Le mot du jour

Qui suis-je?


LA VOIX DE L'ÉCHO

POUR LE PLAISIR DE TOUS: AUTEURS, LECTEURS, AUDITEURS...

mercredi 31 décembre 2014

ANNA LOGON - LA MALÉDICTION D'AMAËL - 3/4

BANDE AUDIO ICI


Voix de l'Écho sur une adaptation de
Nox Arcana - Grimm Tales








« La Malédiction d’Amaël » 3/4


3
       Pressurant la cité en ténébreux présage, les ombres de Camarde promenaient sur les remparts sa menaçante silhouette. Les répugnantes gargouilles du beffroi semblaient plus charitables. Comme on marque la peste, une main invisible avait gravé les portes des berceaux à dépouiller... Quel père, quelle mère blâmer de vouloir ainsi tromper la bête et protéger sa descendance ? La ville entière exhalait la mort puante. Sous les porches et les volets clos, le vent s’agonisait en macabres lamentations. Où était-ce les plaintes craintives des cinq infortunés qui transpiraient des pierrailles ? D’itératives prières auguraient aux innocentes stèles un radieux au-delà. Les peurs primitives aiguillonnaient les âmes pieuses. Une procession au matin dissuaderait les forces du Mal. Quelques jours encore et les frères prêcheurs de la Sainte Inquisition jetteraient ces hérétiques dans les flammes de l’Enfer. Les paroissiens n’étaient plus solidaires, les désaccords émiettaient les consciences. Les natures épouvantées restaient cloîtrées, les plus téméraires conspiraient. Quelques discrètes réunions alimentaient les esprits plus naïfs. Les parents voulaient tuer la monstruosité. Pour la survie des enfants, la grâce de Dieu dicterait leur courage. Saint-Georges n’avait-il point terrassé le dragon ? Les âmes pieuses s’y opposaient, toute créature, œuvre de Dieu, relevait du sacré. Aucun homme ne pouvait se soustraire à la Table des Lois : « Tu ne tueras point » ! Croyances et confusions s’entrechoquaient, formant d’autres groupes. Certains voulaient sacrifier les garçons demandés. Se débarrasser au plus vite des maudits protégerait la ville.
-        « Des enfants, on en r’fera d’autres !
-   Sacrifions les chétifs, les souffreteux... Nous graverons une dalle de leurs noms devant l’abbatiale pour leur assurer les portes du Ciel et notre éternelle reconnaissance.
-        Faut faire une liste ! C’est qui le plus jeune ?
-        L’abbé nous donnera le registre des baptêmes...
-        Si la Margaux met bas d’un mâle, il s’ra le plus jeune !
-   La sorcière nous réclame nos cadets, jamais elle saura qu’y sont malades. Comment elle pourrait ?
-        P’être la bête saura... ?
-        Et après, que nous demand’ra d’autre c’te sorcière ? »
       Insidieusement, les crédules superstitions prenaient le pas sur tout évangélisme. Chaque parent évaluant les âges échafaudait sa liste. Espérant entière rédemption, certains plongeaient dans un fanatisme dévotieux, faisant bénir leur dernier-né quatre fois par jour en toute discrétion pour ne pas éveiller les soupçons de Galia. Quelques-uns ayant acheté la fiole de potion bleue se croyaient protégés de cette tempête maléfique annoncée. Endora n’avait-elle point vu l’avenir dans les arcanes ? C’était bien là la preuve de l’efficacité de la potion... D’autres ragots empreints de croyances païennes germaient. Il fallait baigner l’enfant trois jours avant la pleine lune dans du lait de jument primipare pour dissiper l’odeur de sang humain coulant dans ses veines. Une vieille guérisseuse jurait que l’absorption quotidienne d’un simple jus d’ortie parfumé à la rose d’officine suffisait au poupon mâle de moins de trois mois pour que tout son corps embaume la mignonne. Une assurait qu’un collier de perles d’ambre ou l’image de la vierge couronnée dans les couches pourvoirait à la protection du garçon. 
