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mardi 26 mai 2015

MARCEL FAURE - 0266 à 0270 de La danse des jours et des mots








Mercredi 13 juin 2012 

- Attendez-moi !
J’obtempère en pressant le bouton adéquat de l’ascenseur.
- Je suis votre nouvelle voisine de palier, se présente-t-elle.
La conversation aurait pu en rester là, mais, entre voisins , il faut bien faire connaissance. Coup d’œil rapide sur la capacité de l’engin pour me rassurer. Sous un tablier à fleurs d’une autre époque, la nouvelle venue a, en effet, une certaine envergure. C'est bon, il nous reste de la marge. À moi d’accueillir.
- Alors, ce déménagement ! Ça s’est bien passé ?
- En gros, oui. (J’imaginais difficilement en maigre) Mais pour le lit, dit-elle …
La phrase en suspension m’invite à poursuivre. C'est facile, il suffit de répéter le dernier mot de façon plus ou moins interrogative.
- Le lit ?
- On n’a pas pu lui faire prendre l’ascenseur !
Celui-ci ouvre ses portes sur le hall du rez-de-chaussée. J’esquisse un pas vers la sortie. Aucune esquive possible ! Elle s’accroche à ma manche, me retient presque de force.
- Il est trop grand. C'est à cause de mon mari. Vous comprenez, (pas encore) il mesure plus de deux mètres. Alors vous pensez ! dit-elle, pendant que l’ascenseur nous entraîne de nouveau vers les étages supérieurs.
Voilà, c’est ma nouvelle voisine : très encombrante, un rien collante, bavarde juste ce qu’il faut, vêtue façon mamie années 60, et maintenant muette … Ou presque.
- Ben alors ! Il est rapide celui-là ! conclut-elle, pendant notre périple ascensionnel.



Jeudi 14 juin 2012 

- Attendez-moi !
C’est ma voisine. Je ne vous la présente plus, sauf à dire qu'elle a remplacé la feuille de salade qui nous a quittés, sans laisser d'adresse, pour fuir ses créanciers. Depuis qu'elle a emménagé, c’est un état permanent chez elle que d’être ma voisine, sa raison d’être. Je ne peux que m’exécuter. Me voilà coincé contre la cloison du palier avec pour seule compagnie cette espèce de mappemonde avec un collier tahitien imprimé autour de la taille, de l'hibiscus qui descend du nombril jusqu'aux genoux. Quelques jours qu’on se connaît. Tout juste si elle ne me tape pas sur le ventre. J’ai beau me taire, fermer les yeux, détourner la tête, bailler ostensiblement, rien. Elle démarre au quart de tour.
- Faut que j’aille faire des courses. J’ai plus rien dans le frigo.
À croire que son amant, c’est le frigo ! À croire aussi qu’elle me surveille par l’œilleton de sa porte, et dès que je referme la mienne :
- Attendez-moi !
Elle me hante, me persécute, me met, en quelque sorte, au défi de sortir sans elle. Si, par inadvertance, elle ne se précipite pas sur le palier, dès que j’y apparais, elle me manque aussi. Elle est une sorte de drogue dont je deviens dépendant. Je patiente un peu. Je laisse passer un ascenseur. Je me tasse tout au fond de la cage vide. Je mets une option sur l’énorme place vacante.
En quelques jours, elle a rempli ma vie. Si elle rapplique, je déborde. Si elle m’oublie, je m’inquiète. Pour elle qui manque à l’appel, pour Double Mètre, son mari, que je n’ai encore jamais croisé, pour son cabas trop lourd, pour une extinction de voix probable, pour, pour, pour.
Mais elle est bien là. Avec les poussinettes, je n'ai plus le temps de rien. Alors c’est tout pour aujourd’hui.



