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vendredi 1 mai 2015

DURANDAL - MARIAGE









Mariage




Je ne sais plus quel âge avait Amandine le jour où elle resta scotchée devant cette vitrine dans laquelle deux mannequins habillés comme des mariés semblaient attendre dans la vitrine l’arrivée du convoi nuptial.



Je m’arrêtai, elle serra ma main pour être sûre que je ne bougerais pas avant qu’elle ait fini d’admirer la scène. J’attendis quelques minutes, je ne pouvais pas sacrifier son bonheur de petite fille.

— Dis Maman, pourquoi elle est déguisée en princesse, la dame ?
— Ce n’est pas une robe de princesse, c’est une mariée.
— Pourquoi elle est habillée comme une princesse la mariée ?
— Pour être belle, parce que le curé va demander au marié s’il veut l’épouser et avoir des enfants.
Elle s’arrêta un instant pour intégrer le sens de mes paroles. Je patientai.
— Il dit oui parce qu’elle a une belle robe. Mais si elle n’avait pas une belle robe, il pourrait dire non ?

Ce genre de raccourci étonne par son étrangeté on se demande s’il faut tout reprendre à zéro au risque de casser le monde des rêves ou s’il faut laisser les idées se former toutes seules dans la fraîcheur enfantine.

— C’est un peu comme les oiseaux qui chantent dans le ciel pour trouver un autre oiseau et fonder une famille.
— Mais alors le marié ne doit pas être content le lendemain quand la mariée ne met plus sa belle robe.

J’essayai de lui expliquer dans ses mots qu’ils ne se mariaient pas seulement parce qu’elle était belle dans sa robe de mariée. Elle me demanda de lui dessiner ce qu’était l’amour. J’avoue que je ne sus répondre à sa demande. La robe de mariée, c’était plus simple, elle ne voulait retenir que cela.

Cette vitrine l’impressionna, elle insista pour retourner voir la robe de mariée. Elle en reparlait, me posait une question à l’improviste, je sentais que cela la travaillait. 

Elle me demanda de lui montrer les photos de mon mariage. J’en mis une dans un cadre, elle le gardait près d’elle lorsqu’elle jouait avec ses poupées. Elle ne se lassait pas de la regarder. Elle faisait un lien entre la robe de mariée et sa naissance.

— Si tu avais mis une autre robe, j’aurais été différente alors.


Pour Noël, elle demanda une robe de mariée !

— Pas une vraie, parce que je ne veux pas avoir de bébé tout de suite.

Je cherchais dans le bulletin paroissial la date du prochain mariage et nous y sommes allées toutes les deux, comme des curieuses. Je jouissais du privilège d’être sa confidente. Elle ne quitta pas la mariée des yeux. Sur le parvis, la mariée la remarqua, je lâchai Amandine. Spontanément elle courut vers la mariée pour l’embrasser. Elles étaient émues toutes les deux, des larmes coulèrent sur leurs joues. Je les pris en photo.

— Quand remettras-tu ta robe de mariée ? Mais si tu veux avoir un autre enfant, il faudra bien que tu la remettes.

Elle demanda à son père s’il m’avait trouvée belle en robe de mariée. Il fut un peu étonné quand elle lui demanda s’il voulait qu’elle mette une belle robe «comme maman le jour de son mariage». Flatté, il se redressa pour exciter un peu ma jalousie. Il prit Amandine sur ses genoux et lui dit qu’il serait fier de la conduire à son époux le jour de ses noces. Amandine fut un peu déçue, je crois. Elle repartit vers ses poupées.

Dans son bain, elle me dit sur le ton de la confidence.

— Moi je me marierai avec Louis !


Je jouais la surprise et lui dis que j’avais cru comprendre qu’elle regardait Olivier amoureusement. 


— Ah, non, Olivier, ce n’est pas possible, il est déjà marié avec Sylvie.



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jeudi 1 janvier 2015

TippiRod - QUE VOULEZ-VOUS QUE LA BONNE Y FASSE !





En réponse à un atelier d'écriture de 2013

ayant pour sujet : La bonne résolution


Quelle bonne idée!!!




Que voulez-vous que la bonne y fasse !




La jeune femme bien propre sur elle, droite comme un i, sans un pli de travers sonne à la porte de la grande maison des Boniface.

Un homme argenté et très élégant l’accueille d’un sourire courtois.

— Mademoiselle, quelle bonne journée vous amène ?

— Bonjour Monsieur, je suis la Bonne Résolution

— Très bien mon petit, quelle bonne surprise ! Vous arrivez à point nommé aux moments des étrennes !

— Permettez-moi, Monsieur, de vous souhaiter alors une bonne année...

— Oh Mademoiselle comme vous y allez, pourquoi pas une bonne santé, tant que vous y êtes !

— Mais de bonne grâce, Monsieur...

— Vous m’avez l’air d’une bonne fille

— Et vous Monsieur, d’une bonne maison

— C’est de bonne guerre !

— Chère Demoiselle, si vous aspirez à cette bonne situation, il va falloir être d’enfer...

— D’enfer Monsieur ?

— Vous n’êtes pas une
bonne soeur que je sache !

— Non, mais je suis de bonne famille et j’ai reçu une bonne éducation, alors l’enfer...

— ...est pavé de bonnes intentions ! Voilà ce qu’il vous faut... Je vais alerter Madame.

Elle est dans ses bonnes oeuvres et croyez-moi elle a une très bonne intuition, en un battement de cil — que vous n’aurez même pas détecté ? Madame vous jaugera en moins de temps qu’il ne lui faut pour sourire ! Je vous en conjure Mademoiselle Résolution, faites bonne figure !

— Bonne Mère ! Vous m’effrayez !

En attendant le vieux ne doit pas avoir une bonne vue pour lorgner aussi près dans mon corsage, en revanche il présente une bonne dose de culot; une bonne douche ne devrait pas tarder à lui faire retrouver la bonne route.

— Vous êtes de bonne volonté oui ou non ?

— Ma mère dit que je suis une bonne pâte, pensez-vous que cela veuille dire la même chose ?

— Soyez de bonne foi et tout ira très bien ! Bonne chance Mademoiselle , voici Madame, voyons tout de suite si elle est de bonne humeur !

— Ma bonne Amie !

 Tiens donc, ils ne sont pas mariés, en voilà une bien bonne !

