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Dimanche 25 mars 2012
Ah les listes de mots ! Les sons en è. Mélina m'en fait lecture
- Chèvre, crèche, peigne, permettre, pêche, nièce, stratagème ...
Elle s'interrompt sans raison, le doigt posé sur un mot si simple que je ne comprends pas son hésitation. J'insiste.
- Mais tu le connais ce mot !
- j'y arrive pas ... tu peux me le lire ?
Son regard surpris, comme si elle n'osait pas, comme si elle me tendait un piège.
- c'est pourtant facile !
- Dis-le-toi !
- Ferme
- Tu viens de dire un gros mot !
- ... ... Puis je comprends
Chez elle, les adultes leur intiment l'ordre de se taire par "la ferme" ou "ferme-la" mais ne veulent évidemment pas que les enfants leur retournent cette injonction d'impolitesse et d'énervement.
- Tu ne sais pas ce que c'est qu'une ferme ?
- ...
Bon, je vous passe l'explication enfants des campagnes. La pauvreté grandissante du vocabulaire me surprend toujours et me désarme et, de plus, dans ces cas-là, je perds mes moyens, je bafouille, je m'embrouille. Adieu veaux, vaches cochons ...
- Les vaches qui font du lait ?
- Oui c'est cela Poussinette.
Cette manie de faire des énumérations chez certains écrivains, ne serait peut-être que des restes d'apprentissage à la lecture.
- Pastèque, fidèle, honnête, fertile, bibliothèque ...
Lundi 26 mars 2012
Dans la nuit, ton souffle régulier. Tu ne dors pas, je le sais. Tu
es dans cette prairie, chaque fleur comme un ver luisant, ton visage
baigné dans un halo pâle qui n'a pourtant rien de terne. Une légère
luminescence qui m'aspire.
Dehors de longs hurlements et les arbres debout, grincent des dents,
résistent. Tôles froissées, déchiquetées, des phares
s'éteignent. Lueurs des obus et tous ces cris qui me parviennent.
Debout ... les arbres ... inexorablement.
Dans la nuit, ce doux murmure, oui la tempête, les bruits du monde,
la route qui tue, je les oublie. Comme s'il ne s'était rien passé,
nos routes secrètes, que seule la lune éclaire, nous ramène vers
l'aube éblouissante.
Mardi
27 mars 2012
Laisser des blancs ou des points de suspension ... toujours en
devenir ... quelque part ...
Ce moi qui se prolonge ...
Tous ces mots que j'étends sur le fil de vos yeux. Ils sèchent à
votre souffle. Et me voici vêtu de neuf dans l'haleine de vos jours.
Joncs et nuages ... bourdonnement des fleurs ... miroir de l'étang
sous le soleil.
Ce fil entre vous et moi tendu vibre au moindre bruissement de
vos lèvres.
Jamais l'heure ne s'épuise à nous compter le temps lorsque s'élève
le chant sur la portée des mots.
Oui, vraiment, amis lointains, vous me donnez du panache.
Et le temps s'efface.
Mercredi
28 mars 2012
Halte singulière de la nuit. Le corps allongé semble dormir.
Brusque soubresaut. L'essaim dans mon crâne s'agite et me réveille.
L'obscurité s'anime. Des idées s'entrechoquent tournent en rond et
soudain m'illumine. Je tiens quelque chose ... et je me rendors.
Au réveil, j'ai comme un manque. Pourtant ce matin :
Quand le printemps ouvre sa paume
Que le blé n'est pas encor chaume
Que tu remets ta robe mauve
La suite ..., la suite ? Peut-être jamais.
Jeudi
29 mars 2012
Jamais il ne me viendrait à l'idée de solliciter un auteur pour
obtenir un autographe. Son livre oui, sa signature en dessous de mon
prénom quelle vanité de croire à cette pseudo promiscuité
commerciale. Pourtant les auteurs s'y plient avec beaucoup de
gentillesse dans les " fêtes du livre."
Aujourd'hui, je l'avoue, j'ai signé à la place de Brigitte Smadja
auteur de livres pour enfants. J'aidais une amie libraire à tenir le
stand enfants sous le grand chapiteau installé face à la mairie.
Une maman et sa fille achètent le bouquin de Madame Smadja.
- Si vous pouviez le lui dédicacer réclame la maman.
- Désolé Madame, l'auteur ne sera pas présente cette année.
- S'il vous plait !
- Vraiment désolé.
Je croyais cet incident clos, lorsque je les vois revenir. L'enfant
est en pleurs. La maman revient à la charge. Je n'ai pu résister à
cette détresse et j'ai dû écrire quelque chose comme ça:
Brigitte te remercie par l'intermédiaire du libraire, d'avoir
acheté son livre et j'ai signé Marcel.
Grands sourires. Soudain ce livre prenait une valeur sentimentale
inestimable. Si la fillette, maintenant adulte, consulte encore cette
dédicace, elle doit bien rire de son innocente insistance.
Mille excuses Madame Smadja, c'était pour la bonne cause.
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