Le mot du jour

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LA VOIX DE L'ÉCHO

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mardi 29 avril 2014

MARCEL FAURE - 0041 à 0045 de La danse des jours et des mots

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Mercredi 2 novembre 2011 

M'entendez-vous ? Enfermé dans ce chagrin qui vous ronge, Vous êtes pourtant si loin. À quoi sert de garder votre douleur dans ce coffre fort ouvert à tous les vents. Il n'y a pas de clé, pas de barreaux que cette absolue certitude qu'il n'y a pas plus malheureux que vous.
Vous vous trompez. Cet homme que vous croisez, vient de perdre sa mère, cet autre ne vous serrera jamais la main, il n'en a plus. Cette femme encore, folle amoureuse, ne rentre que dans un appartement vide. Plus personne ne l'attendra. Jamais. Et je n'évoque ici que de bien banales blessures.
Regardez toute cette grappe accrochée au corps de cette malheureuse. La maltraitance, le viol, pas de travail, seule et quatre enfants à élever, un joli cancer du sein et pourtant elle sourit, oui elle sourit. De son vieux cabas rafistolé dépasse une poupée, cadeau sauvé d'une poubelle généreuse. Ce soir, sa plus jeune fille se couchera pour la première fois en serrant contre son cœur sa première poupée.
Vous pleurez ? C'est un bon début. Allez, allongez-vous sur cette page blanche, voici ma plume. Écrivez. Ah, les mains vous aussi ! Alors dictez-moi.
Je m'appelle Pierrot et je suis malheureux. — Non, non, ça ne va pas on recommence – Je m'appelle Pierrot et j'étais malheureux. Hier j'ai enterré ma fille bien aimée. Trop douloureux de voir cette poupée sur son lit. Ce matin j'allais la mettre à la poubelle quand une jeune femme m'a demandé si elle pouvait la prendre. J'ai vu son sourire quand elle l'a glissé dans son sac. Ce sourire, c'était le tien.
Ce soir la lune est ronde et ne veut pas s'endormir.



Jeudi 3 novembre 2011 

Qui m'attend ce matin dans la cuisine ? Déjà le soleil berce ma table, et dans leur vase mes roses ont fleuri. Mélancolie du jour, mes belles épanouies, se dorent à l'envie, dans ce bain d'or.
Tout repose encore. Je m'étire ébloui, balayant des miettes de nuit. Ma main bleutée d'un songe évanoui.
Mélancolie, non mélodie, tu chantonnes doucement. Pas d'ombrage aujourd'hui.



Vendredi 4 novembre 2011 

Je ne suis pas soluble dans les tâches quotidiennes. Mon esprit s'engourdit. J'ai soif de ne rien faire et quand je m'assois, je ne sais plus que faire.
Le parquet reluit, la poussière attend un moment avant de se reposer à nouveau. Les provisions rangées dans les placards, l'ampoule du vestibule changée, tout le monde est content sauf moi et mes reins qui demandent grâce.
Enfin assis, plus de mots pour chanter. Partis avec les saletés dans le vide ordure. Demain peut-être.



Samedi 5 novembre 2011 

Ailleurs, il ne se passe rien. Même si, en Sicile, dans une vallée perdue le héron disparu émerge de la brume. Dix ans qu'elle ne l'avait pas vu. Lilia heureuse, le déclame au monde entier par la magie d'une lettre publique sur Internet.
Ailleurs il ne se passe rien. Par le même support, Chris m'envoie un jovial "bon week-end." J'imagine sa détresse et sa solitude, pour souhaiter ainsi deux jours de bonheurs à un presque inconnu.
Ailleurs il ne se passe rien. Je n'ai pas bougé. Pourtant le monde frappe à ma porte. Je lève les yeux. Un nuage dessine un Héron. Bientôt une larme tombera sur ma main.
Ailleurs il ne se passe rien. Dire cela est choquant pour celui qui meurt sans soins dans ce qui ressemble vaguement à un hôpital, choquant pour celui que l'on torture, choquant pour celui qui a faim. Mais j'ai beau me triturer la plaie avec un couteau, je ne souffre pas. Ma conception purement intellectuelle de la douleur, me permet de survivre.
Ailleurs il ne se passe rien. Des touristes sur la muraille de chine, la grande mosquée d'Istanbul et, du haut de ces pyramides je vois des milliers de pas, pressés d'en finir avec la photo souvenir. Tout près d'ici, les chiffonniers du Caire, ceux qui dans la misère continuent de sourire, de s'aimer et de faire des enfants. Photographie ? Non les touristes ne sont là que pour les bons souvenirs.
Ici, l'événement, c'est la lettre de Lilia, le message de Chris, et la pluie qui ne demande qu'à tomber, mais patiente encore.
Ici, je compose ma petite musique qui rejoindra bientôt le grand charivari, l'absurde résonance numérique où seul surnagent le scandale et la violence.
Ici, je lève les yeux et le ciel m'offre un coin de ciel bleu, un héron voyageur, quelques mots d'amitiés. Ici, le monde existe plus fort, plus palpable, vivant.


Dimanche 6 novembre 2011 


L'écriture, comme la lecture, ne sont faites que de digressions qui nous ramènent toutes au cœur de notre vie.






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lundi 28 avril 2014

TippiRod - L'HISTOIRE DU PETIT BISOU












Il était un petit bisou parti se promener.
Jeune coquin, il s'était échappé
Du giron familial, il en avait assez.

Il était né du fruit d'un baiser fougueux et d'une bise affectueuse.