— Mademoiselle, serez-vous la nouvelle bonne à tout faire ? Prononça Madame Boniface dans un coup de langue si sec qu’on aurait dit recevoir une bonne claque.

— Que nenni Madame...

— Oh moi, je sens gronder une histoire de bonne femme qui ne me dit rien qui vaille, je me retire dans mon boudoir, j’ai une bonne affaire en cours qui ne m’attendra pas plus longtemps.

— Très bonne excuse mon bonhomme, faite bonne fortune, vous ferez une bonne action !

Mon Dieu, mais elle s’exprime comme une dame de bonne aventure... Ne serait-ce pas l’aussi bonne place que j’avais convoitée ?
— Si vous n’êtes bonne à rien, qu’avez-vous à m’imposer ainsi votre bonne mine ?

— Je suis la Bonne Résolution

— Eh bien ! êtes-vous venue porter la bonne parole ? Je consens à être de bonne composition, toutefois est-ce une bonne solution pour me donner une bonne image, que d’oser nier être bonne à tout faire.

— Cela ne dépendra que de vous Madame et de votre bonne âme.

— Qu’est-ce à dire, vous me fatiguez ma fille. Je sors d’une bonne grippe, allez donc vous taire et me concocter une bonne tasse de grog aussi tassé que remontant.

Ma parole, c’est une bonne cuite qu’elle réclame, cette bonne blague !

Ces gens-là ne sont pas de bonne réputation.

— Et bien, ma bonne dame, ne comptez pas sur moi , allez donc vous servir, cela sera véritablement une très bonne fatigue doublée d’une très bonne expérience !

Bonne nouvelle ! Vous aurez douze mois — à la bonne heure, pour réfléchir à ma visite, souvenez-vous bien de la Bonne Résolution, car présentement, hélas, je suis bonne... pour revenir ... Mais en janvier prochain !

Tâchez d’ici là d’avoir bonne conscience.

Mes hommages Madame, bien des choses à Monsieur, cependant n’oubliez pas l’un et l’autre, que toutes bonnes choses ont une fin...


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Le Journal d'une femme de chambre est un film de Luis Buñuel avec Jeanne Moreau, Georges Géret

Adaptation du roman de Octave Mirbeau




Ma bonne résolution,
en bonne Tippi de VOTRE ÉCHO

est de vous souhaiter à tous
et tout simplement

UNE BONNE ANNÉE

avec tout qui va bien ! 




mercredi 1 octobre 2014

MATHIEU JAEGERT - PREMIÈRE AG HAUTE EN COULEUR




MISE EN VOIX NAÏADE



Sujet d'atelier proposé par Tippi : 



"Association"


Quels 1200 mots maximum allez-vous associer à ce nom commun ?





La réunion avec Naïade !
(montage avec avatar Naïade)


Première AG haute en couleur


Vincent avait décidé de répondre favorablement à l’invitation. Il n’était ni coutumier ni particulièrement friand de ce genre de grand-messe, mais celle-ci était prometteuse. Une certaine excitation l’avait même envahi en milieu de journée alors que l’Assemblée Générale avait lieu à 18 heures. A une heure du début, il n’était pas prêt et devenait fébrile.



Il s’était jusque-là abstenu de fréquenter les associations aussi nobles que soient les causes qu’elles défendaient. Ce n’était pas faute d’avoir été sollicité tous azimuts. Il avait cependant un avis ferme sur les limites du bénévolat et souriait à l’évocation de l’empilement des structures, formant des associations d’associations, des fédérations unies en confédérations, ou des sections locales regroupées en unités nationales, sortes d’amalgames nébuleux. Tout était prétexte à association, puis à réunions, assemblées, colloques et autres rendez-vous tous placés sous la bannière de la convivialité. Ah elle avait bon dos, la bannière, mais à force de servir, elle allait finir délavée. Tout y passait donc, de l’amicale des sapeurs-pompiers aux parents d’élèves jusqu’aux anciens des grandes écoles qui, eux, se retrouvaient plus dans un annuaire d’anciens qu’autour d’un verre. Il y avait même ce club des amis du Président déchu, avec ses ateliers belote et scrabble des plus développés. C’était absurde, pensait Vincent.



Mais cette fois, l’Association sortait du lot. La première Assemblée Générale était sur le point de réunir des personnes présentant des gènes similaires, leur faisant porter le même regard sur le monde. Elle ne ressemblera en rien aux autres et sera organisée, selon une formule consacrée, « par allèles croisés ». Cependant, le temps passait et Vincent ne savait toujours pas comment s’habiller. Il ne voulait surtout pas faire mauvaise impression. L’association des daltoniens reconnus et assumés allait voir le jour et il avait été convié solennellement. Initier l’aventure était exaltant, grisant même. Il figurait parmi les précurseurs. Quand il en parlera à Huckminz, son vieux pote dont il moquait l’initiative de Guide Universel des Journées Mondiales et Internationales*, avec ses inspecteurs émérites, celui-ci n’en reviendra pas ! D’ailleurs, on lui avait demandé de plancher sur des initiatives à inscrire aux statuts de l’association. Son idée lumineuse consistait à créer la Journée Mondiale du Daltonisme, en partenariat avec l’illustre institution de son ami.



Choisir ses vêtements, donc, quel casse-tête ! Vincent avait consulté Véro, son épouse :



- Chérie, qu’est-ce que tu penses de cette chemise bleue ?

- Elle est pas bleue !

- Ah bon ?

- Elle est violette !

- Oui, oh pour moi c’est pareil ! Alors, avec le pantalon, c’est bon ?

- T’en as pas d’autres ?

- De pantalon ?

- Non, de chemise !

- Ok je vois…Si, j’en ai d’autres mais je trouvais que celle-là faisait ressortir mes yeux verts !

- Tes yeux verts ?

- Quoi, ne me dis pas qu’ils sont pas verts !

- Attends, laisse-moi regarder…ah si, en effet, ils sont verts !

- Vingt-cinq ans de mariage et tu t’en étais jamais aperçu ?

- Oh oh oh, bien sûr que si mon amour, je plaisantais. Mais je comprends pas pourquoi tu veux faire ressortir tes yeux, tu vas pas à un rendez-vous galant !



