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samedi 27 décembre 2014

ANNA LOGON - LA MALÉDICTION D'AMAËL - 1/4

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Voix de l'Écho sur une adaptation de Nox Arcana : Night of the wolf











« La Malédiction d’Amaël » 1/4

Des profondeurs d’un si loin-temps qu’aucun n’aurait pu en donner un quelconque millésime, à l’âge des créatures maléfiques brûlant de sécheresse les cultures, noircissant les récoltes, essaimant peste et choléra, de féroces angoisses envahissaient les esprits chrétiens, attisées par les seigneurs de l’Inquisition...

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       Dans les profondes forêts de Waarkrovie, les hauts troncs se blottissent les uns contre les autres et les vents de Calcias y faufilent leurs voix lugubres, tels les gémissements d’obscures présences fouinant l’opacité. Le froid transperce les couennes, les brumes glacent tout sang humain osant y pénétrer. Les ombres ramières reines d’illusions nourrissent les peurs les plus oppressantes. Les parchemins interdits de théogonie faisaient de Waarkrovie un lieu de chaos, ultime refuge des esprits déchus.
       Solides gaillards aux bras puissants, au torse architectural, Amaël et ses quatre compagnons bucherons ne craignent ni râles envoûtants de Malhazard Fossoyeur des Ténèbres ni démons griffus ou volants. Ils se sont enfoncés dans les noires futaies, là où les arbres sont les plus vigoureux. Ils tireront un bon prix de leur labeur. Voilà deux jours qu’ils taillent avec force, étêtent les cimes, dégagent les branchages, les dépècent de leur terne écorce. Leur unique tracas se réduit aux traces d’urine et aux empreintes dans la neige d’une meute de loups aperçue la veille par Matifas. Les hommes étaient à la lisière de leur territoire. Giboin assurait qu’ils n’attaquaient pas l’homme, mais tous restaient sur leur garde. Lequel d’entre eux aurait pu jurer du fond de son âme l’absence de tout enchantement ? Chaque soir, un grand feu veillait sur le campement. Au matin, à nouveau herminettes et merlins portaient l’estocade sur les coins, les troncs s’affalaient dans de bruyants grondements. Deux chevaux tiraient les bois cerclés de lourdes chaînes. Il leur restait dix jours pour achever d’abattre la parcelle, et assurer une bonne bourse aux cinq foyers.
       Au troisième matin, Albaud avait disparu. Aucun cri, aucun hennissement, aucun vestige de lutte. Rien... Il s’était évanoui comme on souffle une bougie... Seul un sillon de sang présageait d’un sort funeste, réveillant d’archaïques terreurs où la croyance redevient loi. Ils l’appelèrent en vain... Giboin découvrit près des billes de bois une main et un morceau d’un bras figé dans la neige carminée, les doigts resserrés sur une tourne-bille. Il se pencha, la griffe était ensanglantée. Les compagnons cherchèrent aux alentours le reste du corps. C’était inutile, les traces s’arrêtaient là. Les regards inquiets se heurtaient en silence. Les loups menaçaient... Il fallait terminer et rentrer au plus vite.
       Seuls les coups de hache et les troncs qui se déchirent résonnaient dans la forêt. Flanqué d’une trompe taillée dans la corne d’un bouc, Fleuret faisait le guet assis sur une haute branche. Avec le couchant, les lumières se distendaient peuplant la forêt d’obscures chimères. Pendant deux nuits, le sommeil resta inaccessible. Les premières lueurs d'une aube si pâle leur brûlaient les yeux, les manches se faisaient plus lourds...
       Giboin s’était évaporé avant le sixième crépuscule dans un silence toujours mystérieux. Matifas trouva les carcasses de deux chevaux morts, un autre plus loin encore vivant la panse éviscérée. Matifas dut l’achever, lui pourfendant le crâne d’un coup de hache, laissant jaillir quelques morceaux de cervelle. Il fallait tout enterrer afin de n’attirer aucune férocité malveillante aux abords du campement. Si cela ne pouvait être l’œuvre des loups, quel sortilège tissait le cruel et l'invisible ? Quelles créatures démoniaques à la solde de Malhazard pouvaient disparaître en un éclair après cet infernal forfait ? Amaël décida que ce jour serait le dernier, aucun écu d’or ne méritait la mort d’un compagnon. Demain matin, ils partiraient de cette terre maudite, abandonnée du Divin. Dans une dernière hargne, les bras se firent plus meurtriers sur les troncs.
