Le mot du jour

Qui suis-je?


LA VOIX DE L'ÉCHO

POUR LE PLAISIR DE TOUS: AUTEURS, LECTEURS, AUDITEURS...

dimanche 31 août 2014

LILAS - LA PLUIE
















La pluie



Tombe, tombe la pluie...
Tournent, tournent les heures,
La fatigue et l'ennui.
Où donc est le bonheur?

Ma chambre sous les toits
Au lit étroit et vide
N'entend vivre que moi 
Et mes soupirs humides

Sur mon pauvre oreiller
Un sommeil de béton
M'empêche de rêver
Pesant comme du plomb

Ai-je encore un destin
Tracé sous le soleil
Par le doigt ivoirin
D'un magicien qui veille?

Tombe, tombe la pluie
Sur le pavé luisant...
La douce mélodie
Passe, passe le temps...

Ma petite lucarne
S'ouvre sur les cieux froids
D'où l'averse s'acharne
Et dilue mes émois.

Parfois quelques orages
Posent sur mon palier
Des amants de passage
Transparents et légers

Le vent emporte au loin
Leurs soupirs amoureux
Dans le petit-matin
Mon coeur est silencieux

Doucement je vieillis
En regardant les toits
J'attends d'une éclaircie
Un prince fait pour moi

Les étoiles soupirent
Et fuient ma solitude
Noirs et tristes mes rires
Grande est ma lassitude

Je partirai un jour
Laissant derrière moi
La pluie et ses tambours
Pour un soleil de soie.











Texte protégé et déposé
sur le site iPagination 

où Lilas vous invite à visionner une vidéo YouTube continuant d'illustrer sa poésie



samedi 30 août 2014

EMECKA - L'ESCALIER SANS FIN




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L'ESCALIER SANS FIN

Réflexion sur l'optimisme...



« Autant l’optimisme béat, c’est-à-dire inactif, est une sottise, autant l’optimisme, compagnon de l’effort, est légitime. »
Léon Daudet

Il y a déjà des heures et des heures que je monte cet escalier…Je pense qu’il est sans fin.

Pour tout dire, je n’ai désormais aucune illusion : il ne s’arrêtera plus.

Où peut conduire un escalier sans fin ? Existe-t-il des lieux interminables ? Autant de questions qui me viennent car je dois me préparer à cette absence de finitude. Cependant, je suis fatigué, pratiquement épuisé. Toutes ces marches, identiques, les unes après les autres dans une régularité jamais prise en défaut. Seuls les paliers, les virages tentent en vain de briser ce rythme indéfectible.

Au début, je prêtais naturellement attention aux paysages et je ne manquais pas d’admirer, à juste titre, leurs diversités. Maintenant, je ne les vois plus. Disons qu’ils me sont devenus indifférents. Que m’importent ces décors insignifiants puisqu’ils accompagnent passivement mon périple. D’ailleurs, existent-ils encore ? Se confondent peut-être dans mon regard, brumes blanchâtres, éthérées et hallucinants vertiges. Tout mon être n’est plus qu’une douleur intense qui prend conscience de son omniprésence. L’ensemble de mes muscles est totalement tétanisé et voué définitivement à fournir cet effort démesuré.

Il y a au moins six heures, j’ai bien pensé faire demi-tour. Mais alors pourquoi aurais-je fait tout cela pour rien ? Je n'aime pas renoncer. En fait, sur le moment, j’ai été obsédé par la peur de l’inutile ; ma fierté et mon orgueil m’ont empêché de ruiner mon désir primal. Je regrette néanmoins de m’être laissé abuser par de tels sentiments ! Je n’ai plus ce choix désormais et je ne peux que me diriger vers la seule direction possible. Le haut.

Sisyphe et son rocher s’immiscent progressivement dans mon esprit de plus en plus égaré. À quels dieux ai-je donc déplu, moi qui ne crois en aucun ? O, je pourrais m’arrêter là, m’asseoir sur cette marche anonyme et attendre. Attendre quoi, qui ? Rien ni personne ne soupçonne plus une once de mon existence ainsi perchée sur un zénith inconnu. L’espoir, n’est-il pas une fuite devant un réel insatisfaisant, inacceptable ? Je ne veux pas dépendre d’augures incertains, en aucun cas. Je préfère ma dure réalité à tout mirage, fut-il culminant. Alors, je poursuis mon ascension.

