MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE DE DEUX ÉPISODES
Dimanche 29 avril 2012
Mon
corps désaffecté
Les
heures vides de la nuit
Mon
couteau boomerang
Il me
pousse des extravagances
Des
creux où je n'ose plonger
L'interminable
garrot de ma chevelure
Et
mes doigts dissociés
Qui
s'évadent
Quittant
mes mains
Mon
cerveau dans les courants d'air
S'émiette
Écran
de fumée
Lundi 30 avril 2012
De
quoi parlions-nous ? De présages insensés, de dislocation,
d'évaporation, d'impalpable, de tout ce qui fait que nous imaginons,
sans vraiment comprendre, ce qu'est vraiment la vie. Et moi, pièce
minuscule de ce puzzle gigantesque, syllabe balbutiante, comme tout
le monde, je joue des coudes pour atteindre la lumière.
Dis-moi
qui je suis ? Mais je n'attends pas vraiment de réponse. Mon "JE"
connaît ma solitude immense et il s'en repaît.
Mardi 1er mai 2012
Les salariés, une fois l'an, défilent à la gloire du travail et en
mémoire de ceux qui sont morts pour plus de liberté. Fierté d'un
jour, calicots et slogans, ils occupent, pendant quelques heures,
l'attention des médias.
La
rue est à nous camarades, marchons dignement, échangeons le muguet
et surtout respectons l'opulence qui s'affiche dans les vitrines du
luxe qui jalonnent le parcours.
Dans
l'ombre, les nouveaux négriers se frottent les mains.
La
manifestation enfle et prend le vent exprimant toute sa beauté de
cerf volant. Au milieu de la foule, sur ma petite pancarte j'ai écrit
:
À
l'inverse du cerf volant
Le
papillon
N'a
pas de fil à la patte
Mercredi 2 mai 2012
Le
temps a la douceur d'un drap, étendu dans un pré à sécher au
soleil. Lentement le blanc s'affirme et l'étoffe s'imprègne des
odeurs de saison. Rien n'a bougé dans mon cœur. Sur mon crâne
écorné, mes cheveux blanchissent et s'envolent avec la constance
d'un fruit mûr.
Mais
mon poing reste ferme et ma langue trop verte finira pendue à un
gibet. Et je lutte chaque jour pour éviter que l'on me range parmi
les gens trop convenables.
Jeudi 3 mai 2012
Les
poussinettes ont coupé par mégarde la branche d'un arbre en fleur.
Les feuilles disparaissent sous les grappes rose pâle et denses. À
notre retour, nous avons copieusement inondé la branche. L'eau
déborde presque du vase. Je ne sais pourquoi cette luxuriance évoque
le Japon.
De
nombreux pétales se répandent sur le sol du salon. Pas de nom à
donner à ce fragment d'inconnu. Sa présence anonyme nous enchante.
Au fil des jours, sa beauté va lentement se transformer et, si nous
avons de la chance, les feuilles domineront bientôt.
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