Vincent avait marmonné dans sa barbe en fonçant dans la chambre. Il en était ressorti dix minutes après, essoufflé et certain désormais d’arriver en retard. Il allait manquer l’ouverture, et ruminait intérieurement lorsqu’il avait rapidement salué sa femme. Son indécision sur le choix de la chemise allait lui coûter un quart d’heure.



Sur place, les débats allaient bon train. Son entrée avait été remarquée et il s’entendait déjà murmurer quelques paroles d’excuse. Deux choses l’avaient interrompu net dans ses explications. Il n’allait quand-même pas avouer à une trentaine de paires d’yeux daltoniens braqués sur lui la raison de son retard. Mais surtout, il venait de croiser le regard amusé de Huckminz, assis tout au fond de la salle, et au bord du fou rire.



* Voir ici, le premier texte d’une série consacrée à l’absurdité des Journées Mondiales.







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MATHIEU JAEGERT - BLAISE, ROI DE L’ONOMATOPÉE












Sujet : Ô – Une interjection qui ouvre toutes les portes de vos exclamations !




BLAISE, ROI DE L’ONOMATOPÉE 


Alors que certains s’affichent blasés et revenus de tout, ne s’étonnant plus de rien, Blaise se complaît dans l’exclamation perpétuelle qu’il entretient avec ardeur et contingents d’interjections. Il n’en revient jamais ! Là où d’aucuns s’enthousiasment d’un rien, lui s’émerveille de tout, ce qui, à bien y regarder, revient au même. Bien sûr, l’émerveillement regorge de nuances et de limites, muant parfois en agacement et bien d’autres sentiments, mais quelle que soit la forme de l’exclamation, le garçon tient avant tout à l’exprimer. Blaise met donc un point d’honneur à la faire connaître à coup d’expressions triées sur le volet. Il les sélectionne avec la minutie de l’orfèvre et la spontanéité d’un gamin de quatre ans. Ces petits mots ont la précision du garde suisse et la régularité du coucou du même pays, et pourtant, la filiation helvète de Blaise paraît douteuse. Passé maître en onomatopées, il érige leur usage au rang d’art, les distillant avec talent et à-propos. Il sait toujours où et quand donner du « fichtre ! », du « ah ! » ou du « tiens donc ! », les considérant tour à tour comme compléments, adjuvants, enjoliveurs d’attitudes ou embellisseurs de répliques. Devenus complices de chaque instant, ils soulignent, ponctuent, marquent. Une intention, une intensité ou une intonation. A tout bien considéré, Blaise ne sait rien faire d’autre que s’exclamer. C’est bien simple, il semble avoir banni l’interrogation de son répertoire. Sans qu’on sache vraiment pourquoi. Blaise ne questionne pas, il interpelle. En toutes circonstances. Il s’interpelle, aussi. De temps en temps.

Même énervé, il opte pour l’interjection la plus juste au moment le plus opportun. A la manière des villages, on lui a décerné des macarons. Le jeune homme arbore fièrement la distinction suprême dans la catégorie langage fleuri.

Evidemment, être adepte de l’exclamation ne comporte pas que des avantages. Les copains de Blaise ne le comprennent pas toujours. Faut reconnaître, c’est déstabilisant de dialoguer avec un type qui recourt constamment aux interjections. Alors, quand Luc découvre l’annonce sur Internet, son sang ne fait qu’un tour. Laissant échapper un « génial !» que Blaise n’aurait pas renié, il se précipite sur son téléphone :

« Salut Blaise, figure-toi qu’enfin tu vas pouvoir expliquer ta passion de l’exclamation. Un atelier d’écriture…

- Hein ?

- Un atelier d’écriture, je te dis, un défi autour de l’exclamation. L’occasion de nous éclairer, tu vois ?

- Oh !

- Non, tu te plantes, une seule lettre. Le sujet le précise bien : une seule  lettre !

- Ô, donc !

- Oui, ô !

- Ah !

- Tu te lances ?

- Banc-ôôô !




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MATHIEU JAEGERT - CHER TOI




MISE EN VOIX MATHIEU LAMANNA




Un Mathieu peut en cacher un autre !





Cher toi,


Avant de me lancer dans l’exercice, j’ose espérer que le tutoiement ne te dérange pas. De toute façon, si le vouvoiement avait été de mise, j’aurais écrit « cher vous », mais c’est bien à toi que je veux parler, à toi seul. Vous n’a donc rien à faire ici ! En réalité, je n’éprouve pas l’envie de te parler, je dois m’y coller avec mes compères. On nous pousse à écrire sur toi, c’est l’intitulé ! Cette fois-ci, tu es le sujet et tu dois être ravi, toi que tes fonctions conduisent plus souvent à œuvrer comme complément. Pour me démarquer, j’ai décidé non seulement d’écrire sur toi, mais de t’écrire directement. Il fallait quand même que tu saches qu’on se soucie de toi ! Rien d’étonnant à ce que les autres auteurs, eux, relatent une histoire intime, tant tu incarnes la dynastie des pronoms personnels. Ils oublient sans doute que tu es avant tout singulier, unique et pluriel à la fois, ce qui te confère un statut à part. Tout le monde pense te connaître, mais tu verras que si chacun aura écrit sur toi, ce ne sera pas sur – ni sous – le même toi. C’est l’avantage de te présenter seul devant les auteurs, libéré des affres d’une consigne à rallonge. Quelques participants rechignent à parler de toi publiquement, arguant que ce n’est pas chose aisée. Bien au contraire, c’est si facile de cette façon, l’air de rien, histoire de brouiller les cartes !


J’avoue, si je n’ai pas hésité une seconde à prendre ma plume, je n’ai pas la moindre idée de ce que je souhaite te dire, et pourtant, je reste persuadé que tu ne t’en offusqueras pas, peu habitué que tu es à recevoir de tels honneurs. Disserter sur toi évite de parler de soi, d’eux, de nous ou de moi-même. Tu me suis ? Comment ? Tu es toi ? Ah ah, très drôle ! Oui, et moi, moi…Bref, qu’importe donc ce que j’ai à te dire, l’essentiel est de diluer tout égoïsme, et de s’intéresser parfois aux autres, à commencer par toi ! Il est d’ailleurs préférable de suivre cette philosophie pour t’appréhender au mieux sans se casser les dents sur le sujet. Et de toi à moi,  je t’aurais bien remplacé d’un mot réinventé pour l’occasion : toiser, c’est-à-dire se mesurer à toi, modestement.


