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LA VOIX DE L'ÉCHO

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vendredi 28 février 2014

Eve Zibelyne - Cucurbitations


Mise en voix par Eve Zibelyne elle-même












Cucurbitations


Cucu, rrr, bite…
Susurre le cancre
Au fond de la classe.

Assez ! Tonne le maître
À la blouse aussi grise
Que la mine du crayon
Qui sur la feuille crisse.

Cucu, rrr, bite… Assez !
Chuchote intérieurement
Impassible, l’élève studieux
Du premier rang de la classe

La plantule dresse sur son pot
Deux incongruités feuillues,
Ignorante des soubresauts
Qui agitent les chaises.

Le croquis de la cucurbitacée
Au tableau innocemment brossé
Affiche, insolent, un joufflu fessu.
« Cucu le gros cul » ! Amarré
De lianes entrelacées soit,
Mais de bite, point.
Fi ! Que c’est vilain !

« Cucu le gros cul »,
Chantonnent les gamins,
C’lui d’la mère Germain !

Des filles le regard
De noires billes roule
Seule s’émoustille la Mariette,
La fille du patron d’la guinguette
Qui ce soir chantonnera,
Blottie sous le comptoir,
La ballade du gros cucu,
C’lui d’la mère Germain.



Texte protégé

Zibelyne le 20 avril 2009

Eve Zibelyne - Le beau bar



Mise en voix par Zibelyne elle-même










Le beau bar

Le beau bar tabac fleure bon
La bière et la biture. Accoudée
Au comptoir je bois et je vois,
Je suis, donc.
Le baryton déclame sur les barbus.
Barbouzards à la barbe noire.
Ces barbares barbophiles barbants
N’ont cure de ton bar à bobards !
Car le barbu au bar ne boit point.
Bar de ville ou bar de campagne,
Les barbants rasent les murs, mais point
Ne pénètrent dans l’antre de l’outre
À vin, interdite. Le bar biture, hic !
Le baryton déclame autour du comptoir,
Barrabas fendant l’air du tranchant
De son boc, le barbituré baragouine
Et fredonne, barde triste, la complainte
Barytone du Bar Riton.
De Barracas à Barcelone, de barcasse
En bardafouac, les clients de bar soliloquent,
Loufoques, sympathiques loques sur le dos
Des clientes en cloque.

Regardez-moi ces nibards !
Habillées de barbe à papa,
Les barbouillées tiennent la barre, soudées
Au comptoir. De Barbizon à Bar-le-Duc,
Les bartavelles barbotent le nez dans le boc
Sans s’embarguiner d’inutile baragouin,
Embarquées, furibardes à huer le Barsac
Sur l’écran bariolé de Bartélémio (au vin).
Les baroudeuses de comptoir éraillées
Barriquent et barrissent d’aise au bar
Des barjots. Riez et dansez ! Du Bar Riton
Au Jean Bar, les jobards sont ceux du dehors.

Là, dans le Cocoon-Bar
On boit, on vit, on parle.

Dehors ? Dehors rugit le silence.

Là, dans le Village-Bar
On se voit, on pleure, on chante.

Dehors ? Dehors glace l’absence.


Texte protégé 
Zibelyne le 8 avril 2012

Liliane Collignon - Les peintres de la réalité au XVIe sciècle







Beuckelaer




Personnages simiesques, peinture de mœurs et natures mortes : le XVIe siècle avant-gardiste introduit dans la peinture les scènes et les gens ordinaires.





Les sujets appelés vulgaires apparaissent à l’époque où l’essentiel de la production artistique est essentiellement religieux, tourné vers l’Antiquité gréco-romaine qu’il est bon de copier, d’imiter et de diviniser.



Certains peintres refusent de n’évoquer que des sujets nobles, malgré la pression exercée sur eux ; le premier d’entre eux à s’attaquer à des sujets réalistes dès le XVe siècle : Léonard de Vinci.



