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jeudi 23 octobre 2014

AMARANTHE SYLVAINE


Chacun de ses textes frissonne de toute une palette d'émotions et de sentiments différents



MISE EN VOIX AMARANTHE





Amaranthe nomme cette photographie

" RESPIRE EN SOURIRE "

C'est plus que réussi, non ? 








C’est difficile d’expliquer pourquoi les lettres s’entrelacent, se caressent ou s’écorchent. Elles veulent se faire entendre parce qu’elles sont bouleversées, bouleversantes, embrouillées, irritantes, entêtantes. La rotation de la terre s'accélère et je deviens multiple : Bien sûr, je doute de tout, du sens de l'existence et des phases de la lune, de l'herbe rouge, du mur du son, de la vitesse de la lumière...



Parfois, le soleil se déguise : un peu de figue et de raisin. Mais peu importe qu'il se cache : je le dessine en mots, le mets en grain de voix. J'aime cette musique, une grâce, une couleur. La vie, quoi !


Je fais ce que je peux, tout mon possible, toujours affable avec les plissures de temps et les rétractations d'espace. Et j'ai toujours mon imagination avec moi, bien fertile, très réceptive, un vrai boomerang. Parfois toutes ces histoires semées, lues, vues ici ou là, ça fait un trou dans la poitrine qui s’agrandit et qui palpite. Ce qui compte, c'est chaque jour coincé entre hier et demain. Même mal coiffé, sauvage. Tout sauf morne. Tout, sauf résigné. Un jour à apprivoiser, à inventer. Être comme un chat, avoir dans le cœur la vie qui bat neuf fois. 



Un jour, quelqu’un m’a dit : « que la vie vous porte bien ». Si je ne sais pas forcément où elle va celle-là , j’aime le vent qui me porte. C’est une question de sensation, de corde, de voix, de vibration, de souffle, de respiration . En équilibre sur un fil ? Oui, je me balance entre deux rives dans l'air liquide qui me chavire



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dimanche 27 juillet 2014

JAVA - « 176 EN NOIR ET BLANC » PARTITION 6 - QUATRE MAINS ANNA LOGON ET JAVA

MISE EN VOIX JAVA
sur une partition de Bela Bartok 1ere sonate pianiste "Makaosama"

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
et en canon se répondent,
Voici leurs partitions...



CLIQUER SUR LA PARTITION CI-DESSOUS








« 176 EN NOIR ET BLANC »


FINAL





      Il avait écouté avec un ravissement qu’il ne cherchait même pas à dissimuler. Dans les doigts du pianiste la musique était devenue matière et eau, les croches s’étaient faites grappins, les portées torrents tumultueux. Mais si la musique avait ce pouvoir d’inspirer le chaos, lui, pouvait il continuer à l’aimer? Il détestait les décombres et la nuit, mais il endossait soir après soir, par le choix de ses interprétations le costume le plus sombre, il était l’ombre, l’Autre la lumière. Pourtant il ne croyait pas avoir démérité de l’instrument, il aimait ce piano autant que sa propre vie, pour autant ses prestations musicales depuis quelques temps n’attiraient que reproches et quelquefois injures. On avait besoin de gaieté, de notes cristallines à satiété et leur rôle n’était que d’être les messagers d’un bonheur mélodique.


               Il n’y arrivait plus, alors il ne produisait plus en solo, les gens ne se déplaçaient plus pour son nom seul, il avait été obligé de recourir aux duos. Alors il servait de faire valoir, chacune de ses interprétations mettait l’Autre en sous la lumière, malgré tout il continuait, le piano était non seulement son gagne-pain, mais aussi sa raison de vivre. Allons, il lui fallait en finir. Ses deux mains se posèrent doucement sur l’ivoire des touches. Aujourd’hui, il ne partirait pas sous les huées. Il commença par un Allegro moderato, même si c’était un univers sombre qui sortait de ses doigts, la frénésie du tempo et l’alternance avec des animatos aux sonorités simples allégeaient son propos. Plus que jamais son interprétation dessinait les deux faces d’une même pièce. Il soufflait le chaud et le froid. Il amena l’auditoire dans une sorte de sarabande hiératique et la fit tout aussitôt sauter dans des ruisseaux d’eau pure et joyeuse, avec des allégros endiablés avant de reprendre des sonorités plus graves. Il fit sourire et pleurer. Il donnait ainsi à écouter le monde tel qu’il le voyait et l’entendait, heureux et triste, alerte et lourd, généreux et assassin.