Vendredi 15 juin 2012 

- Attendez-moi ! Encore ? C’est la voisine.
Heureusement que je n’en ai pas toute une kyrielle comme celle-là ! Pourtant, dans son genre, c’est une beauté : imposante en diable, une voix à réveiller tout l’immeuble, aujourd'hui impeccablement vêtue d’un ample tablier imprimé, vous l’aviez remarqué dès le premier jour où elle s’est installée sur votre palier. Le mien en l'occurrence ! Pas le genre à provoquer votre flamme cette beauté tonitruante ! Non… Plutôt envie de partir en voyage pour l’oublier. Impossible.
C’est quelqu’un tout de même. Aujourd’hui elle est particulièrement inspirée. Elle a troqué la fleur pour l’oiseau. Toute une ribambelle entourant la mappemonde. Une utopie de colombes blanches prêtes à l’envol, déborde de son ventre proéminent.
Ouf ! Voici l’ascenseur. Il démarre avant qu'elle n’ait eu le temps de fermer sa porte.



Samedi 16 juin 2012 

Les mots, comment les apprivoiser, ils sont tant et tant, toute une kyrielle. Ils tournent, tournent, s’envolent, refusent de se fixer, partent à la ribambelle, flopée flottant informe, insaisissables. Vous draguez les voyelles, elles vous prennent pour un voyou. Vous sonnez les consonnes, elles vous snobent. Alors vous tentez la virgule et c’est le point qui vous laisse en suspension ! Vous lancez l’invective, vous jetez l’anathème. Rien, rien n’y fait. De la cédille à l’accent circonflexe, tout contribue à vous rendre perplexe. Ils ruent les mots, ils ruent entre les parenthèses et se sauvent illico. Puis moqueurs, ils vous narguent à la périphérie du cerveau. Et pourtant, ils sont là, imprimés bien serrés, sur le tablier de la voisine qui sort de chez elle en hurlant : « - Attendez-moi » surgissant juste au moment où vous avez le doigt sur le bouton d’appel de l’ascenseur. Dans l’étroite cage elle se presse contre vous et vous enfonce dans l’estomac le mot «maladroit. » Alors vous comprenez. Pourquoi vouloir tout saisir à la fois ! Vous vous laissez guider par le hasard. En voici un qui pointe sur l’immense poitrine : patience. Il n'est pas vraiment écrit, mais il s'empare de votre intimité et vous l'appliquez en souriant bêtement à ce visage poupin, ravi de faire la route avec vous. Vous recyclez quelques mots de la veille qui se bousculent à nouveau dans ce réduit où vous étouffez.
Et vous attendez.



Dimanche 17 juin 2012 

Nuance  : un peu mais pas trop sinon je m’y perds.
Flamme  : un peu mais pas trop sinon je m’y brûle.
Utopie  : un peu mais pas trop sinon j’espère.
Kyrielle  : un peu mais pas trop sinon j’erre.
Quelqu’un : un peu mais pas trop sinon je lui présente… qui vous savez.
Beauté  : un peu mais pas trop sinon je m’enflamme.
Encore  : un peu mais pas trop sinon je suis malade.
Oiseau  : un peu mais pas trop sinon je m’enfiente
Voyage  : un peu mais pas trop sinon je fatigue.
Inspiré  : un peu mais pas trop sinon j’explose.

Ensuite : peut-être …









Une occasion de découvrir "Le KOICECA" de Henri Maleysson !




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Vous pouvez continuer à suivre les épisodes du journal poétique de Marcel Faure sur le site iPagination. La Danse reprendra ici sur l'Écho en septembre. 



