Soudain la plante cède sans
qu’elle s’y attende. Elle choit dans son élan et roule, roule,
roule, jusqu’à son point de départ, dans les cheveux filasse de
la plante.
Sonnée, elle voit tanguer le sommet de
la montagne qui brûle sous le soleil d’airain. Un insecte caché
dans la motte lui tombe dans la bouche. Elle le croque, savoure la
chair douceâtre. Requinquée, elle rentre dans l’abri, tirant la
pitance de la semaine. Les souriceaux éveillés piaulent et piaulent
de joie. C’est l’heure du petit déjeuner !
Zibelyne
5 avril 2012
Merci, ma Louyse, pour ta mise en voix, j'adore, j'en piaule de joie !
RépondreSupprimerMerci ma Zibe, ce fut un régal de piauler pour ton souriceau, pas si sot que ça le coquin !
RépondreSupprimerJe découvre là un bien beau texte Eve et c'était pur régal que d'écouter ton fabuleux récit porté par la voix de cette chère Louyse qui a su si bien nous le narrer pour notre plus grand plaisir ! Aussi, casquette bien bas à toutes les deux pour cette belle évasion ! Et j'allais oublier l'illustration qui est bien belle, décidément, vous êtes deux grandes dames et je vous remercie !!
RépondreSupprimerEt moi je découvre un bien joli commentaire de notre chère Epo....
SupprimerOui, ce fut pour moi un grand plaisir que de donner de la couleur à ce coquin de souriceau si joliment narré par notre Zibe...
Grand merci Epo pour ta jolie visite ...
Louyse, ce souriceau te restera dédié, bisou envolé vers ton ailleurs.
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