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samedi 28 juin 2014

EMECKA - ELLE NE ME LÂCHE PAS



MISE EN VOIX LOUYSE LARIE











Elle ne me lâche pas…



Je veux parler de mon imagination ! Au début, quand j’étais enfant, je veux dire, elle était ma sœur. Enfin, la vraie, celle avec qui je pouvais discuter, celle avec qui je pouvais jouer. Quand je lui parlais, elle me répondait, systématiquement. O pas toujours aimablement ! Mais comme une sœur parle à son petit frère, avec des mots, des réponses, des répliques. Nous avancions ensemble et elle me permettait de ne pas être seul à décider. Je lui demandais toujours son avis.

Un jour, par un après midi d’été pluvieux, de ceux qui vous collent un vêtement d’ennui sur le dos et qui vous rendent mélancolique, je cherche « quelque chose à faire »… ! Mon regard se porte soudain sur une buche de bois, courte, droite et d’un bon diamètre. Je questionne instantanément ma compagne. Elle me dit :

- « Tu pourrais bien en faire une sculpture de ce machin… »

Dans un premier temps je ne réponds pas, bloquant quelque peu sur le terme « sculpture ». Mais finalement elle a mis un vers dans mon fruit cérébral. Je vais sculpter ce bout de bois. Je réunis rapidement divers outils pouvant servir à cureter, à couper, à poncer cette future « œuvre d’art. » Elle me guide, me force à réfléchir, à reculer, à penser et naturellement, elle fait apparaitre en moi, l’image d’un visage, d’une tête plus exactement. Plusieurs heures plus tard, trône sur l’établi de mon père une statue de bois, lisse, expressive et fine. Elle et moi, sommes très satisfaits du résultat. J’ai toujours gardé cette figure initiatique.

Par la suite, au cours de ma vie d’adolescent, d’adulte elle m’a constamment proposé « des choses » à faire. Ainsi, avec elle j’ai osé dessiner, peindre, écrire, parler, discourir, animer, enseigner bref, toutes ces activités où il faut être créatif. Elle est fidèle et toujours prête. Enfin presque toujours !

Il m’arrive de m’installer simplement devant une feuille blanche, une toile blanche, mon ordinateur et lui dire gentiment : « j’attends » ! Puis, rien ! … Elle ne répond pas ! Alors, comme dans un vieux couple, je lui demande : « qu’est ce qui se passe, tu boudes ? » Pensant l’avoir froissé par maladresse lors d’un texte où je me suis aventuré un peu seul, lors d’un dessin insipide, lors d’une réflexion totalement stéréotypée, je lui fais quelques marchandages en guise d’excuses… « Passe moi une petite étincelle, juste pour démarrer, après je ne t’embête plus, promis ! »

Comme d’habitude, car elle connait par cœur mes viles promesses, elle ne dit rien pour ne pas envenimer le dialogue mais je sais que dans les minutes qui vont suivre, ma main, mes doigts vont s’animer. Et une histoire va démarrer…

Elle ne me lâche pas et j’en suis étonné !

Je n’ose pas lui dire en face, par orgueil, mais sans elle…je ne serais pas grand-chose ! Chut…Et j’en serais réduit à fouiller dans le réel mes sources d’inspiration ! Mais je me demande quand même, à l’instant, là, si elle…elle ne puise pas dans « mes affaires » pour me sortir des idées aussi délirantes !



         Ne me lâche pas…



Sculpture de Emecka




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1 commentaire:

  1. Encore une découverte ! les mots d'Emeka cette fois subliment bien interprétés par notre cigale, voilà des moments où le temps suspend son vol ! Merciii Tippi quel cadeau tu nous fais à tous !

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