               Il ne quitta pas ses doigts des yeux, il ne posa son regard ni sur l’autre pianiste qui lui faisait face ni sur la salle. Cette fois personne n’était parti, tout au moins il ne décelait aucun mouvement. Il lui sembla alors qu’il avait gagné le cœur de tous. Il se demanda si après tout cela avait de l’importance ? Enfin ses doigts cessèrent leur course, un long silence s’ensuivit.


               Ils se levèrent ensemble, ils firent tous les deux le tour de leur Steinway et saluèrent. Il sentit alors une main dans la sienne. Ils étaient deux, ils avaient toujours été deux.


               À ce moment seulement les applaudissements commencèrent, la salle était toujours dans l’obscurité, il y avait ce noir intense devant eux et ces claquements de dizaines de paumes qui se rencontraient encore et encore, lorsque les premières lumières s’allumèrent il vit que tous étaient debout.


               Après deux rappels ils quittèrent la scène définitivement, ils rejoignirent leur loge après s’être chaleureusement remerciés l’un l’autre, se promettant d’autres rencontres, d’autres rendez-vous, d’autres applaudissements. Plus tard, un œil attentif aurait vu un homme sortir au bras d’une jeune femme et après quelques minutes, un autre poussant un fauteuil roulant dans lequel était assise celle qui devait être son épouse… Tous deux riaient, riaient… Les ruines de la ville semblaient moins laides ce soir...






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samedi 26 juillet 2014

ANNA LOGON - « 176 EN NOIR ET BLANC » PARTITION 5 - QUATRE MAINS ANNA LOGON ET JAVA

MISE EN VOIX ANNA LOGON

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
et en canon se répondent,
Voici leurs partitions...




Partition N° 1


Partition N° 2


Partition N° 3


Partition N° 4







BANDE VIDÉO -AUDIO ICI






CHOPIN - Étude Op.10 No.2 - A minor chromatique


            À gauche, les yeux malicieux semblent à leur tour provoquer leurs comparses : « Ah tu veux jouer au chat et à la souris ? Alors jouons sans angoisser l’auditoire... ». Dès la première mesure de l’Étude Opus 10 N°2 de Chopin, le public se rassoit.  Sans la moindre hésitation dans leur réponse, les doigts agiles entament leur course chromatique, se pourchassent l’un l’autre sur la plaine neigeuse, voltigeant sans heurt sur les roches sombres. Primesautiers, ils vont et viennent avec adresse sur le clavier virtuose. La mélodie s’amplifie tournoyante du parquet jusqu’aux lustres. Sans s’essouffler, dans la forêt du parterre, le courant d’air tourbillonne décidé. Déjà il virevolte entre les fauteuils faisant courber les troncs, étourdissant les têtes sur son passage. Effréné, il se gonfle en spirale ascendante, arrache toute frondaison. Les feuilles s’envolent du pupitre en friponnes volutes, emportant les clés et les appogiatures. Les croches se multiplient en double, en triple en ricochant sur les velours des tentures. Les bécarres, les dièses et les bémols se dévergondent sans demi-teinte en ellipse sans fin... Puis la course s’amortit en un seizième de soupir.

            En face, un regard noir le dévisage, ces tendres harmonies l’ennuient ...









