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lundi 31 mars 2014

MARCEL FAURE - 0021 à 0025 de La danse des jours et des mots



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Jeudi 14 octobre 2011

C'est une infiltration. Cela coule de partout. Comment est-ce arrivé ? Depuis combien de temps ? Froid dans le dos quand j'y pense. Et quand je n'y pense pas, cette fuite d'encre, cette logorrhée qui s'épanche et que je ne contrôle pas, chaud dans le cœur.
Contradictoire.
Pas si abondante pourtant cette fuite. Des coulées rapides et furieuses, par intermittence, comme un refrain qui s'entête, un geyser métronome une pulsation vitale. Ce besoin de dire, ici, dans l'urgence la beauté rousse de la colline, les arbres qui s'endorment, la sève qui s'apaise et les feuilles désorientées. L'automne glisse doucement vers l'hiver. Cette fausse absence de vie, ce repli stratégique sur soi-même, pour mieux éclater, pour mieux exalter.
Nulle impatience, cela s'infiltre tranquillement, cela coule inexorablement. C'est arrivé il y a ... si longtemps. Des cycles et des cycles. Une ronde où, parfois j'ai peur, parfois je ris.



Vendredi 15 octobre 2011 

Je me suis glissé dans cette peau d'écrivain qui ne publiera jamais avec une satisfaction jubilatoire.

— Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui ?
— Rien, je rêve ...
Un délice. Un chewing-gum qui ne perd jamais son goût. Léger comme la barbe à papa. Une gourmandise entre sucre d'orge et chorizo ... Rien. L'été, c'est maintenant, tout de suite.

— À quoi ?
Ben j'sais pas trop. Je suis en latence. Dans une file d'attende devant un musée, à la boulangerie, ailleurs, ce ne sont pas les files qui manquent. Un livre, mon stylo, de quoi écrire. Je n'avance pas, on me pousse.

— À quoi pensez-vous dans la salle d'attente d'un médecin,
— Et bien ... ...

Bon, celle-là, elle ne me posera plus de questions. Dépitée de mon manque de coopération, elle s'écarte avec une moue méprisante. Je ne fais toujours rien, mais au moins, maintenant, je le fais en silence.



Samedi 16 octobre 2011 

Soudain ... Fusion.

Je suis comme un piano effleuré par les doigts de la lune. Tout cet amalgame informe, qui mijotait à petit feu se lie. L'évidence. Les ravissantes syllabes que sa bouche prononce, je les comprends.

Je suis la rondeur douce et ferme de ses lèvres, la langue agile et humide, la gorge qui vibre, la bouffée d'air qui enveloppe les sons. Je suis cette odeur qui l'accompagne et ses doigts à elle qui palpent la lumière.

Je suis l'ombre à ses pieds et le soleil qui l'éblouit. Tellement intense. Trop intense. J'explose.

C'est tout ce qu'il m'est possible de lui donner. Des mots qui la portent jusqu'à demain.

Alors, le peu qui me reste, je le couche ici, pour un autre jour.



Dimanche 17 octobre 2011

Les dimanches ... autrefois ... repas de famille. Quel ennui ! Les petits plats dans les grands ... Les repas qui s'éternisent. Les enfants sous la table, les adultes aussi parfois. On sonnait à la porte; vite, trois quatre assiettes de plus. – Vous resterez bien à manger – On restait.

Les dimanches ... jamais plus sans invitation. Et lorsque vous êtes invités, toute la cuisine est en chambard. Les petits plats ... dans des plus petits encore. Des préparations sublimes, des mets de choix ... qu'il faut chercher dans l'assiette, si on la trouve celle-là au milieu de toute cette luxuriante décoration. Faire comme si l'on était riche, gourmet, spécialiste des grands crus classés et donner son avis sur la qualité des produits. À la fin du repas ... j'ai faim.

Téléphone oblige, les dimanches, plus personne ne toque à la porte à l'improviste. J'en arrive parfois à regretter cette convivialité bon enfant de mes jeunes années. Le vaisselier est en vacance.

Dring dring.

Sûr, la voisine manque de sel. Deux coups, c'est son code. Raté, devant moi une espèce de clochard, vêtu comme ... à la fin du 19ème siècle, avec un visage émacié, presque cadavérique.

— Paul Verlaine, puis-je entrer ?

Choc, incrédulité, respect, il faut en avoir du culot, quand on a faim pour venir ainsi forcer la porte des gens.

Il me repousse, s'empare d'une chaise dans la cuisine, se dirige vers ma chambre, retire une espèce redingote qu'il plie soigneusemen; il la pose au pied du lit et s'assied de l'autre côté de la table de chevet.

— C'est bien ici que vous recevez n'est-ce pas ?

D'un Pff méprisant il élimine la concurrence qui l'encombre.

— Vous avez quelque chose à boire ?

Je sors une bouteille de gnole presque pleine et un petit verre à liqueur.

— Ah ces modernes, ils ne connaissent même plus l'absinthe. Z'avez rien de plus grand ? dit-il en désignant le verre.

