Le mot du jour

Qui suis-je?


LA VOIX DE L'ÉCHO

POUR LE PLAISIR DE TOUS: AUTEURS, LECTEURS, AUDITEURS...
Affichage des articles dont le libellé est _Cité: Chopin. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est _Cité: Chopin. Afficher tous les articles

samedi 26 juillet 2014

ANNA LOGON - « 176 EN NOIR ET BLANC » PARTITION 5 - QUATRE MAINS ANNA LOGON ET JAVA

MISE EN VOIX ANNA LOGON

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
et en canon se répondent,
Voici leurs partitions...




Partition N° 1


Partition N° 2


Partition N° 3


Partition N° 4







BANDE VIDÉO -AUDIO ICI






CHOPIN - Étude Op.10 No.2 - A minor chromatique


            À gauche, les yeux malicieux semblent à leur tour provoquer leurs comparses : « Ah tu veux jouer au chat et à la souris ? Alors jouons sans angoisser l’auditoire... ». Dès la première mesure de l’Étude Opus 10 N°2 de Chopin, le public se rassoit.  Sans la moindre hésitation dans leur réponse, les doigts agiles entament leur course chromatique, se pourchassent l’un l’autre sur la plaine neigeuse, voltigeant sans heurt sur les roches sombres. Primesautiers, ils vont et viennent avec adresse sur le clavier virtuose. La mélodie s’amplifie tournoyante du parquet jusqu’aux lustres. Sans s’essouffler, dans la forêt du parterre, le courant d’air tourbillonne décidé. Déjà il virevolte entre les fauteuils faisant courber les troncs, étourdissant les têtes sur son passage. Effréné, il se gonfle en spirale ascendante, arrache toute frondaison. Les feuilles s’envolent du pupitre en friponnes volutes, emportant les clés et les appogiatures. Les croches se multiplient en double, en triple en ricochant sur les velours des tentures. Les bécarres, les dièses et les bémols se dévergondent sans demi-teinte en ellipse sans fin... Puis la course s’amortit en un seizième de soupir.

            En face, un regard noir le dévisage, ces tendres harmonies l’ennuient ...









CHOPIN - Étude Op.10 No.4 - C sharp minor



            Comme pour répondre aux préférences dissonantes de son protagoniste, le pianiste poursuit s’exaltant sur l’Opus 10 N°4 pour porter l’estocade. Les doigts et l’instrument s’unissent, évanescents. En transe ils fusionnent en une seule onde frénétique. Le flot de musique se déchaîne, elle se fait conquérante. Les véloces triolets dévalent bouillonnant dans les allées, les gruppetto débordant descendent en cataractes des balcons. Bientôt, la salle se noie dans les vagues ondulantes, qui se ruent tumultueuses. Tels des coquilles de noix flottant sans amarre, les fauteuils voguent secoués par la houle démontée emportant les mélomanes submergés. Ils cramponnent le pavois, mais déjà chavirent sous les furieuses modulations. Échevelées, les sonorités s’élèvent en murs vertigineux, et cinglent les mezzanines. Scélérate, leur intempérance se fracasse sur les lisses, explosant en mille fougueuses tonalités. Les triolets redescendent en écumeuses cavales, se propagent avec célérité dans les coursives et le hall. Sans tremolo ni défaillance, la Musique décide alors de porter le dernier assaut, il sera crescendo ! L’espace tout entier se dilate en une puissante vibration. Le frontispice fragilisé se fend sous la dominationde ce cyclone devenu impérial ! Sous l’estoc et la taille de l’accord final, la Musique le jure, corbeille, cintres et pilastres dégringoleront sur les lambourdes !
            ... Quand la poussière reposa son nuage sur le parquet, ne restaient debout que deux courbes noires encore entremêlés. Trois pages de partition voltigeaient plus haut telles les feuilles d’un automne trop précoce. Adieu édifice, concert, cintres, fronton... Fauteuils arrachés, tentures par terre... ruinés... Sottise fratricide, affrontement guerrier, les noires contre les blanches, bémols et dièses déchaînés... Plastronnade achevée... Désolation...