CHOPIN - Étude Op.10 No.4 - C sharp minor



            Comme pour répondre aux préférences dissonantes de son protagoniste, le pianiste poursuit s’exaltant sur l’Opus 10 N°4 pour porter l’estocade. Les doigts et l’instrument s’unissent, évanescents. En transe ils fusionnent en une seule onde frénétique. Le flot de musique se déchaîne, elle se fait conquérante. Les véloces triolets dévalent bouillonnant dans les allées, les gruppetto débordant descendent en cataractes des balcons. Bientôt, la salle se noie dans les vagues ondulantes, qui se ruent tumultueuses. Tels des coquilles de noix flottant sans amarre, les fauteuils voguent secoués par la houle démontée emportant les mélomanes submergés. Ils cramponnent le pavois, mais déjà chavirent sous les furieuses modulations. Échevelées, les sonorités s’élèvent en murs vertigineux, et cinglent les mezzanines. Scélérate, leur intempérance se fracasse sur les lisses, explosant en mille fougueuses tonalités. Les triolets redescendent en écumeuses cavales, se propagent avec célérité dans les coursives et le hall. Sans tremolo ni défaillance, la Musique décide alors de porter le dernier assaut, il sera crescendo ! L’espace tout entier se dilate en une puissante vibration. Le frontispice fragilisé se fend sous la dominationde ce cyclone devenu impérial ! Sous l’estoc et la taille de l’accord final, la Musique le jure, corbeille, cintres et pilastres dégringoleront sur les lambourdes !
            ... Quand la poussière reposa son nuage sur le parquet, ne restaient debout que deux courbes noires encore entremêlés. Trois pages de partition voltigeaient plus haut telles les feuilles d’un automne trop précoce. Adieu édifice, concert, cintres, fronton... Fauteuils arrachés, tentures par terre... ruinés... Sottise fratricide, affrontement guerrier, les noires contre les blanches, bémols et dièses déchaînés... Plastronnade achevée... Désolation...

            Frère de cordes, hisseras-tu enfin pavillon blanc ?





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et





Le grand final à lire sur la page de Java

dimanche 13 juillet 2014

JAVA - « 176 EN NOIR ET BLANC » PARTITION 4 - QUATRE MAINS ANNA LOGON ET JAVA

MISE EN VOIX JAVA
sur Bernard Hermann le prélude de "Psychose" le film d'Alfred Hitchkock

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
et en canon se répondent,
Voici leurs partitions...




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     Les notes de paix semblent un instant s’accrocher aux corniches de plâtre rêvant peut être de retarder ce qui va venir. Mais comme pour accéder à la supplique du virtuose, le second piano attaque sur un adagietto. Le rythme lent, le son clair et les vibrations régulières produites par les cordes semblent tomber en cascades du plafond peint et de la verrière éclairée de volutes lumineuses. Sur le clavier la main gauche semble se promener sur les touches blanches qu’elle avait ignorées jusque-là. Les mouvements des doigts sont presque imperceptibles. Loin de la frénésie qui les agitait tout à l’heure, les mains ne fouillent plus, elles cherchent par petits bonds. Les sonorités guerrières ont disparues, pourtant l’interprète ne cherche pas à faire amende honorable devant la grandeur de son prédécesseur, il décompose son thème comme une explication de texte. Le piano est polyphonique, il le démontre. Il est joie et tristesse, douceur et violence, la fougue impétueuse de la jeunesse et la sagesse de l’âge.  Un glissando, la main couvre l’ensemble des notes d’un  seul trait. On se dit que c’est fini, qu’il va laisser la place, déjà les regards se tournent vers l’Autre, on attend un adagio…



               Il ne viendra pas ; ou pas tout de suite. A peine la dernière note du glissando jouée, les deux mains reprennent possession du clavier pour une ouverture avec un accord renversé de quinte augmentée suivi par un ostinato qui inlassablement, répète les mêmes accords dans une dissonance étudiée. Au final c’est une orchestration lancinante et inquiétante qui prend toute la place pendant quelques deux minutes plongeant un auditoire en pleine confusion dans une sorte de transe hypnotique. Une angoisse harmonique sort du Steinway, s’installe… Et quand la dernière note arrive sans préambule, c’est comme un couteau de cuisine déchirant un rideau de bain. Comme tout à l’heure le visage se relève, doucement, mais il ne sourit plus comme s’il avait lui aussi de mal à se dégager de la gangue anxiogène qui s’était installée. Comme si, quoi que l’on fasse on n’échappe pas à ses démons. Quelques personnes se sont levées et se dirigent déjà vers les couloirs sombres menant à la sortie, ce sont les seuls bruits.







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samedi 12 juillet 2014

ANNA LOGON - « 176 EN NOIR ET BLANC » PARTITION 3 - QUATRE MAINS ANNA LOGON ET JAVA

MISE EN VOIX ANNA LOGON

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
et en canon se répondent,
Voici leurs partitions...






