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samedi 4 avril 2015

EVE ZIBELYNE - LA POULE DE NEIGE









La pouldneige


Elle est née un soir, à l’heure où s’assombrit la neige, après une journée d’épouvante.
Le télésiège avait emporté vers les sommets sa moisson de manchots sur leurs planches encombrantes. Des patauds, des élégantes, des pressés d’en découdre avec la blanche. Parmi eux, une boulette jaune moutarde pataugeait péniblement pour conserver son équilibre.

Qu’importe ! Ses acolytes l’avaient décidé : elle ferait du ski ! Le vent lui a picoté la peau tandis que le sol s’échappait. Le ramasse-fous a déversé sa moisson multicolore et la boulette, soutenue par ses congénères, sous l’œil compatissant des gamines.
Les premiers pas l’ont fait choir sur le derrière et la tête, comme si elle n’était pas assez folle ? Un renversé fabuleusement bien réussi ! Restait la perspective de descendre la piste verte longue de quelques kilomètres, avec ses à pics et ses virages, alors que la boulette, non contente d’avoir le vertige, avait peur de la vitesse, et ce, en toutes circonstances. Un centre de gravité déplacé, paraît-il, mais qui donc avait bien pu lui signifier de déménager ?
Toujours est-il qu’elle ne put pas entreprendre la descente seule, et c’est arrimée à son bienaimé — le mal nommé puisqu’il faisait partie de ceux qui voulaient sa perte — qu’elle descendit sans bâtons ni fierté, tétanisée par la peur, lourde comme un bloc de granit, à la vitesse terrible de l’escargot des neiges. Parvenue au terme de son calvaire, en sueur et jambes tremblantes, elle se jura de ne plus jamais tenter le Diable et prit ses aises au bar, seul lieu véritablement convenable pour une personne de sa qualité.
Le retour, en soirée, fut comme une bénédiction. Le soleil brillait encore près du champ de neige ombragé qui s’étalait devant le chalet, immaculé. Julien entreprit de creuser un igloo. Engoncée dans la neige tendre jusqu’aux genoux, elle a pelleté avant de laisser sa charge à plus costaud qu’elle.  Elle voulait édifier un monument à la gloire de la boulette, elle le méritait bien ! Ses mains ont roulé la neige pour enrober le petit bonhomme que les trois petites avaient vite délaissé. Fi du bonhomme de neige, trop classique, trop simple, trop bête ! Elle pensait dragon, mais ses mains en ont décidé autrement et elle a vu se dessiner un tout autre animal à la douceur rassurante. Elle ne s’appelait pas pour rien « Mamie les poules » !
Le dos osseux du dragon a ployé sous les plumes duveteuses et laissé place aux formes enveloppées d’une mère poule. La crête, orgueilleuse, a ondulé sous le dernier rayon du soleil. Sa queue s’est dressée fièrement, tant, qu’on aurait pu croire qu’elle levait le croupion pour cacher ses petits sous son corps chaud. Les enfants l’ont reconnue sans une hésitation, la poule de neige ! Quelques brindilles sont venues parfaire sa ligne et elle s’est vue coiffer d’un bonnet de lutin inaugural célébrant la nouvelle résidente du Linga à Châtel.
Quelques minutes plus tard, elle pondait son premier œuf ! La pondeuse en eut plus de succès encore. Elle trônait près de l’igloo, phare bienveillant dans la solitude blanche, irisant les regards de gaieté.
La nuit fut agitée. La lune resplendissait sur la poudreuse. Dehors, échauffée par l’astre rieur, la poule des neiges s’est soudain animée. Mue par un infernal courage, la voici qui se dresse sur ses bâtons, bec en avant, en quête de vers blancs. Mais comment voir un vers blanc sur une neige étale ? Telle une marée grondante, la lune s’enfuit vers les sommets, poursuivie par un étrange cortège. Une poule énorme se dandine, dessinant sa trace sur le manteau neigeux, entraînant à sa suite un igloo facétieux qui ouvre sa porte en invitation au voyage. Le volatile picore, picore, picore sans fin et gonfle, gonfle, gonfle dangereusement. L’igloo, vexé, abandonne son énormité et, bougon, se laisse glisser vers son socle. Là, il s’endort, harassé, d’un sommeil sans rêves. Là-haut, tout là- haut, la poule de neige déploie ses ailes et s’élance dans une vertigineuse descente, tourneboulant sans fin, bec en avant, sans vers, pourtant. Que lui importe ! Elle gobe les grains immaculés avec délices et grossit plus encore, rebondit, gracieuse, et roule, se trémousse en poussant un chant de triomphe.