       À la tombée du jour, la faim avait poussé la meute attirée par l’odeur du sang et des putrides humeurs infiltrés dans la neige. La horde s’était approchée, tapie dans le sous-bois, attendant l’heure propice. Les hommes assis sur une pierre se réchauffaient d’une écuelle de pain trempé dans un infâme bouillon. À la lueur du brasier, leurs yeux épiaient l’ombre vacillante au-dessus de la flambée, les oreilles en alerte à chaque craquement. Ce répit fut leur dernier. Malgré la veille des hommes, les loups se jetèrent à la vitesse d’une flèche, plantant leurs gueules dans les chairs. Fleuret fut pris par surprise, entre deux monstres lui dévorant déjà le flanc, l’autre la gorge. Il fut condamné sans le temps d’esquisser le moindre geste de défense. Ses égorgeurs rejoignaient les autres dans leurs charges fatales. Matifas réussit à se dégager. Saisissant une sapie il fit front, croc contre crocs. Poussant de rauques hurlements, il les éloignait fouettant l’air de son crampon avec force. Il en tua deux, mais les fauves bondissaient vers lui en vagues incessantes. L’assaut des dents toujours plus sanguinaire que le dernier. Leurs gueules puissantes eurent le dernier mot, arrachant la moitié du visage de Matifas et lui vidant les tripes. Il n’en restait qu’un...
       Amaël affronta courageusement la meute, un par un, plantant crochets de tourne-bille, fendant les têtes et ouvrant les ventres à coups de hache. Une à une les bêtes maudites l’avaient meurtri. La lutte fut âpre, mais l’homme avait vaincu ces damnées. Chancelant, Amaël s’était réfugié près du feu, pansant ses bras en lambeaux de bandage de tissu arraché aux chemises de ses compagnons d’infortune. Il attendrait le jour pour fuir, surveillant les alentours recouverts de sang et de fragments de corps. La nuit n’en finissait pas sous l’astre ambré.
       Soudain, il apparut... Yorik, le Saigneur Pourpre du néant, le plus fort et le plus puissant loup qu’il n’avait jamais vu, telle une montagne de muscles. Jusqu’alors, Amaël croyait que ce thérien des steppes, solitaire, à la tête massive, au terrible poitrail n’était qu’une légende. Il se dressait bien là, devant lui haussé sur ses pattes arrière, debout comme un homme. Yorik s’approchait les crocs scintillants sous des babines d’écume. Plus les lunes passaient plus le fauve se renforçait de monstruosité. Amaël se releva, et lança l’assaut le premier. Aucun ne pourrait dire qu’il fût mort sans combattre... La bête surprise réagit en un éclair lacérant le torse d’Amaël de ses griffes aiguisées telles des lames, lui arrachant en un geste quartier de viande et rugissements de douleur. L’affrontement était rude, mais pas perdu d’avance. À force de courage et d’une hargne devenue sauvage, Amaël devenait plus féroce que le fauve. La lune n’était pas encore à son solstice d’hiver qu’Yorik faisait face à Amaël avec toute sa puissance. Bientôt, la lune serait au plus proche de la terre, et rien ni personne ne pourrait arrêter cette créature satanique. Seul celui qui avait un cœur pur pouvait tuer Yorik.
       Amaël ne se battait plus pour sa vie, il voulait tuer la bête les yeux dans les yeux. L’odeur du sang amplifiait sa fureur, comme si, déjà, toute humanité le quittait. Les cœurs d’Yorik et d’Amaël étaient emplis d'une même barbarie. Au matin, Yorik avait fui pour moitié mort, laissant Amaël la gorge à demi ouverte, ses plaies du corps béantes. Il s’était longtemps traîné, rampant dans les broussailles pour sortir de l'enfer. À bout de forces, avait fini dans le fossé du chemin.

       Une caravane était passée, Galia l’avait ramassé...
.../...



Texte protégé et déposé
Où vous pouvez retrouver l'extrait musical original


6 commentaires:

  1. Oh Oh ! La Belle Iroise prend une voix démoniaque qui me plait à ravir... Auriez-vous, gente dame, fait quelques théâtres ici ou là ?...
    Merci pour ce partage. Bises ♥

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    1. Merci à toi Anna de prêter tes mots à ma voix ! Te ravir quelque peu de ma voix démoniaque, n'est ce pas le plus beau coup de théâtre pour cette fin d'année ! Grosses bises Iroises pour ma Belle Amie aux mots passants ♥

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  2. Texte et interprétation impressionnant ! Belle composition. Btavo

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  3. Quelle belle interprétation ! Merci à toutes deux.

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  4. Génial ! Comme si j’y étais ! Quelle interprétation ma magicienne ! On voit là l’étendue de ton talent. J’adore ces histoires et Anna enotre tient le suspense à mréveille ! Maintenant j'ai hâte de connaître la suite ! CHAPEAU BIEN BAS à toutes les deux ! Gros bisous et joyeuses fêtes de fin d'année ! BRAVOOOO !

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