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BACH - Fugue No. 2 in C minor, BWV 847 - Tempered Clavier


            Sur la gauche sortant à nouveau de l’ombre, la main tourne la page... BWV 847. Les yeux du pianiste se ferment avec délice, le visage radieux de laisser à nouveau ses mains gambader dans les blanches campagnes en triolets et sur les dièses escarpés. Ô Steinway merveilleux... offre à ses doigts le plaisir de caresser ton clavier bien tempéré. En do mineur, fais-toi délicate fugue, apaisante comme l’eau fraîche du ruisseau renaissant au printemps. Adoucit la fougue bouillonnante et furieuse de ton semblable ce soir si colérique. Calme les arpèges en mascaron dissonants de ce demi-frère qui assombrissent le contrepoint et l’harmonie. Déploie la douceur sucrée de tes feutres pour édulcorer les ardeurs des marteaux analogues rugissant sans vergogne. Cicatrise ses noires humeurs en l’enjôlant de mille boucles de tonalités bémolisées dont, seul, tu as le secret. Estompe l’emportement chaotique et cacophonique de ce jeune polisson qui affole l’auditoire par ses algarades tapageuses...







BACH - Prélude No. 21 in B flat major, BWV 866 - Tempered Clavier



            La partition s’effeuille à nouveau... BWV 866. Réjouis-toi rageur jumeau de cordes ! Entends ces milliers de couleurs en si bémol majeur descendre en frétillantes tierces l’ivoire escalier, et batifolant quatre à quatre en variantes ascendantes sur quelques marches noires. Les notes claires jaillissent rieuses une à une en point piqué ! Les fringantes triples croches éclaboussent en suites legato ! Les doigts voltigent allegretto en frivoles cascades toujours plus impatientes. Più crescendo, les grisantes modulations caracolent déjà sur les dossiers de velours rouges... Les croches en gouttes cristallines enflent le cœur des baignoires, les mesures s’accrochent en perles aux balcons et composent de chatoyantes guirlandes. À nouveau, les yeux des mezzanines pétillent, les fossettes s’épanouissent en un jubilant parterre. Pourquoi vouloir attrister ces pauvres âmes attentives ?


            Toi aussi, attendris tes cordes de vif acier avant que ne résonne une plus grave discordance...



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 partition 4 par Java...

samedi 21 juin 2014

JAVA - «176 EN NOIR ET BLANC» - 2 (QUATRE MAINS AVEC ANNA LOGON)

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MISE EN VOIX JAVA
Liszt Réminiscences de Don Juan

Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires
À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...

Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent
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PARTITION N°2




...Elles s’arrêtent un instant comme pour un vol stationnaire au-dessus de l’étroite rivière noire et blanche qui attend l’ordre pour commencer sa course, puis s’abattent ensemble emplissant l’espace en donnant toute leur puissance aux cordes frappées. Le son n’a pas encore quitté le pavillon des oreilles de l’auditoire que les mains ont commencé leur danse. Le ton est donné, la demande du premier piano se confronte à la mauvaise humeur du second. Après le choc du forte, c’est un accelerando qui projette les spectateurs dans une sorte de transe auditive. Les notes semblent se poursuivre dans une sarabande infernale. Mieux, on croit les entendre s’interpeller les unes les autres. Le jeu en arpégé forme une étrange mélopée qui manifeste son courroux face à la mélodie qui tout à l’heure caressait les mélomanes silencieux et attentifs. Entre ces deux pianos était en train de se jouer la rivalité entre deux mondes qui pourtant n’en faisaient qu’un. La lumière sur les deux virtuoses s’était faite plus rouge, plus enveloppante à l’instar de la musique qui semblait vouloir prendre l’ascendant, laissant le buste de Beethoven entre les colonnes doriques presque dans l’ombre. Un accéléré du tempo la changea progressivement en tons de plus en plus clair, presque tranchants, menaçants comme des sabres. Une couleur banche presque métallique prit possession de la scène. Mais était ce encore une scène, étaient ce encore des pianos ?


Dans les premiers rangs un œil affuté aurait vu le public se caler dans les fauteuils de velours, cherchant une protection. On eut annoncé un assassin dans la salle immense que l’appréhension presque palpable n’eut pas été plus grande. Pourtant personne ne se levait. Personne ne pensait à rompre l’envoûtement violent qui clouait chacun à sa place, quand d’un coup tout s’arrêta. Les mains du pianiste se figèrent et lentement sa tête qui un instant plus tôt touchait presque ces dernières, se souleva et son regard se posa sur celui de son contradicteur. Le Yang regardait le Yin, un sourire tranquille éclairait son visage.




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à venir Partition N°2 par Anna Logon...

