MISE EN VOIX PAR JAVA
Au fil de mes défis !
Il a suffi d'une supplique
Pour que mes robes
De mousseline de coton
Ne prennent vie
Grâce à la palette de feu
D'une artiste et pour que la magie
D'un pinceau sourcilleux
Ne se verse
Dans la nacelle opaline,
Dès mes premiers pas !
C'est ainsi que les couleurs
Les plus aventureuses
S'emparèrent de mon âme d'enfant,
Non sans gourmandise
Du haut de cinq printemps cajolés
Et arrosèrent mes menottes de jade
De tous les pigments témoins !
Dès lors, les ramages n'ont cessé
D'étoiler les bras de mes saisons
Et les bannières en cascade
Se sont drapées
De l'écharpe de l'indomptable
Qu'il m'eut fallu apprivoiser
Les yeux fermés !
À ce pinceau rebelle,
Je lui dois fière chandelle,
Il m'a permis de traduire
Le monde selon ma vision naissante
Balayant du frisson de l'émotion
Tous les sceptres
De l'envers du miroir !
De l'ocre bouillonnant
Ou du bleu de l'écho,
Coloris tous vénérés
Aussi bien que courtisés,
Il m'a aspergée
De son haleine humectée !
Ainsi, son onde édulcorée
A ouvragé l'édifice
De mon enfance
De blancs ruisseaux jonchés
Sur l'arc-en-ciel suspendu
Au bord de la marelle !
Et là, je me prenais pour un pinson,
Alors que perchée
Sur un songe mutin,
La lune se fardait
De l'abandon de l'esquisse,
Je m'envolais à perte de vue
Pendant que la grâce fixait
La pénombre de l'esquive
Sur les lignes fébriles
Du murmure griffonné !
Mon joujou touffu était soyeux
Comme les cheveux de la nymphe,
Sur la toile conquise !
Jamais la gouache
Ne craignit la tempête du caprice,
Ni du repos apaisé,
N'éprouva le regret !
Si j'avoue qu'à ma quête,
Toutes ses gourdes
J'entendais se déverser,
Et comme si sa barbe ébouriffée
M'eut prêté sa chevelure
Et son essence,
Je devinai de l'océan en balade
La coulure diaphane,
Sans que la capturer, je ne veuille,
Tandis que mes prunelles naïves
Riaient qu'un si doux présent
Ne soit porteur
D'un si rare bonheur !
Brosse n'a du souvenir
Pour se dépeindre
Que la barbouille en émoi,
Le reflux sans ombrages
Et l'émerveillement de mon regard !
Au rythme même du tourbillon,
On a lié nos sabliers apeurés
Dans l'effluve du buvard,
Nous sommes devenus
Les meilleurs amis
De l'ébauche de la surprise !
Cabotin, mon pinceau
Ne fut jamais si bavard
Que la crainte de couler à flot
Au fil de mes défis !
Les bavures qu'il m'a enseignées,
J'ai toujours lues
Dans ses pensées
Sans appréhension,
Vu le soupir de la chimère !
Si son poil était hardi,
À ce point que son audace
Bousculât mon innocence
De ses multiples effets,
Plût au précieux objet
Que sa soie rieuse
Fût grandement appréciée
De ma candeur de fillette !
Mes rêves dans son enclos
Se sont évaporés
De la paupière de l'éphémère
Tressé délicatement !
Sans nul doute,
La houppe échevelée a façonné
Ce que je suis
Et ce que je resterai
Dans l'ombre du silence !
Louyse LARIE
Le 24/05/2014
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