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LA VOIX DE L'ÉCHO

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mardi 17 mars 2015

MARCEL FAURE - 0221 à 0225 de La danse des jours et des mots




MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE DE DEUX ÉPISODES 



Dimanche 29 avril 2012 

Mon corps désaffecté
Les heures vides de la nuit
Mon couteau boomerang
Il me pousse des extravagances
Des creux où je n'ose plonger
L'interminable garrot de ma chevelure
Et mes doigts dissociés
Qui s'évadent
Quittant mes mains
Mon cerveau dans les courants d'air
S'émiette
Écran de fumée



Lundi 30 avril 2012 

De quoi parlions-nous ? De présages insensés, de dislocation, d'évaporation, d'impalpable, de tout ce qui fait que nous imaginons, sans vraiment comprendre, ce qu'est vraiment la vie. Et moi, pièce minuscule de ce puzzle gigantesque, syllabe balbutiante, comme tout le monde, je joue des coudes pour atteindre la lumière.
Dis-moi qui je suis ? Mais je n'attends pas vraiment de réponse. Mon "JE" connaît ma solitude immense et il s'en repaît.



Mardi 1er mai 2012

Les salariés, une fois l'an, défilent à la gloire du travail et en mémoire de ceux qui sont morts pour plus de liberté. Fierté d'un jour, calicots et slogans, ils occupent, pendant quelques heures, l'attention des médias.
La rue est à nous camarades, marchons dignement, échangeons le muguet et surtout respectons l'opulence qui s'affiche dans les vitrines du luxe qui jalonnent le parcours.
Dans l'ombre, les nouveaux négriers se frottent les mains.
La manifestation enfle et prend le vent exprimant toute sa beauté de cerf volant. Au milieu de la foule, sur ma petite pancarte j'ai écrit :
À l'inverse du cerf volant
Le papillon
N'a pas de fil à la patte



Mercredi 2 mai 2012 

Le temps a la douceur d'un drap, étendu dans un pré à sécher au soleil. Lentement le blanc s'affirme et l'étoffe s'imprègne des odeurs de saison. Rien n'a bougé dans mon cœur. Sur mon crâne écorné, mes cheveux blanchissent et s'envolent avec la constance d'un fruit mûr.
Mais mon poing reste ferme et ma langue trop verte finira pendue à un gibet. Et je lutte chaque jour pour éviter que l'on me range parmi les gens trop convenables.



Jeudi 3 mai 2012 

Les poussinettes ont coupé par mégarde la branche d'un arbre en fleur. Les feuilles disparaissent sous les grappes rose pâle et denses. À notre retour, nous avons copieusement inondé la branche. L'eau déborde presque du vase. Je ne sais pourquoi cette luxuriance évoque le Japon.
De nombreux pétales se répandent sur le sol du salon. Pas de nom à donner à ce fragment d'inconnu. Sa présence anonyme nous enchante. Au fil des jours, sa beauté va lentement se transformer et, si nous avons de la chance, les feuilles domineront bientôt.















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