Je bafouille, je ne sais plus trop où j'en suis. Je fouraille dans le buffet et place devant lui un verre " plus convenable à sa soif " selon lui. Ras bord ... cul sec. Il se ressert sans rien demander et lampe maintenant à petites gorgées. Ce qu'il est venu faire chez moi, je ne sais trop. Subitement :

— Qu'avez-vous lu de moi.

— Mais tout dis-je en bafouillant.

— C'est-à-dire ?

— Le dormeur du Val.

Ses yeux, deux sabres qu'il dégaine. Deux trous au côté droit, trop doux pour moi. Il me dépèce, me lamelle, me hache, me déchiquette, me lacère ... j'éclate de rire, emplis son verre, la bombe est désamorcée.

— Alors, reprend-il la bouche un peu pâteuse.

— Cortège, Chanson d'automne, Art poétique, Il pleure dans mon cœur ...

À cette évocation de Rimbaud, qu'il avait écrite en pensant à " Il pleut doucement sur la ville." Il sourit. Je vois que ma bourde de tout à l'heure est oubliée. Parce que c'était bien une bourde, ma mémoire me joue souvent des tours qu'ensuite je ne sais comment réparer.

D'un geste il m'interrompt.

— Un peu bateau maintenant cette chanson d'automne, mais c'est de "Art poétique " dont je voulais vous entretenir. Votre poésie manque de souffle, de rythme, de rimes, de précision, d'ambition, de nuances, ...

— Tant de reproches, à faire pleurer les yeux d'Arthur, ne dites-vous pas exactement le contraire pour ce qui est de la rime : " — Ô qui dira les torts de la Rime ! — Quel enfant sourd ou quel nègre fou — Nous a forgé ce bijou d'un sou — Qui sonne creux et faux sous la lime ?

— Oui, mais, "De la musique avant toute chose, "

— " Et tout le reste est littérature," je sais, je préfère aller " fleurant la menthe et le thym." Je n'ai aucune prétention littéraire sauf celle de jouer un peu avec des mots qui roulent ou qui ne roulent pas, qui me roulent dans la farine, avec des mots "solubles dans l'air". Je n'ai pas cette prétention à publier. Il est maintenant un peu tard pour moi. Je me dissous un peu trop facilement ou je reste coincé entre deux vers, les vôtres, mais aussi ...

Il ronfle, l'effet poire. Allez ouste, du balai, me dis-je, en rangeant son livre sur l'étagère. Et cette bouteille presque vide ... !




Lundi 17 octobre 2011 

Calme plat. Gueule de bois. La poire ! La cognée d'un bûcheron sur mes tempes. Ah ! Verlaine, Verlaine ... Précieux aimant.




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dimanche 30 mars 2014

ANNA LOGON - À LA RECHERCHE DE LA PORTE PERDUE - PIANO VOIX






Interprétation au piano et texte écrit par Anna Logon. 

 Mise en voix par Emecka 




Frédéric Chopin - Prélude Opus 28 No.4 – « Suffocation »
(Par Anna)






 À la recherche de la porte perdue



Un vent frileux traînait ses plaintes lugubres sous un ciel cendreux suffoquant ses ouates pleurnichardes. La futaie déjà se contractait. Le chemin s’étranglait là, bâillonné de ronces ténébreuses s’enflant sur les souches. Combien avaient fait bien avant demi-tour ?... Combien auraient renoncé ?... Pourtant l’intuition me força à poursuivre inexorablement, quitte à engloutir le reste de mon âme et mon peu de raison. Mon regard s’échouait misérablement sur les troncs se dressant face à moi tels mille titans dévorés d’un lierre millénaire. Les branches les plus basses dépliaient leurs doigts menaçants, repoussant toute ombre aventureuse. Les ramures empoignaient ma chemise, les épineuses broussailles cramponnaient mes pas. Mes mains tendues dans les noirceurs se déchiraient aveugles sur des spectres tourmentés. M’enfonçant plus profond dans ces sombres entrailles, le silence me taisait sa propre terreur, l’air s’enfuyait oppressé. Ignorant le pain et l’eau, je marchais depuis des jours peut-être... des mois assurément... Mon esprit s’embrumait dépouillé de tout repère. M’égarant dans ces limbes funestes, je tombais lourdement sur mes genoux découragés. J’allais ainsi pourrir dans l’opacité de la nuit. L’humidité des bois aurait fini par me figer les sangs s’il n’avait diffusé ce singulier parfum terreux de troncs charnus et de fistulines. Alors, mes poumons en lambeaux se gorgèrent de ces dernières bouffées, derniers sursauts frissonnants tel l’humus porteur d’immortalité redonnant courage.



Les yeux clos guidés par la seule voix d’un désir fébrile, je repris ma quête. Errance chancelante, pavée de meurtrissures autant que de chimères. Existait-il vraiment ce jardin tant rêvé ? Où la tiédeur de l’air joue entre les bras chatoyants d’une onde nourricière... Où la sérénité se moque de tous les temps... Où le plus infime grain ignore même l’ivraie... L’infini du chemin amenuisait mes espérances... Soudain, il m’apparut, ce jardin enchanteur. Pourtant à l’abandon, il s’annonçait féerique. La grille de l’entrée était délicatement ciselée. Je la croyais perdue, je n’osais plus respirer. Dieu qu’elle m’était belle dans ses dentelles de rouille. Doucement, je caressais à peine du bout des doigts les volutes subtiles, frôlais la sculpture d’impériales fleurs de lys enluminées de roses de Damas. Alors prudemment, j’osais glisser cette clé gardée si précieusement au fond de ma passion. Le fermoir se refusait... Je m’interdis alors d’insister. Criantes de fragilité, ses froides crapaudines supportaient à peine les années de tourments et de solitude, suppliant seulement le repos et la paix. Je m’assis devant le petit mur couvert de mousse, enserrais mes jambes repliées dans mes bras, la clé dissimulée au creux d’une main. Après s’être longuement abreuvé de cette sérénité inaccessible, mes paupières se cicatrisèrent pour l’éternité.