Bel été à tous Amis de la Danse des jours et des mots et de l'Écho !



mardi 12 mai 2015

MARCEL FAURE - 0261 à 0265 de La danse des jours et des mots







Vendredi 8 juin 2012 

Alors, avant tout était en noir et blanc, nos yeux devaient être bien tristes. Mélina, pensive sur une photo en noir et blanc, s'imagine une vie sans couleurs. Comment expliquer toutes les nuances du gris ?
Derrière cet étonnement, ta question revêt une pointe d'angoisse, comme si l'on pouvait revenir en arrière et qu'un jour, toi aussi, tu ne verrais plus qu'au travers de ces deux extrêmes de notre palette visuelle.
Oui, poussinette, un jour nous reviendrons en arrière puisque nous cassons tout et que nous vivons à crédit sur les ressources naturelles. Mais rassure- toi, dans le brouillard permanent de la pollution, les couleurs seront toujours là. Il y a des choses que, malgré notre acharnement, nous ne détruirons jamais.



Samedi 9 juin 2012 

La couleur est là, dans la lumière, dessinée par l’ombre qui l’encadre. Une brassée d’éclats d’or sur des fenêtres, fermées. Dans l’obscurité absolue, l’innommable se cache. Dans l’ombre s’enfouissent les amours interdites. Dans la lumière, il ne se passe rien. Plus rien. Tout est trop visible, repérable. Surtout pas de vague, pas de plage, pas d’air. Ici l’on ne vit pas, Monsieur, on survit en attendant la nuit. Et c’est déjà beaucoup.
La nuit tombée, l’ombre est totale, le noir absolu, une première patrouille part en reconnaissance, presque timidement. Des fois que la lumière nous jouerait des tours, se cacherait un court instant derrière la lune. Mais non, feu le jour abandonne la rue. Et ça s’électrise. Et ça scintille. Voici que de l’ombre jaillit la civilisation. S’ouvrent les fenêtres, s’interpellent des voix. Des regards se dessillent. On rassemble quelques voitures pour un grand brasero. Odeurs de merguez et de frites. Raï, rap ou valse, on danse, on s’amuse, vite, vite avant que l’aube ne nous surprenne et ne jette ses premiers traits mortels.
Déjà les guetteurs crient les premiers avertissements. D’abord sans se hâter puis de plus en plus vite, la foule se précipite vers les couloirs, vers la sécurité. Les rayons assassins frappent en premier le haut des immeubles. Vite, vite, se ferment les volets sur les fenêtres closes hermétiquement. Plus un pouce de peau ne doit être exposé. L’astre, dieu déchu, s’élance à l’assaut de la terre qui a perdu sa couche d’ozone.
Deux traits noirs soulignent l’éclatant désastre de la vie, condamnée à la nuit. Dans la clarté, nos vieux rêves esseulés s’ennuient. Dans l'album de vieilles photos couleurs, synthèse d’une Babel morte. J’entends le jour qui pleure dans les rues désertées.



Dimanche 10 juin 2012 

Le désir ... Comme un bourgeon jamais rassasié ... Une puissante émotion printanière, même en plein hiver ... Bouillonnement qui balaye la réalité ... la raison ... Quelle raison ?
Je suis profondément humain et déraisonnable et si mon corps bien sagement assis, offre l'illusion d'un grand calme, dans mon crâne, quelle tempête !
Non pas l'envie, le désir ... immense, inexplicable ... Inexpliqué. Comme un cheval qui soudain s'élance au galop. Sentir ses muscles jouer, ouvrir à fond la vanne des poumons ... L'air dehors, dedans, partout. L'heure vient caresser mes tempes ... Et le monde à refaire.
Alors je ris de ce qui coule en moi, de ce qui me confond avec ma terre ... et me satisfaire de la menue monnaie de quelques secondes.