Le temps était venu de vivre l'aventure, le moment décisif de sortir de l'école, où tous ses copains les bisous formaient une bande de joyeux drilles éparpillés et occupés à batifoler à toutes les cours.

Pour le distraire un peu, il y avait bien ses cousines, les pensées, dignes filles des sentiments et émotions. Et aussi les cousins, les sourires, aux pères éclatants, les rires de bon cœur – Petit bisou avait d'ailleurs un Tonton célèbre et réputé du nom de Tony Truand.

En somme, toute la famille était équilibrée, chacun y apportant son bécot.

Mais Petit bisou ne demandait qu'à s'épanouir, devenir grand.

Il convoitait d'oser le baiser de Papa. Devenir une bise respectable ne le passionnait pas. Et puis certaines d'entre elles ne se faisaient-elles pas claquer !

Seulement voilà ! Était-il un bisou fille ou un bisou garçon ?

Il avait beau observer les bisous de banc d'école, deviner le devenir d'un des leurs n'était pas évident. Aucun ne se ressemblait vraiment. Il songeait à Câlin, Furtif, Mutin, Timide, Fripon, Roudoudou aux poches remplies de bonbons, Pudique, Étourdi, Effronté Roublard et Rusé les triplés, Candide, Gros, Intrépide et son âme sœur Insolite,Tout doux...Tendre, son meilleur ami, Entreprenant son amoureux … et tous ceux qu'ils ne connaissaient pas encore.

Alors qu'il gambadait léger de liberté, un vieux mignon l’attrapa au vol

 — Eh ! Petit ! Où t'envoles-tu comme ça, la bise au vent ? 

— Je ne suis pas une bise, dites-donc !

— Ah bon ! Et comment le sais-tu ?

— C'est dans ma nature... Je le sens, répliqua-t-il avec une assurance maladroite.
Je veux être un baiser fougueux comme mon père et aussi un baiser langue heureux

— Courageux et téméraire ! Et connaisseur avec çà ! Rit le grand-père. Lan-GOU-reux, pas langue heureux, petit nigaud !

Vexé, Petit bisou se rengorgea

— Je veux être libertin et ne pas badiner. Je veux pas être une bise, je suis un garçon

— Je veux, je veux pas... Sais-tu seulement de quoi tu parles ! Apprends petit, que les bisous sont comme les anges...Ils n'ont pas de sexe !

— Manquerait plus que ça ! Rétorque le gamin médusé

— Eh non ! Où as-tu déniché que les baisers ne pouvaient être issus des roses et que les bises faisaient forcément chou bleu ! Tu es né, toi, dans une bassine de préjugés, mon bisou !
 Retourne donc un peu user ta salive sous le préau pour y poursuivre tes classes.
 Et puis il te faudra voyager aussi, visiter les pays de bonjour, cordialement, celui des poignées de mains et des saluts. Des régions plus tempérées et sans doute moins humides, tu reviendras peut-être, qui sait, en accolade !

Le vieil homme le regarda avec tendresse et après une courte pause lui murmura :

— Sois certain d'une chose, si tu es pur et sincère, même par milliers distribué, tu seras unique. Prends bien soin de celui à qui tu t'adresses, offre-lui toute ton attention, et là, mon bisou, tu deviendras grand, ton destin se dessinera tout seul.
Sois raisonnable et rentre vite chez toi, tu dois beaucoup manquer aux tiens.

— Mais je ne veux pas être raisonnable ! Je ne suis pas un bisou sage

Le vieux mignon éclata de rire !

Il taisait qu'un petit matin, ce jeune présomptueux, poserait sa candeur sur une peau de satin. En en découvrant la saveur — offrande de miel ou d'épice —, de bisou il deviendrait comme par magie, le bijou dont il parerait d'amour l'élu de ses émois.
Mille fois il serait récompensé d'avoir su gérer son impétuosité et son impatience.

De cela, il le sentait, jeune coquin doué d'une jolie sensibilité, ce petit bisou impertinent si pertinent, subodorait déjà le mystère délicieux. Attendri et si fier de lui, l'homme ému lui dit avec tendresse :

— Embrasse-moi mon mignon, tu as toute la vie devant toi pour ne pas être sage !

Renfrogné, Petit bisou rebroussa le chemin de son aventure

— Pff ! J'suis pas un mimi, d'abord ! Je rêve ou il m'a appelé « son mignon » ?

Quelques cailloux bousculés plus loin...

— Si ça se trouve, non contents d'être asexués, les bisous n'auraient pas d'âge non plus !

Mais peut-être que... c'était bon...


à savoir !


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et bientôt sur le site "Variations d'une plume"

 petit Bisou à partager !




LOUYSE LARIE - À LA RIMAILLE !








Esquisse au fusain de Louyse Larie



À LA RIMAILLE !





Il se dit grivois et rimailleur,

Mais la rime sans aucun doute, est ailleurs !



Certes, il jongle avec les mots les plus rebelles,

Et les phonèmes vocalisent poèmes en lui !

Il pense, à tort, en comprendre le rythme,

Pendant que le leste hiatus

Réfugié dans la sombre masure,

Se joue de lui

Au creux de la mesure,

 À la coupe lyrique !



Il habite demoiselle versification,

Chez qui frêles consonnes et voyelles

Se parent d'une chaude sonorité !

Oui, il fait danser l'allègre syllabe,

Fût-elle naguère revendiquée octosyllabe de renom,

Sous réserve cependant, que l'assonance

Beaucoup plus prudente,

Ne s'écarte guère du vertigineux volume !



