MISE EN VOIX PAR MARCEL FAURE D'UN ÉPISODE
Samedi 19 mai 2012
L'idéologie de la perfection ne s'applique plus qu'à la qualité du
travail et se limite à qualifier un objet fini. L'homme y a renoncé
pour lui-même, comme il renonce de plus en plus, à toute altérité
en préférant se fondre au lieu de s'affûter.
Dans
cet environnement hostile, je m'interroge chaque jour. Par quel
miracle ai-je rejoint le camp des fous, des artistes et des enfants
qui chantent les louanges des sentiers buissonniers.
Et je me noie dans la beauté des choses pour aborder le réel de
travers.
Dimanche 20 mai 2012
Je ne peux dessiner ce qui vole trop vite. Il m'en reste cependant
une perception aigue, comme si la couleur de mon âme en avait été
modifiée. L'éclat d'une gorge entrevue, la grâce d'une aile
déployée, l'éphémère transformation de l'ombre sous l'arbre
inondé de soleil, le reflet sans cesse renouvelé du roseau dans un
lac, tout cela à jamais imprimé.
Tout cela et plus encore, l'ébauche d'une caresse, la douceur d'un
geste maternel, cette rougeur subite sur vos joues, votre regard qui
me brise et s'en va. Et puis tout ce qui n'est pas dit, ces
sentiments plus volatiles qu'une odeur, le bruissement de ce qui va
naître, tout ce qui sommeille en nous et ne demande qu'à aimer.
Lorsque
la nuit se glisse entre mes draps, mon corps apaisé respire et
digère l'indicible. Demain, dans la trame serrée des jours
j'avancerai léger, imperceptible et superbement plus dense.
Lundi 21 mai 2012
Le
philosophe Luc Ferry, chaque fois qu'il s'exprime développe une
philosophie de la générosité s'appuyant sur l'école, l'écologie,
le sens de l'effort et le refus de toutes frontières, celles des
états comme celles ancrées dans nos esprits. Jusque là, tout va
bien, mais il voudrait que cette politique où l'homme occupe la
place centrale, soit appliquée par sa " famille "
politique : la droite.
Cherchez
l'erreur.
Mardi 22 mai 2012
J'aurais
aimé naître un 29 février 2012. Un anniversaire tous les quatre
ans, voilà qui aurait été sympa. Ou alors un 32 mai, un jour
unique, spécialement créé pour moi. Je n'en aurais tiré aucune
gloire particulière mais j'aurais été débarrassé à vie de cette
obligation de dire et de fêter un an de plus.
Ce
n'est pas tant de voir s'ajouter quelques rides sur mon front, mais
cette convenance pesante qui fait que l'on doit recevoir des vœux et
en être heureux. Je n'ai jamais aimé les fêtes, et les
anniversaires en font partie. A tout le falbala, le décorum, le
sapin, les bougies, la rose pour maman ... j'ai toujours préféré
l'attention discrète et constante, le petit geste, comme çà, pour
rien, le menu cadeau d'un jour ordinaire et la vraie surprise qui
l'accompagne.
Ou
alors la fête improvisée d'un jour comme les autres, le feu
d'artifice au milieu de nulle part, seulement pour chanter sa joie de
vivre, la pulsation profonde du sang dans les veines ou cette bouffée
d'amour qui empourpre soudain nos joues.
Oui
j'aurais aimé naître un improbable brumaire de l'an 77 727 ou de
l'an – 18028, avec ce même air, cette même eau sans cesse
recyclée.
Mercredi 23 mai 2012
Le
vivier tendre de tes yeux
Le
désordre ému de tes cheveux sur l'oreiller
Et
moi
Sauvage
et ombrageux
Dans
les marges du lit
Je
cherche un poème
A
quoi tu penses dis-tu
Je
pense à toi je réponds
Trouvant
chaque mot trop lourd
Aucun
qui ne soit digne
Pour
orbiter
Si
près de tes seins
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire