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mardi 31 mars 2015

MARCEL FAURE - 0231 à 0235 de La danse des jours et des mots




MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE DU PREMIER ÉPISODE 




Mercredi 9 mai 2012  

Je ne veux pas parler
De mon dos en compote
De mes hanches en déroute
De ma peau craquelée
De mon nez renifleur
De mes yeux fatigués
Ni de mes insomnies
Je ne veux pas parler
De mon caractère grognon
De mon humeur de chien
De ma peur du lendemain
De mon côté écureuil
De mon goût des épices
Ni de mon ventre rebondi
Je ne veux pas parler
De ma feuille d'impôts
Des fiches à remplir
Pour ceci ou cela
Du balai et de la serpillière
Ni du sol à laver
Je ne veux pas parler
De la pluie du beau temps
De l'ascenseur pourri
De la peinture écaillée
Des odeurs qui remontent
Jusqu'à la salle de bain
Ni du ça va et vous
Non rien de tout cela
Juste écrire ... peut-être
Un jour de plus
Jusqu'à ma dernière heure
Juste un jour avec toi


Jeudi 10 mai 2012 

Sous les lampadaires de l'éclairage public, l'enfant noir de Madagascar apprenait à lire, me dit une amie, autrefois institutrice dans la grande île.
Aujourd'hui, dans nos grandes villes, sous les lampadaires on apprend à mourir. Si le temps se montre clément, la leçon est longue ..., longue ...
Alors à l'aube, devant les boulangeries, on s'en va sagement réciter un poème maudit.
Un jour de plus
Jusqu'à ma dernière heure
Juste un jour de trop



Vendredi 11 mai 2012 

Autour d'un halo de lumière des insectes croient à la révélation divine du jour. Ils tourbillonnent autour de cette île déserte, dans l'attente d'un signe. Dans l'ombre rauque, une déléguée du plaisir agite ses charmes. Là aussi, des bêtes s'impatientent. Chacun leur tour, ils s'échinent sur la peau exotique plus pâle que les draps d'un lit.
Souviens-toi, tout ce qui brille n'est pas lumière et lorsque tu redescends de cette chambre, plus léger de quelques billets, et plus lourd encore de ta solitude, de cet inutile ballet d'élytres.



Samedi 12 mai 2012 

Alors je plonge dans le vide. Froissement des idées sur ma peau. Rien n'est clair. Un labyrinthe de courbes où je rebondis comme l'écho. Plus la vitesse est grande, plus je me sens immobile, enfin ce qui m'entoure est immobile.
Je ne suis pas seul. Tout autour de moi, des corps tombent. À la même vitesse que la mienne. Enfin tout se stabilise, nous tournoyons ... autour d'un lampadaire.
Puis rien, que ce trop plein de mots qui déborde, que ce phare qui clignote, et la mer, au loin, mouvante promesse qui mange mes angoisses. Et je chante la mélopée verte et bleue, la frise blanche sur la vague et le reflet de tes yeux où je m'enfouis.



Dimanche 13 mai 2012 

À qui s'adresser si ce n'est à soi même. Mais notre parole s'use. Alors écouter le chant qui enfle notre poitrine, parce que l'air que l'on respire est musique. Dans ce face à face qui pourrait vite tourner au narcissisme, poser ma bouche ouverte sur l'étonnement de l'aube.

La douce buée de la rosée évapore mes doutes ... jusqu'à demain.















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1 commentaire:

  1. Des mots qui virevoltent pour notre plus grand plaisir ! CHAPEAU BIEN BAS à tous les deux ! C'est toujours un régal que d'écouter les mots de Marcel si justes !

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