Lundi 11 juin 2012 

Au-dessus des nuages, bien au-dessus des nuages, planent des rêveurs au long cours. Bien enracinés dans la terre nous espérons les voir passer, mais nous n'avons pas la patience des tournesols. Toute la journée, ils tendent leur cou vers le soleil. Voici que le regard du rêveur s’attache un instant à eux. De longs filaments de mots s’échappent, tissent une puissante trame. Et recommence la lente migration quotidienne de la lourde tête brune, auréolée d’or.
Au-dessus des nuages, bien au-dessus, un rêveur bien rodé, propose avec humour et douceur, un chevalet, quelques pinceaux et des couleurs.
Avant de peindre, l'homme s'interroge sur ce mouvement immuable de la plante. Avec patience, avec passion, s'élabore un dialogue de gestes. Quel instant saisir. Juste à l'aube où la tige redresse le buste, plein midi, plein soleil et l'ombre écrasée et brûlante, où ( ? ) le soir alors que le cou se tend vers les dernières lueurs.
L'homme empli d'incertitudes et fatigué de chaleur, plie le chevalet, rassemble les pinceaux et dans un grand soupir, s'en va. Sous son bras, une toile vierge.
Avec un grand sourire, là-haut dans le ciel, Van Gogh s'endort.



Mardi 12 juin 2012 

Ici, tout est en place. La colline verdoyante, le soleil par-dessus, l'appartement sans luxe mais confortable et la fenêtre ouverte sur la canopée qui masque les immeubles proches, la fraîcheur matinale qui nous rend plus léger.
Le présent debout, calibre une douce journée. Et je suis, dans mon habit de terre, à labourer mon cœur et le tien. Notre vieux désir de l'autre craque un peu mais n'a rien perdu de son sel. En tutoyant ta langue, j'élargis la fente du bonheur.















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mercredi 6 mai 2015

LOUYSE LARIE - S'IL PLAÎT A MON AUTRE




MISE EN VOIX AUBRÉE



Photographie personnelle de Louyse Larie





S'il plaît à mon autre,


S'il plaît à mon autre,
Lui dessiner genèse
Et l'exhorter au tête-à-tête,
Nous lirons ensemble
Le bruissement du silence !


Fort empêtrée d'un quotidien
En rupture, me décidé-je
Renaissance, iriser dans ma pâture !
Méditation, j'espère apprivoiser,
Dut-elle me consentir faveur !
M'abreuver de délivrance en confession
Plutôt que tourments,
Noyer aux abois,
Je compte autant que l'infini se peut,
En chemin rencontrer Dieu !


Tandis que dualité
N'y trouvant à redire
Et l'esprit mutin clignant de l'œil au bréviaire,
L’intrigue du vertige, je sonde
Pour m'en aller trouver refuge
Où caresse du lendemain donne parole
À la galaxie réinventée !
Seul compagnon
D'un chemin de promesse
Me doit bercer demain !


Je ne sais du recueillement,
Si Démiurge
Ne s'invite davantage
Plus qu'il ne décline
Le prélude des arcanes !


J'aspire que retraite n'en souffre,
Que communion ne se trouble
Et que tempête ne souffle colère
Sur mon échiquier essentiel en sursaut !
Élaborer bien aise
Le rosaire chaotique
Sur chemin de foi
Et complice du mutisme de l'absence,
Je me sens enveloppée
D'un vent de dilection !


Sereine, je m'y baigne
Et magnifie l'instant
Où le temps s'affranchit de repentance,
Il me confère congé
Plus qu'il n'espère !


Quand bien même dédoublement
Viendrait à lever le voile,
L'Éden ne se livrerait point davantage !
J'assiste à l'éclosion de ma pensée,
Et j'arpente la croyance à huit clos !


Il me vient le dessein que je vous puisse
Épargner de l'errance de mon âme,
Habiller le repentir de la nuit
D'orfèvre qui me suit à la trace,
Entamer l'inventaire à requiem
Et qu'en cette introspection,
Précepte plutôt que mécompte,
N'encourage la misérable émigrante
À s'enticher de contrition
Sur le chemin de la rencontre avec soi !


La légende nous confie
Que dans les yeux de l'antre du mythe,
Il arrive que l'archange
Ne s'acquitte du chaos
Ou ne déclare forfait
Avant que péchés, l'on n'expie !
Cependant à défaut de l'élu patenté,
La route ne saurait s'hasarder
À offrir coursive de cristal
Au miséricordieux centaure !