Je me surprends pourtant à rêver d’un destin à la Zarathoustra, si je puis dire. Reviendrais-je parmi les hommes partager ma sagesse ? Une telle épreuve ne peut que participer d’une déconstruction de ce que je suis pour mieux donner vie un être sage. Enfin, c’est ce que je me dis dans mon quasi coma existentiel de l’instant ! Je ne suis plus qu’une pensée simplifiée, épurée se résumant à gravir ce que je ne sens plus comme un escalier mais plutôt comme un construit gigantesque résultant d’un chaos originel. Mais je dois délirer, sans doute, manquant de ce que je crois être de l’oxygène et qui n’est peut être que de la lucidité. En raison de cette altitude insoupçonnable.

Finalement, il y a quelque chose de rassurant à ne déceler aucun horizon, paradoxalement. La vue d’un terme maintenant, me déstabiliserait et même, m’effraierait. Je marche, j’avance donc. Cette nouvelle perspective me tonifie perceptiblement et une forme de confiance revient. Je me mets à croire à une possible joie dans mon parcours. Comme une deuxième naissance. Cet escalier prend figure pour moi de la cuisse de Zeus d’où s’extrait lentement un Dionysos renaissant. Les forces ne me désertant plus, ma progression se fait plus régulière et même la douleur me parait moindre. Peut être est-ce la mort qui me gagne ? C’est la première fois que cette idée me vient et je la laisse passer, sagement.

Je gravis maintenant sereinement mon escalier sans fin, laissant derrière chacun de mes pas une trace d’expérience. Enfin, je suppose car je ne me retourne plus. Seul me grise le nouveau pas que j’entreprends. Et curieusement, je me sens libre…




© Mk. Aout 2013


Texte protégé à retrouver sur le blog d'Emecka
       


Ainsi qu'une sublime mise en page et en mots de ses photographies par Emecka lui-même ici





***



Mon grain de Tippi ! Je m'amuse de temps en temps à publier suivant les jours ou les saints du calendrier. J'ai choisi pour cet article philosophique de Emecka, le jour où l'on fête les Fiacre.
Il en découle un p'tippi dicton du jour !



À pied, à cheval ou en voiture, 

générations ancestrales, présentes ou à venir, 

œuvrons ensemble pour un optimisme excessivement contagieux !






Artiste-Peintre espagnol  1853-1935



Et surtout si vous croisez un Fiacre, ne manquez pas de l'inviter sur cette page !



jeudi 28 août 2014

ELSA/CATHERINE DUTIGNY - CARNETS SECRETS SUITE 22








Oh non non ! Ce n'est pas notre Arsène !





Suite 22




Lorsqu’ils s’arrêtèrent à la hauteur du numéro 26, Arsène ne fut pas invité à entrer chez Christine. Il avait acquis en moins de vingt quatre heures l’habitude d’être associé aux faits et gestes de Jules et fini par croire qu’il était devenu un humain à part entière. Quand l’huis se referma en faisant craquer son chambranle à pilastres en bois de chêne, il dut se rendre à l’évidence et se contenter de son statut de chat. Un feulement rauque acheva de le ramener sur terre.

