MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE (deux premiers épisodes Tippi Votre Echo)
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Vendredi 6 janvier 2012
Visages éventrés par la
vie
Jardins abandonnés
Cœurs meurtris
Lèvres qui ne savent
plus l'amour
Mots titubants d'alcool
Visages poupins
de la malbouffe
Sous
le cheveu terne
Ravages
des cernes
La
dépression pour compagne
Et
la faim sans fin
Visages
perdus dans l'essaim des ans
Que
mille chemins parcourent
Les
joues qui tombent jusqu'au cou
La
peau si claire
L'œil
si las
À
contempler demain.
Samedi 7 janvier 2012
Y a-t-il une frontière
entre prose et poésie ? Je n'en suis pas sûr. C'est pourquoi ici,
je mélange les genres. Petites nouvelles, vieux souvenirs, instants
saisis presque sur le vif, poèmes, il me semble que chacun tire
l'autre vers une nouvelle aventure, dans une autre dimension. On
parle aujourd'hui de prose poétique ou encore de poèmes en prose,
mais plus le poème s'éloigne de sa forme classique plus il échappe
à toutes classifications.
J'ai lu chez un grand
auteur dont le nom m'échappe " c'est à celui qui écrit de
décider si sa production est, ou non, un poème." Mais c'est
aussi au lecteur de construire son propre poème avec tout ce qu'il
est.
Dans sa préface
à "Travaux
d'approche " Michel
Butor pense que cette frontière "s'amenuise"...
" devient de plus en
plus poreuse".
Dimanche 8 janvier 2012
Le langage en soi est
une aventure qui traverse les siècles et que nous prenons comme une
évidence. Jamais nous ne pensons à nos ancêtres aux premiers sons
échangés dans les tréfonds de l'humanité. Des cris qui se
transforment, se structurent, se répondent, oui le langage est
d'abord un cri pour exister, pour survivre. Merveilleux cri premier
dont l'écho se répercute jusqu'à nous et qui, de génération en
génération a gagné en clarté.
Attention, je ne suis
pas un spécialiste du langage, loin de là, mais cette longue
plainte, puis ce chant, je le sens dans mes tripes et il anime mes
poèmes. Et je me vois en transe, dans une grotte, posant ma main sur
la voûte et louant cette main pour l'éternité avec un peu d'ocre.
Ma main, ce fabuleux
poème qui transpose les sons en écriture. Ce n'est cependant que de
la poussière d'ocre qui les anime. En soufflant dessus plus ou moins
fort, dans un sens ou dans l'autre, le dessin qu'ils forment est
différent. Les peintres préhistoriques l'avaient déjà compris en
nous proposant plusieurs versions d'une même œuvre.
Lundi 9 janvier 2012
Je suis encore tout
embué du monde du travail, mais jamais je ne passerai le revers de
ma main sur la vitre. Ce serait comme renier mes origines, trahir mes
amis, ma famille, et cette fatigue qui pèse encore sur mes épaules.
Mais je suis aussi un peu un scientifique fou, une sorte de chercheur
d'espoir et de bonheur. En remuant la fange des idées et des
révoltes, nous sortirons ensemble du labyrinthe qui nous retient.
Nous ne sommes encore
que des chevaux fatigués et aveugles au sortir de la mine. Le
chasseur de rêves que je suis ne se laissera pas conduire sans bruit
à l'abattoir, même si ma voix ne porte pas plus loin que le bout de
mon nez.
Mardi 10 janvier 2012
Ohirondelle.fr
ne répond plus. La grande migration peut-être... La Chine l'Inde,
la Laponie, où donc est-elle partie ? Loin des prétentieux manoirs
de l'Europe, un jour, c'est plus fort qu'elle, elle s'envole fuyant
les monastiques enseignements, l'ombre du Collège de France et de
ses grands recteurs.
C'est
elle qui m'a donné mon premier cours de poésie, par grand froid, à
l'angle d'un bois venté qui sifflait nos oreilles de sa mélancolie
d'été. Alors vous écrivez ? Et dans la foulée elle m'avait
expliqué la naissance du romantisme en le situant dans le grand
courant, toujours en mouvement, de notre littérature. Puis elle
avait enchaîné sur la nécessité d'aller chercher au plus profond
de soi, de se méfier des clichés et de chercher sans relâche le
mot juste, tout en veillant à la beauté du résultat.
Ohirondelle.fr
ne répond plus. Que dirait-elle aujourd'hui de cette traduction de
sa pensée. Plus tard, elle m'a offert un curieux livre d'un poète
arabe. L'auteur Khayyãm; certains de ses quatrains font un
surprenant éloge du vin :
Sache
ceci : que de ton âme tu seras séparé,
Tu
passeras derrière le rideau des secrets de Dieu.
Sois
heureux... tu ne sais pas d'où tu es venu
Bois
du vin... tu ne sais où tu iras.
Ohirondelle.fr
je ne sais où tu t'en vas, mais tes conseils avisés me manquent. Tu
les dispenses là-bas, sans trop te soucier de la notoriété de
l'établissement, dans ces lointains où l'on apprend notre langue.
Et lorsque tu reviendras, je te saluerai comme tu aimes à l'être :
souriant, mains jointes et courbant le dos, rendant ainsi hommage à
la femme de cœur et à la terre qui la porte.
Textes protégés et déposés
sur le site iPagination
De superbes mots empreints d'humanisme et j'aime sans réserve, j'ai beaucoup aimé aussi le paragraphe où il est question du langage, j'ai souvent moi-même les mêmes questionnements, en tous les cas, c'est une superbe évasion ! Merci d'avoir mis du soleil dans ma journée et surtout bravo et casquette bien bas !
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