La voix de Louyse a souvent enchanté l'Écho. Généreusement présente à chacun de mes appels au "Bouquet de voix" avec toujours beaucoup d'enthousiasme. Écoutez plutôt...
SOUS
CHAQUE IMAGE SE CACHE UN LIEN
Cela commence par sa présentation chantante ! Il était une fois une Dame "cigalante"...
appréciant beaucoup les textes mis en voix et donc ces fameux bouquets de voix amicaux, prônant ainsi l'échange et le partage entre auteurs rencontrés ici et là sur la toile. Voici sous chaque image ci-dessous, les lectures participatives de Louyse offertes à l'Echo : Pour JAVA, Louyse interprète son texte MES NUITS
LOUYSE a reçu quant à elle, avec grand bonheur, un très beau bouquet de voix de la part de certains de ses amis auteurs : NAÏADE, MATHIEU LA MANNA, JAVA, AUBRÉE, EVELYNE DE GRACIA, et moi bien sûr !
Croquis caricaturé d'un enfant ébauché au stylo bille en 10 mn par LOUYSE LARIE - TOUS DROITS RÉSERVÉS
RETROUVEZ les autres textes de Louyse offerts à l'ÉCHO dans L' ECHOTHEQUE K-Z ÉGALEMENT sur les sites IPAGINATION - très beau portrait d'Auteur par Amaranthe, SHORT EDITIONS, VARIATIONS D'UNE PLUME Permettez-moi de glisser un texte que j'avais écrit sur une invitation sur iPagination du peintre LOUYSE LARIE à laisser courir notre imagination sur une de ses aquarelles. J'avais pris beaucoup de plaisir avec son accord, à créer une histoire entre toutes les toiles de Louyse que j'avais trouvées sur iPagination. Cela s'intitule : LESCOULEURSLOUYSENT
Portrait de MUSE AFRICAINE-AQUARELLE DE LOUYSE LARIE - TOUS DROITS RÉSERVÉS
Ce bouquet ne serait pas complet sans vous que je remercie chaleureusement pour votre visite. Un "j'aime", un partage, peut-être un commentaire, chaque signe de vous sera une jolie fleur à ce Bouquet pour Louyse ...
AILLEURS - AQUARELLE DE LOUYSE LARIE - TOUS DROITS RÉSERVÉS
et Ici, le chemin qui mène à la vidéo de NAÏADE, LA-BAS
Voyant que la gamine restait bras ballants à l'observer derrière ses grosses lunettes de myope, une moue esquissant un timide sourire, le gendarme demanda à son collègue d’attendre quelques instants, puis, en la tenant délicatement par les épaules, il la guida vers l’arrière du fourgon pour l’y faire grimper. Alors que la porte se refermait sur elle, Charlotte laissa échapper un plaintif « Et Arsène ? » en tendant les bras vers le matou, terré au pied d’un ormier enneigé. Le gendarme fit la sourde oreille et intima à son collègue de démarrer. Arsène échappa de peu au geyser de boue que les larges pneus, patinant sur le sol, répandirent en sa direction. Dans le bruit assourdissant de son moteur diesel de 58 chevaux, la Goélette parvint à s’extraire de sa gangue glacée et s’éloigna dans un nuage de fumée noire aux particules nauséabondes. Arsène attendit que le nuage se dissipe pour s’aventurer hors de l’abri des racines de l’ormier. La nature indifférente et capricieuse se retrouva vite plongée dans un silence sépulcral. Il choisit de poursuivre sa route en empruntant les rails noirâtres inscrits dans la neige par le fourgon et l’ambulance. Si ses coussinets en seraient spoliés, au moins n’aurait-il pas de la neige jusqu’au ventre et sa progression ralentie par d’incessants bonds épuisants dans l’épaisse couche poudreuse. Peu à peu, quelques bruits de voix l’avertirent qu’il se rapprochait de la ferme de la Marthe. Une odeur acre, bestiale, se mélangeait à celle insipide de la neige. Au détour d’un fourré, il se trouva museau à museau avec une chèvre statufiée dans le décor polaire. La bête ouvrait de grands yeux apeurés et frissonnait sans pourtant essayer de se dégager du trou où elle s’était enlisée. Un peu plus loin, d’autres chèvres, pareillement désemparées, erraient aux abords de la chèvrerie. Dédaignant l’animal à cornes qui bêlait de peur, Arsène, dressé sur ses pattes arrière, tendit le cou et aperçut deux véhicules garés devant la bâtisse principale. Une DS blanche et un fourgon de la gendarmerie similaire à celui qu’il avait croisé quelques minutes plus tôt. Quelques personnes, dont certaines portant l’uniforme, s’étaient regroupées sous un auvent. Ils marchaient en tapant des pieds pour se réchauffer et de la vapeur s’échappait de leurs bouches lorsqu’ils s’adressaient la parole. Le chat reconnut parmi eux, Jules, Anatole, le garde champêtre et Jean, le frère de la Marthe qui tenait dans ses bras une femme courbée en deux et secouée par de longs sanglots. Le froid commençant à ankyloser ses pattes, il osa se mettre à découvert et louvoya jusqu’au plus près des humains. Arrivé à quelques mètres de Jules, il tenta d’attirer son attention par un miaulement discret. Le cantonnier tourna la tête et l’ayant aussitôt reconnu, se détacha du groupe pour se porter à sa rencontre. Il le prit dans ses bras et ôta la neige qui s’était solidifiée en stalactites autour de ses coussinets.
- Qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais t’avoir demandé de surveiller Charlotte, lui glissa-t-il à l’oreille.
- Ne craignez rien. Elle est à la maison en sécurité. Tout va bien. J’avais juste besoin de me dégourdir les pattes et de… enfin vous me comprenez… soulager un besoin naturel. Que se passe-t-il ici ? enchaîna le matou qui redoutait de donner plus de détails à Jules sur sa présence à la ferme.
Le cantonnier s’éloigna prudemment de la grappe humaine et, lui tournant le dos, confia à Arsène ce que celui-ci brûlait d’entendre :
- C’est terrible, le chat. Ce matin l’Augustin en se levant, il a prévenu sa femme qu’il allait se rendre chez la Marthe, histoire d’en terminer une fois pour toutes avec ce lopin de terre qui longe le Portefeuille et ce papier qu’elle et son frère contestent auprès de cette raclure de Cormaillon. Y paraîtrait que c’est un faux et que les signatures des parents ont été imitées. Comme il savait qu’il allait être accueilli à coups de tromblon, il a pris son fusil de chasse, plus pour faire peur à la Marthe que pour lui coller du plomb dans les fesses et comme sa femme le voyait pas revenir, elle a commencé à avoir peur et à imaginer que ça avait mal tourné. Elle a décidé d’aller le rejoindre et quand elle est arrivée à la ferme, elle a trouvé toutes les chèvres en liberté qui divaguaient autour de la maison. Elle a appelé, sonné à la porte, mais personne n’a répondu. Alors, elle est allée voir dans la chèvrerie au cas où… Et là…
La voix de Jules s’étrangla. Pour que le vieil homme soit ému au point de ne plus pouvoir parler, Arsène imagina le pire. Une tuerie à bouts portants ; les deux protagonistes et ennemis héréditaires, face à face, pointant leurs fusils et tirant en même temps. Un remake de Règlement de comptes à O.K. Corral qu’il avait vu quelques temps auparavant sur la télévision de son bon maître. Jules, tête baissée, restait silencieux et continuait d’un geste machinal à lui frotter les pattes. La curiosité piquée à vif, le chat enfonça ses griffes dans le gras du pouce du cantonnier pour le ramener à la réalité.
-Et là ?
- Là… elle a trouvé son Augustin, assis, quasi effondré comme une vache qui vient de vêler, dans la paille, le fusil entre les jambes, l’air hagard. Et puis, c’est pas tout…
Jules déglutit avant de poursuivre.
- Y’avait la Marthe qui pendait au bout d’une corde accrochée à une solive, un tabouret renversé sous elle. Tin, le chat… la Marthe était déjà morte d’après ce qu’elle dit. L’Odette, elle a d’abord cru que son mari était mort aussi, mais il respirait. Elle l’a examiné sous toutes les coutures et aucune trace de blessure. Rien ! Alors elle a couru chez elle pour appeler la gendarmerie et puis aussi pour prévenir Jean par téléphone. C’est quand elle est retournée chez la Marthe que je l’ai croisée. Je discutais avec Anatole pour savoir lequel de nous deux s’occuperait des poules du père Baillou, vu que leur fille sort de l’hôpital aujourd’hui. On a tous les trois foncé ici et aucun de nous n’a réussi à tirer une parole de l’Augustin. Y regardait droit devant lui comme une souris hypnotisée par un chat… Enfin, tu vois ce que je veux dire… J’ai voulu décrocher le corps de la Marthe, mais Anatole m’en a empêché, soi-disant qu’il fallait que les choses restent en l’état jusqu’à l’arrivée des gendarmes. Et puis ça a débarqué de partout… La Marthe y’avait plus rien à faire pour elle, alors c’est l’Augustin qu’ils ont fait monter dans l’ambulance et les gendarmes de Châteauroux ont suivi, des fois qu’il retrouverait la parole à l’hôpital. Le Jean, il est tout retourné… T’aurais dû voir sa figure quand il a découvert sa sœur. Plus pâle qu’un linceul… et puis soudain, il est devenu comme fou. J’ai cru qu’il allait se jeter sur l’Augustin et lui faire la peau. Heureusement qu’il y avait l’Anatole qu’est costaud parce que tout seul, jamais j’aurais pu le maîtriser. Par le cul Dieu ! j’arrive pas à chasser ces images de ma tête… Tu sais pas le pire… la Marthe, elle était pas en noir comme d’habitude ! Non ! Elle avait sa robe de mariée bien blanche et repassée… Le choc que ça m’a fait de la voir habillée comme ça ! Ça m’a ramené des années en arrière, le jour de ses noces, quand elle avait épousé son Ronald. Les gendarmes, ils nous ont fait sortir de la chèvrerie et puis après ils se sont mis à poser des questions. Qui on est, et quand on est arrivés, et pourquoi on est là ? et patati et papata… tout ça dans le froid… Jean a oublié les clés de la ferme dans la précipitation… On est restés coincés dehors. J’sens plus mes pieds. J’suis sûr d’avoir chopé la crève…