En parlant d’humilité, je te prie de ne surtout pas me répondre car tu serais tenté de parler de moi !


Bien à toi.





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dimanche 14 septembre 2014

JAVA - TU CROYAIS POUVOIR





MISE EN VOIX JAVA





Tu croyais pouvoir...

Tu croyais que leurs doigts touchaient le ciel...

Tu voyais la connaissance comme un escalier et que tu le gravirais

Petit singe savant, tu as apprivoisé les mots, tu es entré dans le cercle.



Ils t'ont regardé.

Ou peut-être, t'es-tu regardé.

Eux voyaient déjà plus loin que le cercle,

Tu n’imaginais pas que leurs yeux fouillaient tes origines.



Confusion des paroles

Les tiennes volent sans les toucher.

Bon élève et naïf, tu voulais les maîtres curieux

Regarde les sourire et comme ils sont absents à tes efforts



Tu voulais faire des mots un chemin

Qui, sans autre guide t'aurait mené ailleurs

Mais ils ne sont plus des passeurs, ils n'ont plus ce pouvoir.

Mais rien n’est vain, regarde, tu as fait de ton histoire un horizon



Les mots ne sont rien sans la couleur.

Même si ce noir dont tu les peignais les a habillés parfois

d’attributs moins gais que les teintes que tu volais aux arcs en ciel

ils t’ont donné la vie quand que tu ne les voyais qu’en simples lanternes



N'envie plus les maîtres penseurs

Ils tuent beaucoup plus qu'ils ne font vivre

Dans ton ignorance tu les voyais parler aux étoiles

Alors que dans leur suffisance, ils ne tutoyaient qu'eux-mêmes.



Ne va que là où tes pas peuvent te porter

Tu peux voler, mais sache que ce ne sera qu'un rêve

Et si là où tes pas te mènent tu dois encore ouvrir des portes

Alors ces mots si tu les aimes t’aideront à fabriquer toi-même les clés



Porte un regard de paix sur toi-même

Et par delà la connaissance qu’ils te donnent

N'oublie jamais mon ami, mon frère que les mots

Seront toujours un lien de lumière entre les hommes









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samedi 2 août 2014

MATHIEU JAEGERT - PARLER DE RIEN, PAS SI FACILE !










Parler de rien, pas si facile !






Qu’on le veuille ou non, parler de rien n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Si faire des histoires pour rien est à la portée de tous, construire un récit cohérent sur rien relève si non de l’exploit, au moins d’une entreprise délicate. De plus en plus compliquée d’ailleurs, tant ledit pronom est facétieux. Le bougre se rebelle, agacé qu’on lui accole le qualificatif d’indéfini. Susceptible, le coco, un rien le vexe ! Sa déclinaison en devient périlleuse, nous obligeant à des contorsions lexicales et autres acrobaties. Pour lui, on en rajoute ou, au contraire, on se soustrait à nos obligations. Un rien digne de ce nom nous pousse dans nos derniers retranchements. Le rien est bourré de paradoxes, tout à la fois sans calcul et maître des opérations. En fonction de sa position dans la phrase, il change tout. Ainsi, rien décliner, ou décliner rien, c’est à la fois accepter de s’occuper de tout et de rien, rien que de rien. Vous suivez ? Difficilement ? C’est bien la preuve que rien nous échappe ! Intenable et indomptable, il faut en permanence le remettre à sa place. Les règles sont loin d’être évidentes, et lui en joue, se faisant un malin plaisir à user d’exceptions dès que le verbe ou l’auxiliaire lui en donne l’occasion.

Rien est en perpétuelle quête d’innovation, toujours en mouvement. Pourtant, de nos jours, on ne s’étonne plus de rien ! Imperturbable, il essaie de prendre de la hauteur, devenant aérien, capable des plus belles envolées à caractère baudelairien ! De là à dire qu’il nous prend de haut, il en faut peu. Sans doute parce que Monsieur a pris de l’importance sur le marché depuis le passage à l’Euro. S’il valait deux francs six sous, quid de la plus-value réalisée ? Il doit peser désormais trois fois rien, voire un peu plus ! Pas étonnant dès lors qu’il s’enhardisse de la sorte. On se compare à lui, mais on ne s’aventure surtout pas à le comparer à un autre, si ce n’est à lui-même. Et si vous n’avez pas saisi le sens de cette dernière phrase, c’est que vous ne comprenez rien à rien, ce qui illustre justement le propos. De toute façon, rien ne ressemble plus à un rien qu’un autre rien ! On dit en outre moins que rien, mais plus que rien n’existe pas, la preuve d’une certaine perfection. D’ailleurs, plus que rien, c’est trop ! Et trop, c’est trop, comme disait souvent je-ne-sais-trop-qui à propos de je-ne-sais-trop-quoi.
Bref, maintenant, rien se permet tout. Il lui faut toujours plus. Exigeant, il s’accole au premier préfixe venu, s’associant pour un rien. Il paraît que ce n’est pas toujours facile de s’en accommoder, comme en témoignent certains exemples connus. Les avis sont mitigés.
Ainsi, l’épicurien se satisfait de rien alors que la plupart des terriens râlent, jamais contents, ne se rendant pas compte qu’ils ne sont rien ici-bas. Les acariens, quant à eux, chipotent constamment, cherchant la petite bête. Pour leur mener la vie dure, rien s’est même entiché de pontes de la grammaire, d’éminents grammairiens.

Avec rien, il s’agit de trouver le juste milieu. L’exemple suivant est frappant. Si le Flandrien est un Belge sachant apprécier la valeur de rien, le tire-au-flandrien, son homologue, ne respecte pas ses valeurs, préférant ne rien faire avec rien.

Quoi qu’il en soit, pour l’écriture, le mieux est d’être toujours en avance d’un rien. Ou d’avoir plusieurs riens dans son sac, de le remplir même, car il est bien plus facile de vider son sac lorsqu’il est plein de riens. Il suffit alors de miser sur le bon. Et je peux vous assurer que lorsque l’on n’a rien à dire, c’est plus facile de l’exprimer par écrit !


La preuve…








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Clin d’œil 
Des acteurs qui vont bien à notre bandit littéraire !




"Rien ne sert de tout lire, il faut écrire à point" - TippiRod 




mercredi 18 juin 2014

MATHIEU JAEGERT - VOUS AVEZ DIT FAUXSUMÉRISME ?