Ami voyageur... Si le hasard guide tes pas vers ce magnifique jardin... Peut-être verras-tu sur le devant un vieil arbre mort aux branches rabougries, affectueusement penché sur la grille ouvragée, protégeant ce morceau de paradis de ses orages aux vents futurs.




Anna – 28 Février 2014 ©




ANNA LOGON - LES DOIGTS PLUS COURTS QUE LA TËTE - PIANO VOIX





L.V. Beethoven - Sonate N°14 - Op27 - Moonlight - Mouv1 - C sharp minor

(Extrait par Anna)




Les doigts plus courts que la tête


Il est arrivé dans ma vie
Un après-midi de novembre.
Sans smoking, ni queue-de-pie,
Il n’allait pas au concert.
Il était venu vers moi
En sobre tenue noire,
Simple et élégante.
Comme il était beau !
Je l’ai longuement épié,
Admiré encore, et encore,
D’une retenue effarouchée,
À l’ombre d’une timide inquiétude.
Rêveuse, le sourire déjà aux lèvres,
Je le contemplais en sourdine,
Mille morceaux en tête.
Alors j’ai regardé mes mains,
Aux doigts si courts,
Si si je m’en souviens...
Sauront-ils encore caresser,
Accompagner la descente
Des marches de ce noir escalier ?
Et mes yeux... que liront-ils en lui ?
Surgirait-il quelques altérations ?
Avais-je conservé toutes les clés ?
Tant de secrètes questions...
Je ne le connaissais pas, pourtant,
Il ne m’était pas totalement inconnu.
Mais lui... aimerait-t-il cette rencontre ?
Oh, je sais bien ce qu’il attend,
Il est comme tous les autres...
Mon cœur aussi soupire passionnément,
Mais cela pouvait-il être suffisant ?
Quarante cinq ans après...
De cette lointaine initiation,
J’en avais gardé tous les papiers certes...
Mais qu’en restait-il vraiment ?
Certains semblaient toujours... bien trop noirs,
Triples croches, bécarre, et clé de fa...
Trop peu de doigts et pas assez d’yeux !
Inaccessibles !
Pourtant, c’était bien là ma précédente aventure
Avec un bel ami, son congénère, son frère...
Et si ces retrouvailles étaient une bêtise ?
Recommencer une telle histoire d’amour
À la veille du troisième âge,
Est-ce bien raisonnable ?
Trop tard pour y penser,
J’avais fait le premier pas vers lui,
Nécessairement, le deuxième devait suivre.
J’ai ouvert « La Méthode Rose »
Raccommodée, scotchée, si pâle.
Comme si je reglissais mes mains
Dans les gants que je portais petite fille,
Me suis approchée du noir désir.
Page 6 : « Les cinq doigts »
Page 8 : « Études rythmiques »
Dix fois, vingt fois,
« Répétez » dit le maître...
Ses portées étaient à la mienne.
À la nuit, je m’arrêtais au « Chant du Soir » page 33.
Radieuse, j’avais dix ans
À nouveau...
Enfin je te retrouve, Ludwig,
Au clair de notre lune préférée...
Ah la mémoire auditive,
La mienne meilleure que la tienne ?
Prétentieuse, je n’en suis pas si sûre...
Mémoire procédurale de mes doigts,
Enchaînements ravivés. Magie !
Ma tête affabule encore,
Bach, Debussy et Ibert...
C’est beau la machine humaine.


Mais j’ai toujours les doigts trop courts... 