Le cantonnier ne se rendit pas compte de l’incongruité de sa dernière remarque dans de telles circonstances. Il avait froid, s’inquiétait pour sa fille laissée sans la moindre surveillance, offerte à tous les dangers et ne désirait qu’une chose : retourner chez lui au plus vite et avaler un grand verre de gnôle afin de chasser certaines images de son esprit. Le besoin de s’étourdir d’alcool, de glisser dans une ivresse cotonneuse, loin de cette scène sordide, de cette ferme qui puait la mort… Un brigadier s’approcha pour lui demander de bien vouloir regagner le groupe. S’ensuivit une salve de nouvelles questions auxquelles Jules pensait avoir déjà répondu. Il se plia de bonne grâce à ce nouvel interrogatoire et nul ne s’étonna de le voir tenir dans ses bras un chat au poil souillé par la boue. Même Jean ne fit pas le lien entre le greffier et celui qu’il avait fait rentrer dans la maison de sa sœur le jour où Arsène était venu l’espionner. Les yeux rougis, il tentait de consoler l’Odette qui de son côté, se confondait en excuses, arguant de la futilité de son malheur comparé au sien. Jules avait dit vrai. Le visage ravagé par la peine, les cheveux en bataille, il ne ressemblait qu’à l’ombre du gentleman tiré à quatre épingles qu’il était devenu au fil de sa réussite professionnelle.
Enfin, les gendarmes autorisèrent Anatole et Jules à quitter les lieux non sans avoir exigé qu’ils se tiennent à leur disposition pour enregistrer en bonne et due forme leurs déclarations. Il leur fut précisé, sur un ton qui n’acceptait pas la moindre rebuffade, de ne pas s’absenter tant que l’enquête ne serait pas close. Les pandores n’avaient rien à craindre. Où diable Jules aurait-il pu bien aller ?
* BEL ÉTÉ À TOUS CHERS AMIS D'ICI ! Et rendez-vous en septembre pour de nouveaux échos d'auteurs , notamment l'écho des épisodes des Carnets secrets que notre romancière Elsa aura publiés pendant cette période estivale sur le site iPagination. Sans oublier la page Facebook tenue à jour fidelement par Christian Knoll : L'inspecteur Arsène et les carnets secrets.
Un grand Merci à vous de votre fidèle écoute et à bientôt ! Tippi.
Jamais trop tard !
Chacune des images animées ci-dessous vous mènera aux liens de ce roman d' Elsa, pour le savourer dès son prologue ou tout simplement pour vous souvenir de tous les bons moments passés en compagnie de notre ami Arsène !
Enfant déjà, je passais mes vacances sur cette plage. Mes parents louaient un appartement sur le front de mer. Ma tante disposait d’un appartement à l’année pour y emmener mes cousins. Nous adorions construire des châteaux de sable et défier la marée. À plusieurs, nous ne doutions pas de nos forces pour affronter l’océan. Nous regardions nos cerfs-volants tournoyer dans le ciel. Tous les jours sur la digue, les caravanes publicitaires d’entreprises vantaient la qualité de leurs produits et animaient le front de mer. Nous participions à ces concours, des questions-réponses, exercices divers : courses en sacs et autres tirs à la corde. Nous n’arrêtions jamais, entre les bains de mer, la balle au prisonnier, le jokari... La fille unique de notre voisine du dessus jouait souvent avec nous. Ce que je préférais, c’était les châteaux de sable, je faisais des rampes pour y laisser rouler mes billes...
Nous revenions à l’heure du repas coiffés des casquettes à l’effigie des marques, bonbons et autres stylos en poches… Le soir, nous retournions sur la digue et la parcourions en tous sens, pas encore fatigués d’avoir trop couru. Toujours occupés, battus par le vent, nous explorions les dunes lorsque nous étions fatigués des bains de mer.
Ce que j’aimais, c’était la pêche aux crevettes. Équipés d’une épuisette et d’un seau, nous raclions les bâches emplies d’eau que la mer oubliait derrière elle à marée basse. Les parents nous laissaient vivre sur la plage, nous nous surveillions mutuellement. Ils nous donnaient un paquet de ChocoBn pour le goûter, c’était le bonheur. J’étais le plus jeune et peut-être le plus rêveur. Le nord, le sud ne signifiaient pas grand-chose pour moi.