       Grosse de neuf mois, Margaux s’inquiétait... La faiseuse d’enfants avait palpé la maturation de son ventre, elle serait mère à la prochaine lune. La belle serrait les cuisses, appuyant ses mains sur son ventre pour rentrer plus profond la tête de son petit. Elle priait qu’il ne naisse pas trop vite. La peur de Galia l’enfouit avec son homme dans les tréfonds d’un souterrain. La lune aussi serait bientôt grosse. Ce soir Galia lâcherait Amaël... Avant même les Vêpres, volets et portes furent consolidés. Le silence retenait son souffle. Tous tentaient de protéger leurs couvées, les oisillons sans duvet étaient dissimulés dans le moindre trou pour échapper au féroce appétit. Dans l’obscurité, nul n’était à l’abri. Galia libéra Amaël... Un redoutable hurlement déchira le crépuscule rougeoyant. La bête bondit de la cage. Contraint, Amaël louvoyait dans les tortueuses ruelles. Une première porte céda sous ses griffes. Elles balafraient la dalle d’une cave, attisées par des sanglots étouffés. La pierre résista. Le furibond ressortit. Grimpa sur un proche muret. Sauta sur les bardeaux de la maison voisine. Le toit volait en morceaux. Le fauve dévasta l’unique accès d’une chambre. Surgit babines écumeuses. Un homme se dressait devant son aimée. La femme s’évanouit. Amaël disloqua le mari à coups de mâchoires... En une nuit, la bête avait fracassé trente-cinq maisons, déchiqueté autant d’hommes, dévoré pour moitié vingt-deux femmes... Mais croqué aucun enfant ni aucun cœur... À l’aube, Galia rappela Amaël et le renferma. Elle exultait. Désormais, tous écouteraient plus attentivement et répondraient à sa requête.
       Trois pères préférant l’excommunication et les feux de l’Enfer avaient étouffé ou étranglé femme et progéniture, avant que de se trancher la gorge. La liste des cinq en était modifiée. Au matin, rares ceux qui osaient sortir. Il leur fallait pourtant se réunir à nouveau. Les discordes s’enflaient : 
-        « La bête est repue, nous pourrions l’achever facilement !
-        Tu crois qu’c’te sorcière n’a qu’un tour dans son sac ? Elle f’ra d’autres maléfices !
-        Que fait l’Inquisition ?
-        Il nous faut tenir encore un ou deux jours, avant qu’elle ne brûle ces hérétiques
-        Oui ! Oui ! Le bûcher !
-        Le bûcher sans procès !
-  Les loups-garous ne craignent pas les flammes, s’écria un chasseur. Seule une flèche d’argent pourra le tuer.
-        Aucun d’entre nous n’a une telle arme !
-        Nous sommes condamnés à la mort, s’effondra une vieille en priant.
-        Vieille folle ! Pourquoi tous ? Elle n’veut que cinq plus jeunes !
-        P’être j’pourrais espionner Galia, rétorqua l’herboriste, et découvrir ses secrets... Après je...
-        Ouais... Pour maîtriser la bête et l’avoir à ta solde, s’écria un homme lui sautant à la gorge.
-        Sous peu, l’Inquisiteur nous délivrera.
-        Préparons le bois du bûcher !
-        Ça n’tuera pas la bête, j’vous dis ! »
       Les discussions s’envenimaient. Une bagarre suivit entre la moitié des hommes. Les esprits s’échauffaient : les courageux incroyants, les craintifs dévots, les ardents défenseurs, les perfides dépravés, les lâches toujours angoissés, les hypocrites ployant selon le vent, les vils flagorneurs... Une belle brochette d’humanité sous la coupe de Galia et son impitoyable abomination... Malgré les cruautés de la nuit, la maudite réclamait toujours son dû, cinq cœurs des plus jeunes mâles.
        Protégés sous la terre opaque, ils pensaient le sauver. Margaux serait bientôt mère. Les douleurs déchiraient. Sans le savoir, plus elle retenait l’enfant en appuyant avec force sur son ventre, plus il se présentait mal. Aucun son ne devait retentir dans l’écho du terrier. Margaux s’étouffait hurlante dans le torse de son homme qui ne savait quoi faire. La laisser seule et chercher la faiseuse ? Ou aider sans savoir ? Colin promit de revenir vite. Margaux pria le Divin, s’excusant de s’être tapie telle une bête dans le ventre de la terre. Des souffrances inhumaines lui brûlaient les entrailles. Margaux se résigna. Retroussant ses cotillons, elle ouvrit largement les cuisses. Malgré ses cris et son supplice, rien ne sortait. Colin et la vieille la découvraient inerte dans les sombres ténèbres, le périnée déchiré par son propre enfant. La vieille se pencha. La carnation de Margaux ne trompait pas son état. Les deux étaient morts. C’était une fille... Colin tomba à genoux maudissant le trop proche Malin.
       Amaël, lui, aurait voulu profiter de cette nocturne « mission » pour fuir. Divine liberté... Seuls ceux qui en sont privés savent ce mot. Mais Galia l’emprisonnait par ses maudites incantations. Et qu’en aurait-il fait puisqu’il était damné jusqu’à l’infini des temps ?...
.../...