Solitude en chamade,
Pendant que l'oraison,
Au regard de l'énigme,
Sonne le glas du caprice
De la rédemption.
Mais débitrice de l'inutile tarifé,
Autant que nous le pouvons cultiver,
Et porteuse d'une providence en besace,
N’attendez point, de bonne grâce,
Que j’outrage le firmament !


L'espérance allant son train
Et défi rapiécé de calice,
Puisse ma ferveur capricieuse
Oser vertueux sentier,
Afin que l'ondin ne me dénoue
Des cordages du supplice,
Pour chemin recoudre
De l'hypothèse d'un paradis
Pour vivre mieux

Les délices d'un monde guéri !



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LOUYSE LARIE - COMME UN RAYON DE PUDEUR




MISE EN VOIX MATHIEU LA MANNA







Photographie personnelle de LOUYSE LARIE








Comme un rayon de pudeur !


Vallée que je ne cesse de gravir
De nuit comme de jour
N'a pour dessein à ravir
Que le sentier de l'amour.


Tantôt tressaille le frisson
Où résonne le murmure,
Où tu crées l'édredon
Ainsi qu'une fine ciselure.


De ta main naît le langage
Et de l’arabesque le mystère
Où l’on devine la ganse du présage
Qu'on suspend en bandoulière.


Mais ce noble sentiment
Qu'on ne saurait retenir
N'a pour vertu que le moment
À broder sur les flots d'un possible avenir.


De tes doigts de satin,
J'y vois les ailes du bonheur
Et dans leur couleur le matin
Comme un rayon de pudeur.


La pomme cueillie prend l'arôme
De ta paume, aussitôt que l'éclair
Ne fuse de ma condition d'homme,
Tandis que de l'écho se libère la chair !




Louyse Larie
Le 12/10/2014



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LOUYSE LARIE - ET SI D'AVENTURE




MISE EN VOIX NAÏADE




Photographie de Louyse Larie




Et si d'aventure !


Joyau de l'histoire 

De l'humanité, elle préside,

Comme si Neptune
L'eût dispensée des rides
De la mémoire !


Dans ce monde
Où la terre est ma force,
Je crois en revanche que dans un autre, l'onde
Se tresse de la moelle de l'écorce 
En retraite !


Les magnificences sur le lit de la prosodie
Lui sont consenties,
Et le vertige du paradis,
De ses lèvres arbustives, elle balbutie 
À loisir !


Elle n'a pour s'ennoblir
Que la nature et sa quintessence en liberté,
J'essaie de m'en tapir
Pour me protéger de l'hostilité
À l'affût !


Tandis qu'à son âme,
Toutes les veinures paradisiaques, elle revêt,
On entend maugréer contre l'infâme
Sylphe, quand l'autan réveille l'éclosion inachevée 
En sommeil !


Derrière les arcanes passés au crible
Qui jalonnent nos routes 
De tous les possibles,
Trésors planétaires, elle prodigue sous sa voûte
À cœur conquis !


Je voudrais les coller au fur
Et à mesure dans la veine de mes faiblesses,
Je voudrais en tricoter les murs
Du voyage stellaire, et sa noblesse
Avoir à dessein !


De toutes les passerelles
Où se crée le miel de ma pensée, 
Je me balance à la noctuelle 
Et au silence pour magie m'en bercer
À jamais 


Ainsi, contre tout courroux
Je me défais de ses briques
Rouillées grâce à la félicité ; celui dont le verrou
Me prive de l'alpage édénique 
En gestation !


Et si d'aventure,
Il nous prenait l'envie
Au demeurant, d'honorer la terre selon sa noble parure,
Plut à l'ondin de nous couvrir de la cape de son lavis 
À flot !




