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vendredi 18 juillet 2014

ANNA LOGON - « A SILENTIO »




MISE EN VOIX EN ÉCHO ANNA & TIPPI










« A Silentio » (*)





J'ai si froid.





Prise dans les glaces d'un monde lassant de ses urbanités égoïstes, fatigantes des bruits d'individualités, nourris de fades superficialités. Où tout et tous se doivent entrer impitoyablement dans une sacrosainte case née d'une grille d'ordinateur. Ce nano-ingénu se sophistique, les cellules tableuses se multiplient autant qu'elles se rétrécissent.

«... Vous n’êtes pas.... Alors peut-être seriez-vous ?... Ah, non ?... Nous sommes désolés... » Quelle blague de pseudo humanité ! Allons donc, vous n’êtes ni ennuyés, ni confus, et encore moins peinés... de rien du tout ! Au moins, l’absence sur votre clavier azerty d’une touche « cas particulier » peut justifier le simulacre de votre navrement. L’humain est simplement... dedans... ou dehors...

«... Surtout, n’hésitez pas à revenir vers nous... quand tout ira mieux». Mieux ?... Et à quel moment dois-je donc me gausser ? Phrase aux lames d’emporte-pièce. Mais ce jour-là, qu’aurai-je besoin... de rien, puisque tout sera à portée.



Je maudis l’inventeur de la règle, celle géométrique en bois ou de plastique qui, un jour, a permis de tracer ces tables recensant, n’attendant qu’à être noircies, ou non, d’une croix.

Je hais celles prescriptives, administratives, réglementaires, ordonnant conventions et pensées. Leurs mathématiques devenant lois ont tout autant une glaciale rigueur métallique. Vous êtes dans ou hors, nulle alternative. Être hors case, c’est sortir de la norme, devenir inclassable, hors d’une société bien millimétrée. C’est être « rien », mourir à petit feu, sans devenir. Attention, je ne fais aucunement allusion à l’humain aux déviances volontaires, au miséreux d’un univers dé-apprivoisé, au famélique perdu sur un morceau de terre déshéritée. Je parle d’un aujourd’hui dit « civilisé », le nôtre !



« A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto »

Prends garde au bœuf par devant, à l’âne par derrière, à l’imbécile par tous les côtés. Travaille l’ami... Charpente sans relâche ! Érige entreprise ou empire ! Sue plus de sang que d’eau ! Ne compte ni jours ni nuits ! Cotise surtout et sans cesse, remplis leurs caisses à ras bord sauf la tienne ! Élabore mille et vains rêves ! Un jour, sans comprendre pourquoi, toi aussi tu seras « hors case» !

Les germes d’une banquise assassine m’étreignent, je suis lasse de me battre contre des moulins sans vent. Ce n’est plus mon regard qui se cogne à ces paupières closes. Mon corps sarcophage stigmatisé, lui aussi, m’abandonne. Mes jambes s’éreintent de me porter, mes mains désonglées paraissent cent ans, mes poumons asséchés aux soleils synthétiques rêvent d’oxygène nuages. Pourquoi se reconstruire quand tout mon être s’épuise dans ces courants sans air. Je ne suis qu’un grain qui ne fait que passer dans le cristal du temps. Ma tête, elle-même implose d’un trop-plein de vide. Double lutte, une de trop.

S’endormir, doucement étourdie d’insidieuses pharmacopées. Garder pour moi mes dernières pensées, dans l'intimité de mon esprit nébuleux, tant qu'il est encore vivant. Partir les pieds nus, sans rêves ni espérances. Abandonner, tout, aux dieux ou aux diables s'ils en veulent. Mes paumes en psaumes épuisés délaissent désormais la plume et le crayon.





(*) « Par le silence »








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Anna - 14 Juillet 2013 ©




4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Oh mais quel beau cadeau tu me fais-là ! Merci Bises

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    1. J'ai coutume de dire que c'est surtout l'auteur qui me fait cadeau de ses mots ! Merci à toi Anna, bises aussi !

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    2. Tu parles si bien le latin... Comment ne pas te remercier ? Humm ?

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