Le mot du jour

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LA VOIX DE L'ÉCHO

POUR LE PLAISIR DE TOUS: AUTEURS, LECTEURS, AUDITEURS...

jeudi 26 février 2015

ELSA/CATHERINE DUTIGNY - CARNETS SECRETS - NOTES DE L'AUTEUR (3)









Notes de l'auteur (3)


Le soleil avait déjà disparu derrière les toits du bourg et une bise glaciale s’engouffrait dans les ruelles humides quand pour la première fois Jules, assis dans mon fauteuil Voltaire avait commencé à me raconter ses confidences. Une dizaine d’années s’étaient écoulées, sans pour autant altérer sa mémoire.

J’avais accepté de m’occuper de Charlotte à la fin de mes cours après avoir renoncé à l’intégrer dans ma classe suite à plusieurs tentatives infructueuses. Un esprit de douze ans dans un corps de jeune femme provoquait les railleries parfois salaces des gamins dont j’avais la charge. J’avais remarqué que Charlotte, loin de s’en offusquer, en riait à gorge déployée et n’hésitait pas, via de multiples mimiques et grimaces, à relancer leurs ardeurs moqueuses quand celles-ci venaient à s’essouffler. Ma classe était devenue ingérable.

Au calme, dans mon logement de fonction, il m’arrivait parfois de mieux retenir son attention. J’ai très vite été stupéfié par ses aptitudes visuelles et j'ai compris que l’emploi d’images, le commentaire d’illustrations, les travaux pratiques simples et ludiques, compensaient sa faiblesse à mémoriser des concepts abstraits et que lui proposer des choix au lieu de lui imposer des contraintes, lui convenait à merveille. Il me fallut pour chaque matière enseignée trouver un mode de communication différent de celui auquel j’étais formé et adapter la durée d’un exercice à ses capacités de concentration. Au fil des séances, je notais chaque progrès et en tirais des enseignements qui me permirent peu à peu d’ouvrir l’esprit de Charlotte,  l’aider à mémoriser ses acquis et améliorer son expression verbale. Jules s’aperçut du changement et me voua dès lors une admiration absolue qui me plongea dans l’embarras. Il ne savait comment me remercier et comme j’avais refusé toute rémunération pour ces cours très particuliers, il n’avait de cesse de me proposer en échange de menus services. J’étais et je suis toujours un piètre bricoleur. Cela ne lui avait pas échappé. Aussi, quand il fallait réparer une huisserie, déboucher une canalisation, voire lessiver et repeindre un mur, il était toujours partant à un âge où le ménagement de son dos et de ses articulations s’avérait indispensable. Chaque fois qu’il venait chercher sa fille, j’angoissais à l’idée que son œil ferait le tour de l’appartement à la recherche d’une fissure à reboucher et que son oreille guetterait le moindre bruit de goutte à goutte, indice d’une probable fuite à réparer. Aussi, quand il s’installa ce jour-là confortablement dans le fauteuil et qu’il sortit son antique bouffarde de sa poche, sans inspecter les lieux, je fus tout d’abord soulagé. Charlotte jouait avec des coloriages et ignorait notre présence. Lorsqu’il commença par me dire : «  J’ai une étrange histoire à vous raconter », j’étais sans a prioriet ne me doutais nullement du contenu de ce qu’il voulait me dire. Jules ne m’avait pas habitué aux commérages pourtant si prisés dans un environnement qui vivait en cercle fermé. Je n’avais aucune raison de m’inquiéter et je l’ai donc pressé de parler tout en allant préparer un vin chaud dont je le savais grand amateur. Je pensais alors que cette « histoire » ne prendrait que quelques minutes. J’avais des copies à corriger et le dîner à préparer avant le retour de Corinne.

Ah oui ! cher lecteur, je ne t’ai pas parlé de Corinne… d’ailleurs, qui sait si ce n’est pas toi, ma tendre épouse, qui es en ce moment précis plongée dans ce récit ? Rassure-toi mon ange, je ne vais pas glisser ici des souvenirs qui n’appartiennent qu’à nous deux. Oh si ! tiens… laisse-moi juste relater une petite anecdote peu compromettante et qui reste en rapport étroit avec les confidences de Jules.

Te souviens-tu du jour où nous bouclions nos sacs pour ce voyage qui devait nous mener au Sénégal de Saint-Louis à la Casamance et que nous avions préparé ensemble ?  Au dernier moment, je t’ai vue retirer une pile de tee-shirts et t’éclipser dans mon bureau. J’étais en train de vérifier que j’avais bien rangé nos passeports et les billets d’avion dans mon sac à dos, lorsque tu es réapparue les bras chargés de cahiers d’écoliers et de pochettes bourrées de stylos BIC. Je me suis précipité sur toi et tu as failli tout laisser tomber devant ma mine atterrée. J’ai bafouillé une excuse bidon pour te faire quitter la pièce et te demander de me retrouver cette infâme chemise à fleurs dont je ne pouvais soi-disant me passer pendant ces dix jours sur les terres africaines. Tu as du me prendre pour un fou et je me rappelle ton haussement d’épaules quand tu as tourné les talons en direction de la chambre.

