Voix de l'Écho sur une adaptation de
Nox Arcana - Grimm Tales
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La Malédiction d’Amaël » 3/4
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Pressurant
la cité en ténébreux présage, les ombres de Camarde promenaient
sur les remparts sa menaçante silhouette. Les répugnantes
gargouilles du beffroi semblaient plus charitables. Comme on marque
la peste, une main invisible avait gravé les portes des berceaux à
dépouiller... Quel père, quelle mère blâmer de vouloir ainsi
tromper la bête et protéger sa descendance ? La ville entière
exhalait la mort puante. Sous les porches et les volets clos, le vent
s’agonisait en macabres lamentations. Où était-ce les plaintes
craintives des cinq infortunés qui transpiraient des
pierrailles ? D’itératives prières auguraient aux innocentes
stèles un radieux au-delà. Les peurs primitives aiguillonnaient les
âmes pieuses. Une procession au matin dissuaderait les forces du
Mal. Quelques jours encore et les frères prêcheurs de la Sainte
Inquisition jetteraient ces hérétiques dans les flammes de l’Enfer.
Les paroissiens n’étaient plus solidaires, les désaccords
émiettaient les consciences. Les natures épouvantées restaient
cloîtrées, les plus téméraires conspiraient. Quelques discrètes
réunions alimentaient les esprits plus naïfs. Les parents voulaient
tuer la monstruosité. Pour la survie des enfants, la grâce de Dieu
dicterait leur courage. Saint-Georges n’avait-il point terrassé le
dragon ? Les âmes pieuses s’y opposaient, toute créature,
œuvre de Dieu, relevait du sacré. Aucun homme ne pouvait se
soustraire à la Table des Lois : « Tu ne tueras point » !
Croyances et confusions s’entrechoquaient, formant d’autres
groupes. Certains voulaient sacrifier les garçons demandés. Se
débarrasser au plus vite des maudits protégerait la ville.
- « Des
enfants, on en r’fera d’autres !
-
Sacrifions les chétifs, les souffreteux... Nous graverons une
dalle de leurs noms devant l’abbatiale pour leur assurer les portes
du Ciel et notre éternelle reconnaissance.
- Faut
faire une liste ! C’est qui le plus jeune ?
- L’abbé
nous donnera le registre des baptêmes...
- Si
la Margaux met bas d’un mâle, il s’ra le plus jeune !
- La
sorcière nous réclame nos cadets, jamais elle saura qu’y sont
malades. Comment elle pourrait ?
- P’être
la bête saura... ?
- Et
après, que nous demand’ra d’autre c’te sorcière ? »
Insidieusement, les
crédules superstitions prenaient le pas sur tout évangélisme.
Chaque parent évaluant les âges échafaudait sa liste. Espérant
entière rédemption, certains plongeaient dans un fanatisme
dévotieux, faisant bénir leur dernier-né quatre fois par jour en
toute discrétion pour ne pas éveiller les soupçons de Galia.
Quelques-uns ayant acheté la fiole de potion bleue se croyaient
protégés de cette tempête maléfique annoncée. Endora
n’avait-elle point vu l’avenir dans les arcanes ? C’était
bien là la preuve de l’efficacité de la potion... D’autres
ragots empreints de croyances païennes germaient. Il fallait baigner
l’enfant trois jours avant la pleine lune dans du lait de jument
primipare pour dissiper l’odeur de sang humain coulant dans ses
veines. Une vieille guérisseuse jurait que l’absorption
quotidienne d’un simple jus d’ortie parfumé à la rose
d’officine suffisait au poupon mâle de moins de trois mois pour
que tout son corps embaume la mignonne. Une assurait qu’un collier
de perles d’ambre ou l’image de la vierge couronnée dans les
couches pourvoirait à la protection du garçon.
Grosse
de neuf mois, Margaux s’inquiétait... La faiseuse d’enfants
avait palpé la maturation de son ventre, elle serait mère à la
prochaine lune. La belle serrait les cuisses, appuyant ses mains sur
son ventre pour rentrer plus profond la tête de son petit. Elle
priait qu’il ne naisse pas trop vite. La peur de Galia l’enfouit
avec son homme dans les tréfonds d’un souterrain. La lune aussi
serait bientôt grosse. Ce soir Galia lâcherait Amaël... Avant même
les Vêpres, volets et portes furent consolidés. Le silence retenait
son souffle. Tous tentaient de protéger leurs couvées, les
oisillons sans duvet étaient dissimulés dans le moindre trou pour
échapper au féroce appétit. Dans l’obscurité, nul n’était à
l’abri. Galia libéra Amaël... Un redoutable hurlement déchira le
crépuscule rougeoyant. La bête bondit de la cage. Contraint,
Amaël louvoyait dans les tortueuses ruelles. Une première porte
céda sous ses griffes. Elles balafraient la dalle d’une cave,
attisées par des sanglots étouffés. La pierre résista. Le
furibond ressortit. Grimpa sur un proche muret. Sauta sur les
bardeaux de la maison voisine. Le toit volait en morceaux. Le fauve
dévasta l’unique accès d’une chambre. Surgit babines écumeuses.
