MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE DU PREMIER ÉPISODE
Mercredi 9 mai 2012
Je ne
veux pas parler
De
mon dos en compote
De
mes hanches en déroute
De ma
peau craquelée
De
mon nez renifleur
De
mes yeux fatigués
Ni de
mes insomnies
Je ne
veux pas parler
De
mon caractère grognon
De
mon humeur de chien
De ma
peur du lendemain
De
mon côté écureuil
De
mon goût des épices
Ni de
mon ventre rebondi
Je ne
veux pas parler
De ma
feuille d'impôts
Des
fiches à remplir
Pour
ceci ou cela
Du
balai et de la serpillière
Ni du
sol à laver
Je ne
veux pas parler
De la
pluie du beau temps
De
l'ascenseur pourri
De la
peinture écaillée
Des
odeurs qui remontent
Jusqu'à
la salle de bain
Ni du
ça va et vous
Non
rien de tout cela
Juste
écrire ... peut-être
Un
jour de plus
Jusqu'à
ma dernière heure
Juste
un jour avec toi
Jeudi 10 mai 2012
Sous
les lampadaires de l'éclairage public, l'enfant noir de Madagascar
apprenait à lire, me dit une amie, autrefois institutrice dans la
grande île.
Aujourd'hui,
dans nos grandes villes, sous les lampadaires on apprend à mourir.
Si le temps se montre clément, la leçon est longue ..., longue ...
Alors
à l'aube, devant les boulangeries, on s'en va sagement réciter un
poème maudit.
Un
jour de plus
Jusqu'à
ma dernière heure
Juste
un jour de trop
Vendredi 11 mai 2012
Autour d'un halo de lumière des insectes croient à la révélation
divine du jour. Ils tourbillonnent autour de cette île déserte,
dans l'attente d'un signe. Dans l'ombre rauque, une déléguée du
plaisir agite ses charmes. Là aussi, des bêtes s'impatientent.
Chacun leur tour, ils s'échinent sur la peau exotique plus pâle que
les draps d'un lit.
Souviens-toi,
tout ce qui brille n'est pas lumière et lorsque tu redescends de
cette chambre, plus léger de quelques billets, et plus lourd encore
de ta solitude, de cet inutile ballet d'élytres.
Samedi 12 mai 2012
Alors je plonge dans le vide. Froissement des idées sur ma peau.
Rien n'est clair. Un labyrinthe de courbes où je rebondis comme
l'écho. Plus la vitesse est grande, plus je me sens immobile, enfin
ce qui m'entoure est immobile.
Je ne suis pas seul. Tout autour de moi, des corps tombent. À la
même vitesse que la mienne. Enfin tout se stabilise, nous tournoyons
... autour d'un lampadaire.
Puis rien, que ce trop plein de mots qui déborde, que ce phare qui
clignote, et la mer, au loin, mouvante promesse qui mange mes
angoisses. Et je chante la mélopée verte et bleue, la frise blanche
sur la vague et le reflet de tes yeux où je m'enfouis.
Dimanche 13 mai 2012
À
qui s'adresser si ce n'est à soi même. Mais notre parole s'use.
Alors écouter le chant qui enfle notre poitrine, parce que l'air que
l'on respire est musique. Dans ce face à face qui pourrait vite
tourner au narcissisme, poser ma bouche ouverte sur l'étonnement de
l'aube.
La
douce buée de la rosée évapore mes doutes ... jusqu'à demain.
Des mots qui virevoltent pour notre plus grand plaisir ! CHAPEAU BIEN BAS à tous les deux ! C'est toujours un régal que d'écouter les mots de Marcel si justes !
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