Eh bien, tu as déjà compris, n’est-ce-pas ? Les confidences de Jules étaient inscrites sur des cahiers similaires à ceux que tu voulais emporter pour les distribuer dans les petites écoles de brousse. Généralement, je m’arrangeais pour les dissimuler au milieu d’autres parfaitement vierges. Comme je n’inscrivais aucune mention sur la couverture pour ne pas attirer l’attention, tu aurais très bien pu par mégarde t’emparer de ceux qui me sont si chers. J’ai feuilleté aussi vite que possible ces cahiers avant ton retour. Aucun d’entre eux ne contenait mes notes. Tu t’étais servie sur le dessus de mon vieux stock et j’en ai été quitte pour une sacrée frayeur et pour me traîner cette horrible chemise pendant tout le séjour avant de l’échanger sur le marché de Ziguinchor contre des bimbeloteries dont tu étais tombée amoureuse.

Le soir où Jules commença sa narration, je n’ai pris aucune note. Je l’ai écouté, tout d’abord avec bienveillance, puis avec circonspection. Ce n’est que quelques jours plus tard que l’idée m’est venue de retranscrire par écrit à chacune de ses visites ses incroyables révélations après son départ. J’étais déjà immergé dans cet état de suspension volontaire de l’incrédulité, si bien défini par l’écrivain et poète Samuel Taylor Coleridge. J’en avais expérimenté l’effet bénéfique à la lecture de romans mêlant le rêve à la réalité, mais c’était la première fois qu’une telle chose m’arrivait en écoutant une histoire contée de vive voix. Charlotte a toujours été présente lors de ces moments de confidences intimes. Je ne l’ai jamais vue surprise et j’ai même remarqué son visage épanoui lorsque Jules imitait la voix d’Arsène. Sans doute les seuls instants où son attention se portait entièrement sur son père, où elle abandonnait son jeu de coloriage pour l’écouter avec délectation. Sa confiance et le plaisir qu’elle prenait à l’entendre contribuèrent certainement à débloquer mes dernières réticences. Sitôt que la porte se refermait sur eux, la réalité reprenait ses droits et je ne suis jamais devenu, enfin je l’espère… mythomane.

Alors, oui, Corinne… je ne t’ai rien dit et tu pourrais à juste titre m’en vouloir, alors que nous avions fait le serment de ne jamais rien nous cacher. Mais vois-tu, à l’époque, partagé entre la fascination et le doute, je n’avais guère envie de t’importuner avec une histoire de jau maléfique, de chat qui parle et de vieille vengeance non assouvie depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, lorsque tu rentrais exténuée par ta journée de travail au Tribunal de Châteauroux. Piètre excuse, sans aucun doute. Gâcher notre temps libre avec des divagations de vieux cantonnier, j’étais persuadé que nous avions mieux à faire. Je te désirais tellement et toi, tu me le rendais au centuple. Lorsque nous ne faisions pas l’amour, il restait les voyages à planifier, ta marotte… les disques des Stones à écouter en boucle et mes innombrables bouquins pour occuper nos soirées. Encore aujourd’hui, au seuil de notre vieillesse, je préférerais de très loin, m’allonger auprès de toi, caresser tes courbes à peine plus généreuses qu’au temps béni où je t’ai rencontrée, plutôt que passer mes soirées à remettre au propre ces vieux cahiers jaunis.

Mon esprit subitement vagabonde et je te revois comme si c’était hier, te baladant dans les rues de notre superbe bourg, en mini-jupe l’été, en cuissardes, short et manteau maxi l’hiver, sous l’œil sévère et offusqué de nos chers concitoyens. Je n’ai jamais su si ce qui les scandalisait le plus était la licence de tes tenues où le fait que nous vivions ensemble sans être mariés. Les deux, sans doute. Seul ton statut d’avocate, et l'aura de mon travail d’instituteur les empêchaient de nous vouer aux gémonies.

Donc, j’imagine que tu me lis et figure-toi qu’une question me taraude l’esprit. Vas-tu être déçue par le dénouement ? Voici que je m’inquiète… et pourtant quel est le risque de te décevoir ? Après tout, je ne suis que la plume qui retranscrit les paroles d’un vieux bonhomme porté sur la bouteille. À quelques détails près, je lui suis resté fidèle. En réalité mon appréhension est liée à une seule chose… tu as connu celui que la Marthe cherchait. Je compte sur toi pour ne pas dévoiler, si je venais à disparaître avant toi, sa véritable identité. Et pour finir sur une note plus légère, si par hasard l’envie te prenait d’adopter un matou, en espérant l’entendre un jour te saluer et te faire la conversation, oublie cette idée immédiatement… tu sais très bien que je suis allergique aux poils de chat et que le jau à l’origine de cet imbroglio est mort depuis des lustres. Ne compte pas sur moi pour couper le cou de l’un de ses descendants alors que la vue du sang m’est insupportable.