ANNA LOGON - «176 EN NOIR ET BLANC» - 1 - (QUATRE MAINS AVEC JAVA)

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MISE EN VOIX ANNA LOGON 
 BACH - Prélude No. 1 in C major, BWV 846 tempered Clavier







PARTITION N° 1



Un piano de concert possède 52 touches blanches, 36 noires

À quatre mains, cela fait 176 petites notes qui s’entremêlent...



Tour à tour, les plumes d’Anna et Java se croisent

et en canon se répondent,

Voici leurs partitions...










     Le scintillement cristallin qui pendait des lustres majestueux s’estompa progressivement... Dans la clarté lactescente de la scène, les courbes fluides des deux Steinway laqués noirs s’entremêlaient. Quelques derniers raclements de gorge... trois légers chuchotements... puis le silence s’imposa, respectueux.

     Sur la gauche, deux mains se soulèvent délicatement au-dessus du clavier.

     Les doigts graciles caressent les touches sans effort, laissant s’échapper les premières notes vaporeuses du prélude. Patiemment, les mesures d’introduction s’installent sans espièglerie. Posément, elles drapent la salle de concert d’un voile mélodieux et apaisant comme une profonde respiration. Les tierces fluides de la main droite conversent en harmonie avec les douces variations de la main gauche. Sortant de l’ombre, une main anonyme tourne la page. Les blanches, les rondes, les noirs triolets s’évadent du papier en séraphiques vibrations berçant l’auditoire. La portée s’effiloche en fibres de soie, tissant sereinement une trame élégante. Puis un accord en septième de dominante majeure plane suspendu dans l’espace. Comme un point d’interrogation, il attend paisiblement une réponse avant de s’évanouir en un soupir...



     Déjà sur la droite, deux mains se soulèvent délicatement au-dessus du clavier...



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à suivre Partition N°2 par Java...

dimanche 30 mars 2014

ANNA LOGON - À LA RECHERCHE DE LA PORTE PERDUE - PIANO VOIX






Interprétation au piano et texte écrit par Anna Logon. 

 Mise en voix par Emecka 




Frédéric Chopin - Prélude Opus 28 No.4 – « Suffocation »
(Par Anna)






 À la recherche de la porte perdue



Un vent frileux traînait ses plaintes lugubres sous un ciel cendreux suffoquant ses ouates pleurnichardes. La futaie déjà se contractait. Le chemin s’étranglait là, bâillonné de ronces ténébreuses s’enflant sur les souches. Combien avaient fait bien avant demi-tour ?... Combien auraient renoncé ?... Pourtant l’intuition me força à poursuivre inexorablement, quitte à engloutir le reste de mon âme et mon peu de raison. Mon regard s’échouait misérablement sur les troncs se dressant face à moi tels mille titans dévorés d’un lierre millénaire. Les branches les plus basses dépliaient leurs doigts menaçants, repoussant toute ombre aventureuse. Les ramures empoignaient ma chemise, les épineuses broussailles cramponnaient mes pas. Mes mains tendues dans les noirceurs se déchiraient aveugles sur des spectres tourmentés. M’enfonçant plus profond dans ces sombres entrailles, le silence me taisait sa propre terreur, l’air s’enfuyait oppressé. Ignorant le pain et l’eau, je marchais depuis des jours peut-être... des mois assurément... Mon esprit s’embrumait dépouillé de tout repère. M’égarant dans ces limbes funestes, je tombais lourdement sur mes genoux découragés. J’allais ainsi pourrir dans l’opacité de la nuit. L’humidité des bois aurait fini par me figer les sangs s’il n’avait diffusé ce singulier parfum terreux de troncs charnus et de fistulines. Alors, mes poumons en lambeaux se gorgèrent de ces dernières bouffées, derniers sursauts frissonnants tel l’humus porteur d’immortalité redonnant courage.