Anna Logon – 15 Janvier 2014 ©



jeudi 27 mars 2014

Elsa/Catherine Dutigny - Carnets secrets suite 1











Suite 1



Autant dire qu’il l’avait bien cherché. Lorsque l’on est choisi dès sa prime enfance pour devenir l’étalon reproducteur d’une basse-cour, il vaut mieux mettre du cœur à l’ouvrage et se livrer aux débordements sexuels que l’on attend de vous : forniquer de l’aube au coucher du soleil, sans jamais rechigner à la tâche. Mais voilà, ce coq-là ne l’entendait pas de cette ouïe. Une seule poule bénéficiait de ses faveurs, et il n’affichait que dédain pour le restant de la volaille. Cela avait eu pour conséquences fâcheuses de hâter la mort de la poule élue, définitivement épuisée par les débordements de son amoureux emplumé et de ruiner l’espoir du père Baillou de devenir le premier producteur de poules noires du Berry. Un comportement aussi sélectif, chez un animal réputé pour avoir autant de jugement dans ses attirances sexuelles qu’un jeune bonobo en quête de paix sociale, avait semé le doute dans l’esprit du paysan. Bien plus que le manque à gagner d’un élevage qui tardait à prendre de l’ampleur, c’est la certitude de ne pas avoir introduit un coq, mais un follet dans la basse-cour, qui l’avait décidé, ce fameux soir de novembre, à sortir son grand couteau. Les follets sont connus pour prendre souvent l’apparence d’un coq à la crête rouge écarlate et, comme la plupart des farfadets et des trolls, de ne pouvoir prononcer trois fois de suite le même mot. Or celui-ci ne savait enchaîner de suite que deux cocoricos. Le père Baillou, ne pouvait donc que se rendre à l’évidence et en sacrifiant la bête, il ne songeait qu’à la prospérité de sa ferme, à l’épanouissement de ses gallinacés et à son propre repos. À son repos, tout autant qu’à sa gourmandise, car sa femme ne l’avait point gâté d’un jau au sang depuis belle lurette ; le coq serait donc coupé en morceaux, puis flambé, son sang mis à cuire à feu doux avec de la crème épaisse, un jaune d’œuf et mélangé au foie pilé, de manière à en faire une sauce tout aussi onctueuse que goûteuse. Un pâté de pommes de terre, rehaussé de pointes d’ail et de tranches de lard, transformerait bientôt le plat de base en un repas de fête. Il y a des coqs qui se feraient eunuques pour finir ainsi.



Le décollement de la tête se fit d’un seul geste, comme certains savent sabrer une bouteille de champagne au nouvel an. Belzébuth, c’était le nom du coq, un bien funeste présage, n’eut guère le temps de regretter sa courte vie sur terre. Il battit des ailes, sans grande conviction, avant de rendre l’âme.



Le père Baillou préleva dans la bassine sacrificielle quelques gouttes de sang d’un rouge aussi étincelant que celui de jeunes branches d’aulnes fraîchement coupées. Il les dispersa dans l’enclos en marmonnant quelques vieilles formules destinées à écarter le diable de ses précieuses poulettes et referma doucement la porte du poulailler, le cœur en paix, avec le sentiment d’avoir accompli de la bonne et belle besogne.



Pourtant, sans le savoir - l’eut-il su qu’il serait allé aussitôt à confesse – ces quelques gouttes de sang étaient assurément d’origine démoniaque et c’est à ce moment précis que les choses commencèrent à prendre un cours peu ordinaire et que la magie se mit en branle.



Alors que la pleine lune se jouait de l’obscurité en baignant le bourg d’une lumière froide et aveuglante, tandis que peu à peu les lourds volets de bois se refermaient sur l’intimité de villageois pressés de se lover sous des draps bassinés, un léger murmure envahit les ruelles, glissa sur les pavés luisants, fouina le long des murs, escalada la façade d’une demeure médiévale. Il fut rejoint dans sa course vagabonde par d’autres voix aux tonalités différentes, tant et si bien, qu’engrossé de tous ces sons, il enfla jusqu’à devenir un brouhaha infernal. Une odeur âcre de fumée se glissa dans les anfractuosités des pierres, s’insinua dans les interstices des tuiles et la nappe grise volatile vint former un coussin douillet sur les toits de la ville où les voix finirent enfin par se rassembler. Nul humain ne se rendit compte du phénomène, tout le monde devant dormir du sommeil du juste à cette heure, sauf mon ami cantonnier qui revenait de son pénible travail, l’échine courbée, la besace vide, éreinté, fourbu et légèrement pompette. Que le bougre se soit arrêté peu de temps auparavant en remontant la côte au petit bar « Aux Demoiselles », ne peut expliquer qu’il ait eu en arpentant les rues de la cité, des hallucinations. Je le crois sur parole et s’il avait l’habitude sur le chemin du retour, de s’accouder au comptoir et d’y savourer une ou parfois deux fillettes de vin gris, je l’ai vu tenir droit sur ses jambes et garder toute sa tête après l’absorption de quantités d’alcool beaucoup plus importantes. Ivre, il ne l’était pas. Enfin, pas totalement…Sans doute aurait-il dû se méfier de l’enseigne de l’estaminet, car chacun sait dans le Berry que les «Demoiselles » ont plus d’un tour dans leur sac, mais restent inoffensives, à condition de ne pas les provoquer.



Pourtant ce qu’il allait voir et entendre en cette nuit de pleine lune, ainsi que les semaines qui suivirent jusqu’à la Noël, resterait gravé dans sa mémoire jusqu’à son trépas. C’est donc à peu près sain de corps et d’esprit, juste un peu coloré par le rosé de la piquette, qu’il fut le témoin involontaire de ce qui suit…




©Catherine Dutigny/Elsa mars 2014 

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à suivre...