Louyse LARIE

Le 7/06/2014




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mardi 5 mai 2015

MARCEL FAURE - 0256 à 0260 de La danse des jours et des mots







Dimanche 3 juin 2012 

Comment trouver la bonne distance ? Si je m'avance ... je m'avance toujours trop, je sors du bois, je me découvre, après ... j'ai mal. Si je me recule, je ne peux plus atteindre ... plus personne ne comprend mon travail. Si j'évite, si j'esquive, si j'élude ... où est mon travail. Si je transpose, si je métamorphose, si j'imagine, si je sublime ... je perds le fil. Me voici dans un univers que je n'avais pas choisi, une forme qui m'échappe. Rester immobile, à cette place attendre ... jusqu'à ne plus pouvoir résister. Etre propulsé sur la matière, aspiré jusqu'à m'y fondre.
Ignorer toutes les études préalables, occulter toutes les portes du cerveau, oublier les influences et se confier à la mémoire des mains. Alors dans la glaise, ton corps prend forme, celui que je n'avais pas su voir, celui que dans la nuit, sous les draps, mes mains connaissaient si bien. Tu te crées au delà du réel, dans ta totalité. Si je te prends à bras le corps, je n'avance pas, je ne recule pas, je vis. Et tout devient facile à exprimer.



Lundi 4 juin 2012 

Entre deux rails de chemin de fer, toujours la même distance. Toujours le même sens, l'improbable rencontre, monotonie jusqu'au prochain aiguillage. Et là, l'impossible qui se produit. Voici qu'un nœud ferroviaire provoque les rencontres.
Avant cette invitation à voyager, dans ce compartiment, nous étions si méticuleusement parallèles. Nous avions beau du coin de l'œil, tenter des diagonales, des perpendiculaires, des obliques, rien. Chacun avançait de son coté, très proche mais intouchable. Nous nous connaissions pourtant presque tous mais sans vraiment prêter attention les uns aux autres. Soudain l'un d'entre nous fait un léger malaise. Alors nous faisons front, nous nous tendons des perches, nous lançons des traverses entre les rails.
Si un théorème affirme que des droites parallèles ne se rencontrent jamais, il ne tient qu'à la vie pour le faire mentir. La journée a changé de cap.



Mardi 5 juin 2012 

Ce matin, dans la rue, j'ai croisé la Joconde. Elle marchait droit devant, hautaine, dédaigneuse, et délicieusement transparente. Sa robe ne cachait rien de ses longues jambes élégantes et fines, montées sur les ressorts de ses talons. Le soleil soulignait le galbe de ses hanches. A peine voilés, ses seins tentaient de s'enfuir de leur harnachement de dentelle. La pulpe de ses lèvres se confondait avec les fraises des étals du marché.
Elle traînait dans son sillage, toute une horde de freluquets abondamment crêpés qui promenaient avec eux, toute une acupuncture de bas étage, saillante à chaque oreille, débordante du menton et jusqu'au bout de la langue dont ils se servaient malgré tout bruyamment, pour faire valoir quelques avantages cachés dans leur fondement. L'un d'eux arborait fièrement sur son bras, le dit avantage en pleine gloire.
Autrefois, elle aurait de son ombrelle écarté les intrus et un galant plus subtilement cortiqué, jouant de la rapière, aurait mis en déroute sa suite mal éduquée. Ce matin, traçant du plus vite qu'elle pouvait son chemin, elle n'avait de salut que dans la fuite.
C'est vrai qu'elle était belle et que je l'aurais volontiers contemplé longuement sous le crayon d'un maître du nu et j'aurais feuilleté avec plaisir les nombreuses esquisses qu'il n'aurait pas manqué de faire. Mais quelle idée de se promener ainsi, glace blonde dans son estival cornet, alors que les premières chaleurs nous invitent à lécher.