Les marches de pierre taillées aux ciseaux sur lesquelles il avait décidé d’attendre Jules empestaient les phéromones d’un mâle dont il violait le territoire. Dos arqué, arrière-train surélevé, la queue raide repliée sous le corps, le maître des lieux campait non loin de là, la gueule ouverte découvrant des crocs affûtés, prêt à attaquer. Arsène n’était pas de nature agressive et n’avait aucune envie de se lancer dans une joute où il risquait de perdre au mieux une touffe de poils, au pire un morceau d’oreille. Peut-être était-ce pour cette disposition pacifique que le fils Blandin l’avait traité de couard. Ce crétin n’avait pas imaginé un seul instant qu’il était capable de surmonter ses instincts quand le jeu n’en valait pas la chandelle. Un tel manque de discernement le conforta dans le peu d’estime qu’il lui portait. Yeux mi-clos, tête tournée de côté exprimant le dédain, oreilles aplaties vers l’arrière, il transmit à son congénère le signal que tous les chats connaissent et qui en langage humain aurait signifié de manière ferme et définitive: « Fiche-moi la paix ! ». L’agresseur ne s’y trompa pas et cessa presque aussitôt son manège, sans pour autant déguerpir. Il lança un nouveau feulement en direction d’Arsène, moins rauque que le précédent, mais assez sonore pour ne pas perdre la face. Ils restèrent ainsi plus d’une demi-heure mimant le désintéressement et l’ignorance réciproques, sans pourtant relâcher la surveillance, jusqu’au moment où la porte se rouvrit sur un Jules délesté de sa fille et de quatre superbes truites. La nasse semblait orpheline. Arsène qui n’avait toujours pas mangé sentit son estomac et son cœur se serrer. Le cantonnier auquel aucune des mimiques du matou n’échappait, comprit à son air marri qu’il avait le ventre vide et secoua la tête.

- T’es vraiment incorrigible… tu ne penses qu’à bâfrer… Allez, suis-moi… j’en ai gardé une pour toi…

Suivre Jules ne fut pas difficile, mais se révéla d’une lenteur exaspérante. Il avançait d’un pas mal assuré et s’arrêtait tous les trois mètres en gémissant de douleur. Il dut se ménager plusieurs haltes, s’adosser de longues minutes contre le mur de l’ancien prieuré pour reprendre son souffle et attendre que les élancements dans son flanc gauche s’apaisent. Au bout d’une éternité, en égrenage de temps félin, le cantonnier reprit sa route puis il quitta le vieux centre médiéval du bourg tout en pestant contre ce pavé de malheur qu’il n’avait pas vu et qui lui occasionnait tant de souffrances.

Quel ne fut pas leur soulagement en apercevant enfin la lourde silhouette de l’ancien relais de poste. Arsène fit plusieurs bonds en avant et attendit patiemment que Jules lui ouvre la porte. Il se dirigea aussitôt vers la cuisine et se planta, fébrile, devant le fourneau comme si sa vie en dépendait. Pourtant, le vieux cantonnier ne parut pas pressé d’allumer le fourneau. Il se débarrassa péniblement de son attirail de pêche, accrocha sa parka à la patère dans l’entrée et se traîna vers le cabinet de toilette dont il ressortit en tenant dans sa main droite une boîte hexagonale en verre ornée d’une illustration colorée représentant un tigre bondissant. Dès qu’il dévissa le couvercle une puissante odeur de camphre se répandit dans la maison et Arsène fut à nouveau victime d’une crise d’éternuements. Le bonhomme, sans se préoccuper de l’extrême pudeur du matou, défit la boucle de la ceinture de son pantalon qui chut sur ses chevilles, fit glisser son large slip et commença à appliquer le baume sur sa hanche et ses fesses en de grands mouvements circulaires. Lorsque sa peau eut atteint la couleur écarlate d’une tomate mûre à point, il referma la boîte et tenta de sa main libre de remonter son pantalon sur son postérieur. L’effort le fit grimacer de plus belle, mais à force de ténacité, les mâchoires serrées, il parvint  à ses fins et poussa un profond « ouf » de soulagement. Au lieu de se précipiter vers le fourneau, de l’allumer et de faire rissoler les deux truites arc-en-ciel dans une poêle avec une grosse noix de beurre, il se dirigea vers un placard, en sortit un large verre à pied, une chopine de Menetou-Salon aux reflets de rubis ainsi qu’une bouteille de crème de cassis. Arsène fronça les sourcils.

- V’là des heures que j’attendais cela…  Un p’tit apéro, ça va me ragaillardir… et pour un type qui s’appelle Gaillard, je sais de quoi je parle… Boudiou ! quelle matinée… je m’en souviendrai de celle-là…

Il éclata de rire puis prépara sa mixture qu’il avala d’un grand trait, avant de s’en préparer un deuxième verre. Puis, après avoir récupéré dans la nasse les deux truites vidées, il les saupoudra d’une fine couche de farine. Enfin, il récupéra une petite motte de beurre d’un garde-manger niché sous la fenêtre de la cuisine. Les choses prenaient pour Arsène une tournure plus que positive. Le matou jugea que le moment était propice pour intervenir. Il se racla la gorge, craignant que son inactivité vocale humaine ne lui ait joué à nouveau des tours.