mardi 25 mars 2014

Marcel Faure - 0016 à 0020 de La danse des jours et des mots





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Samedi 8 octobre 2011

Je me rabote les neurones pour trouver quelques copeaux. Je suis vide, absolument vide. Ce soir je ferai un saut en arrière de près de quarante ans. Un cousin retrouvé s'en vient dîner. Enfants, nous étions souvent ensemble. Peu de souvenirs. Ses parents oui, lui non. Nous n'avons pourtant que deux mois de différence. J'aimais pourtant beaucoup aller lui rendre visite. Que faisions-nous ... qu'est ce qu'on se racontait ... nos premières histoires avec les filles ... nos jeux ...
Ah si, c'est avec lui que j'ai fumé ma première cigarette. Il me l'avait offert. Il était plus déluré que moi. Mes parents avaient encore cet esprit des paysans du début du siècle ... enfin je parle du précédent ... même s'ils habitaient et travaillaient en ville depuis déjà longtemps.
Et puis ceci. Ma mère avait accouché de justesse avant sa jeune nièce. Qui donc avait donné quelques conseils à l'autre. La nièce, sans aucun doute.
Et demain je ne pourrai pas vous dire la paupière d'une rose en train de me faire une œillade, avec sa femme, ils apportent le dessert.



Dimanche 9 octobre 2011 

Très bonne la tarte. Nous avons jeté quelques mots sur la table pour attiser le feu de la mémoire. Des anecdotes que Marc prenait plaisir à raconter. Je me redécouvrais, jouant au patronage, avec des chars, chacun son tour tirant l'autre. Une enfance tranquille et sans heurt. L'été je gardais les vaches chez mon oncle. Marc et moi dans les prés à s'ennuyer un peu. Courir après les poules dans la cour de la ferme et l'oncle nous jetant sa pantoufle pour ramener le calme. Mais le plus souvent j'étais seul. Mon cousin passait aussi du temps avec sa grand-mère, ma tante qui " prenait l'air" à l'autre bout du village.
J'étais loin de la poésie enfantine, ne m'émerveillais de rien et souffrais un peu de l'absence de ma mère restée en ville. Se réinventer une enfance où chaque objet devient un jeu, chaque rencontre une découverte et chaque jour vécu avec avidité.
Vers onze douze ans, la découverte de la lecture a tout débloqué. Aujourd'hui, j'invente chaque instant et chaque instant me réinvente. Il me suffit de donner un coup de pied dans la fourmilière des mots endormis. Mon horizon chavire et se dore au soleil.



Lundi 10 octobre 2011

Je n'invite pas que la famille à partager un repas. Les amis bien sûr. Je reçois aussi très souvent de grandes personnalités de la poésie. C'est à ma table de chevet que je grignote avec eux un poème. Ensemble nous sirotons quelques mots. Chapiteau dit l'un d'eux. S'allume les projecteurs d'un cirque où chacun fait danser son théâtre d'ombres. Tout en haut d'une colonne, les plus habiles sculptent une treille où je m'enivre. D'autres, atteints de vertiges invoquent les dieux.
La tête à peine hors de l'eau, je vague à l'âme dans cette mer de cocagne qui m'absorbe. Je m'abandonne aux astres descendus qui scintillent dans mon ciel de lit. Je ne sais pas pourquoi, certains se plaisent en ma compagnie et ne s'irritent pas, si demain, glissé sous mes paupières, ils trouvent un auteur qui n'est pas de leur cercle.
Parfois l'un d'eux s'incruste. Je crois qu'André Breton s'est glissé dans mon ombre.



Mardi 11 octobre 2011

La nuit, cette ombre s'ennuie et vagabonde. Pour me réveiller, elle va frapper une voiture sous mes fenêtres. Du coup, la pauvre automobile prend peur. À grands cris stridents, elle bouscule la torpeur du quartier. Son maître n'est jamais loin. Il rapplique illico. Calmée elle se tait. Dès qu'il s'éloigne, elle hurle à nouveau. Son maître doit alors la sermonner longuement, jusqu'à ce qu'elle sombre enfin dans le sommeil.
Ces chevaux mécaniques accaparent tant de soins et de tendresses. Ils pourrissent la nuit des amants. Certains ne quittent plus le siège arrière pour s'ébattre. Les belles carrosseries tressautent et grincent de tous leurs amortisseurs.
Et moi, je n'arrive plus à fermer l'œil. Mon ombre ricane. Je lui balance un oreiller. Faudra que j'aille l'enfermer dans la tour d'un vieux château hanté.
Dédales de la nuit où je m'égare. Laboratoire des rêves où tout s'arrange et s'ordonne avant de s'oublier. Parfois l'éveil fait le deuil de la nuit. Le sable s'incruste et l'oeil crisse et pleure.



Mercredi 12 octobre 2011 

J'aimerais payer chaque jour nouveau d'un poème. Une sorte de crème à bronzer étalée sur les heures qui se succèdent. Ma méthode Coué pour conjurer les mauvaises surprises. Une sorte de glissement progressif de l'aube pour attraper le soleil.
Dehors la pluie peut cingler mon visage, le froid engourdir mes mains ou la canicule dessécher ma gorge et ma peau. J'ai payé mon tribut plus rien de grave ne peut m'arriver. Cela n'empêche nullement les déconvenues, les mauvaises nouvelles, mais je leur trouve des circonstances atténuantes.
Il y a certainement un aspect religieux à cela, un relent de petite enfance, cette prière du matin pour louer ce qui nous dépasse, ce que l'on ne comprend pas vraiment, le miracle d'être en vie.
Il me faut souvent aller chercher au plus profond de moi un éclat, une forme nouvelle, une musique qui brisera la distance qui me sépare encore de l'éveil.
Parfois rien ne vient et je suis tristement suspendu dans l'attente.






