Mercredi 4 avril 2012
Les
enfants mosaïques, fruit du hasard des assemblages humains, échouent
comme de vulgaires tessons délaissés, dans les débris de notre
société. Les enfants mosaïques pourtant, couleurs crépues,
danseurs échevelés, éperdus, perdus mais incroyablement vivants
ont ce bonheur vif des poissons sauvages.
Mes
mohicans en quête de territoires, vif éclair, tatouages tenant lieu
de plumes, prodiges effrontés du rap, mes guerriers sans conquête,
presque sans âge, vous frappez bruyamment à la porte.
-
Oui, répond une voie policée. Ah c'est vous ! Votre CV est trop
maigre, votre langage existentiel trop ... disons ... fleuri.
Ô
ma fleur d'oranger, mon jasmin si précoce, dans ton quartier il n'y
a jamais eu de fleuriste. Et lorsque tu fleuris, fillette toquant ma
porte, je ne puis t'offrir que mon maigre bagage en t'expliquant que
pour certains mosaïque est un gros mot, une sorte de maladie
génétique.
Jeudi 5 avril 2012
Mosaïque
: fragments disparates écrits par un mec qui a une drôle de
structure chromosomique provoquant un friselis orgasmique de
vocabulaire.
Ah
! Vous sentez chez vous une sorte d'ardeur fiévreuse et vous venez
d'acheter compulsivement plusieurs ramettes de papier ? Méfiez-vous.
Allez donc consulter un docteur ès littérature. Toc, toc, toc.
- Oui, répond une voie policée. Ah c'est vous ! Votre CV est trop
maigre, votre langage existentiel ... trop ... disons ... fleuri.
Vendredi 6 avril 2012
Je
trouverai ce qui te désespère et pourquoi tu voyages toujours avec,
dans ton bagage, cette porte, blindée évidemment, et quatre points
d'ancrage, c'est plus sûr. Je trouverai cette aube claire qui
forcera ton cœur. Je trouverai le coffre où enfermer tes doutes et
tes peurs.
Tu
viens de croiser sans la voir Latifa la Magnifique qui vient de
dépenser son dernier centime et donne pourtant son pain du jour à
celui qui a faim. Moi je n'aurais pas pu. Elle venait d'être
licenciée ce matin même, mais qu'importe. Quelle gifle j'ai pris.
Je
trouverai la clé magique. Elle est dans ce vieux bric-à-brac de mon
enfance innocente, coincée entre deux souvenirs occultés. Parce
qu'il me faut l'ouvrir cette porte qui t'encombre et qui m'encombre
aussi.
Samedi 7 avril 2012
Ligoté dans tes bras, je te promets l'ivresse sans retenue de l'été,
la fleur glissée dans ton corsage et le doux réquisitoire du temps
sur tes rides. Tu me libères et je ne brade rien de ces promesses.
Partons.
J'ai
loué un âne pour porter les bagages et pour marcher au gré de son
batifolage et de ses caprices gourmands. Nous traversons les ghettos
des banlieues. Notre rêve de campagne, personne n'en veut. Ici
l'urgence serait plutôt au saucisson. L'âne a senti le danger et
nous peinons à suivre son pas pressé. Dès la première herbe il se
calme et s'étonne d'un rien.
Nous
sommes dans les champs à fouetter notre envie de forêt qui, de
loin, nous fait signe. Ce n'est plus mon récit qui importe mais le
bugle et la violette. Tu manges une partie de ton visage sous un
chapeau de star et tu chipotes la véronique à la dent de notre
compagnon. Ton pas infatigable, ta fluidité dans l'air, tu danses.
Les
chemins prennent ton visage
Et
les arbres te dévisagent
Plus
tard, un vieux cabanon nous accueille. Ouvert de toutes parts, sa
protection n'est qu'illusion. Qu'importe, il flotte ici comme un
parfum d'éternité.
Dimanche 8 avril 2012
Un
soir de juillet, l'heure tardive criant la déroute du jour, nous
plantons la toile de tente au-dessus de Florac, à proximité d'un
petit abreuvoir. Très en dessous, la ville étale ses lumières. La
nuit devrait être calme.
Soudain,
une musique de foire inonde la vallée. Les montagnes se la jouent
caisse de résonance. Intervilles ... et ses animateurs braillards,
comme si nous étions assis sur les gradins en bordure de piste. Nous
profitons ainsi de l'hystérie télévisuelle jusqu'à plus soif.
Enfin la ferveur populaire rejoint son lit. Ah le calme de la
campagne !
La
nuit sera courte. Très courte. Nous sommes rapidement réveillés
par un bruit de cloches et des frottements contre la tente. Un
troupeau de moutons s'est rapproché du point d'eau et bêle à qui
mieux mieux. Ah les charmes de la campagne !
Levés
aux aurores, nous cheminons en direction du Pont de Monvert. Nous
choisissons le camping municipal. Plus qu'une seule place disponible
près des sanitaires. Enfin nous allons pouvoir récupérer de nos
fatigues de la veille. Las !
Soudain
..., vous connaissez déjà la musique, c'est la même qu'à Florac.
Eh oui, nous sommes le quatorze juillet et le bal du village se
déroule dans notre camping.
Je me suis régalée de bout en bout. Merci !
RépondreSupprimerMerci pour Marcel ! Bisous Joëlle
SupprimerToujours un régal renouvelé que de t'écouter égrainer les mots de Marcel qui vibrent d'émotion et de poésie ! Tellement de justesse et d'altruisme dans ses propos ! Foi de Gavrochette CHAPEAU BIEN BAS à tous les deux les artistes ! Merci pour ce plaisir et ces mots si beaux ! BRAVO ! Bisous ma Tippi magicienne et douce journée à tous les deux loin de toute contrariété !!
RépondreSupprimerJeu de piste Eponine ! Une réponse de moi à toi, sur le texte de Durandal "Tomber amoureux" !
SupprimerMerci toi aussi pour tes lectures fidèles de ce journal poétique de Marcel. Bises