Sept, huit, neuf, dans mon panier neuf...



Vous avez dit fauxsumérisme ?





Partons du postulat incontestable que consommer est source de bonheur. Alors bien sûr, ça n’a rien d’indiscutable, mais vous comprendrez aisément mon recours à cet axiome une fois arrivés au bout de la brillante analyse sociétale qui suit. Oui, je sais, sociétal fait partie de ces néologismes aux sonorités barbares qui pullulent dans nos dictionnaires. Soit. Si vous voulez bien, on va passer outre et avancer sur un phénomène nouveau suscitant justement l’intérêt de ces inventeurs de mots et façonneurs de tendances. A ne plus savoir d’ailleurs qui de la tendance ou du terme arrive le premier.



Bref, si l’acte d’achat procure du plaisir, il est souvent contrarié chez des jeunes dont les cordons de la bourse deviennent inutiles tellement celle-ci se vide, entraînant un malaise palpable. Certains ont toutefois trouvé la parade, en recomposant de toutes pièces ce paradis artificiel de la dépense. Pour recréer le sentiment de satisfaction généré par l’achat, ils font semblant de consommer. Comment ? Rien de plus simple ! Et c’est justement de rien qu’il s’agit, puisqu’ils garnissent des paniers virtuels de produits qu’ils aimeraient tant posséder. Evidemment, ils se font accompagner vers la guérison par ces bienfaiteurs patentés qu’on n’est pas étonnés de retrouver là : les agences de marketing. Jamais avares d’un bon conseil et pris d’un élan habituel de philanthropie, elles ont d’abord mis un nom sur le mal-être. Ou plutôt un néologisme sur ce que ces jeunes apparentent à tort à une mauvaise passe. Le phénomène a été baptisé « fauxsumérisme » au cours d’un brainstorming intense mais complètement désintéressé, cela va de soi. Le fauxsumérisme, donc, ou l’art de remplir listes, paniers et autres agendas de vide, de néant et d’autres possibles pour donner l’air et l’impression de. De quoi ? De vivre, d’être heureux ou d’être tout simplement. Un faux-semblant, en réalité, censé les guider vers la concrétisation de l’achat.



Ces agences ont très vite fourni à ces jeunes avides de biens, des paniers en tous genres et à la qualité douteuse. Mais peu importe leur état, lorsqu’on y met du vide, difficile de se montrer regardant ! Le concept ne présente que des avantages. Finis les débats sur les soldes. Puisque rien n’est acheté, les remises sont remisées. Le néant possède un atout majeur par ailleurs, même lorsqu’on pense avoir rempli son panier de vide, il reste toujours de la place !



Bien sûr, l’idée des marques est de créer l’accoutumance au rien, au vide, pour que ces jeunes sans le sou passent un jour à l’acte d’achat libérateur et choisissent leurs produits. Ces vêtements, appareils high-tech et autres accessoires sont alléchants quand ils ont l’air de rien, et vite remplacés une fois achetés. C’est précisément là-dessus que toutes les sociétés misent. Les cibles foisonnent aux quatre coins du globe, consommateurs nomades en devenir, pas uniquement made in China !



Le fauxsumérisme, c’est aussi la seule tendance permettant d’affirmer fièrement : « J’ai un gros pouvoir de non-achat ! ». Cela dit, attention, il s’agit de ne pas non-dépenser à tout va car, comme le dit si bien – et de manière totalement incompréhensible, je vous l’accorde – la formule : « Bien mal acquis, bien mal y dépense ! »




dix-huit, dix-neuf, vingt...mon panier de rien


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dimanche 11 mai 2014

MATHIEU JAEGERT - LÉCRITURE, UNE QUESTION DE BON SENS















NON-SENS CONTRE BON SENS


On rabâche à tout bout de champ aux auteurs qu’ils doivent donner un sens à leur écriture. Et cela même lorsqu’il n’y a pas l’ombre d’un terrain cultivable à l’horizon, c’est dire à quel point on les serine. A force de l’entendre, j’ai planché sur l’injonction. Cela n’a en effet aucun intérêt de se pencher sur la question vu le caractère impératif du conseil qui ne laisse pas la moindre place à l’interrogation. Remarquez, imprimer un sens, ça tombe sous le sens, justement. Reste à savoir lequel, et comment ne pas tomber trop bas, ou de trop haut, ce qui doit revenir au même. Ou l’art de se pencher sur un problème sans basculer.


 J’ai d’abord tenté de conférer du caractère à mes récits en participant à des ateliers, mais je me suis vite rendu compte que ces appels à textes sont limités en caractères. La seconde étape a consisté à remettre de l’ordre dans mes idées foisonnantes. Mes notes étant sens dessus dessous, je me suis dit que les mettre sens dessous dessus devait inverser la tendance. Erreur, elles ont fini plus que jamais sans dessus dessus, voire sans dessous dessous, difficile d’en être certain.

 Je me suis alors mis en quête d’un sens, et j’ai choisi le bon. Cependant, le bon sens n’est jamais aussi évident qu’il n’y paraît, l’auteur devant par exemple imposer son style, sa propre sémantique avec des mots qui ne sont propres qu’une fois sur cent, et encore. Tout juste arrivais-je à écrire à tambour battant, ce qui ne signifiait pas que mes mots sortaient nettoyés du lave-linge. Le bon sens devait me permettre d’aller à l’essentiel, je crois qu’en réalité, s’il m’y emmenait, je n’y étais jamais arrivé, me perdant en route dans des élucubrations que je n’aurais pas l’idée d’utiliser aujourd’hui, ça va de soi. 

Il me fallait donc impérativement prendre du recul. C’est ce que j’ai fait en me mettant à la place de mes possibles lecteurs. Après avoir parcouru une première fois mes textes à la recherche de sens cachés, j’ai fini par les trouver en lisant entre les lignes. Bien sûr, je me suis vite aperçu de l’absurdité de la démarche : je n’avais aucun mérite puisque c’est bien moi qui les avais dissimulés ! J’ai également constaté à quel point le bon sens était sérieux et repoussant. De quoi faire repartir le lecteur en sens inverse.