Un homme se dressait devant son aimée. La femme s’évanouit. Amaël
disloqua le mari à coups de mâchoires... En une nuit, la bête
avait fracassé trente-cinq maisons, déchiqueté autant d’hommes,
dévoré pour moitié vingt-deux femmes... Mais croqué aucun enfant
ni aucun cœur... À l’aube, Galia rappela Amaël et le
renferma. Elle exultait. Désormais, tous écouteraient plus
attentivement et répondraient à sa requête.
Trois
pères préférant l’excommunication et les feux de l’Enfer
avaient étouffé ou étranglé femme et progéniture, avant que de
se trancher la gorge. La liste des cinq en était modifiée. Au
matin, rares ceux qui osaient sortir. Il leur fallait pourtant se
réunir à nouveau. Les discordes s’enflaient :
- « La
bête est repue, nous pourrions l’achever facilement !
- Tu
crois qu’c’te sorcière n’a qu’un tour dans son sac ?
Elle f’ra d’autres maléfices !
- Que
fait l’Inquisition ?
- Il
nous faut tenir encore un ou deux jours, avant qu’elle ne brûle
ces hérétiques
- Oui !
Oui ! Le bûcher !
- Le
bûcher sans procès !
- Les
loups-garous ne craignent pas les flammes, s’écria un chasseur.
Seule une flèche d’argent pourra le tuer.
- Aucun
d’entre nous n’a une telle arme !
- Nous
sommes condamnés à la mort, s’effondra une vieille en priant.
- Vieille
folle ! Pourquoi tous ? Elle n’veut que cinq plus
jeunes !
- P’être
j’pourrais espionner Galia, rétorqua l’herboriste, et découvrir
ses secrets... Après je...
- Ouais...
Pour maîtriser la bête et l’avoir à ta solde, s’écria un
homme lui sautant à la gorge.
- Sous
peu, l’Inquisiteur nous délivrera.
- Préparons
le bois du bûcher !
- Ça
n’tuera pas la bête, j’vous dis ! »
Les
discussions s’envenimaient. Une bagarre suivit entre la moitié des
hommes. Les esprits s’échauffaient : les courageux
incroyants, les craintifs dévots, les ardents défenseurs, les
perfides dépravés, les lâches toujours angoissés, les hypocrites
ployant selon le vent, les vils flagorneurs... Une belle brochette
d’humanité sous la coupe de Galia et son impitoyable
abomination... Malgré les cruautés de la nuit, la maudite réclamait
toujours son dû, cinq cœurs des plus jeunes mâles.
Protégés
sous la terre opaque, ils pensaient le sauver. Margaux serait bientôt
mère. Les douleurs déchiraient. Sans le savoir, plus elle retenait
l’enfant en appuyant avec force sur son ventre, plus il se
présentait mal. Aucun son ne devait retentir dans l’écho du
terrier. Margaux s’étouffait hurlante dans le torse de son homme
qui ne savait quoi faire. La laisser seule et chercher la faiseuse ?
Ou aider sans savoir ? Colin promit de revenir vite. Margaux
pria le Divin, s’excusant de s’être tapie telle une bête dans
le ventre de la terre. Des souffrances inhumaines lui brûlaient les
entrailles. Margaux se résigna. Retroussant ses cotillons, elle
ouvrit largement les cuisses. Malgré ses cris et son supplice, rien
ne sortait. Colin et la vieille la découvraient inerte dans les
sombres ténèbres, le périnée déchiré par son propre enfant. La
vieille se pencha. La carnation de Margaux ne trompait pas son état.
Les deux étaient morts. C’était une fille... Colin tomba à
genoux maudissant le trop proche Malin.
Amaël,
lui, aurait voulu profiter de cette nocturne « mission »
pour fuir. Divine liberté... Seuls ceux qui en sont privés savent
ce mot. Mais Galia l’emprisonnait par ses maudites incantations. Et
qu’en aurait-il fait puisqu’il était damné jusqu’à l’infini
des temps ?...
.../...
Texte protégé et déposé
Où vous pouvez retrouver l'extrait musical original
Quelle belle interprétation ! Merci Tippi, j'en suis ravie. Belle journée à toi ♥
RépondreSupprimerUn grand grand merci à toi ! Je ne vais pas répété ce que j'ai mis ci-dessous à Eponine mais ce plateau d'argent, c'est le tien ! Belle Belle journée à toi ma Belle Amie
SupprimerC'est vraiment super ! Comme si on y était, tu m'as fait trembler de peur Tippi tant tu es douée ! Quelle fabuleuse histoire ! Un nectar ! Foi de Gavroche CHAPEAU BIEN BAS à toi la magicienne et à Anna ! Gros bisous et que cette nouvelle année vous apporte à toutes les deux et à ceux qui vous sont chers la concrétisation de tous vos souhaits ! Longue vie et hip hip hip hourra pour le super blog, la diversité, la richesse, des plumes formidables et généreuses que je vais vite rejoindre !:!
RépondreSupprimerJ'ai pris grand grand plaisir à dompter ma voix dans un genre très inhabituel ! Anna m'a offert cette expérience sur un plateau d'argent. Merci Eponine d'avoir baptisé cette composition texte et voix "NECTAR", nous en sommes ravies et t'en remercions beaucoup.
SupprimerHeureuse par ailleurs que ce blog te plaise autant Eponine et oui tu sais bien, tu m'envoies présentation et textes et tu rejoins cette bande de copains de l'Echo ! (me faut toujours un peu de temps pour organiser mes publications, bien sûr !)