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dimanche 23 mars 2014

TippiRod - Louyse Larie - Les couleurs Louysent





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Les couleurs sont de jolies bavardes, le saviez-vous ?

Il existe le langage des fleurs et bien je vais vous écrire sur celui des couleurs. La comparaison s'arrête là, car il ne s'agit pas d'un langage d'associations, ni de significations — ce n'est pas un dictionnaire de la palette. C'est le langage à l'état pur, celui qu'on peut entendre avec les yeux, expressif et communicatif.

Aujourd'hui je vais faire Louyser les couleurs, elles vont généreusement s'offrir à moi, je vais écouter leurs confidences et vous faire entrer dans notre danse.

Un tableau de tableaux, complices entre eux, ils m'attendent, impatients et goguenards, déjà joyeux de tout ce que l'on va se raconter.

Je les caresse, leur souris, je réponds en silence à leurs propositions.

Ces tableaux sont très joueurs et prêts à tout, même à être un peu malmenés. Ils sont comme des acteurs enthousiastes et fébriles à la distribution des rôles. C'est bien cela, ils ont une envie folle d'entrer en scène. Ils sont six et entendent bien ne pas faire tapisserie, chacun veut sa part belle des répliques. On n’est pas tableau pour s'effacer, au contraire, chaque nuance de toile doit jaillir et montrer tout ce qu'elle a à montrer bien au-delà de ce que l'on peut imaginer.

Coup de théâtre, il y a un septième acteur. Un fourbe sans visage qui débarque de nulle part. Il serait « le lien ». Les tableaux sont sceptiques, ils en avaient pléthore de liens, ils étaient de la même fratrie; qu'était-il besoin de ce bouffon sans roi ? Les lois de l'imagination sont des forces contre lesquelles il est difficile de lutter, ils choisirent donc de faire bonne toile face à cet intrus de la dernière minute et comptaient bien ne pas se faire voler l'affiche pour autant.

Jan est son nom. Jeune et fougueux marin-pêcheur, il porte dans ses yeux et sa chevelure des tons à faire pâlir tous les envieux. Il est la force élégante de la nature, plus beau qu'un dieu et plus téméraire qu'un lion des mers.


Il a entendu parler du pont, le fameux  ! Ce pont est le poumon de ce récit.







C'est un pont insaisissable, d'humeur extrêmement capricieuse qui se joue des malins, gros ou petits, qui viennent le défier. Il fait trembler de bien des façons, certaines de ses sensations sont très recherchées et leurs captures se vendraient à prix d'or.
La force de ce pont est d'être imprévisible. Il fait couler les sentiments. Aucune météo ne peut prévoir ni ses tempêtes, ni ses douceurs, il est le bien nommé Pont des Frissons.

Bon nombre d'embarcations y sont passées dessous et s'y sont fracassé les coques. Ses humeurs aléatoires sont aussi subites que surprenantes, elles sont aussi ravageuses qu'elles soient colère ou bien amour. Pauvres pêcheurs y ont laissé des lignes, des rames et des hélices.


Mais le Pont des Frissons  n'est pas seul pour agir. Dans ses parois se cachent « les Gémeaux ». Mi-homme, mi-femme, l'un et l'autre, ils sont les éléments surnaturels. De leur souffle, de leurs propres émotions, ils insufflent vents et courants aux flots de cette écluse en fonction du passager et de sa force de caractère. Ils en jouent comme de la pâte à modeler, optant tour à tour pour l'aide ou le handicap. Les Gémeaux gardent en leurs murs, tel un pantin, le jouet qui leur est confié, tout le temps qu'ils en usent et abusent et ne le délivrent qu'une fois lassés, brisé ou au contraire renforcé à jamais.







De ce combat digne des gladiateurs, le marin éberlué n'est pas encore quitte. Il passe en trois remous au jugement dont peu reviennent indemnes. Pas assez en tout cas pour rapporter une vérité sensée. Le passage sous le pont exacerbe les émotions en trop peu de temps pour que le cerveau humain y résiste et les rescapés sont tous entendus comme des fous. Cette espèce de tribunal terminal demeure très énigmatique. Seul le nom « Beau Regard » transpire des interrogatoires, lâché comme deux perles marines sur les lèvres transies des malheureux hagards.

Ce périple est célèbre et fascine les âmes audacieuses. Mais au fil des ères et des déconvenues, les conquérants se raréfient.
Le passage sous le Pont des Frissons n'est pas obligatoire, un détour permet de l'éviter.
Seulement, ce n'est pas sans conséquence, car moins il est usité, plus il est capricieux et plus il aime jouer longtemps avec sa proie du moment qui devient à chaque fois un trophée de choix.

Le Pont des Frissons n'a aucun scrupule, car il est un lieu de délices autant que de malices et surtout on vient de loin pour passer sur sa voute. Il fait le bonheur des touristes et les habitants sont fiers de lui et de ses anecdotes. Lui aussi est très fier, car ils n'ont pas besoin d'en rajouter, il nourrit lui-même les plus belles histoires !