 Une décision radicale s’imposait, je devais franchement modifier ma façon de rédiger. J’ai donc choisi un matin d’adopter un style décalé, par une translation syntaxique dans le sens de l’humour. Je me suis rapidement pris aux jeux de mots et attaché aux non-sens. Je venais de trouver le chemin du sens recherché, et ça me laissait sans voix ! Comme quoi, le non-sens, à défaut d’être bon, est peut-être le meilleur.




Texte protégé et déposé

lundi 28 avril 2014

LOUYSE LARIE - À LA RIMAILLE !








Esquisse au fusain de Louyse Larie



À LA RIMAILLE !





Il se dit grivois et rimailleur,

Mais la rime sans aucun doute, est ailleurs !



Certes, il jongle avec les mots les plus rebelles,

Et les phonèmes vocalisent poèmes en lui !

Il pense, à tort, en comprendre le rythme,

Pendant que le leste hiatus

Réfugié dans la sombre masure,

Se joue de lui

Au creux de la mesure,

 À la coupe lyrique !



Il habite demoiselle versification,

Chez qui frêles consonnes et voyelles

Se parent d'une chaude sonorité !

Oui, il fait danser l'allègre syllabe,

Fût-elle naguère revendiquée octosyllabe de renom,

Sous réserve cependant, que l'assonance

Beaucoup plus prudente,

Ne s'écarte guère du vertigineux volume !



Il pratique le vers libre ainsi que le blanc,

Se dispense du rigoureux mètre, des signes

Et du maître le plus couru,

Bien que le verset regrettablement amorphe

Ne veuille plus de lui !

Il taquine sans répit le quatrain le plus pointu,

Mais uniquement quand l'alexandrin ne rime plus à rien !



Il fréquente le tercet au tiercé !

Bien souvent le quintil en contourne l'alternance !

Jouisseur, il crée la confusion

Entre rime féminine et rime masculine,

Pour ne se satisfaire au final,

Que de la fragile approximative,

Au fil de l'amusante dérivative,

Ou celle de nature plus inversée,

Chaleureusement embrassée !



En rime, cependant, il s'enrhume !

Mais en rhume, il n'en demeure pas moins

Qu'il ensile, qu'il ensime !

 À la cime, à la rime,

Il s'enivre du mime,

Parfois au prix de la fâcheuse dîme !



Il est vrai toutefois, qu' il trime davantage

Que ce qu'il ne frime en la répétition,

Pour lier la poésie, non sans peine,

Quelquefois trop cyclique,

 À la prétentieuse strophe,

Ou césure à la piètre allure !

On le surprend aussi à glousser de plaisir,

 À l'idée de l'accent oratoire !



Quand bien même, nostalgique ballade

Rappellerait le refrain au sonnet,

Au cours de la vivifiante balade,

Croyez-vous que délicate rime

fût affranchie pour autant

De la pauvre orpheline au triolet ?

Et si tant est que l'espiègle rimailleur

S'exalte encore du rondeau,

La musique des mots, en toute vraisemblance,

Ne lui pardonnera pas de faire le dos rond !




Le 7 novembre 2011

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samedi 26 avril 2014

FRED CHARLET - L'HOMME IMPARFAIT









L'HOMME IMPARFAIT




J'écris toujours les titres avant... Cela m'oblige a rester dans le sujet. Cela sert de guide.



Aujourd'hui, je voulais vous parler de moi,

enfin ! de l'homme, d'émois des "moi" et des "nous" qui dénouent, qui essayent...

Je voulais vous parler de cette étrange impression que fait naître l'écriture. Qui fait que l'on est là, ensemble...Qui fait que l'on partage ce moment, tout en ayant chacun le sien, tout propre.

Qui fait de nous des femmes, des hommes, inconnu(e)s, mais se retrouvant. Allant jusqu'au bout de ces quelques mots insignifiants.

Si ! insignifiants seuls, puis tellement plus grands une fois découverts et emmenés par "l'autre".

Oui ! tes yeux, ta pensée, ton regard posé sur, à travers ces mots rassemblés.

Un pont entre nous, une passerelle... construit en finalité chacun par moitié.

Non je ne revendique pas la légitimité de ces lignes. Comment pourrais-je ? C'est toi qui les rends vibrantes. Construites.

L' homme imparfait...déjà sans la première personne...du pluriel: "nous !".

J'ai tant besoin de toi pour me trouver, comprendre, et exister. Même quand tu n'es pas...Même quand tu n'es pas là.

Même ermite...Car sachant que tu es. M'éloignant, prenant de la distance, pour mieux me retrouver et donc te retrouver.

J'ai besoin de ta, de toutes différences. J'ai besoin de savoir qu'elle existe, pour exister. J'ai besoin de toi pour être nous. Besoin de nous pour être moi. Je n'ai pas besoin d'en avoir peur...Non ! vraiment pas ! plus..

Je veux communiquer aussi, oh ! si !

Avec eux...De ceux-là qui cherchent. De ceux qui respectent eux même et par delà...nous aussi.

De ceux à qui tu peux faire confiance. De ceux qui te diront: " Non ! pas comme ça, ça ne me ressemble pas. Mais alors... discutons-en encore, mettons-nous d'accord. Allons jusqu'au bout, le tien comme le mien ".

De ceux qui te disent.. je m'en vais ! quand ils doivent partir. De ceux-là qui acceptent mais ni ne subissent ni ne font subir. Des hommes imparfaits...

mais sachant le reconnaître, parfaitement !

On est là pour affiner. Dans l'écrit comme dans la vie. On cherche...Même sans savoir. Parfois, on trouve.

On trouve sans s'y attendre, ça nous tombe dessus..On trouve par hasard, mais il n'existe pas !

On trouve tout doucement, on trouve en souffrance, avec le long cheminement de l'existence, de l'expérience !

On trouve dans la rencontre, toujours et de toute façon. On nous trouve... encore faut il écouter, interpréter, disséquer, revenir parfois...Ne pas avoir peur....Aller gratter là où c'est bien caché, parce que y a bobo, y a mal.

On revient quand on peut, quand on a assez de courage pour, déjà, s'en rappeler. On en revient..

Il faut savoir.. se souvenir de soi-même ! Ce là, aussi, cela s'apprend. Mais il n'y a que toi pour t'en parler, t'en appeler à toi.

Te réinterpréter et te réapproprier tout ton être. C'est tout toi, c'est que toi..c'est beaucoup !

Nous sommes des femmes,hommes, imparfaits de ne pas l'être...entièrement.