Un jour d’été, je poussai mon épuisette à côté de Lise. Peu attentifs à ce qui se passait autour de nous, nous marchions les pieds dans l’eau, uniquement préoccupés à remplir nos seaux. Elle attrapait moins de crevettes que moi, aussi je remplissais son seau pour que nous finissions plus vite. Rejoindre notre immeuble s’avéra plus compliqué que la pêche aux crevettes car la côte belge à ceci de particulier, c’est que, sur des kilomètres, les immeubles se ressemblent et forment un front de mer uniforme. Et comble d’horreur pour les enfants perdus, les postes de secours des différentes stations ont été bâtis par le même architecte et selon le même plan. Lise m’expliqua qu’elle habitait à Bruxelles, cette ville dont l’emblème est un Manneken Pis. Nous échouâmes au poste de police. À un policier flamand qui voulait nous secourir et nous demandait où nous habitions, je ne sus répondre que « Chez Tante Thérèse ». Cette année-là, elle m’avait invité pour les vacances de Pâques.
Un jour, je m’amusai tout seul sur un brise-lame. Ma tante m’aperçut juste avant qu’une vague plus forte que les autres ne balaie l’éperon rocheux. Elle poussa un cri et vola à mon secours. Elle eut tellement peur qu’elle me gratifia d’une gifle dont elle se souvint encore des années plus tard. Je devais être occupé dans un autre monde parce que je ne m’en souviens pas.
Je n’avais pas de frère, alors pendant ces vacances, un de mes cousins plus âgés en faisait office. Il n’était pas Dieu mais au moins Neptune. J’aimais le suivre dans ses aventures, il posait des lignes de fond le soir à marée basse et les relevait le lendemain ; il vivait au rythme des marées. Rien ne l’arrêtait, il prenait ses poissons à pleines mains dans un grand éclat de rire devant les mines dégoûtées de mes cousines. S’il avait été magicien, il ne m’aurait pas davantage impressionné. Je me souviens l’avoir plusieurs fois accompagné pêcher au carrelet dans un port un peu plus au nord. Nous prenions le tramway qui longeait la côte pour rejoindre les pontons. Ce jour-là, mon cousin avait pêché des anguilles. Pendant qu’il relevait ses filets, j’arpentais la plage en poussant mon épuisette et mon seau empli de crevettes. Nous sommes rentrés en tramway avec notre attirail et le produit de notre pêche. Malheureusement pour moi, mon seau s’est renversé dans le tramway et mes crevettes firent leur dernier trajet entre les pieds des voyageurs. J’étais bien triste de ramener chez moi mon seau vide. Mon cousin crut bien faire en donnant à ma mère des anguilles. Elle ne savait que faire de ces monstres vivants mais mon cousin ne s’arrêtait pas à ces détails. Il attrapa un serpent et lui claqua plusieurs fois la tête sur l’évier. Le sang gicla dans toute la pièce, Pollock n’aurait pas renié un tel dripping réalisé sur les murs mais il n’était du goût de ma mère. Je me souviens de son cri et du rire gargantuesque de mon cousin. « Ne t’inquiète pas, je vais tout nettoyer », lança-t-il en attrapant une éponge. Une giclée de sang ne l’impressionnait pas. La scène reste inscrite en ma mémoire comme si elle datait d’hier.
Mais tout cela est révolu. Mes cousins ont déménagé. J’ai longtemps accompagné ma mère sur la mer du Nord, ma sœur préférait emmener ses enfants s’ennuyer sur les plages exiguës et suffocantes de la Méditerranée. Je retrouvais Lise qui assistait sa mère. Nous restâmes voisins pendant des dizaines d’années, fidèles aux vents du Nord. Nous laissions parfois nos mères seules pendant que nous marchions les pieds dans l’eau. Nous prolongions nos discussions d’enfants à la terrasse d’une brasserie où nous mangions des fruits de mer. Je pêche toujours des crevettes, j’en apporte à Lise. J’adore quand elle prépare ces beignets aux crevettes. Nous les dégustions parfois avec nos mères. Je ne connais rien de meilleur que de manger ces fritures après une longue balade les pieds dans l’eau froide de la mer du Nord. Nos mères nous ont quittés, nous sommes orphelins. Lise loue toujours l’appartement du dessus. Parfois, nous allons, le soir, manger une gaufre sur la digue.
