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samedi 21 juin 2014

JAVA - «176 EN NOIR ET BLANC» - 2 (QUATRE MAINS AVEC ANNA LOGON)

BANDE AUDIO ICI

MISE EN VOIX JAVA
Liszt Réminiscences de Don Juan

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
et en canon se répondent,
Voici leurs partitions...







PARTITION N°2




...Elles s’arrêtent un instant comme pour un vol stationnaire au-dessus de l’étroite rivière noire et blanche qui attend l’ordre pour commencer sa course, puis s’abattent ensemble emplissant l’espace en donnant toute leur puissance aux cordes frappées. Le son n’a pas encore quitté le pavillon des oreilles de l’auditoire que les mains ont commencé leur danse. Le ton est donné, la demande du premier piano se confronte à la mauvaise humeur du second. Après le choc du forte, c’est un accelerando qui projette les spectateurs dans une sorte de transe auditive. Les notes semblent se poursuivre dans une sarabande infernale. Mieux, on croit les entendre s’interpeller les unes les autres. Le jeu en arpégé forme une étrange mélopée qui manifeste son courroux face à la mélodie qui tout à l’heure caressait les mélomanes silencieux et attentifs. Entre ces deux pianos était en train de se jouer la rivalité entre deux mondes qui pourtant n’en faisaient qu’un. La lumière sur les deux virtuoses s’était faite plus rouge, plus enveloppante à l’instar de la musique qui semblait vouloir prendre l’ascendant, laissant le buste de Beethoven entre les colonnes doriques presque dans l’ombre. Un accéléré du tempo la changea progressivement en tons de plus en plus clair, presque tranchants, menaçants comme des sabres. Une couleur banche presque métallique prit possession de la scène. Mais était ce encore une scène, étaient ce encore des pianos ?


Dans les premiers rangs un œil affuté aurait vu le public se caler dans les fauteuils de velours, cherchant une protection. On eut annoncé un assassin dans la salle immense que l’appréhension presque palpable n’eut pas été plus grande. Pourtant personne ne se levait. Personne ne pensait à rompre l’envoûtement violent qui clouait chacun à sa place, quand d’un coup tout s’arrêta. Les mains du pianiste se figèrent et lentement sa tête qui un instant plus tôt touchait presque ces dernières, se souleva et son regard se posa sur celui de son contradicteur. Le Yang regardait le Yin, un sourire tranquille éclairait son visage.




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à venir Partition N°2 par Anna Logon...

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