Le goût de l’étrange



Les carnets de Vinci révèlent son attirance pour les légendes d’animaux fabuleux, les allégories macabres où se confrontent sorcières, crapauds géants, squelettes, monstres bicéphales appartenant au domaine du cauchemar. Les caricatures ou Têtes grotesques témoignent de son intérêt pour les anomalies, les excentricités de la nature ou les personnages aux traits étranges.



Cette curiosité de l’homme pour l’horrible s’exprime déjà avec les gargouilles des cathédrales gothiques qui sont l'expression des passions et des forces animales afférentes à la nature humaine.


Au début du XVIe siècle l’œuvre du peintre flamand Jérôme Bosch se veut moralisatrice et manifeste d’une foi soumise à la terreur de la damnation et à la lutte menée par l’homme contre ses bas instincts. Incarnés par des diables, des monstres mi-hommes, mi- bêtes, ils sont le thème du Jardin des Délices terrestres (1510) du Musée du Prado. Captivante démonstration et oeuvre emblématique du monde fantastique, elle expose les tourments de l’enfer.

Les œuvres d’Albrecht Dürer, de Lucas Cranach et de Matthias Grünewald sont au confluent de deux époques, s’inspirant de l’esprit religieux du Moyen Age et de l’humanisme de la Renaissance. Grünewald va trouver dans la chambre des morts de l’hôpital des Antonins de terrifiants modèles; l’un d’eux est peint dans La Tentation de St Antoine , atteint du mal des ardents, mystérieuse maladie caractérisée par des tumeurs et des ulcères. Le Christ outragédu même artiste, insiste sur la cruauté des gardes et les outrages subis par Jésus, thème qui appartient aux mystères de la Passion représentés et joués sur le parvis des cathédrales.

L’utilisation de masques par les acteurs de ces représentations sacrées a pu inspirer à Bosch, dans Le Portement de Croix, les figures grotesques et déformées des personnages entourant le Christ. Les générations suivantes avec Pieter Bruegel l’ancien comprendront la leçon presque surréaliste du peintre.


La peinture de mœurs : Le bien et le mal

Les peintres du XVIe siècle ne peuvent pas rester indifférents à de telles représentations de l’humanité et les artistes vont regarder vers la réalité la plus triviale en portant sur leur époque un regard satirique et inquisiteur.

Les tableaux de mœurs avertissent le spectateur des vertus à poursuivre et des travers dont il faut se méfier: faire confiance aux femmes, les entremetteuses sont un thème récurrent, fait partie des pires risques que la morale de l’époque peut encourir.

Pieter Bruegel l’ancien s'attache aux représentations de la vie paysanne avec l’intention manifeste de moquer et de moraliser les mœurs des paysans. Le Pays de Cogagne (1567) souligne le péché de gourmandise et la paresse qu’il entraîne ; le plus humoristique est la construction du paysage : la montagne est une bouillie de farine de sarrasin, l’arbre et le toit de l’abri portent des galettes, les haies sont constituées de saucisses, les trois hommes affalés cuvent leur vin…


La nature morte moralisatrice



L’exaltation de la nourriture spirituelle s’associe à la mise en garde des péchés de la chair. Les natures mortes hollandaises représentent les marchés aux légumes, aux poissons ou à la viande et les personnages qui y sont associés montrent une promiscuité et une lascivité ambigües. Les Tableaux de Joachim Beuckelaer font des allusions directes à la débauche.



Ces « moindreries », ainsi surnommées par Dürer, situées effectivement au bas de la hiérarchie dans la classification des genres , vont acquérir une réelle autonomie au siècle suivant.


Aux plaisirs des sens s’opposera la fugacité des joies terrestres et les Natures mortes délivreront des messages philosophiques sur la vanité de l’homme, lui rappelant sa finitude dans les Memento mori.





