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lundi 9 mars 2015

JAVA - PROSE OU POÉSIE - QUATRE MAINS CAT & JAVA - 2/6




MISE EN VOIX JAVA













Deuxième partie prose


Qui vous êtes, Madame ? Mais hier encore, le tout Paris n’avait pour vous que mots jolis. J’ai souvenir des bouches sous des perruques poudrées qui s’émerveillaient de vos appâts. On s’extasiait sur la mièvrerie des propos sous lesquels vous apparaissiez. On s’exclamait sur la beauté de vos pieds, que certains même se mirent à compter. Je n’en ai que deux Madame, ils m’ont mené jusqu’ici et m’aideront je le pense à repartir d’un pas aussi léger qu’à l’aller, les vôtres Madame aussi nombreux qu’ils soient ne vous aideront pas à quitter ce banc de marbre sur lequel vous êtes assise.

Pour ressentir la brise légère du vent dont vous faites l’éloge, Madame, point n’est besoin que vous l’habilliez de vos rimes,
je vais sur les rochers de Bretagne et je m’enivre des embruns, ils ont une toute autre odeur.

Et s’ils sentent la vie, l’inconnu, la peur, et le vol des goélands dont vous nous régalez, ils n’en oublient pas de sentir le poisson crevé sur la grève. Celui-là, vous ne sauriez le mettre dans vos poésies de bon aloi, où l’on s’extasie du gibier aux morilles pas du poiscaille à l’odeur entêtante sur son lit d’algues séchées.

Ah oui, excusez-moi. Je ne me suis pas présentée, on m’appelle prose. Et cela n’a rien à voir avec la fleur dont sont tirées quatre lettres de mon nom, je n’ai pas de parfum contrairement à vous madame. Ou plutôt si, Je peux sentir aujourd’hui le linge humide et pourrissant et demain le champ de marguerite que vous aurez fait pousser. La marguerite n’a pas d’odeur, me direz-vous ? Vos quatre strophes ne viendraient pas à bout de tout ce que je pourrais en dire. Saurez–vous dire « je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ? » ? J’ai quant à moi à ma disposition, adjectifs, adverbes, synonymes et noms communs, vous n’avez que quatre lignes et l’obligation de la rime.

Oui Madame, vous êtes bourgeoise, c’est comme cela que vous êtes née, certains s’essaient de vous tirer de vos palais où la pluie ne mouille rien, où la maladie ne s’aventure jamais, ou l’on jouit par le verbe mais dont on évite l’image. Mais vous ne sauriez aller loin, même avec des semelles de vent surtout lorsque le temps aidant elles s’alourdissent de huit kilos d’or sortis de contrebandes malhonnêtes. Vos mots, Madame jamais, ne diront le réel. La poésie, Madame, sachez que je la revendique aussi, mais les phrases dont elle est faite se gueulent, se chantent à la face du bourgeois et du gendarme.

Elle dit l’amour sans y chercher « toujours »,
elle n’avance pas voilée,
elle peut être nue ou en haillons,
elle parle, madame, crie son mépris,
elle pisse et crache.
Mais je m’égare, me voilà en pleine lutte de classe. Votre parfum, Madame m’aura égaré, vos manières m’auront fait croire être ailleurs que là où nous sommes…

Vous dites pouvoir tout dire, Madame, je prétends le contraire. Vous ne sortirez jamais des quatrains où le monde se sent étriqué. Laissez donc les cloisons aux cercueils et aux prisons et venez jouir de la liberté du mot quand on lui ôte les chaînes … Venez respirer l’air pur de nos chapitres sans fin et qui n’ont pour limite que le point qui ponctue la phrase. Voyez-vous, Madame, Juste penser que pour conter il faut savoir compter m’empêcherait d’écrire le moindre mot. Prouvez-moi le contraire, Madame et je vous convoque à l’infâme tripot d’où je viens pour lever notre verre ensemble, trinquer et éclabousser le monde.




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à suivre...

Troisième partie de ce quatre mains en vers par Cat à Strophes
(prochainement)








1 commentaire:

  1. CHAPEAU BIEN BAS pour cette réponse pertinente dans lequel je te retrouve bien toi et ta plume généreuse, altruiste et si juste ! Quel joli duo que vous nous laissez à lire toi et Cat ! De toute beauté ! Gros bisous et merciiiii !!

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