L’année dernière, Lise me proposa de nous retrouver sur une plage en Espagne. Je ne comprends pas bien ce que nous irions chercher là-bas quand nous avons tout ce qu’il nous faut ici, nos souvenirs, nos habitudes… Trouverions-nous seulement des gaufres liégeoises sur la Costa Brava ? Ici les gens nous connaissent. J’arpente la plage en tous sens avec mon seau et lorsque je rencontre un enfant égaré qui pleure en tirant son épuisette, je le reconduis chez lui. Je garde toujours mon paquet de ChocBn dans la poche pour le consoler. Cela doit rassurer les parents de savoir que je veille sur leurs bouts de choux. Quand il pleut, la plage est désertée, alors je mets mon chapeau et je vais pêcher au carrelet. Je me demande si Lise reviendra l’été prochain. J’adore ses beignets aux crevettes…
Tous droits réservés
* L'image : Encore plus ancien que l'époque évoquée dans ce texte de Durandal, mais le lien sous la photo mérite vos visites, foi de Tippi ! Belle occasion de partir en vacances ! Merci Durandal, ce texte tombe à pic ! Bel été à tous et soyez heureux ! Profitez bien ! Bien sûr, le vent soufflera bien quelques échos par-ci, par-là !
J’obtempère en pressant le bouton adéquat de l’ascenseur.
- Je suis votre nouvelle voisine de palier, se présente-t-elle.
La conversation aurait pu en rester là, mais, entre voisins , il
faut bien faire connaissance. Coup d’œil rapide sur la capacité
de l’engin pour me rassurer. Sous un tablier à fleurs d’une
autre époque, la nouvelle venue a, en effet, une certaine envergure.
C'est bon, il nous reste de la marge. À moi d’accueillir.
-
Alors, ce déménagement ! Ça s’est bien passé ?
- En gros, oui. (J’imaginais difficilement en maigre) Mais pour le
lit, dit-elle …
La phrase en suspension m’invite à poursuivre. C'est facile, il
suffit de répéter le dernier mot de façon plus ou moins
interrogative.
- Le lit ?
- On n’a pas pu lui faire prendre l’ascenseur !
Celui-ci ouvre ses portes sur le hall du rez-de-chaussée.
J’esquisse un pas vers la sortie. Aucune esquive possible !
Elle s’accroche à ma manche, me retient presque de force.
- Il est trop grand. C'est à cause de mon mari. Vous comprenez, (pas
encore) il mesure plus de deux mètres. Alors vous pensez !
dit-elle, pendant que l’ascenseur nous entraîne de nouveau vers
les étages supérieurs.
Voilà, c’est ma nouvelle voisine : très encombrante, un rien
collante, bavarde juste ce qu’il faut, vêtue façon mamie années
60, et maintenant muette … Ou presque.
- Ben alors ! Il est rapide celui-là ! conclut-elle, pendant
notre périple ascensionnel.
Jeudi 14 juin 2012
- Attendez-moi !
C’est
ma voisine. Je ne vous la présente plus, sauf à dire qu'elle a
remplacé la feuille de salade qui nous a quittés, sans laisser
d'adresse, pour fuir ses créanciers. Depuis qu'elle a emménagé,
c’est un état permanent chez elle que d’être ma voisine, sa
raison d’être. Je ne peux que m’exécuter. Me voilà coincé
contre la cloison du palier avec pour seule compagnie cette espèce
de mappemonde avec un collier tahitien imprimé autour de la taille,
de l'hibiscus qui descend du nombril jusqu'aux genoux. Quelques jours
qu’on se connaît. Tout juste si elle ne me tape pas sur le ventre.
J’ai beau me taire, fermer les yeux, détourner la tête, bailler
ostensiblement, rien. Elle démarre au quart de tour.
- Faut que j’aille faire des courses. J’ai plus rien dans le
frigo.
À croire que son amant, c’est le frigo ! À croire aussi
qu’elle me surveille par l’œilleton de sa porte, et dès que je
referme la mienne :
- Attendez-moi !
Elle me hante, me persécute, me met, en quelque sorte, au défi de
sortir sans elle. Si, par inadvertance, elle ne se précipite pas sur
le palier, dès que j’y apparais, elle me manque aussi. Elle est
une sorte de drogue dont je deviens dépendant. Je patiente un peu.
Je laisse passer un ascenseur. Je me tasse tout au fond de la cage
vide. Je mets une option sur l’énorme place vacante.
En
quelques jours, elle a rempli ma vie. Si elle rapplique, je déborde.
Si elle m’oublie, je m’inquiète. Pour elle qui manque à
l’appel, pour Double Mètre, son mari, que je n’ai encore jamais
croisé, pour son cabas trop lourd, pour une extinction de voix
probable, pour, pour, pour.
Mais elle est bien là. Avec les poussinettes, je n'ai plus le temps
de rien. Alors c’est tout pour aujourd’hui.
Vendredi 15 juin 2012
- Attendez-moi ! Encore ? C’est la voisine.
Heureusement que je n’en ai pas toute une kyrielle comme celle-là !