Jan est calme et réfléchi. Fort de son secret, il sait qu'il a de quoi affronter les tumultes du Pont et des Gémeaux. Il a trop envie de défier leur nature et ainsi de rencontrer « Beau Regard », qui ne serait-ce que par son évocation, ne le laisse pas indifférent. Il sent que sa vie va changer là dans quelques poignées de secondes, de minutes peut-être.

À l'entrée du port rose, il traîne un peu de la godille. Il compte sur le bouche-à-oreille pour attirer quelques spectateurs. Il devine qu'il ne passera pas deux fois et veut que son heure soit mémorable.
Il étudie soigneusement les articles sur ce phénomène depuis quatre années, il a refait ce passage des milliers de fois dans ses rêves, sans trêve il a rejoué le même plan. Il est Jan le chevalier à la toison fougueuse.



La foule grossit peu à peu.







Les gens osent à peine comprendre. Ils arrivent presque fébriles, ils savent ce qu'ils vont ressentir. En effet, au passage de Jan, les rives vont frémir et des pluies d'émotions vont venir les envelopper.
Ils en tremblent d'avance, car si elles sont très atténuées lorsqu'elles leur parviennent elles leur laissent imaginer à quelles affres sont soumis les marins courageux. Ils n'en récoltent qu'une rosée et c'est déjà tellement énorme que personne ne laisserait sa place. Le mouvement est régulier, tel, des automates filiformes ils avancent vers les friselis espérés. Certains sont plus frileux, plus craintifs et tout aussi curieux, se rendent sur la grève, moins perméables, ils s'abritent sous des parapluies. Inconscients sont-ils, car ces ondées-là n'ont que faire d'un tissu à baleines fragiles et la foudre des pulsions pourrait au contraire être très attirée par ce manque d'audace.









Les Gémeaux sont en place, heureux comme jamais. Ils font un léger signe en direction de leur sœur aimée, patiente et sereine, elle esquisse un sourire affirmant ainsi qu'elle va assister avec grande attention à ce passage-là.

Floc Floc Floc Floc Floc Floc Floc Floc Floc --------------------- FLOC FLOC FLOC

Le rideau de couleurs s'ouvre lentement, les flots entrent en scène… TABLEAU !

À peine le bout de sa coque entré dans le rose, Jan ressent le doute l'envahir. La foule a un léger mouvement de recul. Puis le ton monte, prune, pourpre, carmin, la peur, l'angoisse, le regret gonflent la poitrine du jeune homme. Les Gémeaux s'attendrissent et envoient une nuance de bleu, Jan voit violet et incertitude, ils soufflent alors de l’orange puis à nouveau du rose, histoire de déstabiliser le jouet ! Jan attrape un paquet de rage et cherche à capter de la mémoire. Il doit se souvenir, puiser dans ses acquis. Le jaune l'envahit, ça y est, il a récupéré son secret ! Il l'amorce et ses cheveux prennent la couleur du feu et de la puissance. Les Gémeaux sont surpris, mais ravis, enfin un adversaire de taille. Ils rétorquent en marron, Jan esquive le découragement et place un bleu royal, il se sent infaillible.
Beau Regard est troublée et admirative. Elle sait qu'il va passer haut la main cette première épreuve, elle l'attend de tout son être pour qu'il passe la sienne haut le cœur.

Les Gémeaux ne se montrent ni trop cruels ni trop gentils, car ils veulent amener à leur sœur un prétendant digne d'elle. Et il l'est le bougre, il se bat comme un caméléon à la toison éclatante.
Il a de la réplique et les spectateurs en voient de toutes les couleurs. Rumeur, calomnie et curiosité, les grisailles, les beiges sans saveurs, éclaboussent les parapluies, que font-ils encore dessous au lieu de profiter des bénéfices de ces pépites irisées ! La foule courageuse, la vraie, l'impliquée la généreuse, sait goûter les saveurs des perles de bonheur, de partage, de confiance, de simplicité, de soif d'apprendre, tous les trémolos aux tons chaleureux et francs.

Les ondes frissonnent et la joie inonde alentour, les Gémeaux sont aux anges et Jan est un héros ; la foule est en liesse et dégouline de bons sentiments faisant la nique aux parapluies assis dans la morosité, piétinés sans plus la moindre petite pâleur à l'horizon, plus dilué, tu meurs !

Étourdi et valeureux, Jan descend sur le sable et n'entend plus qu'un seul bruit. Un chant mélodieux presque imperceptible. Ses cheveux se sont apaisés, ils ont une douce couleur de caramel aux différents parfums, ce qui en fait un nouveau spectacle délicieux.

Ses pieds s'enfoncent dans le sable humide, la mer s'est fraichement retirée ; il entend encore les bulles minuscules des coquillages éclater à la surface. Quelques froissements de sable ont absorbé les couleurs échangées sous le Pont de Frissons. Quel bonheur !








Des craquements de bois, des sons de grelots au tintements feutrés, ce sont les barques qui murmurent, ici reposées et lascives.
Elle est là, portant si bien son nom, tant son regard est velours, mystère, trouble et attirance.

— Beau Regard ...

Il ne pouvait espérer plus jolie récompense que cette magnifique rencontre.