Texte protégé et déposé
Où vous pouvez retrouver l'extrait musical original



lundi 29 décembre 2014

ANNA LOGON - LA MALÉDICTION D'AMAËL - 2/4

BANDE AUDIO ICI


Voix de l'Écho sur une adaptation de Nox Arcana - Once Upon a Nightmare








« La Malédiction d’Amaël » 2/4

2
      Au crépuscule naissant dessus la plaine, une étrange caravane d’ombres s’approche dans des lueurs verdâtres. Le bruit des roues ferrées du cortège s’enfle sur les caillasses. Le bois des sombres roulottes craque dans les dévers du chemin. En guise de rideaux, des lambeaux de tissus ondoient dans les brumes. Les sons de tambourins et de flûtes virevoltent en envoûtante musique, déjà elle lèche les hauts murs de la ville. Les gardes laissent passer ces saltimbanques miséreux.
          La rumeur précède l’arrivée du cirque. Il s’annonce tel un serpent se faufilant dans les étroites ruelles où le soleil lui-même n’ose pénétrer. Des grondements plus troublants s’exhalent du sinistre cortège. À l’arrière fermant la marche, une grande cage cadenassée de lourdes chaînes sous d’épais velours est fixée au tombereau par d’énormes cordages. Des grognements sauvages montent de la cellule. Les premières festives espérances s’escamotent. Un sentiment d’étrange menace s’exsude des murailles. Une gangue noirâtre suinte enveloppant chaque pierre au passage du mystérieux convoi. La parade du cauchemar se referme sur elle-même en cercle sur le placître. À la tombée de la nuit, d’effroyables mugissements s’élèvent en face à face dissonant avec l’église dressée en silencieuse prière.
          Dès le matin, quelques enfants curieux ne peuvent résister à la tentation. Frôlant dans l’allée la cage couverte, les innocents tentent d’apercevoir la recluse monstruosité exclue de la divine bonté. À leur odeur, la cage se secoue violemment. Soudain, d’entre les rideaux surgit un énorme bras d’homme couvert de cicatrices, aux ongles longs comme des griffes à quelques centimètres de la gorge d’un enfant.
« Passez plus près et deviendrez son repas du soir. La bête a faim ! » lance Galia, sortant d’entre les roulottes, aux apeurés qui s’enfuient autant à la vue de la vieille pouilleuse que des griffes du monstre.
          Avant les clarines de la Sexte, la troupe est en place pour l’unique représentation. Dans une guérite envoilée de poussières d’étoiles, mi-gitane mi-sorcière Endora écarte pour un sou l’éventail des arcanes : « Le chemin du destin est sombre, une tempête maléfique s’annonce... Pour deux sous de plus, je vous livre la potion en puissant antidote » montrant la fiole remplie d’un liquide bleu allongée à l’intérieur d’un cercueil miniature. À l’entrée du chapiteau, en appui sur son unique jambe, Tancrède laisse pénétrer les visiteurs pour trois sous. À l’intérieur, la borgne Calliope joue du tambourin en dansant sur un filin d’acier. Au-dessous d’elle, deux clowns flandrins jonglent maladroitement avec des crânes, un troisième les accompagne frappant le cuir d’un tambour avec des os humains. Plus loin, le Maître du feu lance ses dagues acérées vers Aurora aux poignets et chevilles liés à une grande roue tournant de plus en plus vite. Diablo élève vers le ciel sa première lame qui s’enflamme aux mots étranges « Clomest vran fijud ! ». Les poignards de feu s’envolent vers la belle captive, le premier se plante à côté de sa gorge, le deuxième frôle son sein... La foule envoûtée applaudit. Tout s’accélère... À la dernière lame plantée, la roue s’embrase dans les feux de l’enfer, Diablo disparaît dans un rire satanique. La foule hurle... Les flammes cessent pour dévoiler un squelette calciné attaché à la cible. Âcre, l’odeur carbonée prenait les curieux à la gorge, certains se couvrant d’un linge la bouche et le nez, des femmes tombaient en pâmoison... Seul Diablo réapparaît plus loin dans un éclat de foudre.
          Déjà, les spectateurs s’écartent... Galia et Tancrède amènent le tombereau à la cage de velours rubescent. Les atroces grognements font vibrer les toiles du chapiteau. D’un geste magistral, Galia dévoile « La Bête »... Tous retiennent leur souffle. Un corps d’homme à la sculpturale musculature se recroqueville, ses mains immenses cramponnent les barreaux. Murmurant d’indicibles paroles, Galia lui tend un cœur sanguinolent encore battant et tiède. La bête affamée s’en empare et le dévore d’un seul coup de mâchoire. Soudain dans un terrifique hurlement, l’homme se transforme dans d’horribles douleurs. Un sombre pelage couvre progressivement son corps, des griffes redoutables sortent de ses doigts, son nez laisse place à la gueule dégoulinante de bave et de sang d’un féroce loup-garou aux yeux citrine. La foule s’enfuit telle une soudaine tornade, braillant d’avoir vu Satan en personne. Les plus effrayés piétinaient dans ce débordement de panique ceux évanouis sur le sol. Gardes et recteur furent appelés sur-le-champ pour chasser les maudits et exorciser la place. Mais Galia leur fait front :
« Vous ne pouvez rien sans notre volonté, nos sortilèges sont plus puissants que toutes vos litanies. Hasardez-vous mes seigneurs et je lâcherai la bête dans vos rues ».
« Si vous restez, c’est le grand inquisiteur qui vous brûlera ! » dit le recteur s’avançant, confiant dans sa croix levée.
« Faites-nous don de cinq de vos plus jeunes fils, et nous partirons... »
       Ainsi Galia avait compris l’infortune d’Amaël. Elle avait soigné le pauvre hère et mis dans une cage solide. La sorcière avait fini son ouvrage par quelques maléfiques envoûtements. Même sous des nuits sans lune Amaël devenait loup. Peaufinant sa sorcellerie, affamant la bête, Galia lui offrait des cœurs de jeunes garçons encore battants et tièdes dans de mystérieuses incantations. Alors les mutations se réalisaient au soleil de midi. Elle le transformait selon sa volonté le condamnant désormais pour l’éternité. Durant les courtes rémissions, Amaël pensait que la mort sous les griffes d’Yorik eut été plus douce.

       Galia attendait son écot, « C’est peu payé pour la liberté d’une ville » clamait-elle...
.../...