Chronique à retrouver












jeudi 27 février 2014

Aliza Claude Lahav - Le désert






Le désert



La grande tente est silencieuse; les femmes et les enfants dorment encore. La jeune fille soulève le pan de toile et sort en prenant garde de ne pas faire de bruit; dans très peu de temps la vie va résonner à nouveau dans la tribu. Hagar frissonnante observe le ciel, les étoiles s'estompent de seconde en seconde. Les nuits sont froides dans le désert, aussi froides que les jours sont chauds, puis les aubes arrivent à pas feutrés, s'attardent peu, et très vite les matins sont glorieux. Le désert est un endroit où le soleil a des prétentions exagérées, mais le matin de bonne heure, avant qu'il ne chauffe trop fort, avant que la réverbération ne vous brûle les paupières et que le vent sec ne vous suffoque, lorsque l'air est encore doux, le sable tiède, le ciel haut au-dessus de votre tête et l'horizon à portée de mains, c'est à ce moment-là que le désert est magnifique dans sa grandeur et son silence. La roche grise va chauffer doucement au long des heures, emmagasinant les rayons brulants du soleil et changeant de couleur durant la journée. C'est le moment précieux durant lequel on peut encore différencier entre le ciel et la terre. Lorsque le soleil sera très haut, que le ciel deviendra d'un bleu presque gris très clair et qu'il se fondra avec le sable brûlant qui s'échappe à l'infini, et que l'air sera sec et lourd, les éléments se mêleront en un seul amalgame.

Hagar connait le désert, elle le découvre, l'apprivoise, y vit depuis plusieurs semaines, commence à l'aimer. Chaque aube est pour elle la création du monde, chaque soir l'émerveillement de cet univers si mystérieux et si fluctuant. Les tempêtes de sable qui déforment les dunes et les recréent à leur façon. L'eau, aussi précieuse que la vie elle-même, qu'il faut chercher loin, jusqu'à Avdat, à dos de chameaux; ou amenée en wagon-citerne de Sde-Boker. Hagar s'adapte, s'accommode, renaît. Elle a fait la connaissance d'Amine à l'université de Beer-Sheva; c'est lui qui, naturellement, lui a proposé de venir faire sa thèse de sociologie sur la vie des Bédouins dans sa tribu. Elle n'y travaille pas beaucoup d'ailleurs, par contre elle apprend le travail minutieux de ces fines broderies au point de croix; se débrouille moins bien qu'une fillette bédouine de six ans, mais elle adore se retrouver dans ce cercle de femmes. Elle ne comprend pas leur langue, mais en saisit le ton et capte les regards approbateurs qui la couvrent. La femme du scheik, Djamila, l'a prise sous sa protection, elle parle un peu l'hébreu, Hagar se met à l'arabe, elles se sont liées d'amitié.

La tribu s'éveille, le jour s'installe, déjà la fournaise s'annonce. Hagar n'a pas bougé, comme enracinée dans cette terre mouvante qui n'est pas la sienne, ses pieds nus dans le sable chaud, la tête lui tourne un peu. Elle voudrait ne pas savoir, ne pas avoir entendu la suggestion que Djamila lui a presque chuchotée à l'oreille, comme si elle savait elle-même que ce n'est pas quelque chose à émettre à haute voix. La jeune femme est malheureuse, mais en même temps elle sent une colère qui surgit et qu'elle craint de ne pouvoir contrôler. Les paroles de Djamila tournent en boucle dans son esprit:

— Hagar femme de cœur tu es, j'ai beaucoup d'estime pour toi, je t'ai reçue comme une sœur, tu es ma sœur. Je suis vieille et tu es jeune, je suis ignorante et tu es cultivée, je suis stérile et tu es pleine de santé. Je désire plus que tout au monde que mon seigneur le grand Sheikh ait un descendant et c'est toi que j'ai choisie, tu lui donneras un fils. Je te confie ma souffrance, tu es la seule en qui j'ai confiance. Ne me réponds pas maintenant, va te reposer, nous parlerons demain. Sache cependant que ton destin est tracé et qu'il est parmi nous.