Voilà… je te laisse pour retrouver Arsène et Jules au beau milieu de leur enquête. Ne te fais aucun souci… tu es toujours présente en moi, même lorsque j’écris.


à suivre...


©Catherine Dutigny/Elsa, février 2015
Texte à retrouver sur le site iPagination




Jamais trop tard !



mardi 24 février 2015

MARCEL FAURE - LIENS DES ÉPISODES DE 0201 À 0300 - LA DANSE DES JOURS ET DES MOTS



JOURNAL POÉTIQUE DE MARCEL FAURE

  







LA DANSE DES JOURS ET DES MOTS



LIENS DES ÉPISODEDE  0201 À 0300 


(page en cours)

















- 0271 à 0275

- 0276 à 0280

- 0271 à 0275

- 0276 à 0280

- 0281 à 0285

- 0286 à 0290

- 0291 à 0295

- 0296 à 0300

Les liens en gris ne sont pas encore actifs

MARCEL FAURE - 0206 à 0210 de La danse des jours et des mots






Samedi 14 avril 2012 

Il ne s'agit plus d'ergoter sur mes petites douleurs rhumatismales et de s'imaginer dos contre un arbre. Allez ouste, dehors vieille rosse. Ton journal attendra.



Dimanche 15 avril 2012 

Presque chaque jour, les poussinettes montent à l'assaut de notre porte. Maman poule se précipite dans la brèche, se plante au milieu de la cuisine et caquette, caquette, et parfois il faut la pousser dehors. Mais avant de partir, elle fait comme chez elle, et si deux cuillères sales traînent sur la table, elle va les rincer dans l'évier. Alors, je ressors des cuillères propres pour que les poussinettes puissent terminer leur faisselle de fromage battu.
Parfois les cui-cui sont punis et la plus grosse punition c'est de ne pas venir chez nous. Facile de faire lever la punition. Il suffit de finir son assiette de lentilles. Mais la punition fait le tour de l'école lorsque devant toutes les mamans réunies, Mélina à peine sortie de classe réclame :
- Dis maman, on a fini nos lentilles à midi, on pourra aller chez Lloydia et Marcel.
Comment résister ! Au diable la fatigue. Nous nous laissons submerger par autant de tendresse.



Lundi 16 avril 2012 

Parfois le bleu terrible
Les yeux se lèvent pour implorer
Insondable infini
Nos prières se diluent
S'épuisent se perdent
Courir après ce qui n'est pas
Quel temps gâché
Ce baiser au néant
Qui en voudrait



Mardi 17 avril 2012 

Notre cadavre dans la terre
Un grouillement de vie
Plus qu'un os
Puis rien
Et soudain
L'herbe nous rend la lumière
Beauté éblouissante
Plus tard
Je suis ce brin que tu mâchouilles entre tes dents



Mercredi 18 avril 2012 

Je gaspille mes yeux à parcourir l'insignifiant qui se révèle au détour d'un battement de paupières. Cela brille soudain comme un phare. Cette déchirure dans le brouillard. Mon Amérique est là tout près, vibrante et vierge. Elle m'attend. Elle m'espère.
Mon premier pas en terre inconnue. Ce rivage pourtant familier et ce portrait qui me ressemble. Mon âme suspendue à sécher sur une liane qui court jusqu'à la canopée. Immobile le vent hésite. Les coutures refaites à neuf de ma peau, craquent. Je m'installe et je tutoie les choses. Alors, seulement, je peux les nommer. Mais il restera toujours tant à dire.
Chaque soir, quand je m'endors, je ne sais jamais qui je retrouverai au réveil.















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dimanche 22 février 2015

MATHIEU JAEGERT - BOÎTE AUX LETTRES SE LIVRANT AVEC ADRESSE







Boîte aux lettres se livrant avec adresse


Ma boîte aux lettres prit la parole. Je commençais d’ailleurs à croire que cet acte si banal de la vie d’un récipient postal ne se produirait plus. Ce n’est pas faute de l’avoir incitée pourtant. Si des millions de modèles avaient convaincu nombre de réticents à travers le monde que l’expression orale des boîtes aux lettres devait rentrer dans les mœurs, parler à la sienne restait mal vu. Nous, on adoptait la posture inverse. Quand elle barguignait, moi, je ne ménageais pas mes efforts, tantôt taquin, parfois sur le ton de la confidence. Je lui parlais sans cesse en misant sur le facteur chance, n’en déplaise à mon postier habituel. Le déclic se produisit brutalement, et je ne fus pas déçu.


