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mardi 10 février 2015

MARCEL FAURE - 0196 à 0200 de La danse des jours et des mots









Mercredi 4 avril 2012 

Les enfants mosaïques, fruit du hasard des assemblages humains, échouent comme de vulgaires tessons délaissés, dans les débris de notre société. Les enfants mosaïques pourtant, couleurs crépues, danseurs échevelés, éperdus, perdus mais incroyablement vivants ont ce bonheur vif des poissons sauvages.
Mes mohicans en quête de territoires, vif éclair, tatouages tenant lieu de plumes, prodiges effrontés du rap, mes guerriers sans conquête, presque sans âge, vous frappez bruyamment à la porte.
- Oui, répond une voie policée. Ah c'est vous ! Votre CV est trop maigre, votre langage existentiel trop ... disons ... fleuri.
Ô ma fleur d'oranger, mon jasmin si précoce, dans ton quartier il n'y a jamais eu de fleuriste. Et lorsque tu fleuris, fillette toquant ma porte, je ne puis t'offrir que mon maigre bagage en t'expliquant que pour certains mosaïque est un gros mot, une sorte de maladie génétique.



Jeudi 5 avril 2012 

Mosaïque : fragments disparates écrits par un mec qui a une drôle de structure chromosomique provoquant un friselis orgasmique de vocabulaire.
Ah ! Vous sentez chez vous une sorte d'ardeur fiévreuse et vous venez d'acheter compulsivement plusieurs ramettes de papier ? Méfiez-vous. Allez donc consulter un docteur ès littérature. Toc, toc, toc.
- Oui, répond une voie policée. Ah c'est vous ! Votre CV est trop maigre, votre langage existentiel ... trop ... disons ... fleuri.


Vendredi 6 avril 2012 

Je trouverai ce qui te désespère et pourquoi tu voyages toujours avec, dans ton bagage, cette porte, blindée évidemment, et quatre points d'ancrage, c'est plus sûr. Je trouverai cette aube claire qui forcera ton cœur. Je trouverai le coffre où enfermer tes doutes et tes peurs.
Tu viens de croiser sans la voir Latifa la Magnifique qui vient de dépenser son dernier centime et donne pourtant son pain du jour à celui qui a faim. Moi je n'aurais pas pu. Elle venait d'être licenciée ce matin même, mais qu'importe. Quelle gifle j'ai pris.
Je trouverai la clé magique. Elle est dans ce vieux bric-à-brac de mon enfance innocente, coincée entre deux souvenirs occultés. Parce qu'il me faut l'ouvrir cette porte qui t'encombre et qui m'encombre aussi.



Samedi 7 avril 2012 

Ligoté dans tes bras, je te promets l'ivresse sans retenue de l'été, la fleur glissée dans ton corsage et le doux réquisitoire du temps sur tes rides. Tu me libères et je ne brade rien de ces promesses. Partons.
J'ai loué un âne pour porter les bagages et pour marcher au gré de son batifolage et de ses caprices gourmands. Nous traversons les ghettos des banlieues. Notre rêve de campagne, personne n'en veut. Ici l'urgence serait plutôt au saucisson. L'âne a senti le danger et nous peinons à suivre son pas pressé. Dès la première herbe il se calme et s'étonne d'un rien.
Nous sommes dans les champs à fouetter notre envie de forêt qui, de loin, nous fait signe. Ce n'est plus mon récit qui importe mais le bugle et la violette. Tu manges une partie de ton visage sous un chapeau de star et tu chipotes la véronique à la dent de notre compagnon. Ton pas infatigable, ta fluidité dans l'air, tu danses.
Les chemins prennent ton visage
Et les arbres te dévisagent
Plus tard, un vieux cabanon nous accueille. Ouvert de toutes parts, sa protection n'est qu'illusion. Qu'importe, il flotte ici comme un parfum d'éternité.



Dimanche 8 avril 2012 

Un soir de juillet, l'heure tardive criant la déroute du jour, nous plantons la toile de tente au-dessus de Florac, à proximité d'un petit abreuvoir. Très en dessous, la ville étale ses lumières. La nuit devrait être calme.
Soudain, une musique de foire inonde la vallée. Les montagnes se la jouent caisse de résonance. Intervilles ... et ses animateurs braillards, comme si nous étions assis sur les gradins en bordure de piste. Nous profitons ainsi de l'hystérie télévisuelle jusqu'à plus soif. Enfin la ferveur populaire rejoint son lit. Ah le calme de la campagne !
La nuit sera courte. Très courte. Nous sommes rapidement réveillés par un bruit de cloches et des frottements contre la tente. Un troupeau de moutons s'est rapproché du point d'eau et bêle à qui mieux mieux. Ah les charmes de la campagne !
Levés aux aurores, nous cheminons en direction du Pont de Monvert. Nous choisissons le camping municipal. Plus qu'une seule place disponible près des sanitaires. Enfin nous allons pouvoir récupérer de nos fatigues de la veille. Las !
Soudain ..., vous connaissez déjà la musique, c'est la même qu'à Florac. Eh oui, nous sommes le quatorze juillet et le bal du village se déroule dans notre camping.












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4 commentaires:

  1. Je me suis régalée de bout en bout. Merci !

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  2. Toujours un régal renouvelé que de t'écouter égrainer les mots de Marcel qui vibrent d'émotion et de poésie ! Tellement de justesse et d'altruisme dans ses propos ! Foi de Gavrochette CHAPEAU BIEN BAS à tous les deux les artistes ! Merci pour ce plaisir et ces mots si beaux ! BRAVO ! Bisous ma Tippi magicienne et douce journée à tous les deux loin de toute contrariété !!

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    1. Jeu de piste Eponine ! Une réponse de moi à toi, sur le texte de Durandal "Tomber amoureux" !

      Merci toi aussi pour tes lectures fidèles de ce journal poétique de Marcel. Bises

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