Nous nous trouvons dans les jugements, le sien, le notre ou celui de l'autre.

Pourtant c'est une fois dépassé tout ce raisonnement que l'on se trouve enfin ! Allez plus loin...Allez plus loin quoi ! jusqu'à...

Arriver à soi

Pour arriver à toi

Pour trouver nous

Retrouver tous et tout.

Moment de plénitude. Compagnons du silence riant...

tout n'est pas qu'une question de sens..

Tout n'est pas qu'une question de temps..

Non ! heureusement.

Il y a aussi, aussi !

Il y a avec et sans. Avec toi et sans bruit...Avec moi et sentiment...

De l'émotion, bordel ! de l'émotion !

Pour une put'in d'envie de vivre !

De ne plus avoir peur de rien.

Surprenez-moi encore de moi. Bousculer mon puzzle ! Renverser mon scrabble !

Apprenez-moi même que je n'ai rien appris, rien compris..

Mais ne me laisser jamais m'asseoir sur la parfaite satisfaction,

Le parfait contentement...

Il ne faut pas que cet état dure. Cette douceur-là n'a pas de grande vertu, elle ne fait que nous endormir, nous réveille presque mort..

Je veux AVOIR en vie ! Jusqu'à l' ÊTRE morte. Post mort'aime.

Un jeu de mots pour avoir le dernier, chaque fois...

Je suis un homme imparfait ne me méprisez pas,

Je suis un homme imparfait, la conjugaison ou se conjuguer..Cela l'est bien autant que moi.

Et Toi ?


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samedi 12 avril 2014

JAVA - DES MOTS POUR TE DIRE









J’ai cherché des mots simples et légers

Ceux qui pourraient sauter du panier

Et qui gorgés de soleil

Je presserai au sortir du sommeil



J’ai ouvert les dicos, les recueils de poèmes

Je voulais des mots que l’on susurre

Des paroles qui ne connaissent pas l’usure

J’ai rien trouvé d’autre que des « je t’aime »



Trop courts, trop souvent dits, trop incertains

J’en ai cherché qui disent la vie sans baratin

Je voulais du brut mais qui rappelle le velours

je suis encore tombé sur le mot « amour »



Alors j’ai fermé mes bouquins

J’ai écrit ton prénom et j’ai trouvé ça beau

Mais quand j’ai voulu écrire « demain »

Ma plume n’a plus trouvé de rime



Dis ! Tu me le trouveras ce mot ?




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mercredi 9 avril 2014

MATHIEU JAEGERT - Lui, c'est quelqu'un








LUI, C'EST QUELQU'UN



Je voulais être quelqu’un. Cette idée fixe s’était incrustée durablement dans ma tête un matin, après avoir croisé mon voisin. J’entends déjà certaines voix s’élever en affirmant que chacun d’entre nous est unique. Oui, mais je venais de comprendre qu’être un peu plus unique que les autres présentait d’indéniables avantages. J’avais donc eu affaire à Brice, l’étudiant occupant un appartement au deuxième étage, juste au-dessus de chez moi. Notez bien qu’il aurait pu habiter juste en-dessous, cela n’aurait rien changé à l’histoire, je pense que c’est important de le préciser. Je ne sais pas pour qui il s’était pris, mais il s’était permis de me prendre pour quelqu’un d’autre. Autant vous dire que je l’avais mal pris. Pas lui, mais le fait qu’on me prenne pour un autre alors que j’avais mis tant d’années à savoir qui j’étais, et à me sentir bien comme cela. Lui, je l’avais pris avec des pincettes car il était schizophrène. Enfin c’est Jean-Luc qui l’affirmait, et je lui faisais confiance. Un comble, non ? Le type qui en plus de se prendre lui-même pour d’autres, prenait les autres pour ce qu’ils n’étaient pas. Bref, je ne m’étais pas attardé mais ma décision avait coulé de source. Il fallait que je devienne quelqu’un coûte que coûte ! En étant connu, ce genre de mésaventure ne devrait plus arriver.



Je m’étais tourné vers Jean-Luc, justement, mon voisin d’en face. Bien sûr, « me tourner » était une expression puisque je n’avais eu qu’à lever la tête. Et d’ailleurs, dans cette affaire, qu’il vive juste en face de chez moi n’avait pas plus d’importance que pour Brice, vous l’aurez compris. Lui, ce n’était pas n’importe qui ! J’avais donc tout fait pour me glisser dans sa peau. Côtoyer un illustre personnage devait m’empêcher de rester un illustre inconnu. C’était sans compter sur sa réaction ! Un sacré caractère ce Jean-Luc. Une fois saisi que je voulais me mettre à sa place, il m’avait remis à la mienne, avant même que je n’aie eu le loisir d’esquisser le moindre mouvement. Comme s’il ne me remettait pas ! Comme quoi, la place devait être enviable ! Je n’avais pas insisté mais j’étais revenu à la charge quelques jours après de manière beaucoup plus subtile. J’avais fini par me sentir un peu lui, tout en ne notant pas de changement quant à mon statut. Aucune éclaboussure de célébrité ne parvenait jusqu’à moi. J’étais un peu perdu. J’étais lui et moi à la fois. Je souhaitais me démarquer, mais c’était précisément en cherchant à être singulier que j’étais devenu pluriel. Je ne savais plus qui j’étais et où j’habitais. Oui d’accord, il m’aurait suffi de relire le début de ce texte pour me situer, mais quand-même, avouez que c’était troublant. Je ne savais plus à quel Saint me vouer. Il y avait de quoi en perdre son latin. Heureusement, je n’avais jamais fait de latin, c’était sans doute ce qui m’avait sauvé !



Une idée m'avait alors traversé l'esprit. Et si je changeais de nom ? En me renommant, je deviendrai par la force des choses renommé...