Pourtant, dans son genre, c’est une beauté : imposante en
diable, une voix à réveiller tout l’immeuble, aujourd'hui
impeccablement vêtue d’un ample tablier imprimé, vous l’aviez
remarqué dès le premier jour où elle s’est installée sur votre
palier. Le mien en l'occurrence ! Pas le genre à provoquer
votre flamme cette beauté tonitruante ! Non… Plutôt envie de
partir en voyage pour l’oublier. Impossible.
C’est quelqu’un tout de même. Aujourd’hui elle est
particulièrement inspirée. Elle a troqué la fleur pour l’oiseau.
Toute une ribambelle entourant la mappemonde. Une utopie de colombes
blanches prêtes à l’envol, déborde de son ventre proéminent.
Ouf ! Voici l’ascenseur. Il démarre avant qu'elle n’ait eu
le temps de fermer sa porte.
Samedi 16 juin 2012
Les mots, comment les apprivoiser, ils sont tant et tant, toute une
kyrielle. Ils tournent, tournent, s’envolent, refusent de se fixer,
partent à la ribambelle, flopée flottant informe, insaisissables.
Vous draguez les voyelles, elles vous prennent pour un voyou. Vous
sonnez les consonnes, elles vous snobent. Alors vous tentez la
virgule et c’est le point qui vous laisse en suspension ! Vous
lancez l’invective, vous jetez l’anathème. Rien, rien n’y
fait. De la cédille à l’accent circonflexe, tout contribue à
vous rendre perplexe. Ils ruent les mots, ils ruent entre les
parenthèses et se sauvent illico. Puis moqueurs, ils vous narguent à
la périphérie du cerveau. Et pourtant, ils sont là, imprimés bien
serrés, sur le tablier de la voisine qui sort de chez elle en
hurlant : « - Attendez-moi » surgissant juste au
moment où vous avez le doigt sur le bouton d’appel de l’ascenseur.
Dans l’étroite cage elle se presse contre vous et vous enfonce
dans l’estomac le mot «maladroit. » Alors vous comprenez.
Pourquoi vouloir tout saisir à la fois ! Vous vous laissez guider
par le hasard. En voici un qui pointe sur l’immense
poitrine : patience. Il n'est pas vraiment écrit, mais il
s'empare de votre intimité et vous l'appliquez en souriant bêtement
à ce visage poupin, ravi de faire la route avec vous. Vous recyclez
quelques mots de la veille qui se bousculent à nouveau dans ce
réduit où vous étouffez.
Et vous attendez.
Dimanche 17 juin 2012
Nuance
: un peu mais pas trop sinon je m’y perds.
Flamme
: un peu mais pas trop sinon je m’y brûle.
Utopie
: un peu mais pas trop sinon j’espère.
Kyrielle
: un peu mais pas trop sinon j’erre.
Quelqu’un
: un peu mais pas trop sinon je lui présente… qui vous
savez.
Beauté
: un peu mais pas trop sinon je m’enflamme.
Encore
: un peu mais pas trop sinon je suis malade.
Vous pouvez continuer à suivre les épisodes du journal poétique de Marcel Faure sur le site iPagination. La Danse reprendra ici sur l'Écho en septembre.
Bel été à tous Amis de la Danse des jours et des mots et de l'Écho !
BOUQUET DE VOIX Par ordre de parution : Naïade, Mathieu La Manna, Evelyne De Gracia, Java, Louyse Larie, Aubrée, Zibelyne, Elsa, Anna Logon. Introduction :
Une bise printanière souffle
aujourd'hui sur la danse et retrousse les jupons de ses jours en un
léger désordre temporel. J'ai cueilli les fleurs de mon jardin
ainsi que celles de mon écho pour faire froufrouter les plus
belles nuances et intonations en un bouquet de voix pour notre ami et
poète de chaque jour Marcel Faure et pour sa très chère Lloydia,
voyageurs fidèles de Poèmie via « la danse des jours et des
mots ».
Un, deux, trois, Naïade, Mathieu LaManna et Evelyne De
Gracia ouvrent le bal de leurs jolies voix, quatre, cinq six, Java
accompagne Louyse Larie et Aubrée en trois doux menuets de notes
exquises, et enfin, sept huit neuf, Zibelyne, Elsa et Anna Logon
avec élégance font la révérence qui ponctue ce bouquet tout neuf !
Grand Merci à toutes et à tous ! Et dansez maintenant !
Mercredi
2 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR NAÏADE)
Écrire, une belle façon de capturer des rêves.
Dehors
la lumière réinvente la terre ...
À
chaque instant.
Et je
ne suis qu'une infime diffraction du temps.
Dans un
silence lézard
Je
m'enroule.
Passe
une belle trouvaille
Je
la plaque sous le stylo.
Tributaire
de l'incertain,
Des
trajectoires infidèles,
De
la sonorité des plumes,
J'interroge
mes entrailles
À
la recherche d'un écho.
Alors,
Alors
seulement,
De
ma langue tactile,
Je
happe la vie crescendo.
Jeudi
3 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR MATHIEU LAMANNA )
Je suis un artisan. La matière que je travaille, ce sont les mots.