Texte protégé et déposé
Où vous pouvez retrouver l'extrait musical original

samedi 27 décembre 2014

ANNA LOGON - LA MALÉDICTION D'AMAËL - 1/4

BANDE AUDIO ICI


Voix de l'Écho sur une adaptation de Nox Arcana : Night of the wolf











« La Malédiction d’Amaël » 1/4

Des profondeurs d’un si loin-temps qu’aucun n’aurait pu en donner un quelconque millésime, à l’âge des créatures maléfiques brûlant de sécheresse les cultures, noircissant les récoltes, essaimant peste et choléra, de féroces angoisses envahissaient les esprits chrétiens, attisées par les seigneurs de l’Inquisition...

1

       Dans les profondes forêts de Waarkrovie, les hauts troncs se blottissent les uns contre les autres et les vents de Calcias y faufilent leurs voix lugubres, tels les gémissements d’obscures présences fouinant l’opacité. Le froid transperce les couennes, les brumes glacent tout sang humain osant y pénétrer. Les ombres ramières reines d’illusions nourrissent les peurs les plus oppressantes. Les parchemins interdits de théogonie faisaient de Waarkrovie un lieu de chaos, ultime refuge des esprits déchus.
       Solides gaillards aux bras puissants, au torse architectural, Amaël et ses quatre compagnons bucherons ne craignent ni râles envoûtants de Malhazard Fossoyeur des Ténèbres ni démons griffus ou volants. Ils se sont enfoncés dans les noires futaies, là où les arbres sont les plus vigoureux. Ils tireront un bon prix de leur labeur. Voilà deux jours qu’ils taillent avec force, étêtent les cimes, dégagent les branchages, les dépècent de leur terne écorce. Leur unique tracas se réduit aux traces d’urine et aux empreintes dans la neige d’une meute de loups aperçue la veille par Matifas. Les hommes étaient à la lisière de leur territoire. Giboin assurait qu’ils n’attaquaient pas l’homme, mais tous restaient sur leur garde. Lequel d’entre eux aurait pu jurer du fond de son âme l’absence de tout enchantement ? Chaque soir, un grand feu veillait sur le campement. Au matin, à nouveau herminettes et merlins portaient l’estocade sur les coins, les troncs s’affalaient dans de bruyants grondements. Deux chevaux tiraient les bois cerclés de lourdes chaînes. Il leur restait dix jours pour achever d’abattre la parcelle, et assurer une bonne bourse aux cinq foyers.
       Au troisième matin, Albaud avait disparu. Aucun cri, aucun hennissement, aucun vestige de lutte. Rien... Il s’était évanoui comme on souffle une bougie... Seul un sillon de sang présageait d’un sort funeste, réveillant d’archaïques terreurs où la croyance redevient loi. Ils l’appelèrent en vain... Giboin découvrit près des billes de bois une main et un morceau d’un bras figé dans la neige carminée, les doigts resserrés sur une tourne-bille. Il se pencha, la griffe était ensanglantée. Les compagnons cherchèrent aux alentours le reste du corps. C’était inutile, les traces s’arrêtaient là. Les regards inquiets se heurtaient en silence. Les loups menaçaient... Il fallait terminer et rentrer au plus vite.
       Seuls les coups de hache et les troncs qui se déchirent résonnaient dans la forêt. Flanqué d’une trompe taillée dans la corne d’un bouc, Fleuret faisait le guet assis sur une haute branche. Avec le couchant, les lumières se distendaient peuplant la forêt d’obscures chimères. Pendant deux nuits, le sommeil resta inaccessible. Les premières lueurs d'une aube si pâle leur brûlaient les yeux, les manches se faisaient plus lourds...
       Giboin s’était évaporé avant le sixième crépuscule dans un silence toujours mystérieux. Matifas trouva les carcasses de deux chevaux morts, un autre plus loin encore vivant la panse éviscérée. Matifas dut l’achever, lui pourfendant le crâne d’un coup de hache, laissant jaillir quelques morceaux de cervelle. Il fallait tout enterrer afin de n’attirer aucune férocité malveillante aux abords du campement. Si cela ne pouvait être l’œuvre des loups, quel sortilège tissait le cruel et l'invisible ? Quelles créatures démoniaques à la solde de Malhazard pouvaient disparaître en un éclair après cet infernal forfait ? Amaël décida que ce jour serait le dernier, aucun écu d’or ne méritait la mort d’un compagnon. Demain matin, ils partiraient de cette terre maudite, abandonnée du Divin. Dans une dernière hargne, les bras se firent plus meurtriers sur les troncs.
       À la tombée du jour, la faim avait poussé la meute attirée par l’odeur du sang et des putrides humeurs infiltrés dans la neige. La horde s’était approchée, tapie dans le sous-bois, attendant l’heure propice. Les hommes assis sur une pierre se réchauffaient d’une écuelle de pain trempé dans un infâme bouillon. À la lueur du brasier, leurs yeux épiaient l’ombre vacillante au-dessus de la flambée, les oreilles en alerte à chaque craquement. Ce répit fut leur dernier. Malgré la veille des hommes, les loups se jetèrent à la vitesse d’une flèche, plantant leurs gueules dans les chairs. Fleuret fut pris par surprise, entre deux monstres lui dévorant déjà le flanc, l’autre la gorge. Il fut condamné sans le temps d’esquisser le moindre geste de défense. Ses égorgeurs rejoignaient les autres dans leurs charges fatales. Matifas réussit à se dégager. Saisissant une sapie il fit front, croc contre crocs. Poussant de rauques hurlements, il les éloignait fouettant l’air de son crampon avec force. Il en tua deux, mais les fauves bondissaient vers lui en vagues incessantes. L’assaut des dents toujours plus sanguinaire que le dernier. Leurs gueules puissantes eurent le dernier mot, arrachant la moitié du visage de Matifas et lui vidant les tripes. Il n’en restait qu’un...
       Amaël affronta courageusement la meute, un par un, plantant crochets de tourne-bille, fendant les têtes et ouvrant les ventres à coups de hache. Une à une les bêtes maudites l’avaient meurtri. La lutte fut âpre, mais l’homme avait vaincu ces damnées. Chancelant, Amaël s’était réfugié près du feu, pansant ses bras en lambeaux de bandage de tissu arraché aux chemises de ses compagnons d’infortune. Il attendrait le jour pour fuir, surveillant les alentours recouverts de sang et de fragments de corps. La nuit n’en finissait pas sous l’astre ambré.
       Soudain, il apparut... Yorik, le Saigneur Pourpre du néant, le plus fort et le plus puissant loup qu’il n’avait jamais vu, telle une montagne de muscles. Jusqu’alors, Amaël croyait que ce thérien des steppes, solitaire, à la tête massive, au terrible poitrail n’était qu’une légende. Il se dressait bien là, devant lui haussé sur ses pattes arrière, debout comme un homme. Yorik s’approchait les crocs scintillants sous des babines d’écume. Plus les lunes passaient plus le fauve se renforçait de monstruosité. Amaël se releva, et lança l’assaut le premier. Aucun ne pourrait dire qu’il fût mort sans combattre... La bête surprise réagit en un éclair lacérant le torse d’Amaël de ses griffes aiguisées telles des lames, lui arrachant en un geste quartier de viande et rugissements de douleur. L’affrontement était rude, mais pas perdu d’avance. À force de courage et d’une hargne devenue sauvage, Amaël devenait plus féroce que le fauve. La lune n’était pas encore à son solstice d’hiver qu’Yorik faisait face à Amaël avec toute sa puissance. Bientôt, la lune serait au plus proche de la terre, et rien ni personne ne pourrait arrêter cette créature satanique. Seul celui qui avait un cœur pur pouvait tuer Yorik.
       Amaël ne se battait plus pour sa vie, il voulait tuer la bête les yeux dans les yeux. L’odeur du sang amplifiait sa fureur, comme si, déjà, toute humanité le quittait. Les cœurs d’Yorik et d’Amaël étaient emplis d'une même barbarie. Au matin, Yorik avait fui pour moitié mort, laissant Amaël la gorge à demi ouverte, ses plaies du corps béantes. Il s’était longtemps traîné, rampant dans les broussailles pour sortir de l'enfer. À bout de forces, avait fini dans le fossé du chemin.