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sur le blog de Mathieu
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Ainsi qu'une très belle interprétation de ce même texte par Christian Carpentier à découvrir sur l'iPaginaSon 

dimanche 16 mars 2014

Aliza Claude Lahav - Le marché









Au marché - Demonaz




Le marché de Aliza Claude Lahav


Sur le boulevard, en bas de chez moi, le marché vient s’installer trois fois par semaine, le dimanche, mardi et vendredi . La veille, dans l’après-midi, on plante des poteaux, on installe les étals, on déplie les bâches qui protègent de la pluie ou du soleil. Le lendemain, très tôt, les marchands arrivent avec camions ou camionnettes, déballent leurs marchandises, primeurs, viandes, fromages, ustensiles, ou autres objets des plus insolites. On s’interpelle d’un stand à l’autre, on prend des nouvelles, on s’intéresse, du coin de l’oeil on jauge la marchandise des voisins. Et bien sûr on va prendre un café bien tassé, ou un petit rouge, mais pour certains c’est un petit blanc, au café du coin. On trinque avant de commencer la journée, avant que badauds et clients n’arrivent ; il faut bien s’éclaircir la gorge avant la criée, ce n’est pas avec une voix éraillée que l’on vend ses fruits et légumes. Les fromagers, eux, sont moins bruyants, du moins j’en ai l’impression, c’est plutôt par le parfum de la marchandise qu’ils attirent le client. Quant aux fleuristes et pépiniéristes, il leur suffit de déposer sur leurs étals leur richesse de couleurs, de formes et de parfums et les badauds s’arrêtent pour humer un peu de rêve d’espaces verts et de nature.

Sur ce marché il n’y a pas que des victuailles, on y trouve également un grand choix de marchandises, des plus banales aux plus étonnantes. Vêtements, parapluies, sacs à main, vaisselles neuves et usagées, bijoux, babioles de toutes sortes, jouets anciens et modernes, et sans doute bien d’autres que j’oublie… il y a même un joueur de boite à musique avec un chapeau haut de forme et sur son épaule un petit singe à l’air blasé attaché à une chaîne. Mais le plus insolite des stands, celui qui attire les curieux sans pour cela en faire des acheteurs, celui qui intrigue et qui fait sourire les plus dubitatifs, celui qui est le plus silencieux et le plus discret du marché, c’est celui du marchand de mots. Le monsieur qui le tient est vêtu d’un élégant, bien qu’élimé jusqu’à la trame, costume gris foncé enjolivé d’une cravate noire à gros pois jaunes. Il se tient un peu à l’écart, prêt à servir ou à répondre à la demande des passants, un vague sourire sur des lèvres un peu pales, un visage émacié qui laisse deviner que cet homme ne mange pas tous les jours à sa faim. Il est présent, tendu, prêt à remettre de l’ordre dans la marchandise souvent malmenée par les clients.

Sur l’étal les mots sont rangés dans un ordre parfait ; classés par catégories, chaque mot inscrit sur son petit carton, comme une carte de visite, et placés dans des dizaines de boites et coffrets de toutes formes et grandeurs et de couleurs variées. Sur chaque boite un titre qui permet de faciliter les recherches ; il y a la boite aux mots de tous les jours, celle aux mots rares et insolites, celle aux mots d’argot et une autre aux mots anciens, une aux mots tendres, une autre aux mots de colère. Les inclassables se trouvent dans une boite à chapeaux d’antan, ceux de vengeance sont sous cloche, comme des fromages à l’odeur incommodante. Quant aux mots d’amour ils sont rangés soigneusement dans un ancien coffret à bijoux muni de petites cases et tiroirs tapissés de velours rouge foncé.

Je ne vais jamais au marché sans passer par là. Je fouille, je regarde jusqu’au fond des boites, j’y trouve des merveilles. Certains mots me font sourire, d’autres éveillent des souvenirs, et puis il y a ceux qui me font rêver, ceux qui m’émeuvent un peu, beaucoup. Mes préférés sont les mots rares, ceux que l’on entend peu, que l’on écrit jamais et que l’on lit rarement. Et puis j’observe. J’observe les passants qui, curieux, s’arrêtent un moment et continuent leur chemin. Les habitués qui ont des demandes, des besoins précis, qui recherchent certains mots parce que leur mémoire leur fait défaut. Il y a aussi les amoureux des mots, ceux-là ne s’attardent pas à la signification, mais plutôt à ce que tel ou tel mot évoque en eux ; ils en apprécient l’harmonie plus que le sens. J’ai vu, je vous l’affirme, des personnes s’extasier sur de si jolis mots comme « Abeillage » ( c’est un droit seigneurial), « Érubescent » ( quelqu’un qui devient rouge), ou encore « Majolique ou Maïolique » ( si doux à l’oreille, mais qui n’est qu’une faïence ancienne italienne ou espagnole), « Panséléne » (c’est la pleine lune). Zec est un zest et Trudaine une tromperie, « Erotidies » est un nom féminin qui se met toujours au pluriel, laissez donc votre imagination vous mener vers sa signification.

Si par hasard vous passez par là en fin de matinée, heure à laquelle le marché est bondé, vous verrez beaucoup de monde autour du marchand de mots ; les gens, certains avec un regard un tant soit peu moqueur d’autres tout à fait sérieusement, regardent, fouillent dans les boites et cartons, s’inspirent ou interrogent, et laissent derrière eux une grande pagaille. On peut alors admirer toute cette ribambelle de mots dispersés sur l’étal, toutes catégories confondues, les mots d’amour ou d’amitié avec ceux de vengeance ou de guerre, les insultes avec les mots doux, les anciens avec les nouveaux… on a l’impression qu’ils vont se donner la main pour faire une grande ronde autour du marché. Lorsqu’un client désire acquérir un mot, quel qu’il soit, et qu’il demande au marchand : « c’est combien ? » celui-ci explique qu’il ne s’agit pas d’argent, mais d’un échange, si vous prenez un mot vous en déposez un qui fait partie de votre vocabulaire et le tour est joué. À cet effet le marchand indique un coffret à moitié plein, c’est là que l’on dépose sa quote-part ; à côté il y a des petites cartes vides il vous suffit d’y inscrire le mot dont vous aimeriez vous séparer. Il me semble que vous avez fait une bonne affaire n’est-ce pas ?

Le marchand, quant à lui, ce n’est pas étonnant qu’il ait l’air si décharné ; l’amour des mots ne nourrit pas son homme. Mais en apprenant son nom de famille on comprend bien qu’il avait un avenir prédestiné. Sur une plaque en cuivre placée au milieu de l’étal on peut lire :

« Marchand de mots de père en fils – Monsieur Vocabulis »

©Aliza Claude Lahav

Mai 2011



Documentation:
 "Petit dictionnaire des mots rares et anciens de la langue française"Que vous pouvez trouver ICI