Elle avait tellement reçu qu’elle envoya du lourd et mit le paquet. Habituée à être livrée, elle se livra sans retenue mais avec finesse. Faut dire qu’elle possède une adresse unique en son genre. Elle disserta de tout ce qu’on lui avait remis et de tous ceux qu’elle ne remettait pas. Son timbre de voix lui ressemblait. Une fois sur les rails, il fut impossible de la stopper, elle fila bon train en experte des correspondances. J’essayai bien d’interrompre sa logorrhée, mais l’entreprise s’avéra inutile, elle ne releva pas. Elle aurait pu m’expédier mais elle s’en tamponnait. Pour une fois qu’elle avait décidé seule de l’ouvrir, rien ni personne ne pouvait contrecarrer son plan. Elle qui était restée boîte bée si longtemps, fidèle à son poste, et au moins autant à sa poste, elle m’en boucha un coin à vouloir mettre les points sur les plis. Sa parole ne s’en trouva que plus libre, affranchie de toutes convenances et codes postaux. Je souris intérieurement. Les derniers sceptiques rentreraient dans le rang illico. Et à tous ceux qui s’étonneraient encore que ces objets puissent parler, je répliquerais :



« Une boîte aux lettres sans voie, ça ne se trouve pas ! »




Tous droits réservés

Texte à retrouver en cliquant sur cette image
à l'adresse de notre Bandit postal fort recommandé !

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jeudi 19 février 2015

ELSA/CATHERINE DUTIGNY - CARNETS SECRETS SUITE 37









Suite 37



Jules soupira. Exténué par une journée pétrie d’émotions, il aspirait à se détendre. Il souleva le couvercle d’une casserole posée sur le réchaud et vérifia qu’il restait assez de soupe pour Charlotte. Il l’avait couchée le ventre vide et il savait qu’elle se réveillerait dans la nuit, affamée. Christine n’aurait pas apprécié les libertés qu’il s’autorisait avec les horaires des repas, mais il réagissait face à sa fille plus à l’instinct que guidé par la raison et jusqu’à présent il n’avait pas eu à s’en plaindre. La fillette avait ce soir besoin de repos... le bouillon de poule aux vermicelles attendrait...

L’horloge de la cuisine affichait dix-neuf heures vingt. Dans dix minutes le feuilleton préféré de Jules allait débuter. Pour rien au monde, il n’aurait manqué un épisode de La famille Duraton. Il avait un faible pour le personnage du père, célèbre pour ses colères, ses emportements, son tempérament râleur mâtiné de tendresse bourrue. Par surcroît, Monsieur Duraton se prénommait Jules et vénérait le Cabernet rosé d’Anjou. Tant de points communs expliquaient l’affection sincère qu’éprouvait le cantonnier à son égard. Duraton… son double radiophonique… Quand dans l’un des épisodes il découvrit que la fille de la famille avait épousé un GI et qu’elle était partie pour New York, il avait cru défaillir et avait hésité à rédiger une lettre à l’attention de Radio-Luxembourg pour leur demander de quel droit ils osaient s’inspirer de sa propre vie ? Les soucis de la vie quotidienne de cette famille se calquaient à merveille sur les siens et sur ceux de millions de Français qui, toutes affaires cessantes, dressaient l’oreille et faisaient silence quand le gong retentissait. Tout comme des millions de mains fébriles unies dans la même messe païenne, il alluma son poste de radio Philips, la lippe gourmande et les yeux brillants. Il écouta vaguement les réclames chantées qui précédaient l’annonce du feuilleton. Avant de s’asseoir confortablement pour jouir du moment, il préleva quelques fines tranches d’un jambon suspendu à une solive dans la petite réserve jouxtant la cuisine, enleva le torchon qui protégeait une miche de pain et découpa un épais morceau qu’il posa à même la table. Un verre de vin rouge vint compléter son en-cas. Enfin prêt, il se laissa porter par la verve des acteurs, les imaginant assis à sa table, partageant avec lui les péripéties de leur vie. La réalité et la fiction se fondaient dans son esprit.

