MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE
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Samedi 17 décembre 2011
Parfois
je sens une force en moi, une force qui pourrait tout balayer. Je
pose mes mains sur les yeux de Lloydia pour lui insuffler cette
puissance, cette énergie qui à travers moi, monte de la terre.
Rien ne se passe. Lloydia a cru à un jeu. Je n'ai rien dit. À
distance, je recommence. Je persévère au point d'en avoir mal aux
doigts. Sûr un jour j'y arriverai. Peut-être faudrait-il tenter un
transfert ... je suis encore trop égoïste pour cela.
Pendant cette poignée de secondes où je reste concentré sur la
lumière pour qu'elle inonde à nouveau tes yeux, je sais combien ton
cœur est une fenêtre pleine de clarté douce et profonde.
Dimanche 18 décembre
2011
À
la recherche du houx dans la forêt. Crissement du sol gelé. Sous la
morsure du froid, des branches frissonnent. Plus un insecte, encore
moins un oiseau partis migrés au loin ou se rapprochant du cœur des
villes pour gagner quelques degrés de chaleur. Toute la poussière a
été ramassée par le givre. L'air si pur ... Le bleu plus profond
... Léger halo de la respiration ... De petites aiguilles semblent
se figer dans le nez à chaque inspiration.
Quelques
coups de sécateur, nous ramassons nos rameaux. Les petites boules
rouges égayeront
de leurs braises la table de Noël.
La
place de l'hôtel de ville fait la roue. De loin on peut voir les
lumières du manège au-dessus des toits, de près il domine les
baraques installées sur l'esplanade. Chacune est décorée avec des
branches de sapin et de houx. Un carrousel de chevaux de bois aimante
vers lui les enfants. Tout près, un père Noël invite à la photo
souvenir. Les plus petits des enfants ont peur, d'autres le couvrent
de bisous. Des ados se moquent un peu, mais dans leurs yeux, déjà
cette nostalgie de l'enfance.
À
la maison, les premières boules tombent sous le choc thermique. Je
me précipite pour les ramasser avant que Lloydia ne les écrase sous
ses pantoufles. Il en sera ainsi pendant quelques semaines,
régulièrement je partirai à la chasse de ces sournoises beautés
avant qu'elles ne terminent en purée.
Le
piquant des feuilles de houx coupe mes ardeurs poétiques. J'ai du
mal à lui associer de belles images hors celle des fêtes de fin
d'année. Mes plongées à quatre pattes sous la table de la salle à
manger impriment trop leurs souvenirs au creux de mes reins.
Lundi 19 décembre 2011
Ce patois moderne que j'entends en circulant dans les rues, je n'y
comprends plus rien. Idem pour celui de ce jeune vendeur qui me
débite la fiche technique de cette télévision écran plat, on
dirait un enfant ânonnant sa première récitation.
—
Ah bon, fais-je, tout ceci avec ce
modèle ? en faisant celui qui a tout compris, mais moi, ce que je
voudrais, c'est une télé sans publicité.
Un instant décontenancé, mais il tient à sa vente, il se replie
alors sur un vieux modèle,
—
Une fin de série, dit-il, moins
chère insiste-t-il.
—
Plus simple ?
Il ne sait pas. Il n'était pas encore embauché à la parution de ce
modèle. Il cherche des yeux un appui chez un collègue. Tous sont
occupés. Alors je porte l'estocade.
—
pouvez-vous me garantir la qualité
des programmes ... au moins sur une chaîne ...
Là, il commence par me prendre pour un malade, se redresse prêt à
... et soudain inspiré.
—
Arte ? ...
Je finis par lui désigner un écran que j'avais repéré sur le
catalogue. Je vais me ruiner, bonne pêche pour sa commission; il
sourit. Et lorsque je signe enfin :
—
Vous alors !
Mardi 20 décembre 2011
0089
Il y a quelques jours, une de mes nièces a mis au monde un petit
Robin. Je voudrais
border d'azur cet enfant qui naît. Je ne sais rien encore du bonheur
des parents, mais celui de sa grand-mère est immense, pour elle
comme pour la maman, c'est une première fois.
Sa
gorge mouillée au téléphone encore secouée par la peur de cet
appel en pleine nuit, puis par l'émotion, laisse éclater une joie
communicative.
Pour
lui, pour tous les enfants du monde je voudrais rassembler un grand
troupeau d'étoiles, toutes plus belles les unes
que les autres, chacune avec sa signature de lumière unique. Montez,
montez les enfants, nous allons visiter l'univers.
Même
la nuit, le ciel
n'est
jamais
noir.
Ce
sont
nos
yeux
qui
ne
savent
pas
voir. Apprenez-nous ce que
nous avons oublié, cette innocence première et la candeur
insouciante de la vie.
Mercredi 21 décembre
2011
L'enchaînement
des jours délicieusement sucrés ... chocolats confiseurs,
papillotes avec des pétards, pâtes de fruits ... Ma gourmandise
jamais rassasiée ... Mon fauteuil accuse le coup et grince
davantage. Allez, je cache le tout au fond d'un placard.
C'est
horrible. Les enfants n'auront plus rien à Noël. Ma volonté est en
déroute. J'ai cambriolé le placard.
Café chez les voisins ... douceurs
sur la table ... Personne pour me taper sur les doigts. Bientôt mon
tour de taille n'aura rien à envier à celui de mon hôte. Un gâteau
encore chaud sort du four. Je suis perdu. Je m'encercle
impitoyablement. Ce soir ce sera soupe claire pour le mauvais
garnement que je suis.
Demain
j'irai au ravitaillement. Surtout ne pas ouvrir les paquets, sinon,
je suis fichu.
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