Il pratique le vers libre ainsi que le blanc,

Se dispense du rigoureux mètre, des signes

Et du maître le plus couru,

Bien que le verset regrettablement amorphe

Ne veuille plus de lui !

Il taquine sans répit le quatrain le plus pointu,

Mais uniquement quand l'alexandrin ne rime plus à rien !



Il fréquente le tercet au tiercé !

Bien souvent le quintil en contourne l'alternance !

Jouisseur, il crée la confusion

Entre rime féminine et rime masculine,

Pour ne se satisfaire au final,

Que de la fragile approximative,

Au fil de l'amusante dérivative,

Ou celle de nature plus inversée,

Chaleureusement embrassée !



En rime, cependant, il s'enrhume !

Mais en rhume, il n'en demeure pas moins

Qu'il ensile, qu'il ensime !

 À la cime, à la rime,

Il s'enivre du mime,

Parfois au prix de la fâcheuse dîme !



Il est vrai toutefois, qu' il trime davantage

Que ce qu'il ne frime en la répétition,

Pour lier la poésie, non sans peine,

Quelquefois trop cyclique,

 À la prétentieuse strophe,

Ou césure à la piètre allure !

On le surprend aussi à glousser de plaisir,

 À l'idée de l'accent oratoire !



Quand bien même, nostalgique ballade

Rappellerait le refrain au sonnet,

Au cours de la vivifiante balade,

Croyez-vous que délicate rime

fût affranchie pour autant

De la pauvre orpheline au triolet ?

Et si tant est que l'espiègle rimailleur

S'exalte encore du rondeau,

La musique des mots, en toute vraisemblance,

Ne lui pardonnera pas de faire le dos rond !




Le 7 novembre 2011

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dimanche 27 avril 2014

LILIANE COLLIGNON - LA MASCOTTE AUTOMOBILE


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La mascotte automobile
                                                                   

Porte-bonheur
Marque personnelle
la mascotte automobile se charge de contenus artistiques et symboliques




Du lièvre à la tortue, une foule d’animaux divers et de personnages miniaturisés, réels ou imaginaires, ornent les bouchons de radiateurs des voitures de luxe. Ces symboles incarnent toutes les aspirations, les superstitions, les peurs, les prétentions et les obsessions de l’humanité, son sens de l’humour et sa fantaisie. Dès l’Antiquité on trouve des mascottes sur les proues des navires et des véhicules. Dans le trésor retrouvé de Toutankhamon, un faucon orné d’un disque solaire appartenant aux bas-reliefs du char de l’enfant roi, destiné à le conduire dans l’autre monde, se trouve répliqué sur des voitures anglaises des années 1920.

L’emblème ou le porte-bonheur

Les mascottes de marque sont légendaires: la plus célèbre est Spirit of Ecstazy de Rolls Royce (1911) inspirée de la victoire de Samothrace, chef-d'œuvre de l'art hellénistique; Blacksmith, en ébonite, représente le Dieu des forges Vulcain; le dieu de la chance Gobbo, première mascotte de L. V. Aronson (1909) est suivi de la Speed Nymph, qui montre une jeune femme en train de plonger, archétype des mascottes de nymphe. Elles appartiennent toutes au mythe du beau. Signe de richesse le plus souvent, l’objet est la marque d'une élite et destiné à personnaliser son véhicule.

La variété des mascottes automobiles est infinie et la nouveauté n'a pas de limites: des statuettes de saint Christophe, patron et protecteur des voyageurs, conjurent le mauvais sort, des chats noirs, en Angleterre, protègent du mauvais œil; dans les pays latins, des bossus, des symboles macabres, des têtes de mort ou tibias croisés, ou la morbide Hara-Kiri, mascotte française (1913), alimentent les superstitions. Des mascottes à l’effigie de policiers satiriques ou réalistes, des personnages de bandes dessinées, Mickey, le chat botté, des cornes d’abondance.

Nées avec la Première Guerre mondiale les mascottes se chargent d'un message militant: le lion en Grande-Bretagne,le coq en France, l’oncle Sam aux Etats-Unis, ces emblèmes étaient destinés à soutenir les soldats et la défense nationale; un tommy anglais foulait au pied un aigle prussien, tel un saint Georges terrassant le dragon. Renault et ses fameux taxis furent ornés de tank miniature pour commémorer la construction du char d’assaut de l’armée française.

De l’art pour ces accessoires automobiles

Les accessoires automobiles reflètent l’influence des mouvements artistiques et les tendances du design: Art nouveau, Art déco, Modern Style, école cubiste. Les mascottes sont commandées à un artiste, pièce unique appartenant à une série limitée, fabriquées par l’automobiliste lui-même, ou industrialisées massivement par la démocratisation de l’automobile et la demande croissante de personnalisation.

La fin des bouchons de radiateur s'annonce (vers 1958), des bandes de couleurs et des autocollants ou l'usage des vanity plates, plaques d'immatriculation personnalisées, seront en vogue aux Etats-Unis (dès 1950) pour se singulariser et maintenir le rôle joué auparavant par les mascottes.

Elles sont réalisées le plus souvent en bronze, Lalique les proposera en cristal, dont la célèbre libellule aux ailes repliées et la tête d’aigle posée sur les Mercedes de l’état major allemand pendant la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui Rolls Royce, Bentley et Mercedes sont les seules à perpétuer la tradition. Les logos sont maintenant placés sur la calandre comme sur les voitures de BMW ou Alfa Roméo.