Les yeux clos guidés par la seule voix d’un désir fébrile, je repris ma quête. Errance chancelante, pavée de meurtrissures autant que de chimères. Existait-il vraiment ce jardin tant rêvé ? Où la tiédeur de l’air joue entre les bras chatoyants d’une onde nourricière... Où la sérénité se moque de tous les temps... Où le plus infime grain ignore même l’ivraie... L’infini du chemin amenuisait mes espérances... Soudain, il m’apparut, ce jardin enchanteur. Pourtant à l’abandon, il s’annonçait féerique. La grille de l’entrée était délicatement ciselée. Je la croyais perdue, je n’osais plus respirer. Dieu qu’elle m’était belle dans ses dentelles de rouille. Doucement, je caressais à peine du bout des doigts les volutes subtiles, frôlais la sculpture d’impériales fleurs de lys enluminées de roses de Damas. Alors prudemment, j’osais glisser cette clé gardée si précieusement au fond de ma passion. Le fermoir se refusait... Je m’interdis alors d’insister. Criantes de fragilité, ses froides crapaudines supportaient à peine les années de tourments et de solitude, suppliant seulement le repos et la paix. Je m’assis devant le petit mur couvert de mousse, enserrais mes jambes repliées dans mes bras, la clé dissimulée au creux d’une main. Après s’être longuement abreuvé de cette sérénité inaccessible, mes paupières se cicatrisèrent pour l’éternité.



Ami voyageur... Si le hasard guide tes pas vers ce magnifique jardin... Peut-être verras-tu sur le devant un vieil arbre mort aux branches rabougries, affectueusement penché sur la grille ouvragée, protégeant ce morceau de paradis de ses orages aux vents futurs.




Anna – 28 Février 2014 ©




ANNA LOGON - LES DOIGTS PLUS COURTS QUE LA TËTE - PIANO VOIX





L.V. Beethoven - Sonate N°14 - Op27 - Moonlight - Mouv1 - C sharp minor

(Extrait par Anna)




Les doigts plus courts que la tête


Il est arrivé dans ma vie
Un après-midi de novembre.
Sans smoking, ni queue-de-pie,
Il n’allait pas au concert.
Il était venu vers moi
En sobre tenue noire,
Simple et élégante.
Comme il était beau !
Je l’ai longuement épié,
Admiré encore, et encore,
D’une retenue effarouchée,
À l’ombre d’une timide inquiétude.
Rêveuse, le sourire déjà aux lèvres,
Je le contemplais en sourdine,
Mille morceaux en tête.
Alors j’ai regardé mes mains,
Aux doigts si courts,
Si si je m’en souviens...
Sauront-ils encore caresser,
Accompagner la descente
Des marches de ce noir escalier ?
Et mes yeux... que liront-ils en lui ?
Surgirait-il quelques altérations ?
Avais-je conservé toutes les clés ?
Tant de secrètes questions...
Je ne le connaissais pas, pourtant,
Il ne m’était pas totalement inconnu.
Mais lui... aimerait-t-il cette rencontre ?
Oh, je sais bien ce qu’il attend,
Il est comme tous les autres...
Mon cœur aussi soupire passionnément,
Mais cela pouvait-il être suffisant ?
Quarante cinq ans après...
De cette lointaine initiation,
J’en avais gardé tous les papiers certes...
Mais qu’en restait-il vraiment ?
Certains semblaient toujours... bien trop noirs,
Triples croches, bécarre, et clé de fa...
Trop peu de doigts et pas assez d’yeux !
Inaccessibles !
Pourtant, c’était bien là ma précédente aventure
Avec un bel ami, son congénère, son frère...
Et si ces retrouvailles étaient une bêtise ?
Recommencer une telle histoire d’amour
À la veille du troisième âge,
Est-ce bien raisonnable ?
Trop tard pour y penser,
J’avais fait le premier pas vers lui,
Nécessairement, le deuxième devait suivre.
J’ai ouvert « La Méthode Rose »
Raccommodée, scotchée, si pâle.
Comme si je reglissais mes mains
Dans les gants que je portais petite fille,
Me suis approchée du noir désir.
Page 6 : « Les cinq doigts »
Page 8 : « Études rythmiques »
Dix fois, vingt fois,
« Répétez » dit le maître...
Ses portées étaient à la mienne.
À la nuit, je m’arrêtais au « Chant du Soir » page 33.
Radieuse, j’avais dix ans
À nouveau...
Enfin je te retrouve, Ludwig,
Au clair de notre lune préférée...
Ah la mémoire auditive,
La mienne meilleure que la tienne ?
Prétentieuse, je n’en suis pas si sûre...
Mémoire procédurale de mes doigts,
Enchaînements ravivés. Magie !
Ma tête affabule encore,
Bach, Debussy et Ibert...
C’est beau la machine humaine.


Mais j’ai toujours les doigts trop courts... 



Anna Logon – 15 Janvier 2014 ©