Arsène prit son mal en patience. Ces voix qui surgissaient d’un poste de radio, ne cessaient de l’inquiéter. Comment un si petit appareil pouvait enfermer tant d’humains et parfois aussi tant d’animaux ? Les sortilèges du coq du Père Baillou n’étaient que des vétilles comparés à cet étrange instrument. Son bon maître avait avantageusement remplacé cet appareil par une télévision avec l’incomparable avantage que lorsque les humains parlaient, le chat pouvait observer leurs visages, voire leurs lèvres se déformer pour prononcer des mots. S’ils restaient enfermés à l’intérieur et disparaissaient dès que l’on appuyait sur un bouton, si tout ce que l’on observait au travers de cette lucarne manquait autant de couleurs que la ville de Limoges sous un ciel ombrageux, Arsène avait appris à s’en accommoder et trouvait rassurant de pouvoir ainsi à loisir inviter des étrangers à pénétrer dans la demeure du vétérinaire et à les en expulser quand leur présence devenait importune
.
Pendant que le cantonnier, un sourire béat aux lèvres, se régalait entre deux bouchées de jambon cru, de voix nasillardes, il repensa à l’enterrement, convaincu d’avoir négligé un détail important. Le film de la journée défila dans son cerveau avec les sons, les couleurs et les odeurs, bien mieux que sur un poste de télévision. Il se remémora ensuite la discussion entre Jules et le journaliste. D’accord… le traître parlait anglais et était originaire du bourg. Ces deux informations leur avaient permis de mieux cibler leurs recherches et d’écarter les Bobus de leur liste de suspects. Ils avaient cependant négligé un point essentiel : Le Fox était franc-maçon. Arsène ne savait pas vraiment ce que ce terme voulait dire, mais il était rôdé aux multiples manies des humains qui se regroupaient sous des banderoles diverses, des associations de pêche ou de chasse, des confréries de goûteurs de vins, de passionnés de fromage de chèvre, qui portaient au revers de leurs habits des petits signes distinctifs leur permettant de se reconnaître, de se sentir « entre eux ». Le porte-drapeau du village n’arborait-il pas avec une immense fierté des médailles militaires sur son poitrail lorsqu’il ouvrait un défilé ? D’autres exemples lui vinrent à l’esprit. Pourquoi les francs-maçons n’auraient-ils pas également des babioles accrochées à la boutonnière, des vêtements particuliers, voire des coupes de cheveux qui leur permettaient de s’identifier au premier coup d’œil. Jules le savait-il ? Auquel cas, pourquoi n’avait-il pas immédiatement réagi ? Armand ne s’était pas longuement exprimé sur cette appartenance à un groupe et avait coupé court aux interrogations trop pressantes du bonhomme. Il y avait donc matière à enquêter. Il attendit stoïquement la fin de la retransmission du feuilleton radiophonique, heureux de voir son ami y prendre autant de plaisir et ne s’alarma pas quand il le vit se resservir un deuxième verre de vin. Hélas, Jules ne paraissait pas pressé d’éteindre la radio et quand la voix de Jean Grandmougin envahit la cuisine pour commenter l’actualité, Arsène lâcha un grondement terrifiant. Le message fut accueilli avec étonnement par Jules qui fronça les sourcils et éteignit enfin la boîte à paroles.

- T’as un problème le chat ?

- Oui, j’ai un problème… un gros problème… Je n’arrête pas de repenser à notre enquête et je suis arrivé à la conclusion que nous perdons du temps à chercher un anglophile dans le bourg, alors que nous devrions nous concentrer sur un franc-maçon.

Il lui expliqua ensuite les questions auxquelles il souhaitait trouver une réponse, s’attardant longuement sur sa théorie des signes distinctifs chez les humains. Le cantonnier parut intéressé par ses hypothèses, se gratta le crâne à la recherche d’une réponse pour finalement avouer son manque d’expertise en matière de franc-maçonnerie.

- Y a sûrement des livres qui traitent du sujet… Si j’appelle Armand, il va se méfier et je n’arriverai pas à lui sortir les vers du nez. Qui donc, pourrait nous aider ? Tiens, j’vais commencer par jeter un coup d’œil à la bibliothèque municipale. P’tête qu’en cherchant bien, je trouverai. Y a aussi notre instituteur… j’suis déjà allé plusieurs fois chez lui et des bouquins y’en avaient partout sur les murs… et puis, y a ton maître… demain soir je dois aller faire une partie de cartes chez lui. Je lui poserai la question… Sûr que t’as une sacrée bonne idée le chat… ils ont beau être discrets les frangins, j’suis persuadé qu’ils se font des mines, toutes sortes de singeries pour se reconnaître… Ouais, une sacrée idée que t’as eue là…

Arsène se rengorgea. Il devenait de jour en jour plus sensible aux compliments. Se métamorphosait-il en humain ? Il chassa l’idée de son esprit, car trop de défauts chez ces êtres à deux pattes l’horripilaient. Trop de pulsions irraisonnées, trop de bassesses, trop de cruauté aussi. Clairvoyant, il l’avait toujours été. Seule l’incapacité à s’exprimer dans le langage des humains l’avait privé d’être loué pour autre chose que la beauté de son pelage et ses dons de chasseur de souris. En le dotant de la parole le coq lui avait offert un cadeau inestimable : prouver à la gent humaine que les animaux disposaient d’un trésor nommé intelligence. Il faillit éprouver de l’amour pour le défunt emplumé. Se ravisant et pensant à la mort de Jérôme, à la Moune qui n’était toujours pas sortie de son coma, à l’apparition subite de Michèle, il orienta ses pensées sur l’Augustin dont le teint de mort-vivant lui avait fait fort désagréable impression et proposa à Jules de s’inquiéter de sa santé.

Le bonhomme secoua la tête.