Hagar bouleversée avait envie de hurler: je ne suis pas Hagar de la bible, nous sommes aux vingt-et-unième siècle. Sors de ton désert Djamila, dépasse tes coutumes archaïques, envoie les femmes de la tribu à l'université, réveille-toi Djamila, une femme est femme avec ou sans enfants… Mais elle ne dit rien, elle savait qu'elle ne serait pas entendue.

Amine s'approche, il est là, tout près. Elle parle la première:

— Tu savais?

— J'ai été envoyé pour faire un premier choix. Oui je savais, je t'ai amenée pour cela…

Il essaye de la retenir mais elle se dégage avec force. Quelques minutes à peine pour ramasser ses affaires dans la grande tente; elle ne parlera à personne, ne répondra à aucune question.

Seule, désemparée, la tête bourdonnante de larmes et de rage, elle fuira droit devant elle dans ce désert sans fin, immensité mouvante au rythme des tornades de sable aux couleurs mordorées.



©Aliza Claude Lahav


Aliza Claude Lahav - J'aime, je n'aime pas...










Aliza à Paris





À l’internaute curieux qui passe par ici…

J’aime le parfum de la terre après la pluie
Les sous-bois ombragés au petit matin
La grande Polonaise de Chopin
Le chocolat noir aux noisettes entières
L’amour, le donner, le recevoir et le faire.
La mer en hiver, lorsqu’elle se met en rage.
La vie.
J’aime mes amis et l’amitié qui circule entre nous.
Les roses jaunes, même celles qui sont fanées.
Le scrabble et les parlotes autour de la table.
L’arrivée à Paris après une longue absence.
Les librairies, celles où l’on peut fouiner.
Florence, pour les souvenirs que j’en aie.
L’écriture lorsqu’elle m’habite et demande à s’aérer.
Mon ordinateur lorsqu’il répond au moindre clic.
Les feuilles mortes qui crissent sous mes pas,
Et celles chantées par Yves Montand.
La flûte de Galway et celle de Rampal,
Toutes les musiques qui me font vibrer.



Je n’aime pas le racisme et la discrimination,
Les guerres, les attentats, les mises en garde.
Je n’aime pas les petits choux dits de Bruxelles
(rien à voir avec la ville que j’aime beaucoup).
Les ragots, les on-dit qui passent de bouche à oreille.
L’écriture lorsqu’elle est prise de paralysie infantile.
Mon ordinateur lorsqu’il fait sa tête de mule.
Faire le ménage, ranger mes tiroirs, déménager.
Je n’aime pas la mer lorsque je suis sur un bateau.
La musique moderne, non je ne l’aime pas.
La bêtise, l’entêtement, la méchanceté,
La bêtise… ah oui ! Je l’ai déjà dit.


Par-dessus tout j’aime ma vie, que j’ai tricotée comme un grand chandail, en pure laine vierge, rugueuse mais chaude, une maille à l’endroit une maille à l’envers. Un rang au point de mousse, un rang au point de ri-res. J’ai souvent perdu des mailles mais, en général, je les ai rattrapées. Les manches sont, peut-être, trop longues et les emmanchures trop étroites. Les points sont irréguliers et les rangs se chevauchent, il y a même quelques trous qui laissent passer l’air… Pourtant j’ai fait ce que j’ai pu avec les matières premières données ; ni plus ni moins. Et ce chandail, qui parfois pèse et qui est souvent mal fichu, avec ses couleurs un peu passées et ses formes avachies, a tout de même des bons côtés. Il est confortable, il a même une pointe d’originalité (évidemment puisque c’est du sur mesures), et surtout il se déploie et étreint ceux que j’aime : mes enfants, mes petits-enfants, mes amis et, bien sûr, mes aminautes. Je n’en changerais pour rien au monde… d’ailleurs de toute façon j’ai perdu le ticket de caisse.

©Aliza Claude Lahav
Décembre 2005








Emecka - Avertissement au candide











Avertissement au candide


D’aucuns disent, bien moqueurs pour le coup,
À propos de culture, qu’en posséder peu
C’est assurément l’étaler beaucoup !
Vieil adage à méditer cependant quelque peu.