Symbole et fantasme magico-religieux

Experts, passionnés collectionnent les mascottes, qui n’ont aucune utilité technique et dont l'absence n’empêche nullement le véhicule d’avancer. Elles ne constituent pas simplement un décor automobile, elles ont une vocation symbolique et rendent le voyage plus sûr et pourquoi pas le dernier; entre profane et sacré l’emblème se charge du sens que chacun lui donne.

L’automobile exerce sur l’homme la fascination de la puissance et la liberté, celle du voyage et de l’évasion. Elle est l'incarnation moderne d’un transport, plus extatique, vers l’au-delà, où il est impossible de se rendre à pied. Il faut user d’une embarcation, si fragile soit-elle, une barque, celle funéraire représentée dans les tombes des pharaons, une gondole… et le véhicule reste l’allégorie du passage, un objet magique chargé de superstitions et de croyances.

Un vieil adage populaire disait: « Homme à cheval, sépulture ouverte » la mascotte a vocation de conjurer les angoisses humaines et si l’automobile, potentiellement destructrice, porte les aléas du changement de lieu, de l’inconnu, la mascotte rééquilibre les forces contradictoires de la vitesse du déplacement et de l’incertitude de la destination qui pourra être atteinte.

A voir : Le Musée de l'automobile de Mulhouse, Collection Strumpf: le plus grand musée automobile avec sa célèbre collection de voitures anciennes et de mascottes automobiles

Musée Malartre à Rochetaillée-sur-Saône (69270)

A lire l'article du figaro sur la vente (4/2/2011) Salon Rétromobile chez Artcurial Paris









Publié il y a 18th December 2011 par










Puisque vous avez été bien attentifs, voici pour conclure cette belle épopée offerte par Liliane, une image tippipersonnelle :
 Eh oui ! Les stickers sont de nouveaux clins d'oeil sur nos carrosseries, TippiKitch a frappé !
Et nous ne sortirons pas de cette route sans un cliché de la mascotte de "Votre écho" en voiture !
Du bouchon de réservoir d'essence au bouchon de radiateur... il n'y a qu'un pas ! Non ! Qu'une roue !

(un grand merci à Liliane qui en appelle à ma fantaisie ;-) )




samedi 26 avril 2014

AMARANTHE - LA JOURNÉE DE L’INDIFFÉRENCE








La journée de l'indifférence



À la radio ils avaient dit : « demain, nous ferons la fête à l’indifférence. Vos témoignages seront lus à l'antenne. Vous pouvez aussi laisser quelques mots sur notre répondeur ou nous appeler en direct. Nous mettons aussi à votre disposition un numéro spécial pour vos promesses de dons.

L'émission commençait à dix heures.

Ils prirent d'abord, au hasard, l'appel de Juliette, qui dit que c'était une pitié tous ces gens dans la rue et que dès qu'elle le pouvait, elle donnait un petit quelque chose.

L'animateur remercia les Juliettes et les Juliens car ils étaient nombreux. Au passage, il lui demanda pour combien elle s'engageait tout en pensant à son dernier placement exempté d'impôt qu'il faudrait tout de même placer ailleurs car un copain lui avait dit que d'autres rapportaient plus.

Il ne demanda pas à Juliette, car il s'en fichait royalement, ce qu'elle ressentait quand on lui téléphonait à l'heure des repas, quatre fois par semaine, en lui demandant de réfléchir à tous ces gens qui ont faim, elle qui avait la chance d'avoir sa retraite. Et Juliette n'osa pas dire qu'à chaque fois que le téléphone sonnait, elle décrochait le cœur battant et éprouvait un petit pincement car elle aurait bien voulu qu'on l'appelât pour elle, pour savoir comment elle allait. Mais probablement que ce n'était pas dans le script. Mais un appel, c'est toujours une voix, un contact, une présence.

Tous souriaient dans le studio : gentille Juliette.

Ils étaient émus quand ils prirent Jacques au téléphone.

"Et vous Jacques, comment combattez-vous l'indifférence ?"

Jacques était d'avis que le combat contre l'indifférence y gagnerait s'il était rappelé aux patrons qui pointent au CAC 40 qu'il faut payer ses impôts et ses cotisations. Car il y a souvent des relations de cause à effet. Est-ce que cette radio pourrait faire un jour une émission sur les droits et les obligations de chaque citoyen et même des hauts placés ? Parce que lui, Jacques, ce qu'il voulait dire, c'est que ce n'est pas par l'opération du Saint-Esprit que les écoles, la santé, les retraites, les allocations familiales, les routes et puis j'en passe, sont financées. Et quand des gens sont licenciés parce que les actionnaires ont des états d'âme, quand les retraites, les allocations pour le logement sont réduites, les rangs de ceux qui sont mal lotis grossissent. Et de fil en aiguille, Jacques se demandait si ce n'était pas un peu léger qu'en bout de course, ce soit Juliette qu'on culpabilise. Mais il convenait que c'était très astucieux.

Et en fait, il en était encore à se demander si le produit de la journée de solidarité financée sur son dos aidait vraiment les personnes âgées.

Dans le studio, il y avait un silence feutré. Et Jacques, à qui on ne coupait pas le sifflet comme ça, conclut en disant qu'une générosité bien ordonnée devait avant tout être collective, qu'ainsi elle devenait une obligation et que ceux envers qui elle s'exerçait avaient alors un droit.

