Melencolia 500 - Emecka MK
Viens,
Viens !
Approche-toi, n'aie pas peur !
J'ai fait le plein de solitude, je suis
rassasié pour un petit moment de cette nourriture qui, tu le sais
m'est indispensable. Mais ne sois pas timide, entre, c'est grand
ouvert !
Oh je te sens impressionnée Petite !
Surtout ne le sois pas ! Ne te fie pas à ma grandeur apparente.
Justement je suis infiniment petit. Tu vois ce gros bonhomme bien
rond, il est le grain de sable que ma vie représente. Oui !
Toute sa bonhommie m'enveloppe, l'érosion des jours en douceurs
personnifiée. Et pas que ! Alors viens ! Donne-moi ton œil
et laisse-moi te guider pour ne pas que tu trébuches dans tout mon
fatras, et raconte-moi, oui, raconte-moi...
Laisse-tout dehors Petite, viens sans
rien, juste toi et ton regard naïf...Espiègle... Complice...
Oh je t'ai fait peur, je le vois à ta
moue ! Eh bien emporte tout alors, je te fais confiance, je
sais que ton imagination saura se débarrasser du superflu !
Hop te voilà ! Ah directement tu
choisis la balance ! Coquine ! Il faut que tu te sentes
chez toi tout de suite ! Bon et bien, assieds-toi au moins... Le
plateau droit, soit ! Je pose un doigt sur le gauche pour
maintenir ton équilibre.
Allez, je suis impatient !
Raconte-moi...
Oui ! J'ai des lacets à mes
souliers ! Que tu es drôle ! Tu crois vraiment que c'est
primordial ! Ah ok je te rappelle ces grosses peluches habillées
avec ce genre de chaussures ! Tu vois, c'est l'expression même
de ma bonhommie, je suis roudoudou pour toi ! Laisse-toi aller !
Vas-y, vas-y, c'est bien par là que j'aime que tu m'emmènes !
Comment ça trop de choses ! Eh !
Paresseuse ! Allez secoue-toi la plume, enfin !
Ma tête ? Le yin et le yang ?
La lune et le soleil...Bleu le soleil, ah bon ! Une tête de
canard sur un air de penseur ? Oui !!! Si tu veux !
Un canard coquin ? Un canard qui
sait tout qui sait rien ? Un canard heureux, un canard
plongeant, un canard gourmand... Bon ! Allez laisse ma tête
tranquille et va voir plus loin si j'y suis toujours !
Ah je savais que ça t'intriguerait !
Des armoiries ? Tu crois ? Tu optes pour un
bouclier-écusson. Tu vois des serrures, des silhouettes ? Ah ?
Je suis préservé et ne laisse entrer les choses, les gens, les
informations, qu'avec prudence. Et parfois je mets le bouclier de
côté, comme maintenant, pour me laisser ouvert... Vite, faut
peut-être qu'on se protège ! Que personne ne vienne
interrompre ton chemin ! Ah ce n'est pas grave ? C'est fait
pour ? « Interractivité » que tu appelles cela,
d'accord.
Un œil ? Encore ! Tu me fais
le coup à chaque fois ! Un tube de peinture déguisé en
palette, d'accord. Juste du noir et blanc... L'expression pure.
Tu relies tes premiers fils de
lecture... La balance, ma figure, cette palette... Le pour le contre,
la justice et le doute, la certitude et l'inexpérience infinie...
C'est au tour de la cloche d'accrocher
ton imagination. Hé ! Te voilà te balançant à son battant,
tes minuscules genoux remontés et agrippés autour de lui !
Attention, tu vas tomber ou bien te cogner de chaque côté de la
paroi. Comment ça « Chutt ! » ? Tu entends une
musique ? Non ? Quoi « ballot, elle sort de la
palette, la musique ! » Un peu de respect dit donc!Te
voilà bien cavalière sur ta clochette ! ça te raconte... ça
te raconte quoi ? Des secrets ! Des secrets ? Je sais
très bien ? Mais non je ne sais pas ! J'ai qu'à savoir !
Eh bien dis donc je ne sais pas si je te réinviterai ! Que
j'enlève mon poing de ma joue ? Mais je ne peux pas, j'ai pas
fini de penser !
Tu m'énerves ! Pourquoi tu ne me
parles pas du temps ? Tu veux faire ta rebelle ? Ne me dis
pas que tu n'as pas vu le cadran avec les chiffres romains ? Je
suis certain que c'est ce que tu as vu en premier ! Ah ben non
je suis bête, je prends la plus grande place ! Je tape à
l'oeil dès l'arrivée de mon visiteur ! Tu n'es pas une
visiteuse. Tu es ma contemplatrice, tu es ma conteuse de rêves. Tu
n'as pas le droit de ne pas voir le temps qui s'écoule tout autour
de moi. Tu as tous les droits ? Pff !
Ah noooooon !!! Pas sur les
aiguilles, tu vois bien qu'elles sont fragiles! Tu vas les CASSER...
TU VAS LES ABIMER...
...Tu vas tomber ! Oui ben tu n'es
pas vraie de vraie, tandis que mes aiguilles elles sont réelles et
j'y tiens comme à la prunelle de mon œil. Ben oui, on va pas se
mentir, je n'ai qu'un œil ! Mais t'inquiètes, c'est le bon !
Ben voyons, t'avais pas remarqué ! Tu crois que le second est
caché ? Tu vois la poutre d'une plànète qui s'en échappe ?
Pourquoi cet œil de peinture noire et blanche que tu crois deviner
ne serait-il pas le mien ? C'est un regard extérieur de moi
sur moi. Repose-toi ! Tu t'égares sur des chemins qui ne sont
pas les tiens. Ne cherche pas à m'épater, reste-toi, ça me suffit
tellement !
Je t'ai vexée. T'es où ?
Reviens !
Partie lire ? Partie lire quoi ?
Il y a des livres ici, des fois que ça non plus tu ne l'aurais pas
remarqué !
Melencolia - Albrecht Dürer
T'es déçue ? Faut pas !
Rien ne s'invente vraiment Petite, tout s'interprète, que fais-tu
toi en ce moment. Tu me cherches des ailes sur la tête ! Je
suis un bon gros grain de sable, je te l'ai dit !
Tu aimes l'automne ! Ça te
redonne le sourire ! Te voilà comme j'aime ! Un peu
démunie, toujours tendre, naïve, espiègle...
Eh ! Ne t'en va pas, t'as pas
fini !
T'as rien vu encore !
Tu reviendras, dis ?
Elle est partie
Dans un sourire par un trou de mes
serrures, là derrière, à travers ce qu'elle appelle mon bouclier
Surtout, vous, ne partez pas sans cliquer sur le tableau de Emecka !
Vous y attend tout autre chose. L'univers de l'artiste et son inspiration, quelques citations également du peintre Albrecht Dürer
C'était ma façon de saluer ce printemps nouveau, en célébrant une fois encore le Poète aux pinceaux musiciens.
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