- L’Augustin, j’crois savoir ce qui le ronge… Y a pas bien longtemps un soir dans son bar, il avait un peu trop forcé sur la bibine. L’était pas le seul, remarque, même si c’est pas une excuse… Toujours est-il que ce soir-là, il nous a causé de son fils qu’est parti combattre en Algérie en 57. Fallait qu’il soit bien saoul pour nous faire ses confidences… Le fiston, il serait un jour parti en mission le fusil chargé à blanc. Même qu’il aurait refusé par deux fois d’obéir aux ordres de son capitaine… enfin, en gros, s’il n’a pas déserté, on l’a jugé comme « réfractaire » et ça… devant un tribunal militaire… T’imagines la honte pour l’Augustin… Le fils a été condamné et envoyé au bagne de Lambèse, là où il y avait une colonie pénitentiaire. Des années que l’Augustin et sa femme sont au courant et n’ont pas pipé mot. Sauf que le fiston, il vient de finir sa peine et qu’il a pointé le bout de son museau dans les environs y a pas un mois. Le v’là, la gueule enfarinée, qui frappe à la porte de ses parents. L’Odette, elle lui est tombée dans les bras, mais l’Augustin ça pas été du même tonneau… Il lui aurait dit d’aller se faire voir ailleurs et qu’il ne le considérait plus comme son fils… et l’autre serait parti sans demander son reste. C’est depuis ce temps que l’Augustin file un mauvais coton. Avant, il buvait normal… enfin un peu comme moi… Maintenant, j’crois qu’il ne dessaoule pas du matin au soir… Le chagrin, tu vois le chat, ça tord les boyaux et ça donne mauvaise mine…

Ce qui devait arriver, arriva… Jules remplit son verre pour la troisième fois.



à suivre...



©Catherine Dutigny/Elsa, février 2015

mardi 17 février 2015

MARCEL FAURE - 0201 à 0205 de La danse des jours et des mots







Lundi 9 avril 2012 

Chaque fois que je découvre un nouveau poète, je suis découragé. Il a su trouver des mots, des formes, pourtant tellement évidents quand on les lit, qu'après cela, tout ne sera que banalité. Plus je me sens proche de lui, plus cette sensation est forte. Ainsi Édouard Piolet :

Confins

.................

Rideaux fenêtres grilles.
Le soleil éclaté
Plante ses banderilles
Dans les yeux de l'été !

Je me retire sur la pointe des pieds.



Mardi 10 avril 2012 

Je suis vendeur à la sauvette. Vous ne le saviez pas ? J'ai déballé ma marchandise sur un banc public : quelques piles d'enveloppes surprises. Je bonimente pour attirer le chaland.
- Rêves à gogo, demandez mes rêves prêts à l'emploi.
Personne n'en veut. Chaque lot propose des lieux idylliques où s'installer – une fontaine dans une clairière et un petit nuage – une rivière qui serpente au milieu des prés et son petit nuage – un flamboiement de fleurs dans un jardin extraordinaire et son petit nuage – un soleil, son arc en ciel et son petit nuage.
Pourquoi ? Pourquoi ? C'est ce nuage disent-ils, nous n'en voulons pas de la pluie.
Un rêve sans nuage, c'est comme un théâtre sans rideau, toute la magie s'évapore. Qu'ils aillent donc expérimenter le "sans nuage" en s'installant pour un an au centre du désert.



Mercredi 11 avril 2012 

Mon corps si léger mon corps si lourd
Et cette rosée sur tes yeux
Te consoler de mes mots gourds
User du ciel et du bleu
Mon souffle brut mon souffle court
Sur le mouillé de ta joue
Effiloche l'eau qui sourd
Avant d'atteindre ton cou
Mon corps si lourd soudain léger
Et la bourrasque éparpillée
Aux quatre coins de l'oreiller
Mon corps si lourd soudain léger



Jeudi 12 avril 2012 

Le poème est l'expression d'une pensée souffrante. Les poètes ne seraient donc que de grands malades mentaux qui racontent la perception défigurée, tordue et retordue, pour être acceptable par leur cerveau gangrené qui lui, aurait une certaine idée de la pureté.
Sables mouvants des franges de la raison, piment des jours gris, dans l'extravagante abondance des connexions neuronales, le poème, ma ligne d'horizon, ma ligne de fuite, mon nuage magique.



Vendredi 13 avril 2012 

Duvet d'argent des jeunes feuilles d'amélanchier, le printemps s'affirme tranquillement. S'installe alors un complexe langage d'odeurs que seules les plantes peuvent déchiffrer.
Le frêne somnole encore et médite. Jamais, pense-t-il, un arbre n'aurait accepté de faire le chien savant dans un cirque. Je m'assieds auprès de lui, le dos bien calé contre son tronc et je tente de faire sève commune avec lui.

Viennent alors trois papillons jouant avec mon nez. Dans une effervescence d'ailes, ils se pourchassent joyeusement. Arabesques de haute voltige dans un silence à peine troublé par le bruit assourdi d'un tracteur aux labours, ils profitent sans compter de leurs jours éphémères.