            Frère de cordes, hisseras-tu enfin pavillon blanc ?





Texte protégé et déposé

sur le site iPagination

et





Le grand final à lire sur la page de Java

dimanche 30 mars 2014

ANNA LOGON - À LA RECHERCHE DE LA PORTE PERDUE - PIANO VOIX






Interprétation au piano et texte écrit par Anna Logon. 

 Mise en voix par Emecka 




Frédéric Chopin - Prélude Opus 28 No.4 – « Suffocation »
(Par Anna)






 À la recherche de la porte perdue



Un vent frileux traînait ses plaintes lugubres sous un ciel cendreux suffoquant ses ouates pleurnichardes. La futaie déjà se contractait. Le chemin s’étranglait là, bâillonné de ronces ténébreuses s’enflant sur les souches. Combien avaient fait bien avant demi-tour ?... Combien auraient renoncé ?... Pourtant l’intuition me força à poursuivre inexorablement, quitte à engloutir le reste de mon âme et mon peu de raison. Mon regard s’échouait misérablement sur les troncs se dressant face à moi tels mille titans dévorés d’un lierre millénaire. Les branches les plus basses dépliaient leurs doigts menaçants, repoussant toute ombre aventureuse. Les ramures empoignaient ma chemise, les épineuses broussailles cramponnaient mes pas. Mes mains tendues dans les noirceurs se déchiraient aveugles sur des spectres tourmentés. M’enfonçant plus profond dans ces sombres entrailles, le silence me taisait sa propre terreur, l’air s’enfuyait oppressé. Ignorant le pain et l’eau, je marchais depuis des jours peut-être... des mois assurément... Mon esprit s’embrumait dépouillé de tout repère. M’égarant dans ces limbes funestes, je tombais lourdement sur mes genoux découragés. J’allais ainsi pourrir dans l’opacité de la nuit. L’humidité des bois aurait fini par me figer les sangs s’il n’avait diffusé ce singulier parfum terreux de troncs charnus et de fistulines. Alors, mes poumons en lambeaux se gorgèrent de ces dernières bouffées, derniers sursauts frissonnants tel l’humus porteur d’immortalité redonnant courage.



Les yeux clos guidés par la seule voix d’un désir fébrile, je repris ma quête. Errance chancelante, pavée de meurtrissures autant que de chimères. Existait-il vraiment ce jardin tant rêvé ? Où la tiédeur de l’air joue entre les bras chatoyants d’une onde nourricière... Où la sérénité se moque de tous les temps... Où le plus infime grain ignore même l’ivraie... L’infini du chemin amenuisait mes espérances... Soudain, il m’apparut, ce jardin enchanteur. Pourtant à l’abandon, il s’annonçait féerique. La grille de l’entrée était délicatement ciselée. Je la croyais perdue, je n’osais plus respirer. Dieu qu’elle m’était belle dans ses dentelles de rouille. Doucement, je caressais à peine du bout des doigts les volutes subtiles, frôlais la sculpture d’impériales fleurs de lys enluminées de roses de Damas. Alors prudemment, j’osais glisser cette clé gardée si précieusement au fond de ma passion. Le fermoir se refusait... Je m’interdis alors d’insister. Criantes de fragilité, ses froides crapaudines supportaient à peine les années de tourments et de solitude, suppliant seulement le repos et la paix. Je m’assis devant le petit mur couvert de mousse, enserrais mes jambes repliées dans mes bras, la clé dissimulée au creux d’une main. Après s’être longuement abreuvé de cette sérénité inaccessible, mes paupières se cicatrisèrent pour l’éternité.



Ami voyageur... Si le hasard guide tes pas vers ce magnifique jardin... Peut-être verras-tu sur le devant un vieil arbre mort aux branches rabougries, affectueusement penché sur la grille ouvragée, protégeant ce morceau de paradis de ses orages aux vents futurs.




Anna – 28 Février 2014 ©