Explorons-le, au jeu des contraires :
En avoir beaucoup et la toute garder !
Voilà bien, égoïste et délétère
Une philosophie piètre et bon marché.


Ami, ta connaissance, fut-elle modeste,
Intéresse l’Epicure que je suis ;
Elle vient, déterminée et sans conteste
S’unir à la mienne, la complétant ainsi.


Au risque d’une coupable immodestie,
Étalons nos respectables avantages ;
Au repas des arts, avec grand appétit,
Chacun se sert encore et davantage.


Si la culture représente un coût
De grâce, n’essayons pas l’ignorance ;
Feuilles et poésies, mes arbres portent beaucoup
De messages gratuits, à ceux qui pensent…


Comme Voltaire, qu’il faut son jardin cultiver
Pour être libre et avoir toujours, la tête levée.




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Emecka - Jour de cadeau !












L'écrin de mes jours...






Quel plus beau cadeau que celui de mes jours de vie !
Toi, l’ami, le collègue, le voisin, je t’offre mes jours. Non, tiens, je t’offre celui-ci, aujourd’hui. Ces milliers de minutes qui permettent cette majuscule symphonie en cellule-majeur, qui tissent la toile de mes pensées et qui zygomatisent mon sourire, je te les offre.
Pas n’importe comment, bien sur ! Dans un écrin de respect, de tolérance et de bienveillance. Ne pense pas, l’ami, que c’est une bagatelle, une parole dans le souffle d’Eole ou encore un sursaut d’aménité, non ! C’est un don philanthrope parce que je te veux heureux, au moins maintenant. Plaisir intense identique à celui que tu as ressenti quand ton enfant t’a récité son premier poème. Celui qui a mouillé tes yeux.
Mais que vas-tu en faire, l’ami ? Regarde ce cadeau attentivement, prends le dans ta main, fais en le tour de ton regard. Ne le pose que quand tu en auras mesuré l’importance et quand tu auras perçu la générosité.
Et si tu refermes son écrin, sache qu’à toute nouvelle ouverture, un autre de mes jours te reviendra. Fais en bon usage et si le cadeau te plait, n’hésite pas à ton tour, à offrir un des tiens. Seulement, il te faudra bien choisir l’écrin.
Pour le plaisir.
« Les sentiers battus n’offrent guère de richesse ; les autres en sont pleins. » Jean Giono.



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Marcel Faure - 0001 à 0005 de la danse des jours et des mots


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Vendredi 23 septembre 2011 

Décider de commencer un journal à plus de 66 ans peut paraître surprenant. J'ai gardé précieusement, au fond de moi, cette âme d'adolescent romantique prompt à s'émouvoir comme à se révolter, mais surtout cette aptitude à m'absenter. – Tu étais où ? Est-ce que je sais où j'étais ...
Je voudrais surtout parler ici de l'air du temps, de l'arbre, de l'oiseau et du bouquet qui se fane sur la table de la cuisine, un peu comme Christian Bobin lorsqu'il écrit " Je pense à quelque chose, mais je sais pas à quoi ". Suivre la trace du jour qui s'en va. Un roman plus qu'un journal puisque ce n'est pas de la réalité dont il sera question ici. Un journal plus qu'un roman, puisque chaque petite séquence reste le plus souvent sans suite. Un face à face, un corps à corps avec les mots, poème, proème, à chaque lecteur d'en trouver sa propre définition.
Cependant le quotidien ne saurait être absent totalement. Ainsi aujourd'hui, nous avons profité du beau temps, Lloydia et moi, pour aller marcher près de chez nous. Au retour, l'esprit libre et désembué par l'effort, je pianote sur le clavier et les mots me viennent facilement, comme me viennent parfois certaines phrases qui se mettent à danser dans ma tête, et qui s'en vont.
J'aurais donc pu appeler ce journal " Le journal des petites phrases qui dansent". Après plusieurs semaines, j'ai abandonné le titre initial "Journal du temps qui passe" pour "La danse des jours et des mots", qui reprend les deux premières formulations.
Dans leur vase, mes zinnias s'en foutent. Tout ce qu'ils veulent c'est un peu d'eau. Survivre jusqu'à demain.