Il se laisserait engloutir dans le profond de ses yeux, à jamais...

Les Gémeaux, observaient la scène. Contrairement à la foule qui n'était plus invitée à ce spectacle et croyait Jan disparu comme tant d'autres avant lui. Peut-être existait-il une sirène des barques qui rendaient les hommes fous ou bien les gardaient pour elle, nul ne savait.
Les premiers étaient trop incohérents et les seconds n'étaient de toute façon ni pleurés ni réclamés par personne.

Les badauds rentraient donc chez eux, en ayant pris plein les mirettes, c'est vrai, mais tout de même bredouilles de la clé du mystère du Pont des Frissons. Enfin, aujourd'hui ils en avaient eu pour leur gratuit ! Ils étaient passés par toutes les teintes et c'était tellement bon. Un jour assurément, il faudrait faire le grand bond et se jeter soi-même à l'eau, passer sous le Pont et ressentir ces fameux frissons autrement que par procuration !









Beau Regard n'est pas une sirène, non plus une ensorceleuse. Jan doit trouver assez d'émotions en lui, maintenant qu'il a su si vaillamment les affronter pour comprendre et découvrir quel est ce mystère.
Le visage de la femme est illuminé par quelques touches de sable d'or. Ses expressions sont multiples et sont aussi puissantes que les courants soufflés par les Gémeaux. Elle est nourrie des reflets des barques dans l'eau étincelante de soleil. Ils sont des pierres précieuses qui brillent dans ses pupilles et sont des discours silencieux qui en disent pourtant si long.

Jan ressent les questions posées par Beau Regard et ses reflets changeants, mais il ne trouve pas comment y répondre. Chaque paillette de ce kaléidoscope vivant le fait vibrer et l'entraine sur des vagues de désir, de confidence, d'amour et de fusion qui le bouleversent et le traversent en tous ses sens. Il est voluptueusement, délicieusement conquis, acquis, éperdu
Peut-on mourir d'amour pour d'aussi beaux yeux ? Est-ce cela le mystère ?

Tout à coup, Beau Regard passe ses mains dans les cheveux de caramel, elle secoue légèrement les boucles; comme une émulsion, quelques couleurs jaillissent … dans les yeux de Jan.
Beau Regard vient de lui offrir le langage des couleurs.

De leurs yeux un dialogue effréné s'établit. Entre leurs deux corps en émoi apparaît un faisceau ; tel un arc-en-ciel de couleurs complémentaires aux nuances sans cesse en mouvement. Ils ont lié par cette communication irisée l'eau à la terre, le lion des mers à la reine des sables.

Les Gémeaux applaudissent et les sons éclatent en de multiples étincelles orange, jaune, vert, bleu, imagination, opaline, émoi, corail, rêve...

Jan se relève en portant Beau Regard allongée dans ses bras, il la dépose avec amour et précautions dans son embarcation où l'on peut lire Eos incrusté en lettres d'or sur la coque bleu roi. Tous les deux, chose impensable et inédite, remontent le Pont des Frissons dans l'autre sens, celui du large... La fenêtre de l'univers. 

Les Gémeaux font un tapis d'eaux aux couleurs sucrées et parfumées, et voient avec bonheur s'éloigner ce couple aux cheveux et aux yeux couleur Louyse, le gage d'un amour intemporel aux essences d'aquarelles émotionnelles... et de caractère !

Ils vécurent heureux et firent naitre beaucoup de couleurs...





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 Merci à Louyse Larie artiste-peintre sculpteur et auteur, avec toute mon amitié et grand plaisir, j'ai répondu à son invitation dans les annonces du mois de juin d'iPagination



A propos d'un thème d'atelier de mai ! Avis aux Ipaginauteurs, dans le cas où l'un d'entre vous souhaiterait utiliser une de mes toiles publiées dans mon espace, dans le cadre de l'atelier de la semaine en cours " Muses et Musées", c'est avec grand plaisir que ma porte vous est ouverte , il vous suffira de piocher à votre guise .... Louyse Larie




Veuillez trouver ci-dessous les liens de chacune de ses œuvres joliment vêtues de ses propres mots.

Dans l'ordre de la parution des tableaux de Louyse Larie dans mon récit :



Le Pont


Ceux que j'ai appelé les Gémeaux

Puis ma foule

Mes curieux sous parapluies !

Les barques sont un tableau choisi en image de la fenêtre de Louyse Larie sur Facebook où elle est identifiée de la même manière.

Et enfin sa Muse, que j'aime nommer Beau Regard



Les aimant tous, j'ai eu très envie de leur créer une histoire.

Grand merci à Louyse de me l'avoir permis et...

D'avoir répondu à mon invitation de remplacer le masque de terre qu'elle avait façonné pour mon acteur sans visage

en croquant elle-même figure à Jan,  en dix minutes... stylo bille noir et chrono en main ! 

Hum ! Un beau ténébreux ce Jan ! Vous n'avez plus qu'à lui imaginer la chevelure aux foudres du pont !





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D'autres iPaginateurs figurant dans ce tableau
ici
ont écrit leur histoire sur les tableaux de Louyse,
mais  aussi un récit  reliant des toiles de Emecka 
et d'autres peintres encore...