L'animateur lui dit que le message était passé mais Jacques eut le temps de rappeler que la semaine prochaine, il y aurait une manifestation et qu'il espérait que sa radio préférée en parlerait avec autant de soin qu'elle parlait de la journée de l'indifférence.

" Salut la compagnie."

Pour alléger l'ambiance, l'animateur eut recours à son arme de choix, Lucille, dotée d’une voix apaisante quoique très troublante.

Avec tactique et savoir-faire, elle posa quelques mots sur les maux de l'indifférence. C’était dommage qu’il n’y ait pas de caméra.

L’indifférence, à tout prendre, qu’est-ce ?

Beaucoup de peur et d’ignorance. Le regard qui se détourne par crainte mais aussi par pudeur. Et si c'était moi cette personne couchée là ? Si c'était moi ce regard éteint, cette femme, cet homme dont chacun se détourne ? Mais c'est peut-être moi, toi, cet être humain que personne ne veut voir. N'est-ce pas ce que nous pouvons devenir qui nous effraie ? Et pourtant c'est la différence qui fait notre richesse. Il ne faut pas la nier mais l'accepter. L'indifférence, c'est le vide. Accepter l'altérité, la diversité, c'est construire l'avenir. C'est chercher à comprendre. L'absence de compassion, de sollicitude nous isole et nous détruit aussi bien qu'elle anéantit les êtres rejetés. Seule l’empathie peut nous sauver de la solitude. Croiser des doigts, offrir la chaleur d’un regard. Les gens ne sont pas qu'une silhouette. Ils sont de chair et de sentiments, sombres, lumineux ou violents mais jamais transparents.

Et tous dans le studio d'applaudir Lucille parce que c'était beau même si l'animateur ne comprenait pas toujours où elle voulait en venir.

"Maintenant, nous accueillons Nadia" annonça-t-il d’une voix suave. "Dites-nous Nadia, comment construisez-vous l'avenir ? Que vous évoque la compassion ?"

Nadia dit qu'à son niveau, le contraire de l'indifférence, c'était ne pas changer de trottoir ou de wagon de métro et donner au moins un sourire. Peut-être une pomme si on en a ou bien un pain au chocolat, ça fait toujours plaisir.

« L’indifférence aussi, c'est parler à plusieurs dans la même pièce, même parler de générosité, mais en écoutant uniquement le son de sa propre voix."

« Vous voulez dire ? »

« Avant, quand quelqu'un disait où il avait été, on demandait ce qu’il avait vu, ce qu'il avait aimé. Maintenant, on répond : et moi, j'ai été là-bas. On n’écoute jamais les réponses, on s’en fiche complètement. »

Nadia ne connaissait pas son patron mais il y avait des choses dans ce qu'avait dit Jacques qui l'avait touchée. Parce qu'elle, Nadia, voulait que son frère qui ne travaillait pas et qui galérait d'entretien en entretien ait des droits comme ses frères humains et pas que des bons de générosité. Elle voulait qu'il se sente comme les autres.

Elle voulait dire aussi que souvent à la cafétéria, on lui faisait la morale. Elle gagnait un peu plus du SMIC quand il y a tant de gens dans la rue, elle pouvait faire un petit effort ! Et ces gens solidaires et fiers de l'être en fin de compte l'ignoraient car ils n’étaient pas du même monde.

D'ailleurs c'est bien simple : l'autre jour dans l'ascenseur, ils étaient montés à trois pour aller fumer sur le toit, c'est le dernier lieu à la mode quand on veut être entre gens d’importance et elle s'était sentie transparente. Il y en a même un qui avait fini par lui dire "oh pardon, je ne t’avais pas vue."

Et puis elle parla de ce jour où avait été organisée une réunion de soutien à un collègue qui se faisait licencier, car il faut bien réduire les effectifs et il y en a forcément un sur qui ça tombe, et seuls quelques irréductibles étaient venus.

"C'est vrai que l'indifférence ne se règle pas uniquement par le don" se dit alors Lucille. Elle enleva son casque pour prendre à part l'animateur auquel elle raconta ce jour où elle avait vu une pharmacienne refuser de vendre une seringue à deux jeunes gens manifestement drogués. Probablement une prise de position vertueuse. Mais fermer les yeux et les renvoyer à la recherche d'une seringue usagée dans la rue et possiblement à la mort … Ce à quoi l'animateur répondit que certains pharmaciens refusent de vendre des préservatifs, indifférents aux cercueils qui s'alignent.

Une discussion s'engagea alors, hors antenne, chacun ayant un exemple sous la main.

Comme il faut savoir trouver la note juste pour finir en beauté et que l'objectif n'était pas la totale remise en cause de la société mais la réconciliation, l'animateur dit que l'heure ayant tourné, il fallait se quitter et que le mot de la fin allait revenir à Fabrice, jeune poète de dix-sept ans, lui aussi confronté à l'indifférence. L’indifférence d’une voisine, mère de famille, qui tranquillement ignorait son regard languide. Et que bien sûr le numéro de téléphone pour les dons de la journée de la réconciliation restait ouvert jusqu'au soir.

