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mardi 1 juillet 2014

MARCEL FAURE - 0086 à 0090 de La danse des jours et des mots

MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE



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Samedi 17 décembre 2011

Parfois je sens une force en moi, une force qui pourrait tout balayer. Je pose mes mains sur les yeux de Lloydia pour lui insuffler cette puissance, cette énergie qui à travers moi, monte de la terre.
Rien ne se passe. Lloydia a cru à un jeu. Je n'ai rien dit. À distance, je recommence. Je persévère au point d'en avoir mal aux doigts. Sûr un jour j'y arriverai. Peut-être faudrait-il tenter un transfert ... je suis encore trop égoïste pour cela.
Pendant cette poignée de secondes où je reste concentré sur la lumière pour qu'elle inonde à nouveau tes yeux, je sais combien ton cœur est une fenêtre pleine de clarté douce et profonde.



Dimanche 18 décembre 2011 

À la recherche du houx dans la forêt. Crissement du sol gelé. Sous la morsure du froid, des branches frissonnent. Plus un insecte, encore moins un oiseau partis migrés au loin ou se rapprochant du cœur des villes pour gagner quelques degrés de chaleur. Toute la poussière a été ramassée par le givre. L'air si pur ... Le bleu plus profond ... Léger halo de la respiration ... De petites aiguilles semblent se figer dans le nez à chaque inspiration.
Quelques coups de sécateur, nous ramassons nos rameaux. Les petites boules rouges égayeront de leurs braises la table de Noël.

La place de l'hôtel de ville fait la roue. De loin on peut voir les lumières du manège au-dessus des toits, de près il domine les baraques installées sur l'esplanade. Chacune est décorée avec des branches de sapin et de houx. Un carrousel de chevaux de bois aimante vers lui les enfants. Tout près, un père Noël invite à la photo souvenir. Les plus petits des enfants ont peur, d'autres le couvrent de bisous. Des ados se moquent un peu, mais dans leurs yeux, déjà cette nostalgie de l'enfance.

À la maison, les premières boules tombent sous le choc thermique. Je me précipite pour les ramasser avant que Lloydia ne les écrase sous ses pantoufles. Il en sera ainsi pendant quelques semaines, régulièrement je partirai à la chasse de ces sournoises beautés avant qu'elles ne terminent en purée.

Le piquant des feuilles de houx coupe mes ardeurs poétiques. J'ai du mal à lui associer de belles images hors celle des fêtes de fin d'année. Mes plongées à quatre pattes sous la table de la salle à manger impriment trop leurs souvenirs au creux de mes reins.




Lundi 19 décembre 2011 

Ce patois moderne que j'entends en circulant dans les rues, je n'y comprends plus rien. Idem pour celui de ce jeune vendeur qui me débite la fiche technique de cette télévision écran plat, on dirait un enfant ânonnant sa première récitation.
— Ah bon, fais-je, tout ceci avec ce modèle ? en faisant celui qui a tout compris, mais moi, ce que je voudrais, c'est une télé sans publicité.
Un instant décontenancé, mais il tient à sa vente, il se replie alors sur un vieux modèle,
— Une fin de série, dit-il, moins chère insiste-t-il.
— Plus simple ?
Il ne sait pas. Il n'était pas encore embauché à la parution de ce modèle. Il cherche des yeux un appui chez un collègue. Tous sont occupés. Alors je porte l'estocade.
— pouvez-vous me garantir la qualité des programmes ... au moins sur une chaîne ...
Là, il commence par me prendre pour un malade, se redresse prêt à ... et soudain inspiré.
— Arte ? ...
Je finis par lui désigner un écran que j'avais repéré sur le catalogue. Je vais me ruiner, bonne pêche pour sa commission; il sourit. Et lorsque je signe enfin :
— Vous alors !




Mardi 20 décembre 2011 

0089 Il y a quelques jours, une de mes nièces a mis au monde un petit Robin. Je voudrais border d'azur cet enfant qui naît. Je ne sais rien encore du bonheur des parents, mais celui de sa grand-mère est immense, pour elle comme pour la maman, c'est une première fois.
Sa gorge mouillée au téléphone encore secouée par la peur de cet appel en pleine nuit, puis par l'émotion, laisse éclater une joie communicative.
Pour lui, pour tous les enfants du monde je voudrais rassembler un grand troupeau d'étoiles, toutes plus belles les unes que les autres, chacune avec sa signature de lumière unique. Montez, montez les enfants, nous allons visiter l'univers.
Même la nuit, le ciel n'est jamais noir. Ce sont nos yeux qui ne savent pas voir. Apprenez-nous ce que nous avons oublié, cette innocence première et la candeur insouciante de la vie.




Mercredi 21 décembre 2011 

L'enchaînement des jours délicieusement sucrés ... chocolats confiseurs, papillotes avec des pétards, pâtes de fruits ... Ma gourmandise jamais rassasiée ... Mon fauteuil accuse le coup et grince davantage. Allez, je cache le tout au fond d'un placard.
C'est horrible. Les enfants n'auront plus rien à Noël. Ma volonté est en déroute. J'ai cambriolé le placard.
Café chez les voisins ... douceurs sur la table ... Personne pour me taper sur les doigts. Bientôt mon tour de taille n'aura rien à envier à celui de mon hôte. Un gâteau encore chaud sort du four. Je suis perdu. Je m'encercle impitoyablement. Ce soir ce sera soupe claire pour le mauvais garnement que je suis.

Demain j'irai au ravitaillement. Surtout ne pas ouvrir les paquets, sinon, je suis fichu.






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