       Une caravane était passée, Galia l’avait ramassé...
.../...



Texte protégé et déposé
Où vous pouvez retrouver l'extrait musical original


mercredi 24 décembre 2014

TippiRod - LA SIRÈNE DE NOËL











Morgan - "Le lac Jacaré"



La sirène de Noël




Il était une fois en des contrées lointaines, une jolie sirène qui avait du gros chagrin.

Elle habitait au cœur du lac Jacaré en Amérique du Sud, tout près d'un très joli village.

Ses longs cheveux bruns bouclés secoués par ses sanglots faisaient frissonner l'onde.

Dans une mangrove voisine, un très vieux crabe bleu ressentit cette peine totalement imperceptible par l'espèce humaine, jusqu'au bout de ses pinces.

Bien que fatigué, il entreprit son voyage de côté pour aller rejoindre la belle enfant avant la fin de l'avent. Sa petite patte lui disait qu'il y avait mission pour lui avant la nuit du réveillon.

Dix jours entiers lui furent nécessaires pour atteindre le lac. Fort heureusement le vieux crabe épuisé ne cligna pas longtemps des yeux pour apercevoir la petite sirène chagrine.

— Ma belle enfant, une si belle journée d'été et je te trouve en pleurs ! Sais-tu que tes larmes font vacarme jusqu'à moi !

— Bonjour Crabe bleu, nous ne savons plus quoi faire, dit la reine des grenouilles

— Et nous non plus, reprend le crapaud chef de bande

— Bonjour Crabe bleu, c'est tellement gentil à vous de venir nous voir, pétillent les lucioles invisibles en plein jour

— Et toi Noëlle, tu ne me réponds pas ?

— Elle ne fait que pleurer, dit la grenouille

— Depuis des jours et des nuits, confirme le crapaud

— Et si on la laissait s'exprimer, gronde gentiment le crabe bleu

— Ah oui, c'est une belle idée, clament les lucioles en choeur

— Je t'écoute, petite, quel est ce gros chagrin qui te coupe la parole et fait perler tes jolis yeux d'ébène ?

— Je ne veux plus être « pas pareille »... sanglote la sirène

— Pas pareille que qui, que quoi ? En voilà une idée !

— Pas pareille que personne ! Pas pareille que les autres sirènes

— Bien sûr, puisque tu es la Sirène Noëlle ! C'est normal que tes écailles soient rouges. Elles sont d'ailleurs magnifiques, on dirait des rubis étincelants. Tu es la plus éclatante des sirènes

— Je ne suis pas pareille que le père Noël !