C'est Lucille, que les mots de Fabrice ne laissaient pas indifférente tant elle les trouvait adorables et délicieux, qui fut chargée de dévoiler les quelques phrases :

« Sur ses traits lisses, je ne lis qu’un peu d'ennui, une vague nonchalance. Je l’appelle ma belle indifférente, mon ignorante. Ses yeux me brûlent et me consument. Je respire, d'épices et de vanille le parfum de sa peau d’ambre. Je l'imagine, humide et gémissante, je la tiens dans mes bras, pantelante. Et puis elle me regarde et m'enfonce dans le cœur la lame effilée de son regard émeraude. Je me noie dans ses yeux qui ne me voient qu’en transparence. Voilà pour moi l’indifférence. »



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AMARANTHE - LES VAGUES












Mon Chéri,

C’est cette vieille habitude qui me fait t’écrire. Ne t’inquiète pas, je sais bien que ce n'est pas facile pour toi de me répondre. Mais je ne désespère pas, j’attends un signe.

Sais-tu que depuis que ta voiture a percuté ce petit parapet, s'est envolée de la falaise et est venue finir sa course dans notre petite crique d'amour, je n’ai pas eu un instant à moi ? Cette petite plage faite de sable et de galets, j'ai toujours su qu'elle était jalouse. Tu te souviens, quand nous regardions les vagues qui venaient pleurer sur les rochers ? En fait, elles me disaient : "un jour, je te le prendrai !"

Quand je suis arrivée, le soleil plongeait dans l’océan, comme un amoureux éconduit et ses larmes de sang embrasaient l’infini. Il y avait un monde fou : les pompiers, la police, des voisins... Toi qui aimais ton intimité, tu as été servi. On m'a tenu par le bras pour descendre le petit chemin, notre petit chemin. C'était incongru, inconvenant.

J'avais la sensation d'être dans l'oeil du cyclone. On m'a dit qu'il fallait "que je te reconnaisse". Et vois-tu, quand ils ont levé le drap, je n'ai rien reconnu du tout, je ne t'avais jamais vu sous cet angle, si absent, si lointain. J'étais là, dans cette chaleur collante, le sang battant contre mes tempes, avec dans mon estomac un tsunami en formation. Je me voyais et je me disais : "mais qui est cette pauvre femme qui doit reconnaître ... " ce qui n'était pas toi ! Toi, tu t'étais fait la malle. D'ailleurs, je me demande si je ne t'ai pas entendu me dire, au moment où ils ont soulevé ce maudit drap, de ne pas m'inquiéter, que tu m'attendais, que tu me ferais signe. Je le sentais dans chacun de mes nerfs chauffés à blanc, prêts à se répandre par les pores de ma peau. J'ai hurlé : "ce n'est pas lui" et un filet de voix que je ne connaissais pas a déchiré ma gorge.

Ils ont voulu me convaincre du contraire. Tu te rends compte ? Voilà en quoi ils croient, en de petits papiers plastifiés. Mais moi qui sais chacune de tes odeurs, qui connais le grain de ta peau, le son de ta voix même quand tu ne parles pas, le feu de tes yeux, on ne me croit pas, on me dit qu'il faut que je sois raisonnable.

Je rêve : il faudrait être raisonnable dans une vie qui est tout sauf logique et raisonnée ! Ce n'est pas toi, ce n'est plus toi, tu t'es sauvé, tu as eu bien raison.

Moi aussi, j'ai essayé de me sauver. Je suis remontée sur la route en courant. Et c'est là que j'ai vu cette jeune femme, que j’aurais pu trouver charmante dans d’autres circonstances.

Elle pleurait tant la pauvre ! Pour un peu, il aurait fallu que je la console. J’avais du mal à la comprendre – il faut dire que j’étais un peu sens dessus dessous. Elle n’arrêtait pas de dire que d’habitude elle ne buvait jamais quand elle allait prendre le volant et que donc par conséquent, ce qui est fort logique, cela avait été le petit verre de trop. Qu'en plus elle avait été obligée de répondre au téléphone juste avant le virage. Quand elle t'avait vu, elle avait pris peur.

C'est fou, pour un peu, c'est elle qu'il fallait réchauffer, chouchouter, materner, câliner.

Elle pleurait de plus belle et la suite tu la connais : tu as voulu l’éviter et comme toi aussi tu roulais vite, le petit parapet ne t’a pas retenu. Celui-là, je me suis souvent demandé à quoi il servait. Maintenant je sais : à rien. Au moment de prendre ton envol, tu as dû la trouver belle, cette inconnue, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, je te connais, tu l'as peut-être même imaginée dans tes bras, ne le nie pas et je te pardonne, c'était en quelque sorte ta dernière cigarette. Bref, elle s'est retrouvée seule avec son téléphone portable. Puis elle s'est décidée pour la première fois de la journée à faire quelque chose d'utile. Elle a appelé les secours, et quand je dis utile, c'est une façon de parler puisque cela ne t'a pas servi à grand-chose.

Pour un peu elle m'aurait attendrie tant elle pleurait sur toi. Quand elle a réalisé qu’elle t’avait laissé partir si loin sans chercher à te retenir, elle a dû s’en mordre les doigts, toi, mon si beau soleil. Elle a raté son saut de l’ange mais réussi le tien.

Puis ils m'ont rendu ton corps pour que moi, je lui rendre les derniers honneurs. On m'a emmenée un peu partout et à un moment, on m'a dit qu'il fallait que je choisisse la couleur de ta dernière demeure. J'ai dit que moi je voulais m'allonger avec toi dans cette dernière demeure et attendre que tout s'arrête mais que je me fichais complètement de sa couleur. Ils m'ont regardé affligés et je n'ai plus rien écouté. De toute façon, ce n'était pas toi.