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samedi 14 février 2015

DURANDAL - TOMBER AMOUREUX











Tomber amoureux


Il y a encore peu, je me demandais comment je pouvais tomber amoureux puisque, par définition, avant de tomber amoureux on ne connaît pas la nature de l’amour et ce dans quoi on va tomber. Je savais nager, marcher, je connaissais toutes sortes de choses plus ou moins utiles mais aimer restait l’inconnu. Pourtant je recevais des encouragements de toutes parts: « Tu verras, c’est génial, rien de meilleur ne peut t’arriver dans la vie… » Mais ces encouragements ne me servaient pas davantage que ceux que l’on prodigue à un futur mousse qui n’a jamais vu la mer. Bien sûr, je regardais autour de moi, je voyais des exemples mais je ne distinguais pas vraiment les bons des mauvais, ceux qui m’attiraient et ceux qui me révulsaient, ceux qui s’arrêtaient en route ; ceux qui duraient et ceux qui n’en finissaient pas de finir… J’écoutais aussi, les jugements entendus ne correspondaient pas toujours à l’idée que je me faisais de la vie : ceux qui étaient faits pour s’entendre ne s’écoutaient plus, celle qui était mieux que lui se trouvait délaissée pour une qui disposait de moins d’atouts… J’étais convaincu que je ne savais pas grand-chose mais que les autres n’en savaient pas davantage… Certains prétendaient qu’il fallait être taillé dans le même bois que sa moitié, d’autres qu’il fallait être complémentaire pour que la vie soit intéressante. Il valait mieux se disputer que de vivre une désespérante harmonie… Il est des écheveaux inextricables !


Bref, j’étais perplexe, je cherchais l’amour comme un inspecteur mène l’enquête. Je traquais le crime, j’entrais dans les maisons à la recherche d’un indice, j’interrogeais les suspects pour savoir s’ils ne cachaient pas un crime dans un coin. Il m’arriva de croire avoir trouvé un crime de grande ampleur mais en grattant un peu je m’apercevais que ce n’était qu’un amour de façade. La sincérité faisait défaut aux délinquants. Le crime n’était pas vraiment commis en bande organisée, (excusez-moi je voulais dire en couple), c’était un crime en sursis. Un jour, j’entrais par mégarde en pleine scène de ménage, je rebroussais chemin, je croyais faire fausse route mais l’apparence est parfois trompeuse. J’appris qu’une bonne mise au point valait mieux qu’une froide indifférence. Je suis revenu sur mes pas, aucun ne baissait pavillon, ils s’exprimaient sans écraser l’autre. Mais lorsque l’un des deux protagonistes sortit en claquant la porte, je ne sus plus que penser.


Alors que je me concentrai sur un sujet trop scolaire et que je pensai être à cent lieues du souci qui me tracassait, j’eus l’illumination. Marie et moi étions voisins de classe, nous partagions le même banc. Lors d’un tp, elle se leva pour aller chercher un bocal ou autre chose, je ne sais plus, elle se pencha pour prendre un objet sur la table, ses cheveux effleurèrent mon visage, je sentis son odeur et quand elle se rassit, j’étais amoureux.


Face à un mur d’eau invisible, nous poussâmes un seul et même cri en silence. Le flot nous happa et nous tourneboula. Nous fûmes submergés, nous perdîmes pied mais à aucun moment nous eûmes peur. Quand la vague nous rejeta sur nos bancs, et que nous pûmes respirer à nouveau, nous nous sommes souri. Je ne sais combien de temps dura notre sidération mais je crois qu’elle durerait encore si la cloche ne nous avait fait sursauter. Nous rangeâmes nos affaires et notre vie. Dans le couloir, nous marchions d’un même pas décidé, énergisés pour porter nos plus beaux rêves.

Tous droits réservés



Sans transition aucune, une chanson de Benabar que j'aime particulièrement et qui évoque un certain côté des amours adolescentes 







"Certaines tombent amoureuses
C'est pur, ça les élève
Moi j'tombais amoureuse
Comme on tombe...d'une chaise"

Extrait de "Je suis de celles" de Benabar



C'est ma façon d'exprimer ce fameux balancier féminin au texte de DURANDAL. 
De quoi je parle ? Eh bien passez donc faire un tour sur cet autre texte "L'horloge de ma grand-mère" et recevez cet appel à textes de Durandal en sa réponse au commentaire d'Eponine : 


"Qui écrira le pendant féminin de ce texte ? Il s'ennuie tout seul sans sa vis-à-vis."


 Dixit Durandal, l'auteur qui éveille nos souvenirs !


