Lundi 9 avril 2012
Chaque
fois que je découvre un nouveau poète, je suis découragé. Il a su
trouver des mots, des formes, pourtant tellement évidents quand on
les lit, qu'après cela, tout ne sera que banalité. Plus je me sens
proche de lui, plus cette sensation est forte. Ainsi Édouard Piolet
:
Confins
.................
Rideaux
fenêtres grilles.
Le
soleil éclaté
Plante
ses banderilles
Dans
les yeux de l'été !
Je me retire sur
la pointe des pieds.
Mardi 10 avril 2012
Je
suis vendeur à la sauvette. Vous ne le saviez pas ? J'ai déballé
ma marchandise sur un banc public : quelques piles d'enveloppes
surprises. Je bonimente pour attirer le chaland.
-
Rêves à gogo, demandez mes rêves prêts à l'emploi.
Personne
n'en veut. Chaque lot propose des lieux idylliques où s'installer –
une fontaine dans une clairière et un petit nuage – une rivière
qui serpente au milieu des prés et son petit nuage – un
flamboiement de fleurs dans un jardin extraordinaire et son petit
nuage – un soleil, son arc en ciel et son petit nuage.
Pourquoi ? Pourquoi ? C'est ce nuage disent-ils, nous n'en voulons
pas de la pluie.
Un rêve sans nuage, c'est comme un théâtre sans rideau, toute la
magie s'évapore. Qu'ils aillent donc expérimenter le "sans
nuage" en s'installant pour un an au centre du désert.
Mercredi 11 avril 2012
Mon
corps si léger mon corps si lourd
Et
cette rosée sur tes yeux
Te
consoler de mes mots gourds
User
du ciel et du bleu
Mon
souffle brut mon souffle court
Sur
le mouillé de ta joue
Effiloche
l'eau qui sourd
Avant
d'atteindre ton cou
Mon
corps si lourd soudain léger
Et la
bourrasque éparpillée
Aux
quatre coins de l'oreiller
Mon
corps si lourd soudain léger
Jeudi 12 avril 2012
Le
poème est l'expression d'une pensée souffrante. Les poètes ne
seraient donc que de grands malades mentaux qui racontent la
perception défigurée, tordue et retordue, pour être acceptable par
leur cerveau gangrené qui lui, aurait une certaine idée de la
pureté.
Sables
mouvants des franges de la raison, piment des jours gris, dans
l'extravagante abondance des connexions neuronales, le poème, ma
ligne d'horizon, ma ligne de fuite, mon nuage magique.
Vendredi 13 avril 2012
Duvet
d'argent des jeunes feuilles d'amélanchier, le printemps s'affirme
tranquillement. S'installe alors un complexe langage d'odeurs que
seules les plantes peuvent déchiffrer.
Le
frêne somnole encore et médite. Jamais, pense-t-il, un arbre
n'aurait accepté de faire le chien savant dans un cirque. Je
m'assieds auprès de lui, le dos bien calé contre son tronc et je
tente de faire sève commune avec lui.
Viennent
alors trois papillons jouant avec mon nez. Dans une effervescence
d'ailes, ils se pourchassent joyeusement. Arabesques de haute voltige
dans un silence à peine troublé par le bruit assourdi d'un tracteur
aux labours, ils profitent sans compter de leurs jours éphémères.
Ah comme je les aime cette danse des jours, je crois que les poètes sont de grands malades mentaux mais c'est pour se préserver du fade réel ! Foi de Gavroche CHAPEAU BIEN BAS à tous les deux ! Merci pour ce partage si beau et si juste ! bises et douce fin de journée loin de toute contrariété !!
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