Cinquième partie vers
Votre
verbe haut m’attriste plus qu’il ne m’indigne !
Pourtant
mon blanc poudré rougit aux phrases malignes,
Apprenez
Monsieur que j’aime le goût du miel,
Et
qu’aux plaisirs je suis souvent statue de sel.
Vous
me pensez prisonnière de mes quatrains,
Mais
mes gardiens sont aussi bien sizains, dizains.
Barreaux
sciés,
Aux
libertés,
Je
peux jouer,
Et
m’évader.
Vous
m’obligez par tous vos mots provocateurs,
À
mettre à nu ce qui chez moi n’est plus douceurs,
Mais
cachez donc votre sourire d’allégresses,
Cette
confidence n’est point une confesse.
Si
jusqu’ici je me suis tue sur certains faits,
Ce
n’était pas pour vous cacher un vieux secret,
Mais
par respect pour les valeurs de mes aînés,
Qu’à
ma naissance ils m’ont offert en doux baiser.
Vous
bousculez ma tête dans le même panier,
Que
cette bourgeoisie poudrée d’églises sacrées,
Mais
mon encre est noire comme celle des « prosiens »,
Et
s’active au rouge du sang des citoyens.
Vous
n’êtes qu’un bourreau, vous condamnez mes rimes,
Pour
vous, compter ses pieds est cordonnier du crime,
Mais
avez-vous pensé que soulier bien chaussé,
Peut
voyager plus loin que vos pieds nus blessés ?
J’ai
brandi mots sur l’étendard révolutionnaire,
Et
même rendu gorge sur les livres de prières,
Sur
l’échafaud des mots des écrivains passés,
Ma
tête perruquée n’a pourtant pas été tranchée.
Je
peux comme vous vomir ou bien cracher mes mots,
Sur
un comptoir qui pue l’alcool et les mégots,
Et
renie point qu’hélas bien trop souvent aussi,
Vous
m’y trouvez noyée au fond d’un bon whisky.
Sous
les parfums d’une noblesse libertine,
Je
suis putain et me régale d’orgies divines,
Les
coups de reins de ces messieurs me font grimper,
Jambes
écartées au bout d’un ciel de voluptés.
Langues
farouches,
Sainte-Nitouche,
Caresses
en bouche,
Viens
sur ma couche.
Voyez
ce sein… outre qu’il a nourri la vie,
Il
a donné plaisirs à langues plus hardies,
Et
sous ma plume caressante et chatouilleuse,
Bien
des cris de jouissances aux verges délicieuses.
À
Théophile de Viau délices d’érotisme,
Je
dois ma liberté dans le puritanisme,
Une
goutte de vin perle sur mon corps de texte,
Pour
me droguer aux mots nul besoin de prétexte.
Du
fait que vous ayez un jour goûté au sang,
Ne
vous rend-il pas aveugle de ces tourments ?
Et
la douleur hurlée dans vos vulgarités,
Serait-elle
plus entendue que mon cri rimé ?
Nombreux
sont mes écrits nés aux mains d’ouvriers,
Et
aux ados meurtris leurs maux sur le papier,
S’apaisent
en délivrance aux injustices de vie,
S’empêchant
de sauter du pont de leur ennui.
Votre
« pas de règles » que vous vous complaisez,
À
sans cesse m’en chatouiller le bout du nez,
N’est-il
pas somme toute une simple obligation,
Que
vous vous obligez à suivre sans condition ?
Diantre !
J’en oublierais presque mes bonnes manières,
Me
voici honteuse de vous paraitre vulgaire,
Mais
après tout, au diable tous ces préjugés,
Ne
sommes-nous pas aux portes de l’éternité ?
À
bien y réfléchir, mon ami prose, ne sommes-nous pas, par nos
différences, quelque peu complémentaires ? Nous agissons comme
de parfaits idiots, à nous défendre de nos mots. Vous me parlez de
Narcisse. Mais qui était-il vraiment ? Un être fier de sa
personne ? Ne le sommes-nous pas nous aussi par notre
comportement enfantin. Nous cherchons querelle là où nous devrions
rechercher complicité. Je ne vous demande pas de vous renier de vos
racines, je réclame juste un peu d’indulgence, et de croire, juste
un instant, que nous pouvons pourquoi pas, être de bons amis. À
provoquer les foudres du ciel, autant me laisser pétrifier sur le
champ, là, sur ce banc, aux doux chants des oiseaux. Mais je ne
saurais mourir sans vous avoir poétisé un dernier « je vous
aime » d’amitié.
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à suivre...
Wouah ! C'est vraiment très fort et puissant ! Une plume incisive et sans concession qui me parle super bien ! Foi de Gavroche CHAPEAU BIEN BAS ! Merciii pour l'évasion ! gros bisous à toutes les deux et douce soirée loin de toute contrariété !!
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