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Dimanche 1er janvier 2012
Ô
ma muse mémoire, que sera la moisson cette année ? Orphée
sera-t-il le chantre de mes jours ? J'éloignerai de moi toute idée
de l'enfer. Se souvenir, est-ce se retourner ?
Ô
ma muse ensemence mes mots de fontaines jaillissantes, de frondaisons
secrètes et de fenêtres ouvertes. Pénètre ma maison aux quatre
vents offerte. Viens murmurer des ombres écarlates sur le festin
des jours.
Ô
ma muse, embrase mes élans. Transporte-moi vers ces îles lointaines
d"épices et de corail. Les flammes enchanteresses, le soir,
grésilleront d'étoiles.
Ô
ma muse tranquille, par-dessus mon épaule, corrige mes erreurs et
mes égarements, ces graffitis informes sur la page pour te décrire,
cette ébauche indigne de ta beauté.
Ô
ma muse effrontée, déshabille mon rêve que je le touche de ma
réalité. L'écume au bout des doigts je te dessinerai la vague et
la mer et l'envoûtante langueur de la douceur de vivre.
Lundi 2 janvier 2012
Cette vieille histoire
de maquereaux qui refait surface. C'est à cause du téléphone.
Quelqu'un jette des mots sur la ligne. Je ferre d'un coup sec et hop
je ramène une boite de maquereaux à la moutarde toute penaude au
bout de l'hameçon.
Surréaliste mon
histoire ? Attendez, j'explique.
La sœur aînée de
Lloydia est atteinte de téléphonite aiguë, une maladie assez
répandue et qui se propage comme une pandémie depuis l'avènement
des forfaits illimités. Lorsque son appel survient aux alentours de
19 heures, c'est dire que nous ne sommes pas près de manger. Je
patiente une heure, deux heures, deux heures cinq... je résiste,
deux heures dix... je craque. Et je me jette dans les réserves pour
ouvrir sur le champ ces fameux maquereaux en boite, pour les dévorer
à même la boite au risque de me couper un morceau de langue.
La grande bavarde,
informée du fait et incapable de réduire la durée de ses appels,
m'a offert un Noël, cette conserve pour reconstituer mes réserves.
Cette histoire a fait le tour de la famille et des amis. Depuis,
régulièrement, soigneusement plié dans du papier cadeau, mes
maquereaux rappliquent.
Belle sœur, vas y,
jette toi sur ton combiné, compose notre numéro. J'ai du stock. Je
ne mourai pas de faim.
Mardi 3 janvier 2012
Je ne suis qu'un vieux
maquereau qui a mis ses muses sur le trottoir. Douze mots, s'il vous
plait, douze malheureux mots pour un petit poème. Lustrez vos
pommettes, chaussez la jupe fendue et au boulot les filles.
Allez y Calliope
marchez la première et haranguez la foule. Clio passez donc la
sébile des siècles, Erato voyons rhabillez vous il y a des enfants,
et vous Euterpe, sur votre lyre, jouez pour que danse Terpsichore.
Melpomène restez un peu en retrait, je n'ai pas envie de drame
aujourd'hui. Polymnie, c'est à vous mimez la comédie écrite par
Thalie. Plein de votre folie joyeuses amies, je partirai avec Uranie
visiter Uranus.
Douze petits mots pour un
poème
Fantasques et bohèmes
Toute ma vie
Mercredi 4 janvier 2012
Mon frère si
fragile, toi qui connais le nom des sources, sous tes pieds nus, tu
comptes un à un les grains de sable du désert. Tu vis sobrement
dans l'angle perdu des siècles, à la lisière des mondes et des
cultures.
Mon frère si
noueux, si sec, tu suis encore les étoiles pour trouver l'oasis et
tu tangues inlassablement sur ta chamelle préférée, jonglant avec
tes réserves d'eau et les prochains jours de marche.
Tu racontes
parfois ce fou de Théodore, un blanc celui-là, si vieux et presque
transparent, qui cherchait désespérément une plante pour en sauver
une autre. Et ramassait parfois un caillou disant – c'est un
morceau d'étoile.
Mon frère, qui
sait l'arche lézardée de la terre et qui économise jusqu'à ton
souffle pour survivre entre les roches nues, griffées par le vent,
lorsque je descends ma poubelle débordante d'inutiles, je trie la
moindre miette et je la répartis comme il se doit, parce que je
t'aime pour toutes les leçons de vie que tu nous donnes.
Mon frère si
fort, toi qui rêves parfois de pluies lorsque la nuit recouvre la
maigre palmeraie, je ne sais pas pourquoi aujourd'hui je pense à
toi. Et si tu me maudis souvent, toujours ta porte s'ouvrira pour
moi, l'étranger inconsistant.
Jeudi 5 janvier 2012
J'ai toujours
rêvé d'un voyage au long court, avec pour seul bagage un sac à dos
et pour compagnon, cette vieille paire de jambes maintenant un peu
rouillée. Partir de la maison, faire le tour de la méditerranée,
se perdre d'oasis en oasis, pour aller buter un soir sur la pointe de
l'Afrique.
Assis dans mon
fauteuil, il est facile d'aller s'engloutir dans la beauté du
désert. Traverser les saisons sur le lacis des routes, un courage
que je n'ai jamais eu. Alors je voyage de visage en visage et je
regarde parfois si fort que j'en suis impoli.
Textes protégés et déposés
sur le site iPagination
Ô ma muse... que je l'aime celui-là...
RépondreSupprimeret pour de plus légères raisons, les boîtes de maquereaux... (une préférence vin blanc personnellement...). Je ne dois pas téléphoner assez pour en avoir toute une collection dans mes placards... !
Merci pour cette mise en voix
La muse est bel et bien là, présente ! Preuve en sont ces textes surréalistes, des maquereaux en passant aux muses de l'antiquité, on la devine, elle est là, présente dans les douze mots, au détour d'un voyage, oui elle est là entre chaque phrase la poésie et c'est tout bénéf' ! Une belle évasion au pays de la fantaisie, bravo et casquette bien bas, un régal à consommer sans aucune modération !!! Bravissimo cher ami des mots et à toi Tippi qui, comme à ton habitude habille nos récits d'une autre dimension !!! Merci pour cette évasion
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