Belle invitation ! Que ce soit en réponse à son "L'horloge de ma grand-mère" ou bien à ce texte présentement "Tomber amoureux"




mardi 10 février 2015

MARCEL FAURE - 0196 à 0200 de La danse des jours et des mots









Mercredi 4 avril 2012 

Les enfants mosaïques, fruit du hasard des assemblages humains, échouent comme de vulgaires tessons délaissés, dans les débris de notre société. Les enfants mosaïques pourtant, couleurs crépues, danseurs échevelés, éperdus, perdus mais incroyablement vivants ont ce bonheur vif des poissons sauvages.
Mes mohicans en quête de territoires, vif éclair, tatouages tenant lieu de plumes, prodiges effrontés du rap, mes guerriers sans conquête, presque sans âge, vous frappez bruyamment à la porte.
- Oui, répond une voie policée. Ah c'est vous ! Votre CV est trop maigre, votre langage existentiel trop ... disons ... fleuri.
Ô ma fleur d'oranger, mon jasmin si précoce, dans ton quartier il n'y a jamais eu de fleuriste. Et lorsque tu fleuris, fillette toquant ma porte, je ne puis t'offrir que mon maigre bagage en t'expliquant que pour certains mosaïque est un gros mot, une sorte de maladie génétique.



Jeudi 5 avril 2012 

Mosaïque : fragments disparates écrits par un mec qui a une drôle de structure chromosomique provoquant un friselis orgasmique de vocabulaire.
Ah ! Vous sentez chez vous une sorte d'ardeur fiévreuse et vous venez d'acheter compulsivement plusieurs ramettes de papier ? Méfiez-vous. Allez donc consulter un docteur ès littérature. Toc, toc, toc.
- Oui, répond une voie policée. Ah c'est vous ! Votre CV est trop maigre, votre langage existentiel ... trop ... disons ... fleuri.


Vendredi 6 avril 2012 

Je trouverai ce qui te désespère et pourquoi tu voyages toujours avec, dans ton bagage, cette porte, blindée évidemment, et quatre points d'ancrage, c'est plus sûr. Je trouverai cette aube claire qui forcera ton cœur. Je trouverai le coffre où enfermer tes doutes et tes peurs.
Tu viens de croiser sans la voir Latifa la Magnifique qui vient de dépenser son dernier centime et donne pourtant son pain du jour à celui qui a faim. Moi je n'aurais pas pu. Elle venait d'être licenciée ce matin même, mais qu'importe. Quelle gifle j'ai pris.
Je trouverai la clé magique. Elle est dans ce vieux bric-à-brac de mon enfance innocente, coincée entre deux souvenirs occultés. Parce qu'il me faut l'ouvrir cette porte qui t'encombre et qui m'encombre aussi.



Samedi 7 avril 2012 

Ligoté dans tes bras, je te promets l'ivresse sans retenue de l'été, la fleur glissée dans ton corsage et le doux réquisitoire du temps sur tes rides. Tu me libères et je ne brade rien de ces promesses. Partons.
J'ai loué un âne pour porter les bagages et pour marcher au gré de son batifolage et de ses caprices gourmands. Nous traversons les ghettos des banlieues. Notre rêve de campagne, personne n'en veut. Ici l'urgence serait plutôt au saucisson. L'âne a senti le danger et nous peinons à suivre son pas pressé. Dès la première herbe il se calme et s'étonne d'un rien.
Nous sommes dans les champs à fouetter notre envie de forêt qui, de loin, nous fait signe. Ce n'est plus mon récit qui importe mais le bugle et la violette. Tu manges une partie de ton visage sous un chapeau de star et tu chipotes la véronique à la dent de notre compagnon. Ton pas infatigable, ta fluidité dans l'air, tu danses.
Les chemins prennent ton visage
Et les arbres te dévisagent
Plus tard, un vieux cabanon nous accueille. Ouvert de toutes parts, sa protection n'est qu'illusion. Qu'importe, il flotte ici comme un parfum d'éternité.



Dimanche 8 avril 2012 

Un soir de juillet, l'heure tardive criant la déroute du jour, nous plantons la toile de tente au-dessus de Florac, à proximité d'un petit abreuvoir. Très en dessous, la ville étale ses lumières. La nuit devrait être calme.
Soudain, une musique de foire inonde la vallée. Les montagnes se la jouent caisse de résonance. Intervilles ... et ses animateurs braillards, comme si nous étions assis sur les gradins en bordure de piste. Nous profitons ainsi de l'hystérie télévisuelle jusqu'à plus soif. Enfin la ferveur populaire rejoint son lit. Ah le calme de la campagne !
La nuit sera courte. Très courte. Nous sommes rapidement réveillés par un bruit de cloches et des frottements contre la tente. Un troupeau de moutons s'est rapproché du point d'eau et bêle à qui mieux mieux. Ah les charmes de la campagne !
Levés aux aurores, nous cheminons en direction du Pont de Monvert. Nous choisissons le camping municipal. Plus qu'une seule place disponible près des sanitaires. Enfin nous allons pouvoir récupérer de nos fatigues de la veille. Las !
Soudain ..., vous connaissez déjà la musique, c'est la même qu'à Florac. Eh oui, nous sommes le quatorze juillet et le bal du village se déroule dans notre camping.












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