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samedi 28 juin 2014

EMECKA - LA NOTE BLEUE.



MISE EN VOIX PAR ELSA





Baroque - Acrylique Emecka





La note bleue.



     Révolutionnaire !

     Nous sommes dans une époque où il est de bon ton de bousculer les habitudes, les instances établies depuis des lustres et les conventions universellement acceptées. Et cet esprit rebelle se loge parfois dans des univers que nous ne soupçonnons d’aucune façon. C’est précisément ce que j’aime ressentir sur les barricades invisibles à l’œil nu…

     Ce matin là, comme d’habitude je presse le bouton « on » de ma radio fidèle. Après quelques informations d’usage, est donné un morceau de Chopin. Une nocturne. Pour un réveil c’est contestable, je vous l’accorde mais ce piano seul et ses notes qui dansent introduisent en moi ce soupçon d’énergie dont j’ai besoin pour démarrer ma journée sous de bons auspices. Après une entame un peu lente, certes, la « numéro vingt » s’anime tant, que mon humeur vire au guilleret, quasi instantanément. Est-ce cela ? Etais-je encore dans l’étrange fusion de ma fin de nuit avec cette nocturne de Chopin? Pourtant quelque chose d’inattendu se produisit…

     Des taches bleues s’échappent, sortent de ma radio ! Enfin, quand je dis des taches, ce n’est pas exactement cela…Plutôt des petits éclairs comme de minuscules oiseaux bleus prenant leur envol, propulsés par les ouïes de mon poste. Interloqué dans un premier temps, je me concentre sur mon café et ses arômes, feignant mépriser cette vision. Certain de mon réveil un peu difficile, je me frotte les yeux, sûr que quelques résidus de sommeil parviennent à troubler la lucidité de mon regard. Celui-ci désormais opérationnel selon moi, exerce un large travelling dans la pièce et là, stupéfaction ! Au rythme du piano, une nuée de notes bleues envahissent délibérément mon espace… Et disparaissent, instantanément dès que Frédéric laisse mourir sa dernière trille nocturne.

     Pour le moins désappointé, je n’en continue pas moins mes activités quotidiennes et j’ouvre ma revue artistique favorite. Outre articles picturaux et photographies analysées et commentées de mille façons, ce mois-ci sont présentés des partitions anciennes, d’œuvres de compositeurs célèbres. Quelle n’est pas ma surprise que de percevoir ces mêmes minuscules « oiseaux bleus » s’évader des ma page désormais ouverte ! Cette fois j’en suis convaincu, il vient de se produire un évènement singulier dans le monde des notes de musique…

     Je tente de reprendre mes esprits et prête l’oreille à cette nouvelle nuée de points bleus qui me tournent autour. Force est de constater que le réquisitoire auquel je suis soudain l’auditeur privilégié est renversant. Point de musique mozartienne ni romantique, seulement un discours clair et empressé. J’apprends que les notes et signes musicaux sont saturés de noirs et de blancs. Des siècles d’écriture se sont acharnés à les transcrire à l’aide de jolies et talentueuses plumes, mines graphites ou encres des meilleurs fabricants mais désespérément en noir. Au mieux quelques fois, des chiffres ont eu droit aux teintes rougeâtres mais ce ne sont que des chiffres ! Alors, un vent de contestation est né.

     Noires, blanches, rondes, croches et dièses se sont réunies et ont décidé d’une action commune. Désormais, l’invisibilité de leur existence sera remplacée par toutes les couleurs de l’arc en ciel. Fini l’enfermement dans de tristes portées, finies les partitions ennuyeuses, finis les uniformes et place au bigarré, au « multicolorisme ». Un premier essai est en cours ce matin. Une première couleur est adoptée à l’unanimité pour les noires : le bleu.

     Et j’ai cette chance incroyable d’être le témoin privilégié de cette révolution. J’ai vu la première note bleue.

     Fallait-il que ça « tombe » sur moi, l’amoureux des couleurs ? Dans un chant bien mal maitrisé je leur confirme mon adhésion et l’engagement d’en faire part au reste de la population. Je suis donc, ce matin, l’heureux messager des notes et diffuse avec toute mon énergie, leur révolution. Sera-ce suffisant pour remettre de la joie dans nos têtes pleines ?



     Fermez les yeux en écoutant votre musique préférée et vous verrez certainement danser de multiples points colorés sur votre rétine intime. Dansez avec elles…





Tous droits réservés

 Texte et Tableau
déposés
sur le blog de Emecka

Sur le site iPagination

Sur Variations d'une plume  où vous serez invités à l'écoute de
 "Barenboim - Chopin Nocturne  N°20"

5 commentaires:

  1. je me régale, je me reveille avec Elsa. Ce texte m'emporte, il y a du bleu plein la pièce avec des notes et des tablatures... Bleues.
    Je n'aime pas trop la revolution que me promet le bleu de qui vous savez, mais la tienne Emecka je prends surtout que d'autres couleurs s'y melent

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  2. Pour le coup, plein de bleu s'installe dans mon ciel...poétique et c'est la joie! Enchanté Java et bonne journée. J'en profite pour vouer une fois encore la générosité de notre Tippi!

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  3. Pas très à l'aise sur ce premier enregistrement. Contente de ne pas avoir trop massacré le texte d'Emecka... :-)

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  4. Toutes ces notes colorées qui ont fait la révolution c'est splendide! J'en vois des oranges mélangées aux bleux qui s'envolent allègrement..
    Merci pour le texte fort joli et la lecture très agréable.

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    1. Merci beaucoup Evelyne pour ce retour fort sympathique et...bien coloré. A très bientôt.

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