Samedi 24 septembre 2011

Tous ces mots échoués dans les poèmes, comme des graines que le hasard dépose sur une île déserte, germeront-ils un jour dans quelque cœur en friche ? Ceux qui s'égrènent ici, quitteront-ils la serre où je les pose ?
Mes mains sont pleines de ce que j'ai vécu et ne traduisent pourtant que l'instant. Mes zinnias ne passeront pas une nouvelle nuit, mais resteront vivants au creux de ma phrase.

Tous ces mots … ici … que je voudrais comme autant de fleurs ... vivantes.

Cet après-midi, lloydia et moi, nous irons cueillir quelques fougères pour une exposition. Toujours cette opposition entre servir la connaissance, et prélever ce que la nature nous offre à regarder.
Tous ces mots ici, pour l'éphémère comme pour ces fougères qui nous viennent de la nuit des temps.




Dimanche 25 septembre 2011 

Dans toute leur splendeur, les fougères. Autrefois, dans les matelas elles avaient la réputation d'éloigner les parasites. Aujourd'hui, dans cette salle, elles pavanent derrière leurs étiquettes d'identification. Martine et Nathalie nous ont vraiment concocté une belle exposition.
La salle est généreuse et vaste, comme Henri et Françoise qui nous reçoivent avec le café.
Les amis virevoltent, plongeant du nez et des yeux au plus près des spores. Ils griffonnent, dessinent, questionnent les spécialistes pour mieux cerner encore ces frondes que l'automne commence à assiéger.

J'ai honte. De leur nom je n'ai rien retenu. Mais était-ce si important.

Au-delà de l'exposition, les amis sont là. Chacun se dit heureux de l'autre. L'unique bouteille de vin que l'on partage ... Quelques gouttes par verre ... Un délice qui n'a pas de prix.




Lundi 26 septembre 2011 

Matins solaires, trois petits oiseaux s'en vont à l'école. Tout le palier pépie. L'instant d'un ascenseur ... C'est fini ...
… Jusqu'à midi.

L'irruption de l'avenir, quatre fois par jour.




Mardi 27 septembre 2011 

Capitale de l'instant. Ce que mon regard découvre est roi. Souvent une plongée au plus profond du vert. L'harmonie végétale me comble. Les grandes religions n'en retiennent que des symboles qu'elles déploient aux frontons de leurs édifices.

J'y vois le sanctuaire nourricier et artistique de l'homme, les racines qui lui font défaut. Communiquer sans intermédiaire avec l'essentiel ... souvent nous n'entendons rien ... Nos pauvres oreilles atrophiées ... Nous manquons de patience ... Soudain cette lumière que je ne sais trop dire.


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Marcel Faure - Préface de la danse des jours et des mots












La danse des jours et des mots

Pour servir de préface 
Emprunté à Charles Baudelaire



"Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu'il n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d'une intrigue superflue. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l'espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j'ose vous dédier le serpent tout entier."




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Tippi - J'avais une mémé confiture











La photo m'est gentiment prêtée par une petite maman pleine de douceur, @laurelica rencontrée sur Twitter; rondeur de l'écriture ainsi que choix des saveurs, je n'ai pas trouvé mieux pour faire honneur...







J'avais une mémé confiture

Qui a toujours eu grande allure

Elle vivait comme une aventure

De chaque jour, toute la mesure



Petite fille, je me revois

Juchée sur la table du séjour

Je faisais sur moi-même le tour

Vêtue d'une ébauche de robe

Dont elle arrondissait le bas.



Sur la fenêtre de la cuisine

Toujours quelques pots de cactus

Auprès desquels bien divines

De petites crèmes refroidissent.