— Tu voudrais une grosse barbe blanche sur ton joli minois ! Et tout le lac d'éclater en un rire tonitruant.

— Je n'ai pas non plus de traineau...Et d'ailleurs, je n'ai même pas de cadeaux ! Vous parlez d'une Sirène Noëlle ! Qui pourrait bien croire en moi ?

— NOUS !

— Vous dites cela pour me consoler, mais moi je sais que je ne sers à rien. Je suis le vilain petit canard des sirènes !

— Parlons en du vilain petit canard, dit le crapaud, il a bien grandi, tu sais, c'est un très bel adolescent. Eh bien ! Tu serais surprise ! Il ne s'est pas plu du tout dans sa vie de cygne comme tous les cygnes. Il est revenu, penaud, demander asile chez les canards, mes cousins lointains et palmés. Depuis, il barbote comme un coq en pâte et, crois-moi, il ne fait plus ni le beau ni le vilain, il cherche simplement à faire l'heureux temps dans la mare. Il cultive les différences comme des fleurs uniques et merveilleuses.

— Moi je ne suis qu'une pauvre sirène isolée

— ET NOUS ALORS ! On compte pour des œufs de lump ?

— Non consentit-elle a sourire, vous êtes mes amis, mais vous ne pouvez rien pour moi.

— Tu n'as pas assez lu de contes de fées, petite ! Maugrée le crabe bleu

Tu as une armée de grenouilles, de crapauds, de lucioles, tu as tout ce qu'il te faut !

— Je n'ai pas de prince charmant !

— Teu teu teu ! Ne raconte pas d'histoire ! taquine le crapaud, le cavalier au cheval blanc n'est jamais loin d'ici !

— Oui, mais c'est parce qu'il vient voir son petit jacaré, pleurniche la sirène

— Quel cavalier au cheval blanc, quel petit jacaré ? interroge le crabe bleu

— Mais enfin, Crabe bleu, vous perdez la carapace ! Vous ne vous souvenez plus de cette vieille histoire. Elle est même la légende de notre lac !

— Ah ! Sois poli, Crapaud, à défaut d'être... Je ne veux pas me montrer grinçant.
Sache, vieux baveux, que j'ai une mémoire pachydermique et que je n'ai jamais eu vent de cette fable. Je devais être en fonction dans ma forêt d'Amazonie et avais bien d'autres sirènes à pincer ! Veux-tu bien me relater les faits ?

— C'est nous qui avons sauvé le beau cavalier ! S'exclament les lucioles

— Bon bon... il vous revient de raconter alors ! Grommelle le vieux crabe



L'assistance en émoi, chacun positionné sur son séant et sur le nénuphar de son choix, est tout ouïe et impatient d'entendre ou de réentendre cette légende locale dont aucun ne se lasse.



Les mille treize lucioles parlent en clignotant, de trois mots en trois mots — les treizièmes assurant toutes les ponctuations pour donner le ton.


— C'était une belle fin d'après-midi, le cavalier blanc pêchait tranquillement lorsque soudain au coucher du soleil, un bébé jacaré surgit de l'eau prêt à en découdre avec celui qui se trouvait en haut de l'asticot ! Le bébé d'un mètre de long était déjà bien vigoureux et ne badinait pas de la mâchoire. On aurait dit qu'il avait plus de mille dents. La bagarre s'annonçait rude pour le pêcheur cavalier. Il se débattit pendant plus d'une heure avec l'animal au milieu des nénuphars.


C'est alors que nous sommes apparues, habillées de nos plus belles lumières. Le cavalier blanc a raconté que l'instant fut magique et le petit jacaré totalement apaisé.


Le jeune homme réussit à le capturer sous les yeux médusés des crapauds et des grenouilles qui ne donnait pas cher de sa peau ! Il ficela la gueule de l'animal en vue de le confier à un ami qui s'occuperait un temps de ce gros bébé pas comme les autres...


Le crapaud reprend alors à l'attention du crabe et de la sirène:

— Vous nous direz, qu'est-ce qu’un jacaré ? Le jacaré est un crocodile d'Amérique du Sud, que l'on trouve plus particulièrement en forêt amazonienne ou dans le nord du Brésil.

La grenouille qui était loin d'être muette, de coasser :

— Les gens qui vivaient près de ce lac n'ont jamais oublié l'histoire du cavalier ! De ce fait, ils l'ont baptisé « le lac jacaré ». Mais attention, la légende dit qu'à ce jour, rode dans les profondeurs du lac...la maman jacare...


À cet instant l'eau se mit à bouillir en d'énormes bulles tout autour d'eux et d'un seul coup, un gigantesque jacare rugit :

— Où est mon petit ? Quel est donc cet ami qui l'a recueilli ?


Interloqués, la sirène, les crapauds, les grenouilles et même les lucioles courageuses se terrent les uns contre les autres aux bords des rives.


À grands coups de queue, la mère malheureuse se montre menaçante et tout le monde craint la vengeance du sang glacial.


Adieu, Noël, cadeaux, traineaux ! Les enfants ne seront pas gâtés cette année encore, par la sirène Noëlle, qui de toute façon n'avait rien de tout cela parce qu'elle n'était pas pareille !


