MISE EN VOIX MATHIEU LAMANNA
Un Mathieu peut en cacher un autre !
Cher
toi,
Avant
de me lancer dans l’exercice, j’ose espérer que le tutoiement ne
te dérange pas. De toute façon, si le vouvoiement avait été de
mise, j’aurais écrit « cher vous », mais c’est bien
à toi que je veux parler, à toi seul. Vous n’a donc rien à faire
ici ! En réalité, je n’éprouve pas l’envie de te parler,
je dois m’y coller avec mes compères. On nous pousse à écrire
sur toi, c’est l’intitulé ! Cette fois-ci, tu es le sujet et tu
dois être ravi, toi que tes fonctions conduisent plus souvent à
œuvrer comme complément. Pour me démarquer, j’ai décidé non
seulement d’écrire sur toi, mais de t’écrire directement. Il
fallait quand même que tu saches qu’on se soucie de toi !
Rien d’étonnant à ce que les autres auteurs, eux, relatent une
histoire intime, tant tu incarnes la dynastie des pronoms personnels.
Ils oublient sans doute que tu es avant tout singulier, unique et
pluriel à la fois, ce qui te confère un statut à part. Tout le
monde pense te connaître, mais tu verras que si chacun aura écrit
sur toi, ce ne sera pas sur – ni sous – le même toi. C’est
l’avantage de te présenter seul devant les auteurs, libéré des
affres d’une consigne à rallonge. Quelques participants rechignent
à parler de toi publiquement, arguant que ce n’est pas chose
aisée. Bien au contraire, c’est si facile de cette façon, l’air
de rien, histoire de brouiller les cartes !
J’avoue,
si je n’ai pas hésité une seconde à prendre ma plume, je n’ai
pas la moindre idée de ce que je souhaite te dire, et pourtant, je
reste persuadé que tu ne t’en offusqueras pas, peu habitué que tu
es à recevoir de tels honneurs. Disserter sur toi évite de parler
de soi, d’eux, de nous ou de moi-même. Tu me suis ? Comment ?
Tu es toi ? Ah ah, très drôle ! Oui, et moi, moi…Bref,
qu’importe donc ce que j’ai à te dire, l’essentiel est de
diluer tout égoïsme, et de s’intéresser parfois aux autres, à
commencer par toi ! Il est d’ailleurs préférable de suivre
cette philosophie pour t’appréhender au mieux sans se casser les
dents sur le sujet. Et de toi à moi, je t’aurais bien
remplacé d’un mot réinventé pour l’occasion : toiser,
c’est-à-dire se mesurer à toi, modestement.
En
parlant d’humilité, je te prie de ne surtout pas me répondre car
tu serais tenté de parler de moi !
Bien
à toi.
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