Sont-ils déjà ébréchés lorsque je les dispose en vrac sur la
table ? Non, ils ont déjà tellement servi qu'ils rutilent de la
patine du temps. Mais ils ont su rester rebelles et refusent souvent
de se soumettre. Alors j'invoque les poètes
Sous
mes yeux la pigmentation prend forme, la coloration s'affirme, la
construction s'élabore. Je monte le four en température. De grands
à plats s'animent. Je me laisse traverser par des tonalités
nouvelles, des fugues, des impromptus, jusqu'aux graduations
écarlates.
J'aime
ces mélanges chatoyants, nés de rien, qui n'ont pas d'autres buts
que celui d'un bruissement léger à mes oreilles, qui sont comme la
fleur dans son vase, inutile, irréelle mais essentielle à la beauté
du jour.
Vendredi
4 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR EVELYNE DE GRACIA)
Atmosphère particulière de mon bureau. Le soir tombe, la lumière
s'écarte peu à peu pour faire place à une pénombre diffuse.
Bientôt le bouillonnement des constellations envahira le ciel.
Les
bruits diffus de la maison, le sourd bruit de fond de la rue, loin,
très loin dans les cercles extérieurs du temps ... Je suis dans le
ventre d'un livre s'ouvrant, se refermant. Ma main sur la tranche,
mes yeux dans le moelleux des mots. J'ai peur de me lever, d'allumer
l'électricité et de briser ainsi le charme.
Je
ne lis plus. Il fait trop sombre. D'un doigt, je caresse le granulé
de la page, entre désir et plaisir.
Samedi
5 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR JAVA)
Rose c'est son prénom, celui d'une fleur, une splendeur destinée à
mourir. Toute sa vie Rose s'est jardinée, fardée, maquillée,
confiant souvent ses cheveux au coiffeur, maintenant au perruquier.
Rose est malade, malade d'avoir trop vécu, d'avoir trop aimé,
d'avoir trop fumé.
Rose
branchée sur la vie, à se battre avec son syndicat, à se battre
pour ses enfants, à se battre avec les fins de mois, Rose branchée
sur les perfusions à se battre pour quelques instants de plus avec
les siens.
Rose
toujours à cœur perdu, à cœur ouvert, à cœur joie, toujours à
danser, faire la fête, à partager, partager seulement les instants
de bonheur donnant plus qu'elle ne possède et tant pis pour son
banquier.
Rose
secrète, épuisée par tout ce tourbillon, toute cette fumée, tous
ces gens portés à bout de bras – Mais que veux-tu, je ne peux pas
faire autrement – Rose veillant sa mère la nuit et ses enfants le
jour. Rose à bout de souffle, pompée jusqu'au moindre atome
d'oxygène – Un peu d'aide Rose ? – Mais non tout va bien.
Rose
si fière, trop fière, jamais ne lâchant prise, toujours sur la
barricade et riant plus fort que tous, Rose dont le vent emporte les
derniers pétales qui retombent en pluie joyeuse, pour une dernière
fête, sur ceux qui l’aiment.
Dimanche
6 janvier 2013(MISE EN VOIX PAR LOUYSE LARIE)
À la surface un peu floue de la conscience, des lambeaux de phrases,
des imprécisions positives. Elles émanent aux frontières de la
méditation, lucioles envoûtantes, filaments enchevêtrés de
lumières, petits legos multicolores qu'il faudra encastrer pour
faire sens.
Dans
la nuit silencieuse, rien n'est encore acquis. La nuit n'est qu'une
image, il pourrait tout aussi bien faire midi et plein soleil, dans
l'ombre titanesque de Verlaine ou Rimbaud, mon gargouillis
insignifiant n'en serait pas moins jubilatoire.
Ce
n'est que le regard de l'autre qui me rend moins populaire, moins
intéressant, moins génial que mon voisin de palier. Ma soif
impétueuse n'assèchera jamais la rivière. Pourtant, lorsque je
lève mon verre, que je trempe mes lèvres à cette encre, un paysage
s'amalgame et se forme. Du magma s'élève mon chant.
Lundi
7 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR AUBRÉE)
Sur un fond vert sombre, quelques repères blancs, discrets, presque
flous et que bercent une brise de printemps. Une branche expose sa
dentelle au vent. En observant mieux, le fond de la photo n'est
qu'un amas de fleurs dont le blanc se noie dans le vert, se perd dans
le flou comme s'il hésitait à affronter la lumière, comme si le
soleil ne frappait que l'extrémité de la beauté qu'il s'apprête à
dévoiler.
C'est
la première photographie qu'a choisi de nous montrer Shinzo Maeda,
photographe japonais, dans son livre "Arbres et brindilles."