Mercredi 6 juin 2012 

J’ai fermé les yeux. J’attendais que remonte à la surface de ma mémoire le repas de midi, steak frites salade ou la bise quotidienne échangée avec mes voisins, pour faire face à une nouvelle journée d'habitudes reconduites. Je forçais les images. Je me les imposais, comme s’imposait à moi, la faim qui me venait en milieu de journée ou ces huit heures de labeur, entre deux pointages, cinq jours par semaine qui ponctuaient ma vie de salarié.
J’ai fermé les yeux. De ces souvenirs, je n’en voulais pas. Je n’en voulais plus. J’ai poussé la porte du week-end. Celui-ci s’annonçait bizarre. Peut-être les petits enfants, peut-être pas. Le temps incertain plongeait ces deux jours dans l’ennui. J’entendais ricaner des vaches sauvées de l’abattoir par manque de consommateurs. Jamais, sur un étal, l’étiquetage n’affiche leur sexe. Combien, pour la funeste occasion, combien d’entre elles se transmuent en bœuf. Irais-je ce week-end contempler l’herbe verte et ces doux ruminants. J'étais revenu au temps de la vache folle et de la peur irraisonnée.
J’ai fermé les yeux. J’ai vu un prion, agenouillé dans un confessionnal, pour demander pardon à Creutzfeldt-Jacob. Et un dieu crucifié, regardait bêtement la connerie humaine, sans réagir.
J’ai fermé les yeux, toujours à la recherche de ce petit événement qui pourrait resurgir, là, comme par miracle, sous le regard ébahi de l’Eternel enveloppé dans sa majuscule. Juste une petite chose à raconter, qui grossirait sous ma plume inspirée comme … comme un bœuf. Un petit rien qui, soudain, changerait la face du monde, un battement d’ailes de papillon … Mais, ceci est une autre histoire.
J’ai fermé les yeux. J’étais vachement bien. Et, devant le vide intersidéral de ma mémoire, je me suis endormi.



Jeudi 7 juin 2012 

Surprise ! - vous venez de rendre l'âme. Pas plutôt trépassé, vous voilà transformé en sangsue. Vous qui étiez non violent et de surcroît végétarien, vous voila contraint de vous nourrir du sang de vos amis. Allez, un petit suçon sur le bras de votre fidèle épouse. Non ? vous n'allez tout de même pas vous laisser mourir de faim. Ah, ce jeune enfant, comme il a la peau tendre, une belle occasion de vous faire les dents. Délicieux ! Non ?
Surprise ! - vous venez de rendre l'âme et votre corps tout mou de sangsue malveillante, siffle comme la vipère que vous êtes devenu. Saloperie de gamin qui vous a marché sur la queue. Gnac ! L'emportera pas au paradis celui- là.

S'il vous plait mes amis, rappelez vous un jour que je préfère partir en fumée et me disperser en poussière. Nous nous éviterons, vous et moi, bien des désagréments.  














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mardi 28 avril 2015

MARCEL FAURE - 0251 à 0255 de La danse des jours et des mots








Mardi 29 mai 2012 

Le petit trou de tes yeux n'est pas un lac, je ne m'y jetterai pas. C'est un champ de mines dit l'ophtalmologiste lorsqu'il les observe avec le grossissement de ses appareils. Alors je me fais démineur. Même lorsque tu les fermes, l'obscur n'est pas en toi.
De chair et d'os, bien loin de la Dame évaporée et un peu désuète des poèmes courtois, tu pimentes mes jours. En avouant cela, je ne prouve rien. Comment parler alors de ce discret picotement qui me saisit quand nous sommes dans la même pièce, comment retranscrire l'émotion de ton regard posé sur moi. Non, je ne me noie pas dans tes yeux, je les bois. Tu es ce grain de poussière qui m'arrache des pleurs. Alors je ris de toi, de moi, de nous.



