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LA VOIX DE L'ÉCHO

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mardi 19 mai 2015

MARCEL FAURE - BOUQUET DE VOIX pour La danse des jours et des mots - De 0455 à 0463


BANDE AUDIO ICI

BOUQUET DE VOIX
Par ordre de parution : Naïade, Mathieu La Manna, Evelyne De Gracia, Java, Louyse Larie, Aubrée, Zibelyne, Elsa, Anna Logon.



Introduction : 


Une bise printanière souffle aujourd'hui sur la danse et retrousse les jupons de ses jours en un léger désordre temporel. J'ai cueilli les fleurs de mon jardin ainsi que celles de mon écho pour faire froufrouter les plus belles nuances et intonations en un bouquet de voix pour notre ami et poète de chaque jour Marcel Faure et pour sa très chère Lloydia, voyageurs fidèles de Poèmie via « la danse des jours et des mots ». 
Un, deux, trois, Naïade, Mathieu LaManna et Evelyne De Gracia ouvrent le bal de leurs jolies voix, quatre, cinq six, Java accompagne Louyse Larie et Aubrée en trois doux menuets de notes exquises, et enfin, sept huit neuf, Zibelyne, Elsa et Anna Logon avec élégance font la révérence qui ponctue ce bouquet tout neuf ! 
 Grand Merci à toutes et à tous ! Et dansez maintenant !





Mercredi 2 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR NAÏADE)

 Écrire, une belle façon de capturer des rêves.
Dehors la lumière réinvente la terre ...
À chaque instant.
Et je ne suis qu'une infime diffraction du temps.
Dans un silence lézard
Je m'enroule.
Passe une belle trouvaille
Je la plaque sous le stylo.
Tributaire de l'incertain,
Des trajectoires infidèles,
De la sonorité des plumes,
J'interroge mes entrailles
À la recherche d'un écho.
Alors,
Alors seulement,
De ma langue tactile,
Je happe la vie crescendo.



Jeudi 3 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR MATHIEU LAMANNA )

Je suis un artisan. La matière que je travaille, ce sont les mots. Sont-ils déjà ébréchés lorsque je les dispose en vrac sur la table ? Non, ils ont déjà tellement servi qu'ils rutilent de la patine du temps. Mais ils ont su rester rebelles et refusent souvent de se soumettre. Alors j'invoque les poètes
Sous mes yeux la pigmentation prend forme, la coloration s'affirme, la construction s'élabore. Je monte le four en température. De grands à plats s'animent. Je me laisse traverser par des tonalités nouvelles, des fugues, des impromptus, jusqu'aux graduations écarlates.
J'aime ces mélanges chatoyants, nés de rien, qui n'ont pas d'autres buts que celui d'un bruissement léger à mes oreilles, qui sont comme la fleur dans son vase, inutile, irréelle mais essentielle à la beauté du jour.



Vendredi 4 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR EVELYNE DE GRACIA)

 Atmosphère particulière de mon bureau. Le soir tombe, la lumière s'écarte peu à peu pour faire place à une pénombre diffuse. Bientôt le bouillonnement des constellations envahira le ciel.
Les bruits diffus de la maison, le sourd bruit de fond de la rue, loin, très loin dans les cercles extérieurs du temps ... Je suis dans le ventre d'un livre s'ouvrant, se refermant. Ma main sur la tranche, mes yeux dans le moelleux des mots. J'ai peur de me lever, d'allumer l'électricité et de briser ainsi le charme.
Je ne lis plus. Il fait trop sombre. D'un doigt, je caresse le granulé de la page, entre désir et plaisir.



Samedi 5 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR JAVA)

 Rose c'est son prénom, celui d'une fleur, une splendeur destinée à mourir. Toute sa vie Rose s'est jardinée, fardée, maquillée, confiant souvent ses cheveux au coiffeur, maintenant au perruquier. Rose est malade, malade d'avoir trop vécu, d'avoir trop aimé, d'avoir trop fumé.
Rose branchée sur la vie, à se battre avec son syndicat, à se battre pour ses enfants, à se battre avec les fins de mois, Rose branchée sur les perfusions à se battre pour quelques instants de plus avec les siens.
Rose toujours à cœur perdu, à cœur ouvert, à cœur joie, toujours à danser, faire la fête, à partager, partager seulement les instants de bonheur donnant plus qu'elle ne possède et tant pis pour son banquier.
Rose secrète, épuisée par tout ce tourbillon, toute cette fumée, tous ces gens portés à bout de bras – Mais que veux-tu, je ne peux pas faire autrement – Rose veillant sa mère la nuit et ses enfants le jour. Rose à bout de souffle, pompée jusqu'au moindre atome d'oxygène – Un peu d'aide Rose ? – Mais non tout va bien.
Rose si fière, trop fière, jamais ne lâchant prise, toujours sur la barricade et riant plus fort que tous, Rose dont le vent emporte les derniers pétales qui retombent en pluie joyeuse, pour une dernière fête, sur ceux qui l’aiment.