- Grin…Vous n’avez guère l’air pressé de savoir ce qui m’est arrivé et ce que j’ai pu régolter… Grin… récolter comme informations depuis gue… Grin… que l’on s’est quittés hier soir.

- Si fait le chat… répondit Jules, en engloutissant son deuxième Kir berrichon. Je suis même plutôt surpris de te voir là. J’t’avais pas donc demandé de rester toute la journée en embuscade chez la Marthe et de l’espionner pour en apprendre le plus possible sur elle ? Déjà de retour ! Be dame ! il est t’y agouant le bestiau… M’est avis que t’as dû bernasser tout c’temps là…

Si Jules se lançait dans le patois de la région, Arsène n’était pas certain d’avoir assez de patience et les nerfs assez solides pour lui relater tout ce qu’il avait appris. Il se concentra sur sa phrase et forçant son larynx, il réussit un sans faute éblouissant de fluidité.

- Cela vous ennuierait-il de me parler normalement sans utiliser des termes introuvables dans le dictionnaire de la langue de Molière ?

- Ben si t’arrêtes avec tes « g », j’veux bien faire un effort… allez, vas-y… je suis tout ouïe… T’as entendu le chat ? T’as vu comme je cause bien…

Jules lui adressa un clin d’œil rigolard et se dirigea enfin vers le fourneau une poêle à la main. Pour Arsène le plus dur restait à faire… s’exercer à l’art du résumé. Il rassembla ses esprits et entama dans le grésillement du beurre attaquant la peau craquante des deux poissons, la narration des précieuses confidences glanées chez la Marthe et sur les rives du Portefeuille. Dès les premiers mots, en voyant la mine abasourdie de Jules, Arsène eut un moment de bonheur intense; avec ce qu'il lui restait à dire, le vieux cesserait définitivement de le prendre pour un "bestiau". 



©Catherine Dutigny/Elsa, août 2014

 à retrouver sur le site iPagination




à suivre...



mardi 26 août 2014

MARCEL FAURE - 0126 à 0130 de La danse des jours et des mots





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Jeudi 26 janvier 2012 

 Matin lacéré d'un mauvais rêve. Restes de nuit suspendus aux paupières. Salle de bain incompétente. Cette glu informe où se piège mon optimisme. Et je ne me rappelle même plus ce qui me hantait.
Dehors le froid prend le soleil et le thermomètre refuse de grimper. Je vais tenter de me rassembler devant un café, face à cette rose qui s'agrippe à la beauté qu'elle fût.



Vendredi 27 janvier 2012 

Dans l'arène, on a lâché des hommes politiques. Féroce la cage aux lions. Aucune dignité, aucun respect pour l'électeur. Je zappe de plus en plus souvent. Je ne vote pas pour des hommes mais pour des idées, même si les hommes qui les représentent n'en sont pas toujours dignes.
Aucune chance pour le citoyen de base de se faire élire. Il se ferait étriper par le vocabulaire de circonstance. Refuser le débat. Seulement exposer ses idées et disqualifier tous les adversaires qui transgresseraient cette règle. Mais qui s'intéresserait alors à la politique.
Pauvre langage, dévoyé par toutes ces limaces baveuses que des journalistes irresponsables exploitent. Je sais pourtant qu'il existe des politiques honnêtes, y compris dans ceux qui se prêtent au jeu médiatique.