En bas, tout en bas, les chalets frémissent au roulement dévorant qui arrache les flancs de la montagne. Les sapins plient sous l’avalanche, les rocs s’ébranlent, le flot dévale la piste rouge, tout schuss, en caquetant d’ivresse. L’igloo grommelle à ce réveil impromptu et hèle l’incongrue.
Hé, poulette ! Il n’est plus temps ! Le soleil va se lever. Tu devrais rentrer à l’ombre avant de fondre comme neige au soleil ! Ton œuf est à plat et bientôt, il sera poché si quelque passant se prend de s’en saisir pour son petit-déjeuner !
La poule, surprise, freine d’un chasse-neige magistral et en perd les bras, qui restent plantés là à contenir l’avalanche. Caquetant d’effroi, elle se rue vers son nid blanc et pose son croupion sur l’œuf qui gémit sous son poids. Le vent mugit, courtois, et débarrasse la pondeuse de son copieux repas. L’aube se lève sous une giboulée neigeuse qui tournoie, flocons duveteux qui recouvrent la trace du noctambule exploit.
Impassible, la poule de neige trône, coiffée de son bonnet, près de l’igloo qui accueille les ébats des premiers enfants. Elle arbore un sourire content lorsque la boulette la dote de nouveaux bras. Cette nuit, elle ira là-haut, toujours plus haut.
L’œuf a disparu. Non ! La coquille est vide, emplie de duvet blanc. Des traces légères courent vers les pistes gelées, vers des bras oubliés, arcs boutés contre un igloo gigantesque, un igloo de rêve qui se façonne sur les contreforts de la piste, sous l’abri des sapins blancs.




Eve Zibelyne le 29 mars 2015
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Mais alors pas de poules en chocolat pour les petites chéries de Mamie les poules ce week-end pascal ?

Bien sûr que Siiiiii, voyons ! Un coeur de Mamie les poules, ça craque et ça déborde en douceurs de tendresse ♥











PS : Imaginez-vous que cette poule de neige m'est arrivée par MMS Zib'ien, un beau soir d'hiver ! Là c'est moi qui est littéralement craqué ! Et ni une ni deux, j'ai passé commande auprès de Eve Zibelyne ma copine ! J'ai bien fait, non ? !

 GRAND MERCI TOUT CHAUD À TOI MA ZIBOUNETTE LES POULES ♥♥♥ 

Et tu sais combien je me passionne pour la suite de tes aventures !





*** Un gros bisou-merci à mon "igloo" préféré !




4 commentaires:

  1. Ouah, quelle surprise cette pluie de boules de neiges ! Merci pour ce plaisir en surprise de Pâques ! Zibounette les poules est réjouie, tu m'as gâtée ! Je cloche du ballant au rythme de ta voix, yeh ! et je lève le croupion de contentement ! Côôt ma poulette !

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    1. Ah ça ! J'y ai mis du coeur ! Tu sais que j'ai eu un coup de foudre pour cette poule de neige dès son arrivée dans mon salon ! Je t'embrasse toutes cloches tintantes ma Zibounette au croupion content ! Rires ♡♡♡ et merci merci merci encore Zibounette les poules !

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  2. ainsi donc ta plume se laisse aller à raconter celle d'une poule, et quelle poule. Et j'avoue que la voix de Tippi lui prete une vie qui donne elle meme vie. Bravo les filles. Les ronflements de jacques et la chute m'ont fait verifier si mon ordi ne me jouais pas des tours... tout schuss

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  3. Comment, Jacques ronflerait de concert avec Tippi ? Ah, ah ! on ne me dit pas tout... Se seraient-ils rencontrés, alors que moi, non ? Fichtre ! Pff, je subodore qu'un autre ronfleur a sévi , se prêtant, malicieux, à la mise en scène et hélant la poulette ! Pourtant,mon Java, il y a un indice, un bisou qui se promène en rime avec igloo ! Merci de ce concours, mystérieux acteur au grand cœur, et mille bisous à ma Tippistrelle, virtuose de la plume comme de la voix !

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