Dimanche 6 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR LOUYSE LARIE)

 À la surface un peu floue de la conscience, des lambeaux de phrases, des imprécisions positives. Elles émanent aux frontières de la méditation, lucioles envoûtantes, filaments enchevêtrés de lumières, petits legos multicolores qu'il faudra encastrer pour faire sens.
Dans la nuit silencieuse, rien n'est encore acquis. La nuit n'est qu'une image, il pourrait tout aussi bien faire midi et plein soleil, dans l'ombre titanesque de Verlaine ou Rimbaud, mon gargouillis insignifiant n'en serait pas moins jubilatoire.
Ce n'est que le regard de l'autre qui me rend moins populaire, moins intéressant, moins génial que mon voisin de palier. Ma soif impétueuse n'assèchera jamais la rivière. Pourtant, lorsque je lève mon verre, que je trempe mes lèvres à cette encre, un paysage s'amalgame et se forme. Du magma s'élève mon chant.



Lundi 7 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR AUBRÉE)

 Sur un fond vert sombre, quelques repères blancs, discrets, presque flous et que bercent une brise de printemps. Une branche expose sa dentelle au vent. En observant mieux, le fond de la photo n'est qu'un amas de fleurs dont le blanc se noie dans le vert, se perd dans le flou comme s'il hésitait à affronter la lumière, comme si le soleil ne frappait que l'extrémité de la beauté qu'il s'apprête à dévoiler.
C'est la première photographie qu'a choisi de nous montrer Shinzo Maeda, photographe japonais, dans son livre "Arbres et brindilles."
Un botaniste dirait de cette photo qu'elle n'est pas bonne. On n'y distingue aucun détail qui permettrait une identification de l'arbre (de l'arbuste ?). Mais le propos de l'artiste n'est pas de nommer mais de partager un instant de grâce, de mettre en évidence une fragilité tout en suggérant la profusion flamboyante de l'arrière plan.
La branche prend alors la dimension d'un Haïku, la sobriété d'un Ikebana et en assume la construction. Elle se divise en trois rameaux de différentes tailles dont seule la partie supérieure du plus grand, capte des étincelles de blancheur. Si le rameau central a du mal à s'extraire du magma de l'arrière plan, le rameau extérieur, presque plaqué au cadre tente timidement de proposer une ébauche , un essai de ce que sera l'inflorescence quand elle aura capturé la lumière. Les pétales largement ouverts, encore laiteux, regardent leurs aînés souriants, pleinement épanouis, à l'objectif alors qu'un savant jeu d'ombres donne à ces derniers une profondeur qui intime à la méditation.
Assis dans mon fauteuil, je perds peu à peu le contrôle de mes pensées. Des effluves agréables chatouillent mes narines. Je m'absente au-delà du réel dans un univers flexible où le poids de mon corps se fait plume. Le tableau est en moi et je pense bourgeon, étamines, pistil. Bientôt je serai fruit ou seulement radeau dérivant sur l'air. Immobile, j'aspire au vide absolu renonçant à tout ce que j'étais. Et mes yeux flamboyants chantent un hymne au printemps.



Mardi 8 janvier 2013  (MISE EN VOIX PAR ZIBELYNE)

   Oh combien je suis stupide ! En rendant compte d'un monde imparfait, je cherche à éliminer toutes les imperfections d'un monde futur. Mais le principal obstacle, justement, n'est pas tant de supprimer tout ce qui ne va pas. Quel serait donc ce monde parfait où chacun trouverait sa place. En dehors des évidentes banalités : bonheur, félicité, sécurité matérielle et alimentaire comment s'organiserait vraiment la vie !
Faudrait-il réserver à chacun une île déserte, sans même la possibilité de construire un radeau, pour éviter tout pugilat ? Supprimer le téléphone, Internet et la bouteille à la mer pour éradiquer toutes les insultes ? Même la notion de droit devrait être revue, chacun voulant user de son bon droit pour posséder, exiger, interdire parce que le droit pour tous, ne va jamais sans sa cohorte d'interdiction pour chacun.
Alors j'érige la solitude comme principe absolu. La solitude adoptant la solution de l'escargot qui se retire dans sa coquille à l'approche d'un conflit. Plus de combattants, plus de conflits. Une solitude active et bienveillante ne restant dans cette coquille que le temps nécessaire à l'apaisement. Utopie, utopie ...
Dans la violence des mots du poète il y a ce désespoir à se savoir si près de pousser la porte de cette utopie sans jamais y parvenir. Dans la violence des mots du poète, il y a cette lucidité à reconnaître en chacun ses propres imperfections. Dans la violence des mots du poète, il y a aussi ce point ultime de fusion entre deux corps, entre deux univers au sommet de l'amour.
Il faudrait savoir bondir entre les interstices du temps et dans un même mouvement tordre le cou à toutes nos pirouettes.



