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mardi 24 mars 2015

MARCEL FAURE - 0226 à 0230 de La danse des jours et des mots









Vendredi 4 mai 2012 

Lorsque les rues seront tracées par des jardiniers de l’éphémère, le bitume éclaté offrira des saisons insoupçonnées. Le joli mois de mai méritera alors pleinement son adjectif.
Les nombreux "moi" de mai me bousculent. Serais-je aujourd'hui plus volatile que l'air ..., plus papillon que chrysalide ... Avec la grosse artillerie du printemps en bandoulière, je dévore des yeux toutes les nuances du vert. Chacune de mes cellules pétille comme du Champagne.
Passe un ventre resplendissant de promesses. Je souris à l'enfant du futur. D'un léger tremblement il me salue. La maman a porté sa main sur son ventre, ignorant tout de cet improbable dialogue.
C'est dans ce rire futur que renaîtra le soleil d'été.




Samedi 5 mai 2012

Voici que me revient en mémoire l'histoire d'un jardinier dément qui s'était mis en tête de détruire la laideur des villes par les plantes. Alors tous les soirs il plante lianes, ruines de Rome (qui donne son titre au roman) et autres végétaux envahissants. Rien ne doit plus être symétriquement à la botte de Le Notre. Tout se doit à l'exubérance, à la folie créatrice, à la force insensée des "mauvaises herbes". Chacune s'engage dans l'armée secrète du Casse bitume.
On pourrait considérer cet ouvrage de Pierre Senges comme un livre initiatique. Depuis sa parution, nombre de citadins partent à l'assaut de l'espace public pour créer çà et là des jardins provisoires, donner du sens aux innombrables ronds-points, et donner l'exemple en créant de véritables forêts vierges sur leur balcon.
Les troupes sont là, prêtes à bondir au moindre relâchement des employés municipaux. La dame de onze heures comme la belle de nuit viendront bientôt arpenter le trottoir et occuper la rue pour réclamer leur dû.



Dimanche 6 mai 2012 

L'effervescence des élections présidentielles ne me laisse pas indifférent. Je sais la tâche difficile qui attend le nouveau président, à devoir calmer les égoïsmes sans jamais renier notre belle devise.
Le compromis sera son lot quotidien et la puissance de persuasion sa seule arme. Bien peu de choses face aux couteaux qui s'aiguisent déjà.



Lundi 7 mai 2012 

J'essaie d'écrire entre deux orages, entre deux tueries, entre deux catastrophes parce que la vraie vie ne se promène pas sur les pics de terreur et de folie des hommes, mais s'insinue dans chaque faille du bonheur.
Loin de l'événementiel, les milliards de vies jardinées avec amour dans la lumière feutrée et douce des bras de maman et la sécurité de ceux de papa. L'arc en ciel des sourires et la couleur roses des bébés qui remontent aux sources du temps.
Et cette première gorgée d'air, ce cri arraché au néant, ce cri blond et joyeux qui rebondit de génération en génération ... et quoi dire d'autre que je t'aime.



Mardi 8 mai 2012 

Au centre exact de la table ronde un bouquet d'ail des ours. La même fraîcheur blanche que le muguet. La feuille en est plus molle et retombe sur le rebord du vase.
Le soleil a déposé le cadre de la fenêtre tout autour et l'ombre se détache rehaussant le vert sombre sous la dentelle éclatante des pétales. Un insecte sans vergogne se délecte du nectar et s'enfuit par l'interstice ouvert sur l'extérieur.
Et je suis là, assis sans bouger, comme hypnotisé par cette odeur d'ail fraîchement coupée à rêver au sous-bois d'une charmaie chênaie au Bois de la Comté.

Lloydia étonnée de pouvoir encore nommer chaque brin d'herbe dans la langue de Pline l'Ancien, plus copiste que botaniste. Et nos amis méfiants à juste titre de son savoir atrophié mais souvent obligés de s'aligner sur sa proposition.

Il en irait bien évidemment tout autrement dans des milieux qu'elle connaît mal, avec des plantes qu'elle n'a jamais rencontrées.
Au centre exact de mes pensées, Lloydia.
















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