Samedi 14 avril 2012
Il ne s'agit plus d'ergoter sur mes petites douleurs rhumatismales et
de s'imaginer dos contre un arbre. Allez ouste, dehors vieille rosse.
Ton journal attendra.
Dimanche 15 avril 2012
Presque
chaque jour, les poussinettes montent à l'assaut de notre porte.
Maman poule se précipite dans la brèche, se plante au milieu de la
cuisine et caquette, caquette, et parfois il faut la pousser dehors.
Mais avant de partir, elle fait comme chez elle, et si deux cuillères
sales traînent sur la table, elle va les rincer dans l'évier.
Alors, je ressors des cuillères propres pour que les poussinettes
puissent terminer leur faisselle de fromage battu.
Parfois
les cui-cui sont punis et la plus grosse punition c'est de ne pas
venir chez nous. Facile de faire lever la punition. Il suffit de
finir son assiette de lentilles. Mais la punition fait le tour de
l'école lorsque devant toutes les mamans réunies, Mélina à peine
sortie de classe réclame :
-
Dis maman, on a fini nos lentilles à midi, on pourra aller chez
Lloydia et Marcel.
Comment
résister ! Au diable la fatigue. Nous nous laissons submerger par
autant de tendresse.
Lundi 16 avril 2012
Parfois
le bleu terrible
Les
yeux se lèvent pour implorer
Insondable
infini
Nos
prières se diluent
S'épuisent
se perdent
Courir
après ce qui n'est pas
Quel
temps gâché
Ce
baiser au néant
Qui
en voudrait
Mardi 17 avril 2012
Notre
cadavre dans la terre
Un
grouillement de vie
Plus
qu'un os
Puis rien
Et soudain
L'herbe nous rend
la lumière
Beauté
éblouissante
Plus tard
Je suis ce brin
que tu mâchouilles entre tes dents
Mercredi 18 avril 2012
Je
gaspille mes yeux à parcourir l'insignifiant qui se révèle au
détour d'un battement de paupières. Cela brille soudain comme un
phare. Cette déchirure dans le brouillard. Mon Amérique est là
tout près, vibrante et vierge. Elle m'attend. Elle m'espère.
Mon
premier pas en terre inconnue. Ce rivage pourtant familier et ce
portrait qui me ressemble. Mon âme suspendue à sécher sur une
liane qui court jusqu'à la canopée. Immobile le vent hésite. Les
coutures refaites à neuf de ma peau, craquent. Je m'installe et je
tutoie les choses. Alors, seulement, je peux les nommer. Mais il
restera toujours tant à dire.
Chaque
soir, quand je m'endors, je ne sais jamais qui je retrouverai au
réveil.
Toujours un régal ! CHAPEAU BIEN BAS ! J'adore la justesse des propos et cette plume si généreuse ! Merci de ce partage intime !!
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