Mercredi 30 mai 2012 

Une image marche à ma rencontre. D'où sort-elle celle-là dans son habit de vers. Verlaine ou Baudelaire, dans ses souliers de vair quelque peu démodés, elle marmonne et semble scander la mesure de ses pas.
J'ai vécu, dit-elle suffisamment distinctement, en me croisant. Surtout ne pas se retourner, ne pas la suivre, si fluide et belle soit-elle. Je vivrai, dis-je en réponse, continuant à aller de l'avant. Et même si je sens l'Histoire, plantée dans mon dos et me taraudant les côtes comme un couteau, jamais je ne retournerai sur mes pas.
Au loin une autre image encore floue, battante comme un cœur amoureux. Lorsque j'arriverai à sa hauteur, je m'imprimerai et j'espère que la dernière photo de moi ne sera pas ratée.



Jeudi 31 mai 2012 

Je suis dans un long couloir. Devant moi Lloydia avance rapidement sans jamais se retourner. Sur mon dos, je porte un lave-linge, sans effort me semble-t-il. Il faudrait prendre l'ascenseur, mais il est en panne. Alors ce seront les escaliers.
Lloydia m'attend dubitative. Les escaliers sont effondrés. Lambeaux de marches reliées entre elles par des échelles, paliers encombrés de gravats. L'immeuble est pourtant habité, j'ai aperçu, par une porte ouverte, une vieille connaissance. Qui donc ? Je ne sais déjà plus.
Je refuse consciemment de quitter ce cauchemar. Je veux comprendre.
Mon dos supporte très bien cette charge inouïe de linge sale, le lave-linge déborde, presque entièrement masqué par toute ma saleté accumulée. Toute une vie, pensez donc ! Je me croyais plus blanc que cela ! Grosse déception.
Lloydia me montre la direction du hall d'entrée, tout en haut, sur le toit, puis elle grimpe sans plus attendre. Aide-moi, aide-moi. Je la supplie à plusieurs reprises mais je l'ai depuis longtemps perdue de vue.
Me voici enfin à l'extérieur. Je n'ai plus mon fardeau sur le dos. Lloydia a disparu. Je cours en tous sens dans une ville plate, c'est à dire sans relief. Je suis plus grand que les maisons, je devrai la voir. Rien, pas même un chat auprès de qui se renseigner. Lloydia, Lloydia, mon cri affolé résonne dans le silence de cette ville morte. Il est temps de sortir de ce cauchemar.
Bonjour mon amour, dis-je en me réveillant.



Vendredi 1er juin 2012 

Je souhaite à tous d'avoir eu, au moins une fois dans sa vie, une belle grappe de tendresse pendue autour de son cou. Cette expérience, je l'avais déjà vécue avec mes petits enfants, il y a déjà quelques années, mais aujourd'hui, la grappe était énorme, triple pour être précis.
Tout avait cependant débuté calmement, les bisous étaient plus appuyés que d'habitude, cela faisait trois jours que nous n'avions pas vu les poussinettes. Alors oui, il y avait plus d'engouement, plus d'empressement, plus de bonheur à se revoir.
C'est alors que j'ai proposé une coupe de glace avec de la crème chantilly. Ce fut comme une envolée d'anges se précipitant à mon cou, un de ces moments exceptionnels, hors du temps, où toute la douceur du monde se retrouve concentrée dans six petits bras qui m'emmitouflaient de tendresse, accompagnée d'un babil enthousiaste entrecoupé de bisous.
Voilà l'effet magique que peut provoquer une glace vanille chocolat abondamment saupoudrée d'une crème industrielle vendue en bombe.
Certaines mauvaises langues pourraient insinuer que nos poussinettes, comme les chats, n'ont que la reconnaissance du ventre. À ceux-là, je ferai remarquer que ces mignonnes petites chattes n'ont pas de griffe et ne s'endorment pas dès qu'elles ont le ventre plein.



Samedi 2 juin 2012 

" Quand il se réveilla le poème
Était toujours
Là"
Citation provenant d'un site, sous la signature de Gryphon.

Il en est ainsi des poèmes. Ils prennent leur envol à la recherche d'un œil où se poser. Dans le mien, ils trouvent toujours un nid pour faire escale. Je rends ainsi hommage à tous ces grands oiseaux migrateurs qui traversent les poèmes.















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