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mardi 24 février 2015

MARCEL FAURE - 0206 à 0210 de La danse des jours et des mots






Samedi 14 avril 2012 

Il ne s'agit plus d'ergoter sur mes petites douleurs rhumatismales et de s'imaginer dos contre un arbre. Allez ouste, dehors vieille rosse. Ton journal attendra.



Dimanche 15 avril 2012 

Presque chaque jour, les poussinettes montent à l'assaut de notre porte. Maman poule se précipite dans la brèche, se plante au milieu de la cuisine et caquette, caquette, et parfois il faut la pousser dehors. Mais avant de partir, elle fait comme chez elle, et si deux cuillères sales traînent sur la table, elle va les rincer dans l'évier. Alors, je ressors des cuillères propres pour que les poussinettes puissent terminer leur faisselle de fromage battu.
Parfois les cui-cui sont punis et la plus grosse punition c'est de ne pas venir chez nous. Facile de faire lever la punition. Il suffit de finir son assiette de lentilles. Mais la punition fait le tour de l'école lorsque devant toutes les mamans réunies, Mélina à peine sortie de classe réclame :
- Dis maman, on a fini nos lentilles à midi, on pourra aller chez Lloydia et Marcel.
Comment résister ! Au diable la fatigue. Nous nous laissons submerger par autant de tendresse.



Lundi 16 avril 2012 

Parfois le bleu terrible
Les yeux se lèvent pour implorer
Insondable infini
Nos prières se diluent
S'épuisent se perdent
Courir après ce qui n'est pas
Quel temps gâché
Ce baiser au néant
Qui en voudrait



Mardi 17 avril 2012 

Notre cadavre dans la terre
Un grouillement de vie
Plus qu'un os
Puis rien
Et soudain
L'herbe nous rend la lumière
Beauté éblouissante
Plus tard
Je suis ce brin que tu mâchouilles entre tes dents



Mercredi 18 avril 2012 

Je gaspille mes yeux à parcourir l'insignifiant qui se révèle au détour d'un battement de paupières. Cela brille soudain comme un phare. Cette déchirure dans le brouillard. Mon Amérique est là tout près, vibrante et vierge. Elle m'attend. Elle m'espère.
Mon premier pas en terre inconnue. Ce rivage pourtant familier et ce portrait qui me ressemble. Mon âme suspendue à sécher sur une liane qui court jusqu'à la canopée. Immobile le vent hésite. Les coutures refaites à neuf de ma peau, craquent. Je m'installe et je tutoie les choses. Alors, seulement, je peux les nommer. Mais il restera toujours tant à dire.
Chaque soir, quand je m'endors, je ne sais jamais qui je retrouverai au réveil.















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1 commentaire:

  1. Toujours un régal ! CHAPEAU BIEN BAS ! J'adore la justesse des propos et cette plume si généreuse ! Merci de ce partage intime !!

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