Seul le vieux crabe, se montre téméraire, et d'un ton rocailleux tient tête à la dame aux grandes dents :

— Votre petit est en de bonnes pinces. Je suis l'ami à qui le cavalier blanc a confié votre tendre descendance. Mon épouse, un crabe violoniste en a pris grand soin, je peux vous l'assurer.


La surface du lac est redevenue calme. Faune et flore ont cessé de trembler.


Maman jacaré reste coite un moment puis à son tour, charmeuse, s'adresse à l'assemblée :

— Alors, amenez-le ici ! Il sera le traineau qui manque tant à Sirène Noëlle. Sur son dos embarqueront crapauds et grenouilles...

— Moi je veux six rênes comme le père Noël !

— Mais c'est toi la sirène ! Bécasse ! Vas-tu cesser de pleurnicher à la fin ? Tout le monde va croire que les nénuphars font sangloter comme des oignons ! Rouspète le crabe bleu.

— Et puis je veux de la neige, j'ai jamais vu la neige !

— Ah ça, mais quelle capricieuse ! Qui l'a éduquée celle-ci ? S'insurge la mère jacaré

— C'est nous tous, les habitants du lac. Un matin vingt-quatre décembre, nous l'avons découverte endormie dans les grandes feuilles, déposée par une perle de rosée. Éblouissante avec sa robe rubis et ses boucles foncées, elle a ouvert de grands yeux d'ébène veloutée. Nous n'avions jamais vu de sirène et ainsi tombée du ciel, elle nous semblait la plus belle. Oui, peut-être bien que nous l'avons un petit peu gâtée ! confesse gentiment la petite grenouille nounou.

— Et vous l'avez donc prénommée Noëlle ? Questionne le crabe bleu

— Oui, grâce à ses écailles rouges, nous avons imaginé qu'elle serait une bonne sirène Noëlle.

— Mais le père Noël passe, ici aussi ! Les enfants ont leurs cadeaux bien qu'ils fêtent leurs grandes vacances et que ce soit le plein été, réplique encore le vieux crabe.


Ils continuèrent à parler ainsi et à refaire le lac pendant des heures.


Pourtant quelques nuits plus tard, celle tant attendue du réveillon, un drôle d'attelage effleurait les maisons.


Comme un traineau de père Noël, le fils jacaré retrouvé, volait dans la nuit encore chaude de soleil. Tout le lac voyageait à son bord et la sirène Noëlle tenait les rênes de feuillage pour guider le crocodile par-delà les habitations. À peine le père Noël passé, les lutins grenouilles et crapauds envoyaient les lucioles distribuer les cadeaux transparents.


Une d'elles déposait une bonne idée, l'autre, une bonne intention, et voilà tour à tour, offert en un balai lumineux, un beau souvenir, une jolie pensée, une inspiration, une saveur délicieuse, un éclat de rire, un tendre sourire, une réconciliation, une géniale invention, un subtil parfum, une rencontre insolite, un savoir ancestral, des envies de partage, des désirs généreux, des projets, des projets comme s'il en pleuvait !


La sirène Noëlle riait de bonheur et ses amis se réjouissaient de la voir si heureuse.


Non loin de là, le nénuphar dressé pour l'occasion de ses plus beaux apparats, offrait les honneurs de sa table à monsieur Crabe bleu et madame Crabe violoniste son épouse, madame Jacaré mère et monsieur le cavalier blanc. Tous quatre triomphaient d'être parvenus à leurs fins et d'ainsi gâter autrement petits et grands enfants.





FELIZ NATAL !


 *          *
*



À mon fils Morgan qui m'a peint et offert ce tableau qui représente le lac Jacaré dont il m'a confié la légende et à son épouse Paty. Tous les deux vivent heureux tout près de ce lac brésilien. Je les embrasse et leur envoie la petite sirène Noëlle avec son équipage complet et surtout tous ses jolis cadeaux !



Texte et tableau protégés et déposés





mardi 23 décembre 2014

EVELYNE DE GRACIA - MISSIVE CÉLESTE











Missive céleste



Nous y voilà ma petite sœur.

Je suis partie là haut il y aura quatre mois, jour pour jour le 24 décembre.

Toutes ces dates cultes qui s'inscrivent au calendrier marqueront à jamais ton calendrier de famille.

Si je pouvais te confier un secret...

Essaye de réfléchir un peu !

Mama dodo est partie le jour de mon anniversaire et je rejoins Papa à deux jours de sa venue sur terre. Veux-tu que je te rafraîchisse la mémoire?

Petite sœur, reste calme !

Ah si je pouvais, si je pouvais seulement donner un grand coup de pied pour montrer ce que je ressens...

Les magouilles, les caractères de chacun et leurs objectifs, c'est toujours très dur à mélanger. Nos ego...

Ici, on m'a appris à la jouer collectif, le bien de chacun se mêlant à l'intérêt de tous.

Je vous vois de là-haut par temps calme. La lumière baigne cette terre où tout le monde s'affaire.

Tout ce clinquant, ces paillettes, ces lumières ridicules qui clignotent sont si pathétiques, mais quand elles s'éteignent c'est qu'on est plus là pour les allumer.

Vue d'en haut il y a des gens merveilleux et d'autres qui le sont moins.

That's life ma petite sœur chérie.

Prends soin de toi et Take it Easy...