Et quand nous étions autour de cette fosse dans laquelle ils s'évertuaient à faire descendre une boîte dans laquelle ils voulaient me faire croire que tu étais couché, je t'ai vu. J'étais là immobile, les joues fouettées par le vent qui hurlait, toutes les épines de ces fleurs rouges qui s'enfonçaient dans ma chair, pas parce que je te disais un dernier adieu, mais parce que je me demandais comment te rejoindre quand j'ai senti un souffle. Je me suis retournée et je t'ai vu. Et je crois que tu m'en as voulu parce que je n'ai pas couru vers toi. Mais comprends-moi, Mon amour, ils me retenaient, et "pour mon bien", c'est ça le comble. Je te criais de m'attendre mais tout ce qu'il savaient faire, c'était de s'affairer autour de moi comme des oiseaux de mauvais augure. Et tu m'as tourné le dos, tu t'es éloigné sans un mot. J'ai raté mon rendez-vous avec toi et je leur en veux beaucoup.

L'autre jour une amie m'a dit : "il faut laisser du temps au temps !"

Eh bien, je fais preuve de beaucoup de mansuétude et de magnanimité en lui laissant sa chance à celui-là mais il ne m'aide pas beaucoup et je ne sais toujours pas par quel bout prendre ton départ. J’hésite un peu entre te rejoindre et rester ici. Imaginons que tu repartes par l’autre côté pour revenir : je ferais quoi moi, là-bas sans toi ? De plus, c'est grand, de l'autre côté du monde. Et je pourrais bien me retrouver en tête-à-tête avec le néant. Donc je t'attends ici. Mais je fuis de toute part, une vraie béance.

Je ne joue même pas à « et si », cela ne sert à rien. J'essaie de faire sans toi ou plutôt avec toi mais autrement.

Souvent, je descends jusqu'à notre crique, celle où il y a ce si beau rocher sur lequel ta voiture s'est encastrée. Je me concentre sur lui et je te parle. C'est drôle, j'ai l'impression de le voir battre, comme un coeur. J'essaie de comprendre ce qu'il me dit. Du coup, je ne peux même pas le haïr. Je sens le goût de l'eau salée et je me dis que je pourrais me sentir si bien si tu étais là. C'en est presque insoutenable. Alors je regarde le soleil. Tu te rappelles quand je disais : "au soleil que je suis bien, les p'tits tracas ne sont rien ?" Mon Amour, j'ai toujours cet appétit pour ta peau de velours mais j'avoue que le parfum de la mer m'est un peu amer depuis que je ne peux plus la toucher. L'eau qui danse entre les rochers dansent surtout dans mes yeux. J'essaie de jouer à rêve ou réalité, je vois nos pieds nus dans l'écume mais enfin, il y a toujours une bonne âme pour me rattraper avant que je ne m'envole vraiment.

Il parait qu'il faut que je sorte, que je fasse des rencontres ! Très bien, samedi dernier, j'ai pris un avion. Tu te rappelles quand nous étions allés sur cette île ? Tu m'avais dit : "nous sommes au bout de l'Europe". Tu voyais des bouts de l'Europe partout. En Crête, face à la mer de Libye, à Lisbonne, au Cap Finisterre, aux Canaries...

Donc je suis allée sur nos traces. Tu veux que je te raconte ?

Jeudi, je vais acheter un timbre. J’en profite pour acheter un de ces tickets à gratter, tu sais, un ces jeux où c’est toujours celui qui est devant ou derrière qui a le bon numéro. Eh bien cette fois je gagne. C’est bien la preuve qu’heureux au jeu, malheureux en amour.

Je me suis dit qu’on allait les dépenser ensemble, ces fichus euros. Et me voilà partie sur un coup de tête et j'avais confiance parce que toi, jusqu'à maintenant, tu as été mon meilleur coup de tête.

Je t'ai cherché partout. Je t'ai appelé partout. Tu n'es pas venu ou alors tu étais bien caché. Comment veux-tu que ... ? J'ai couru sur chaque plage, sur chaque rocher. À chaque fois que je voyais une vague se dresser, fumante, écumante, mon coeur bondissait dans ma poitrine : tu allais enfin me parler. Tu comprends, les mers et les océans se rejoignent et forment un même et seul corps. Tu es là, Ma Divinité, tu roules tes muscles sous cette immensité. Parce qu'ils n'ont pas voulu me croire, mais ce corps, ce n'était pas toi, tu en étais sorti à temps. Avant qu'ils ne l'enferment dans la petite boîte. Je t'ai vu t'envoler et te poser sur la crête d'une vague. Tu t'es fait la belle, enfin libre. Un dernier pied de nez.

Si ça se trouve, comme tu fais toujours tout à l'envers, tu remontes les fleuves, les rivières, tu reviens à la source. Tu as toujours été un grand farceur.

L'autre jour, quelqu'un m'a dit que quand je me serai libérée de toi, je rencontrerai quelqu'un et qu'à nouveau je serai amoureuse !!! Comment peut-on être si à côté de la plaque ! Une vraie dérive. J'ai dit que je ne voyais pas comment concrètement, je pourrais bien faire l'amour avec quelqu'un d'autre que toi. Allez, avoue, toi aussi tu trouves que c'est inconcevable. Et puis j'ai ajouté que prisonnière avec toi, c'était ça la vie et que je n'avais pas du tout envie de me retrouver libre dans le vide.

Ce quelqu'un m'a dit que je devais regarder devant moi. C'est curieux comme idée puisque tout est derrière. Les gens ont vraiment de drôles d’idées et de drôles de manies, la dernière en date étant de vouloir à tout prix que je ne pleure pas quand l’envie m’en prend. Incroyable ! Mes larmes font peur et pourtant, elles ne parlent que de toi, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. J’ai le droit de m’accrocher à mes larmes car le jour où elles aussi se seront fait la malle, peux-tu m’expliquer ce qui me restera ? Rien.