Samedi 28 janvier 2012 

Ô merveilleux sourires, vous qui n'avez rien en commun avec ces rictus qui vous ressemblent, maquillant les visages des maquignons qui voudraient bien nous vendre leur salade, vous êtes parfois si anachroniques.
Maquiller et maquignon n'ont-ils pas tous deux cette même origine néerlandaise de trafiquer (makelen). Que nous cache-t-on sous ce masque de parade resplendissant, ces dents blanchies à la javelle, et ce... et cette... ces lèvres largement ouvertes qui respirent la bonne foi et le bonheur. Attention à ce qui est trop parfait ! C'est à vendre.
Alors, mon pauvre sourire que je promène dans la rue, lorsqu'il a croisé le votre, Madame, par réflexe, vous y avez répondu. Puis vos yeux se sont arrêtés un instant sur ma bedaine, mes cheveux blancs et mes vêtements de friperie populaire. Vous vous êtes rétractée, presque apeurée. Pendant un court instant vous avez été belle, madame, oui belle.
Astiquée comme un modèle de foire, vous aviez repris votre allure de carrosserie rutilante. Vos talons aiguilles balançaient votre cul, si maigre. Nul marin n'en aurait voulu pour bouée. Soudain je fus triste de vous deviner si seule.



Dimanche 29 janvier 2012 

J'ai trouvé une coccinelle qui trottinait sur le sol de notre chambre. Une coïncidence curieuse. Hier soir nous avons reçu l'amie du "Dieu des coccinelles", titre d'une nouvelle qui relate sa rencontre avec un naturaliste fameusement gourmand, qui sévit dans la vallée de Chaudefour. Nous avions déposé son vêtement sur le lit.
Cette rencontre, c'est l'histoire d'une paire de pantoufles, d'un orage, d'un coup de foudre et ce qui en est découlé : l'incroyable complicité entre cet homme, la nature et... les coccinelles.
Cette rescapée, arpentant timidement ma carpette, avait dû se réfugier entre les replis secrets de l'anorak de l'aimée. Passant entre les dents du froid sans coup férir, elle nous rend ainsi un bel hommage pour avoir provoqué les multiples méandres de leur premier télescopage. Ce choc émotionnel passé, ils prirent quand même beaucoup de temps à s'apprivoiser
Petite coccinelle, entre mes doigts tu joues la morte. Ici tu ne crains rien. Vois, je te dépose entre les feuilles toujours vertes de cette plante, miraculée elle aussi, sauvée in extremis de la décharge municipale.



Lundi 30 janvier 2012 

Je ne retrouve plus ma coccinelle. Bien planquée derrière une feuille ou dans la terre de ma plante, elle attend patiemment un signal du soleil.
Les jours inarticulés de l'hiver égrainent leur monotone rigueur, mais renoncent pour l'instant à plonger dans le grand froid. La terre se réchauffe et les pauvres bourgeons ne savent plus que faire. Dans le méristème, une nouvelle génération de cellules s'impatiente trop tôt.
Chaque jour, nous louons les progrès de la science, tout en ignorant les nombreux signaux d'alerte qu'elle nous prodigue. Droit devant matelot, fonce dans le récif, pour que, jusqu'au dernier instant, la croisière s'amuse.
J'en appelle au poète; dès aujourd'hui ami, remet tes mots sur l'établi et façonne pour nous la rime mordorée. Le murmure azuré des secrètes saisons, au cœur des hommes, chantera la raison. Et l'hiver craquera pour des guirlandes de givre.











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lundi 25 août 2014

GILLES PALOMBA - MARINES









MARINES





J’ai reconnu le ciel profond de ton visage
Des boucles sur ton front comme des goélands
Par le vent chahutées jouaient au cerf-volant
A l’horizon de toi de marins paysages
Rien qu’à te contempler j’ai fait bateau semblant

G. Palomba









Tous droits réservés

le blog de l'auteur "la plume brisée"

dimanche 24 août 2014

JACQUELINE WAUTIER - Ô















Ô



Ô mon âme stupide !
 Qu’as-tu donc fait à ces vieux Dieux cupides
 Pour que de l’Eden promis ils te rejettent à ces mortes-eaux et à ses terribles acides ?
 Bois flotté  dérivant aux écumes noir-sang du bleu liquide…
 Ô cruelles ratures d’un rouge destin !
  
 Ho, linotte falote ?
 Qu’attends-tu là de ces prières idiotes 
 Qui de ta pauvre paillotte montent et tournent et retournent à la morne flotte ?
 Sons sans fonds se dispersant aux échos du vent et des mouettes, loin, si loin des vertes côtes …
 Ô stupide créature d’un rouge destin !
  