Elle espérait notre arrivée

Elle confectionnait des gâteaux

Cake ou quatre-quarts parfumés

D'écorce d'orange, à sa façon ;

De sa fabrication à elle

Les petites gaufres à la cannelle

Quand elle ouvrait la boîte en fer,

C'était son cœur qui était offert.



Et l'été, sur la grande plage,

Quand on remontait de la baignade,

Que le soleil battait son plein

Les bras chargés de citronnade

De jambon beurre, et de bon pain

Elle arrivait toujours à point.



J'ai appris d'elle à manier le tricot,

Mais aussi à jouer du piano,

Les rudiments de la cuisine,

De l'orthographe, les combines.



Elle riait devant « la grande vadrouille »

Et supportait les rugbymans,

S'abreuvait de l'actualité

Revivait ses plus beaux voyages.

Elle gardait en elle le souffle

De ses proches disparus

Et sans jamais faire d'esbroufe

Nous en retraçait le vécu.



Elle savait tout nous pardonner

Sans qu'on ait rien à confesser

Elle nous aimait chacun, tel quel,

Nous laissait voler de nos ailes.



Elle avait la tendresse discrète

Et l'indulgence très concrète

C'est en toute « subjectivité »

Qu'elle protégeait toute sa nichée.



C'était une Mémé confiture

Elle a toujours eu fière allure

Elle vivait comme une aventure

De chaque jour, toute la mesure.

dimanche 23 février 2014

Louyse Larie - Ni noire, ni blanche!












Masque en terre 
de Louyse Larie


Elle a découvert la vie

De cette étrangeté

Aux jours de coton

Qui tracent ses pas

De subtils silences

En traversées !





Au tréfonds d'une identité ombrageuse,

Ni noire, ni blanche,

Ni solitaire, ni accompagnée,

Mais seule toutefois

Et d'une singulière différence,

Somme toute en retrait,

Qu'elle est tortueuse sa voie

Pour s'accommoder d'un monde

Où salut ne vaut mieux que vertu,

Qu'il ne fallût !





Dans un univers qui se révèle l'élu

D'un siècle révolu plutôt que résolu,

Comme une mer dévêtue de son immensité,

L'obscurité se fait lactescente

Et la clarté se fait d'ébène,

Tandis que la lune confondue de cinabre apeuré

Se vautre au cœur d'un soleil noirâtre

Pour substance en pleurs, tenter d'abandonner,

Dût-on la trouver suspendue

À la rage du deuil !





Elle se dit mystique

Sinon vagabonde, plus que de coutume,

Que l'errance ne saurait schéma de pensée

Définir d'une âme plus métissée

Qu'on ne le crût, où fut-elle façonnée

D'une empreinte sans passion

Et sans couleur en la condition,

Qu'il serait illusoire de croire que l'entendement

Trouverait forcément usage de dissiper le remords

Par la grâce, en attente du réveil !





C'est ainsi que lové entre le clair

Et l'obscur sortis de leurs repères,

Va le cours de son chemin

Et que sous un climat en peine,

Ce que veut son esprit à la veine

Pressée, ne tressaille ni ne respire

Sans que de noirceur,

Elle n'en débarrasse l'ombrage,

Sans que de blancheur, 

Elle n'en fasse blêmir l'innocence !





Là-bas, comme à sa source,

D'où elle puise l'or de ses espérances,

Pour dénouer le chaos

Qui nous lie au bord du gouffre,

Son ambition n'emploie sa force

Et ne destine son dessein

Qu'à combattre les préjugés

Qui compromettront la mise en œuvre

D'un autre regard, afin de remettre l'espoir

En liberté, aise de redessiner la lumière !



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Louyse Larie - Matin d'aquarelle




Mise en voix par Louyse elle-même











Texte et aquarelle protégés et déposés

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UNE BOUGIE PLUS TARD !

Toujours le même plaisir à savourer mon cadeau

et en remerciement pour mon amie Si Galante Louyse

Cliquez ci-dessus sur son tableau "Fleurs d'ivoire"

Pour à votre tour, remercier Louyse de ses nombreux partages et votes