Jeudi 19 avril 2012
Je
balaye encore les fleurs desséchées du mimosa. Elles se sont
insinuées partout. Elles croisent sur la carpette quelques feuilles
de buis, souvenir des pentes du château de Crussol. Lloydia en avait
cueilli quelques brins pour montrer aux poussinettes qui ne
comprenaient rien à ce Dimanche des rameaux d'une religion qui n'est
pas la leur.
Mais
ce Dimanche, déjà trop lointain, n'était plus dans leurs
préoccupations. Toujours dans l'instant, les enfants écrivent leur
vie au jour le jour. Et nous, adultes responsables, toujours à
vouloir expliquer, projeter et pousser vers le futur, l'innocence qui
ne demande rien ou presque.
-
Tu pourrais me donner un bonbon s'il te plait.
Vendredi 20 avril 2012
Dans
quel tombeau sont enterrés les mots éphémères, ceux que la langue
prononce juste pour se prouver que nous sommes vivants. Les mots de
pacotille, rutilants comme un bijou en toc, ou discrets, à peine
audibles, s'en vont par la fenêtre de la bouche, vers un destin
obscur.
Comme
nous, matière informe, décomposés, recomposés, ils nourriront
plus tard la ferveur d'un poète qui les mettra en scène pour notre
grand plaisir.
Ce
n'était qu'un mot fat le voici gentilhomme à croiser le fer du vers
et de la rime.
Samedi 21 avril 2012
La
rosée s'évapore et je ne sais rien d'elle. Qu'a-t-elle récolté au
creux de l'alchémille, ou qu'a-t-elle apporté de si précieux ? Nul
ne pourra jamais faire de l'argent avec ce diamant brut, si
délicatement exposé au creux du limbe. Et c'est tant mieux.
Elle
s'en retourne au nuage dans un murmure, comme si, à mon oreille ...
mais je n'ai rien compris.
Dimanche 22 avril 2012
Que
devient notre mémoire lorsque nous disparaissons. Pour certains le
témoignage d'une maison, d'un pont, quelques toiles sauvegardées
dans un musée, un manuscrit dans une bibliothèque mais pour la
plupart d'entre nous juste un transfert de quelques évènements dans
la mémoire de nos proches, voilà ce qu'il reste de nous.
Dans
chaque goutte d'eau la mémoire de ce qu'elle a vécu. Alors chaque
fois que nous avons pris la pluie, joué avec la vague, passé sous
la douche, un peu de notre vie s'en est allé rejoindre la mémoire
collective. Notre stèle immense et belle de vert et de bleu, herbes
et océans, partout la nature parle de nous.
Lundi 23 avril 2012
Sans
cesse rassemblés dans l'œuvre collective, nous cherchons cependant
à nous différencier, à être uniques. C'est notre méthode pour
apporter chacun une petite touche à ce fabuleux tableau. Retouche
infime qui sublime le chant sans fin de la vie ... Et recouvrir le
sang qui éclabousse les marges.
Rien
n'est jamais achevé.
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