Un
botaniste dirait de cette photo qu'elle n'est pas bonne. On n'y
distingue aucun détail qui permettrait une identification de l'arbre
(de l'arbuste ?). Mais le propos de l'artiste n'est pas de nommer
mais de partager un instant de grâce, de mettre en évidence une
fragilité tout en suggérant la profusion flamboyante de l'arrière
plan.
La
branche prend alors la dimension d'un Haïku, la sobriété d'un
Ikebana et en assume la construction. Elle se divise en trois rameaux
de différentes tailles dont seule la partie supérieure du plus
grand, capte des étincelles de blancheur. Si le rameau central a du
mal à s'extraire du magma de l'arrière plan, le rameau extérieur,
presque plaqué au cadre tente timidement de proposer une ébauche ,
un essai de ce que sera l'inflorescence quand elle aura capturé la
lumière. Les pétales largement ouverts, encore laiteux, regardent
leurs aînés souriants, pleinement épanouis, à l'objectif alors
qu'un savant jeu d'ombres donne à ces derniers une profondeur qui
intime à la méditation.
Assis
dans mon fauteuil, je perds peu à peu le contrôle de mes pensées.
Des effluves agréables chatouillent mes narines. Je m'absente
au-delà du réel dans un univers flexible où le poids de mon corps
se fait plume. Le tableau est en moi et je pense bourgeon, étamines,
pistil. Bientôt je serai fruit ou seulement radeau dérivant sur
l'air. Immobile, j'aspire au vide absolu renonçant à tout ce que
j'étais. Et mes yeux flamboyants chantent un hymne au printemps.
Mardi
8 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR ZIBELYNE)
Oh combien je suis stupide ! En rendant compte d'un monde imparfait,
je cherche à éliminer toutes les imperfections d'un monde futur.
Mais le principal obstacle, justement, n'est pas tant de supprimer
tout ce qui ne va pas. Quel serait donc ce monde parfait où chacun
trouverait sa place. En dehors des évidentes banalités : bonheur,
félicité, sécurité matérielle et alimentaire comment
s'organiserait vraiment la vie !
Faudrait-il
réserver à chacun une île déserte, sans même la possibilité de
construire un radeau, pour éviter tout pugilat ? Supprimer le
téléphone, Internet et la bouteille à la mer pour éradiquer
toutes les insultes ? Même la notion de droit devrait être revue,
chacun voulant user de son bon droit pour posséder, exiger,
interdire parce que le droit pour tous, ne va jamais sans sa cohorte
d'interdiction pour chacun.
Alors
j'érige la solitude comme principe absolu. La solitude adoptant la
solution de l'escargot qui se retire dans sa coquille à l'approche
d'un conflit. Plus de combattants, plus de conflits. Une solitude
active et bienveillante ne restant dans cette coquille que le temps
nécessaire à l'apaisement. Utopie, utopie ...
Dans
la violence des mots du poète il y a ce désespoir à se savoir si
près de pousser la porte de cette utopie sans jamais y parvenir.
Dans la violence des mots du poète, il y a cette lucidité à
reconnaître en chacun ses propres imperfections. Dans la violence
des mots du poète, il y a aussi ce point ultime de fusion entre deux
corps, entre deux univers au sommet de l'amour.
Il
faudrait savoir bondir entre les interstices du temps et dans un même
mouvement tordre le cou à toutes nos pirouettes.
Mercredi
9 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR ELSA)
Idéogrammes indéchiffrables.
Le
ciel comme une énigme
Où
dorment les réponses
Des
chimères rapaces
Déchiquettent
mes rêves
Ô
condor mon frère
Protège
bien ton nid
Là
où s'endort l'enfant
Niche
les nouveaux mondes
Là
dorment les réponses
Jeudi
10 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR ANNA LOGON)
Ce n'est pas un songe. Le soleil emmagasiné tout l'été est
toujours là. Parfois le jour s'encanaille avec le gris, gronde comme
un orage revanchard; qu'importe puisque les plaisirs diffus de la
contemplation déploient leurs trésors. Mes yeux se fixent sur un
point imaginaire. J'ai la faiblesse de croire que je m'envole.
Oh
je n'ai pas de serres, pas de bec tranchant, même pas de plumes,
seulement des yeux perçants. Pourtant je ne sais plus vraiment qui
je suis.
Plus
de parole. Exilé volontaire parmi les poussières cosmiques,
minuscule fragment qui poudroie, invisible dans les décoctions
méticuleusement dosées de la vie, j'expérimente l'incroyable
fusion entre l'exploration intérieure et la matière qui me
contient.
Et
je sais.
Nous
ne sommes que la préhistoire de ceux qui viendront.
NB: c'est avec grand plaisir que je relaie chaque épisode de "La danse des jours et des mots". Les parutions sur le site iPagination (année 2013 - dont voici les neuf premiers épisodes ci-dessus) sont en avance sur celles de l'Écho (année 2012); voilà pourquoi j'ai parlé de "léger désordre temporel" dans mon introduction. Les liens de la danse des jours et des mots sur l'Écho :