Mercredi 9 janvier 2013  (MISE EN VOIX PAR ELSA)

 Idéogrammes indéchiffrables.
Le ciel comme une énigme

Où dorment les réponses

Des chimères rapaces
Déchiquettent mes rêves

Ô condor mon frère
Protège bien ton nid

Là où s'endort l'enfant
Niche les nouveaux mondes

Là dorment les réponses



Jeudi 10 janvier 2013  (MISE EN VOIX PAR ANNA LOGON)

 Ce n'est pas un songe. Le soleil emmagasiné tout l'été est toujours là. Parfois le jour s'encanaille avec le gris, gronde comme un orage revanchard; qu'importe puisque les plaisirs diffus de la contemplation déploient leurs trésors. Mes yeux se fixent sur un point imaginaire. J'ai la faiblesse de croire que je m'envole.
Oh je n'ai pas de serres, pas de bec tranchant, même pas de plumes, seulement des yeux perçants. Pourtant je ne sais plus vraiment qui je suis.
Plus de parole. Exilé volontaire parmi les poussières cosmiques, minuscule fragment qui poudroie, invisible dans les décoctions méticuleusement dosées de la vie, j'expérimente l'incroyable fusion entre l'exploration intérieure et la matière qui me contient.
Et je sais.
Nous ne sommes que la préhistoire de ceux qui viendront.





Textes protégés et déposés
sur le site iPagination



NB: c'est avec grand plaisir que je relaie chaque épisode de "La danse des jours et des mots". Les parutions sur le site iPagination (année 2013 - dont voici les neuf premiers épisodes ci-dessus) sont en avance sur celles de l'Écho (année 2012); voilà pourquoi j'ai parlé de "léger désordre temporel" dans mon introduction.

Les liens de la danse des jours et des mots sur l'Écho :
MARCEL FAURE








Et avant de fermer cette page...


Des mots et une poésie de circonstances ! 
Alors... Dansez encore ! Longtemps, longtemps !







8 commentaires:

  1. Quel florilège ! Bel hommage aux mots de Marcel que ces timbres qui sonnent sur autant de tons différents ! Merci à Marcel, merci à Tippi, la chef d'orchestre qui chérit ses auteurs avec ardeur !

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  2. Danse des jolis mots de Marcel Faure sur les maillons d'une chaîne d'amitié aux intonations variées. Quelle merveille.. Des sons, des couleurs, des parfums et une chef d'orchestre adorable et talentueuse! Tippi, merci

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  3. Merci Tippi de nous avoir donné la chance et le privilège de lire ces mots de Marcel!

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  4. Oui, Merci à Tippi de nous avoir une fois de plus réunis en ce lieu très joliment agencé pour permettre à nos voix respectives de prendre leur envol au gré des mots de quelques auteurs, en l'occurrence ici ceux très colorés de Marcel...

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  5. merci Tippi de ces rendez vous que tu nous offres. Merci à Marcel pour ces mots où chacun semble se retrouver. Merci aux lecteurs lectrices qdont je retrouve les voix avec plaisir

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  6. Eh bien en voici des jolies fleurs mes chères voix ! Grand merci à tous et au prochain bouquet ! GROS BISOUS à chacun de vous.

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  7. Que dire après ce florilège de remerciements et de félicitations ? Un bien beau bouquet que tu as composé là Tippi fait de multiples interprétations chantantes, douces ou plus fortes au gré des mots poétiques de notre ami Marcel. De belles sensations et de belles invitations dans son monde que nous retrouvons toujours avec plaisir.
    Merci à tous les deux de cette belle idée et merci à toutes les fleurs d'avoir prêté leurs voix pour composer ce bouquet.

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  8. Quel beau florilège de voix qui sublime les mots de Marcel empreints de poésie qui nous font tantôt réfléchir, sourire, s'interroger et j'en passe ! des mots toujours justes ! merciii ma Magicienne !!

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