Texte protégé et déposé

sur le site iPagination








Composition de Evelyne pour sa sœur Véronique





dimanche 21 décembre 2014

LE BOUQUET DE VOIX EN JAVA !





Aux feux de mille lunes
Mon ami Java
Pour faire luire nos plumes
Prête-nous ta voix

Cette fois pourtant
Sans t'en dire un mot
Quelques voix amies
Ont déclamé tes phrases

Histoire que ce jour
Ne soit bien qu'à toi
Et qu'en cet Écho
Tu te sentes chez toi !

QUEL LECTEUR SE CACHE SOUS CHAQUE IMAGE ?
CLIQUEZ POUR LE SAVOIR !



                                                                                                         

  



















Joyeux anniversaire L'Ami Java !

JAVA - TU CROYAIS POUVOIR


BANDE AUDIO ICI

MISE EN VOIX AUBRÉE
Sur la musique : The Gael - extrait du Best of Celtic Music






http://www.le-comptoir-malin.com/medias/images/arc-en-ciel.jpg





Tu croyais pouvoir… 


Tu croyais que leurs doigts touchaient le ciel…
Tu voyais la connaissance comme un escalier et que tu le gravirais
Petit singe savant, tu as apprivoisé les mots, tu es entré dans le cercle.

Ils t’ont regardé.
Ou peut-être, t’es-tu regardé.
Eux voyaient déjà plus loin que le cercle,
Tu n’imaginais pas que leurs yeux fouillaient tes origines.

Confusion des paroles
Les tiennes volent sans les toucher.
Bon élève et naïf, tu voulais les maîtres curieux
Regarde les sourire et comme ils sont absents à tes efforts

Tu voulais faire des mots un chemin
Qui, sans autre guide, t’aurait mené ailleurs
Mais ils ne sont plus des passeurs, ils n’ont plus ce pouvoir.
Mais rien n’est vain, regarde, tu as fait de ton histoire un horizon

Les mots ne sont rien sans la couleur.
Même si ce noir dont tu les peignais les a habillés parfois
D’attributs moins gais que les teintes que tu volais aux arcs en ciel
Ils t’ont donné la vie quand tu ne les voyais qu’en simples lanternes

N’envie plus les maîtres penseurs
Ils tuent beaucoup plus qu’ils ne font vivre
Dans ton ignorance tu les voyais parler aux étoiles
Alors que, dans leur suffisance, ils ne tutoyaient qu’eux-mêmes.

Ne va que là où tes pas peuvent te porter
Tu peux voler, mais sache que ce ne sera qu’un rêve
Et si là où tes pas te mènent tu dois encore ouvrir des portes
Alors ces mots, si tu les aimes, t’aideront à fabriquer toi-même les clés.

Porte un regard de paix sur toi-même
Et par delà la connaissance qu’ils te donnent
N’oublie jamais mon ami, mon frère, que les mots

Seront toujours un lien de lumière entre les Hommes.




Tous droits réservés




Et un petit tour sur "The Gael" avant de sortir !






JAVA - AMI




MISE EN VOIX ZIBELYNE
Et comme on dit dans les génériques : 
Avec la participation de Jacques !



LE JZJ !

Quelle plus belle illustration ? 
Fruitée à souhaits, ceux d'une belle amitié


AMI


Ami pourquoi pleures-tu ?

J'ai vu madame la misère assise, avec ses bas filés, son odeur de pisse et de parfum bon marché, sur le carton vide d'un écran plat.
Comnme moi elle pleurait et dans les larmes qui coulaient de ses yeux
j'ai vu des cadavres tendre leurs mains au-dessus d'une mer de gondoles
et entendu les vaines promesses d'une Europe en paix.



Ami pourquoi trembles-tu?

J'ai vu des pantins hideux se grimer en démocrates et se vêtir de guenilles pour s'inviter a nos tables.
J'ai vu sous nos fenêtres des foules haineuses habillées du saint suaire sous une svastika,
hurler contre l'amour de nos soeurs et éclabousser de crachats mon frère pour un baiser donne au tien.



Ami pourquoi fermes-tu ton poing ?

Pour garder ma colère intacte et ne pas prendre une arme dans ma main.
Pour conserver en dedans la passion des hommes pour la liberté.
Pour frapper aux portes du bonheur pour qu'il ouvre ses jardins et ne pas laisser s'envoler mes rêves.



Ami pourquoi chantes-tu ?

Pour couvrir les murmures nauséabonds et appeler mes amis.
Pour me rappeler d'hier et souhaiter que demain vienne.
Pour que la mélodie accompagne mes mots jusqu'a tes oreilles et les leurs.
Parce que Pierrot chante pour toucher les étoiles, parce que l'homme chante pour faire reculer la mort et faire venir les siens.



Ami pourquoi ris-tu ?

J'ai vu cette femme , cette inconnue courir sur le port écartant les nuages,
interpellant les mouettes et mettant le soleil en demeure de se montrer.
Elle soufflait mille brises dans mille voiles pour qu'elles prennent la mer afin de ramener les raisons d'aimer et les mettre dans mon cœur.




Tous droits réservés




N. B. Zibelyne évoque en présentation  sa lecture de Mimile. Soyez patients et surtout revenez voir ou écouter de temps en temps : Mimile  attend sagement son tour  à la cafétéria de VOTRE ÉCHO !