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mardi 18 novembre 2014

MARCEL FAURE - MONSIEUR VOS PAPIERS




MISE EN VOIX MARCEL FAURE







Monsieur vos papiers


Monsieur  Vos papiers
Parce qu'il faut bien franchir le seuil de sa porte
Celui de sa ville
Ou d'un état.
Quels bagages
Des mots des mots des mots
Ils sont écrits là dans mon crâne
Plus lourds que les lingots de vos coffres
Plus légers que vos fugues avec bobonne
La mer la mer toujours la mer
Elle vous boira la mer
Et rotera vos corps dans un hôtel poisseux à dix mille balles la nuit
Air conditionné
Bonniches stylées
Fesses moulées dans leurs jupes noires
Le mini bar est vide
Comme votre vie dorure

Et dans ma tête un Ferré goguenard
Chantonne
Poètes vos papiers
Poètes vos papiers
Je suis déjà à quelques années lumières
Me jouant des frontières
C'est con une frontière
C'est uniquement dans la tête des gens
Je ferais ci j'irais là
Chérie n'oublie pas les maillots de bain
Parce que c'est elle qui fait les valises
C'est toujours elle ces tâches ingrates
Et puis se vêtir belle pour mieux se dénuder
Comme si l'amour avait besoin d'artifices
Pour s'exprimer
Pendant ce temps Monsieur transpire du tiroir-caisse
Il fait rentrer la monnaie
Il travaille lui
Il sue le pétrodollar
Pendant que toi
Potiche aux rêves étouffés par la soie …

Allons soyez raisonnable
Vos papiers Monsieur

Ah la raison
Voilà le grand mot lâché
Celui qui justifie votre uniforme
Et toutes vos censures
La déraison est une maladie contagieuse
Elle s'attrape par simple lecture
Méfiez-vous
Je n'ai qu'un poème à vous montrer
Je viens de Poémie
Je vais en Poémie
Pendant ce temps chez vous
Les murs se referment sur la glue des jours
J'aimerais vous parler du soleil
De la grandiose beauté du désert
Des plumes de l'oiseau lyre
De la nudité transparente de l'eau
De la fraîche vitalité du printemps
Et de la musique Monsieur
Oui de la musique
Celle d'une comptine ou celle d'un opéra
Il y en a pour toutes les oreilles
Oui, même les vôtres Monsieur
Même si vous préférez le tagadatsointsoin
Faut bien commencer quelque part

Je pars, je partirai
Ni vos menottes ni vos cellules n'y pourront rien
Nul ne peut me clouer à l'espace
Suivez-moi si vous le pouvez
Adolescent vous aimiez "Les fleurs du mal"
Aujourd'hui de faction et
De facto vous voudriez m'interdire de partir
Mais je ne suis plus là
Je ne suis qu'un mirage de chair
Et vous
Pauvre eunuque de l'esprit
Une illusion que je traverse sans coup férir
Adieu Monsieur

Déjà si loin
Loin de la haine
Cette sorte d'hiver glacé
Je suis dans dix mille ans
Comme chante Ferré qui
Croyez-moi

Est toujours bien vivant



Bloc note poème octobre 2014


Texte protégé et déposé





Léo Ferré - Poète...Vos papiers !


vendredi 28 février 2014

Eve Zibelyne - Le beau bar



Mise en voix par Zibelyne elle-même










Le beau bar

Le beau bar tabac fleure bon
La bière et la biture. Accoudée
Au comptoir je bois et je vois,
Je suis, donc.
Le baryton déclame sur les barbus.
Barbouzards à la barbe noire.
Ces barbares barbophiles barbants
N’ont cure de ton bar à bobards !
Car le barbu au bar ne boit point.
Bar de ville ou bar de campagne,
Les barbants rasent les murs, mais point
Ne pénètrent dans l’antre de l’outre
À vin, interdite. Le bar biture, hic !
Le baryton déclame autour du comptoir,
Barrabas fendant l’air du tranchant
De son boc, le barbituré baragouine
Et fredonne, barde triste, la complainte
Barytone du Bar Riton.
De Barracas à Barcelone, de barcasse
En bardafouac, les clients de bar soliloquent,
Loufoques, sympathiques loques sur le dos
Des clientes en cloque.

Regardez-moi ces nibards !
Habillées de barbe à papa,
Les barbouillées tiennent la barre, soudées
Au comptoir. De Barbizon à Bar-le-Duc,
Les bartavelles barbotent le nez dans le boc
Sans s’embarguiner d’inutile baragouin,
Embarquées, furibardes à huer le Barsac
Sur l’écran bariolé de Bartélémio (au vin).
Les baroudeuses de comptoir éraillées
Barriquent et barrissent d’aise au bar
Des barjots. Riez et dansez ! Du Bar Riton
Au Jean Bar, les jobards sont ceux du dehors.

Là, dans le Cocoon-Bar
On boit, on vit, on parle.

Dehors ? Dehors rugit le silence.

Là, dans le Village-Bar
On se voit, on pleure, on chante.

Dehors ? Dehors glace l’absence.


Texte protégé 
Zibelyne le 8 avril 2012