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Vendredi 24 février 2012
Laisser
des blancs...
Ou
des points de suspension...
Toujours en devenir,
Quelque
part...
Ce Moi qui me prolonge
Samedi 25 février 2012
Tout
se suspend au poing que l'on serre dans sa poche. Va-t-on encore
longtemps accepter et se taire. L'ombre s'étend. Les regards se
fanent. La désolation insouciante nous mobilise.
Dehors,
la gloriole clinquante défile, pendant que les pigeons se réfugient
sous les arches d'un pont.
Nous
irons, comme d'habitude, aiguiser dans la joie le couteau qui nous
égorgera. Sur un coussin nous le présenterons au bourreau.
-
Monsieur le président, voici notre gorge. Nous vous avons élus sans
trop nous poser de questions. Alors n'hésitez pas, terminez le
travail avant que notre poing ne se tende. Vous n'avez plus que
quelques jours. À moins que...
Dimanche 26 février 2012
Je
décape souvent mon vieux
cerveau rouillé par l'âge, tantôt avec des cris, comme hier,
tantôt en le baignant dans un poème.
Ma
salle de bain s'ouvre sur un jardin secret où chantent le pinson et
la fauvette. De pierre en pierre, une douce cascade égraine ses
notes d'eau. En caressant les feuilles au passage, une lumière d'or
joue ses arpèges sur ma peau.
La
puissante architecture des frondaisons déploie son vert intense,
presque mystérieux. Et le silence, le silence, plus bleu que le
ciel.
Lundi 27 février 2012
Le coloriage s'anime de teintes multicolores fantaisistes. Les
poussinettes gazouillent, crayons de couleur en main. Onomatopées
chantées d’où surnage d'un seul coup cette expression reprise et
reprise " boite à bisous ".
Évidemment en bon voleur de mots, je consigne immédiatement sur un
morceau d'enveloppe usagée.
- que viens-tu de dire ?
- Boite à bisous répond-elle d'instinct, et se reprenant, croyant
que je cherche à la rectifier, boite à bijoux.
Sais-tu, poussinette, quel cadeau tu viens de faire à ton ami poète
? Chaque fois que je serai triste, je fermerai les yeux et j'ouvrirai
ta boite à bisous. Aussitôt jailliront toutes les couleurs de
l'oiseau de paradis que ta sœur habillait de plumes chatoyantes et
ce coffre plein de légumes à qui ta main donne la vie comme s'ils
étaient tout frais. Est-ce lui qui t'a fait dériver vers ce trésor
d'enfance ?
Me revient alors en mémoire Blandine, il y a trente ans, et qui à
l'époque avait ton âge. Elle s'était mise en tête d'écrire un
roman illustré. Une histoire de souris qui allaient manger au
restaurant. Le restaurateur était devenu tout naturellement le
"restauratier."
Mardi 28 février 2012
De plus en plus, la poésie tend vers la prose. Le fracas des mots
entre eux, leur détournement de leur sens premier s'opposent au
rythme régulier qu'impose le pied et la rime. La puissance
romantique de l'alexandrin disparaît au profit de formes plus
chaotiques, un peu à l'image de ce monde qui craque de toutes parts.
Le poème classique devient alors une sorte de refuge pendant que le
poème en vers libres reflète ce désordre de la société libérale
où rien n'est acquis, rien n'est fini. On voit bien que la tentation
de la rime demeure présente, comme un regret d'une autre époque.
Mais le poème en vers libre tente de dire cette fêlure qui se
prolonge en chacun d'entre nous. Sa tentative descriptive offre
plusieurs facettes, plusieurs regards, sur un sujet dont il est le
centre déséquilibré.
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