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dimanche 21 décembre 2014

JAVA - LES LOCOS




MISE EN VOIX ELSA



Les locos


Je vous emmène à Uyuni, au contact des déserts de sel et de terre, montez nous n’allons pas loin mais le dépaysement sera total si vous êtes faits de sensibilité et de questionnements,. Même redescendus du marche pied, vous n’oublierez jamais le paysage. J’ai enlevé mon nez rouge et je l’ai mis à l’avant de la loco, il est notre sauf conduit, notre réserve de bonne humeur, son élastique nous rattache au monde. Vous êtes prêts ?
C’est le bout d’un monde connu ou le début de nulle part, un bout de terre bolivienne sur laquelle mon imaginaire a tracé l’extrémité du monde habité. Si notre planète était plate, nous serions sans aucun doute à sa frontière, en équilibre au bord d’un monde qui continue à s’inventer des futurs inaltérables alors qu’ils ne seront demain que des passés imparfaits.
Sa couleur est celle de la tristesse, de l’ennui, le bruit celui d’un vent sec, entêtant et les odeurs ne sont que les fragrances d’un métal agonisant rongé par une rouille, dont on ne sait si elle est due au sel du Salar ou au pinceau dont on ne sait quel divinité.
Ce lieu oublié des hommes est sans aucun doute le pentacle magique où se sont donnés rendez vous l’histoire et la dérision comme une porte enfin entrouverte ; comme une langue tirée à la pseudo immortalité des choses et des êtres. Cela ressemble à une bouffonnerie grandiose et à un hymne à la gloire du temps qui passe.
                                           


                     
Sorties d’un passé que l’on voudrait lointain, deux, trois, dix locomotives orphelines de leurs wagons sont posées là arrivées d’on ne sait où. Engagées sur des rails rongés, sinistres longerons enfoncés dans une terre qui les avale centimètre après centimètre, elles interrompent là d’une manière définitive les voyages mécaniques pour y prolonger celui du rêve et de l’absurde. Ici, les machines aujourd’hui silencieuses demeurent immobiles et figées pour toujours, dans un dessein sacrificiel et n’ont maintenant plus rien d’autre à faire que laisser celui qui les a forgé et assemblé s’interroger sur la vie et la mort. Un dernier sommeil qu’une main anonyme à décider de rejeter d’un éclat de rire en demandant d’un trait de peinture blanche un technicien d’urgence. Pour faire comme si….
L’humour du désespoir et la poésie se sont invités sur les ventres métalliques dévoreurs de charbon noir et peignent ensemble, dans ce cul du monde un tableau irréaliste entre songe et réalité.  Pour qui veut chercher, il y a peut-être là, l’âme de l’industrialisation et des symboles qui nous parlent de nos existences en en interrogeant le sens.
Dans ce paysage qui n’en est pas un, de vieux enfants étranges viennent jouer à construire d’autres futurs ferroviaires à ces monstres manufacturés encore dressés sur des roues fatiguées dans un monde chimérique où le néant n’existe pas.
Il y eut ce jour là, un petit d’homme monté sur la première plate forme, son « Tchou, tchou » sonore effaça d’un coup le cimetière, redonna du bleu au ciel et fit briller quelques instants les robes cuivrées des vieilles dames. La terre est redevenue ronde et j’ai bien cru voir les rails sortir de leur gangue de terre. Rien ne fut plus vivant à ce moment que cet endroit abandonné.
Notre voyage s’arrête ici, n’oubliez pas le guide




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