 Ohé, écrivaine à la peine !
 Qui donc es-tu pour jouer à la Reine
 Et croire ainsi à toutes ces choses vaines ?
 Une goutte à la mer, océan de mots creux et de lames sans sirène…
 Ô falote césure d’un rouge destin !
  
 Oups, rêveuse sans gloire…
 Qui diable pourrait ici vibrer à tes antiques histoires,
 Tant de sombres verbiages pour si peu de victoires ?
 Petits instantanés de vie à fleur de mots et de peau  –écorchée la peau qui 's’en-taira' au  sans-espoir…
 Ô peine vive d’un rouge destin !
  
 Ouh la vilaine !
 Qui donc est-elle pour oser ainsi quelques nouveaux thèmes ?
 Une ligne coupée aux pointillés des ‘Je t’aime’
 Et quelques chapitres sans rime ni raison voués au seul et grand  anathème…
 Ô rêveuse anonyme d’un rouge destin !
  
 Oh coquine mesquine !
 Qu’attends-tu donc de ces phrases sanguines 
 Qui de tes rages intestines montent et tournent et retournent au lit des clandestines ?
 Traits sans esprit coulant en noires suées au sillon de ta plume-mine…
 Ô vile haine d’un rouge destin !
  
 Ô mon cœur  emporté !
 Que t’ai-je donc fait pour que toujours tu veuilles t’envoler ;
 Pour que du noble silence tu prétendes sans trêve troubler le repos guerrier ?
 Main fuyante ou mains pleines qui s’agitent et s’inventent ‘d’ailleurs’ au grain du papier :
 Utopia, Babylone, Atlantide   -ou quelques iles mystérieuses où il ferait bon s’aimer !
 Ô mesquine magie d’un rouge destin !
  
 Ô me taire à…
   -   Ho !
       Hé …
       Hein ?
      Bon ! 
 -    … ??? 
    Si tu veux te taire, fais-le ; mais merde, fais-le en silence !
      Parce que ras-le-bol de tes jérémiades…
      En un mot comme en cent : la ferme, tu nous fais chi-er !
      C’est vrai, ça : on a beau être des Dieux… A votre image, ou l’inverse ?
      Tu vois, à force de t’entendre chialer, on ne sait plus même où on en est   –c’est tout dire!
 -   Mais qui…que… ? 
 -   Ben quoi ?
     Qu’est-ce que tu croyais ?
    T u nous invoques, on te répond, pauvre pomme !
     Et pas tout droit tombée du Jardin des Hespérides, la pomme, crois-moi ! 
  -   Mais… 
  -   Mais rien du tout !
      «Madame» se tait en gueulant, «Madame» rit en pleurant…
      «Madame» a tout d’un crapaud sur le dos, oui : qui gesticule à nous gonfler les …
      Enfin bref  -et quand je dis «bref», c’est tout ce qu’on te demande! 
 -   Et si… ?
    Et si…
     Et si…
     Si tu continues, ça va saigner comme au temps de nos chers Atrides, point final !  




         Jacqueline Wautier,
  • Tous droits réservés – ce texte, comme tous sur le blog de l'auteure, est protégé par les règles et droits de la propriété intellectuelle. 


    Mais je rends à «Tippi» ce qui est à «Tippi Rod» : ce texte est né d’un sujet qu’elle propose en défi(Ô – Une interjection qui ouvre toutes les portes de vos exclamations ! En 1200 mots maximum !  aux auteurs d’Ipagination (dont je ne suis plus, rappelons-le !). Reste que son sujet a éveillé cette idée, et que je la salue amicalement sur nos blogs respectifs !

samedi 23 août 2014

ROSELYNE CROS - NOS PAS SUR LA PLAGE









Photographie proposée par Roselyne





Nos pas sur la plage


Ma main dans ta main
Nous cheminons, regards au loin
Le sable glisse

Sous nos pieds nus
Encore tiède du soleil
Couché à l’horizon

L’air embaume l’iode
Des vagues ramenées par le vent
Nous humons ensemble

La salinité de la mer
Qui clapote doucement
Accroche des reflets

A l’astre de la nuit
Met de l’argent aux crêtes
Diamante le firmament

Je t’aime tant. .. et plus
Je t’aime tout autant et plus

Là et maintenant





Texte protégé et déposé

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