On m'a aussi dit que je devrais parler à quelqu'un. Pour quoi faire ? Comme si être malheureuse, éprouver de la douleur était une maladie !

Tu le vois bien, Mon Amour, je suis mal entourée. Je te serais donc profondément obligée de m’envoyer un signe, quel qu’il soit, même tout petit. Une goutte de pluie qui ne parlerait qu’à moi, la trille d’un oiseau, un éclair dans ma nuit blanche, un souffle, rien qu’un souffle. Tu m’enverrais un rêve et un peu du parfum de ta peau. Un effleurement, rien qu'un petit baiser, là, à la naissance du cou. Un peu de ta chaleur ne serait pas de trop.

Ah, j'oubliais, si tu veux que je vienne, si tu t'ennuies trop, surtout dis-le moi, je trouverai bien un moyen !

Ton petit Chat




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FRED CHARLET - L'HOMME IMPARFAIT









L'HOMME IMPARFAIT




J'écris toujours les titres avant... Cela m'oblige a rester dans le sujet. Cela sert de guide.



Aujourd'hui, je voulais vous parler de moi,

enfin ! de l'homme, d'émois des "moi" et des "nous" qui dénouent, qui essayent...

Je voulais vous parler de cette étrange impression que fait naître l'écriture. Qui fait que l'on est là, ensemble...Qui fait que l'on partage ce moment, tout en ayant chacun le sien, tout propre.

Qui fait de nous des femmes, des hommes, inconnu(e)s, mais se retrouvant. Allant jusqu'au bout de ces quelques mots insignifiants.

Si ! insignifiants seuls, puis tellement plus grands une fois découverts et emmenés par "l'autre".

Oui ! tes yeux, ta pensée, ton regard posé sur, à travers ces mots rassemblés.

Un pont entre nous, une passerelle... construit en finalité chacun par moitié.

Non je ne revendique pas la légitimité de ces lignes. Comment pourrais-je ? C'est toi qui les rends vibrantes. Construites.

L' homme imparfait...déjà sans la première personne...du pluriel: "nous !".

J'ai tant besoin de toi pour me trouver, comprendre, et exister. Même quand tu n'es pas...Même quand tu n'es pas là.

Même ermite...Car sachant que tu es. M'éloignant, prenant de la distance, pour mieux me retrouver et donc te retrouver.

J'ai besoin de ta, de toutes différences. J'ai besoin de savoir qu'elle existe, pour exister. J'ai besoin de toi pour être nous. Besoin de nous pour être moi. Je n'ai pas besoin d'en avoir peur...Non ! vraiment pas ! plus..

Je veux communiquer aussi, oh ! si !

Avec eux...De ceux-là qui cherchent. De ceux qui respectent eux même et par delà...nous aussi.

De ceux à qui tu peux faire confiance. De ceux qui te diront: " Non ! pas comme ça, ça ne me ressemble pas. Mais alors... discutons-en encore, mettons-nous d'accord. Allons jusqu'au bout, le tien comme le mien ".

De ceux qui te disent.. je m'en vais ! quand ils doivent partir. De ceux-là qui acceptent mais ni ne subissent ni ne font subir. Des hommes imparfaits...

mais sachant le reconnaître, parfaitement !

On est là pour affiner. Dans l'écrit comme dans la vie. On cherche...Même sans savoir. Parfois, on trouve.

On trouve sans s'y attendre, ça nous tombe dessus..On trouve par hasard, mais il n'existe pas !

On trouve tout doucement, on trouve en souffrance, avec le long cheminement de l'existence, de l'expérience !

On trouve dans la rencontre, toujours et de toute façon. On nous trouve... encore faut il écouter, interpréter, disséquer, revenir parfois...Ne pas avoir peur....Aller gratter là où c'est bien caché, parce que y a bobo, y a mal.

On revient quand on peut, quand on a assez de courage pour, déjà, s'en rappeler. On en revient..

Il faut savoir.. se souvenir de soi-même ! Ce là, aussi, cela s'apprend. Mais il n'y a que toi pour t'en parler, t'en appeler à toi.

Te réinterpréter et te réapproprier tout ton être. C'est tout toi, c'est que toi..c'est beaucoup !

Nous sommes des femmes,hommes, imparfaits de ne pas l'être...entièrement.

Nous nous trouvons dans les jugements, le sien, le notre ou celui de l'autre.

Pourtant c'est une fois dépassé tout ce raisonnement que l'on se trouve enfin ! Allez plus loin...Allez plus loin quoi ! jusqu'à...

Arriver à soi

Pour arriver à toi

Pour trouver nous

Retrouver tous et tout.

Moment de plénitude. Compagnons du silence riant...

tout n'est pas qu'une question de sens..

Tout n'est pas qu'une question de temps..

Non ! heureusement.

Il y a aussi, aussi !

Il y a avec et sans. Avec toi et sans bruit...Avec moi et sentiment...

De l'émotion, bordel ! de l'émotion !

Pour une put'in d'envie de vivre !

De ne plus avoir peur de rien.

Surprenez-moi encore de moi. Bousculer mon puzzle ! Renverser mon scrabble !

Apprenez-moi même que je n'ai rien appris, rien compris..

Mais ne me laisser jamais m'asseoir sur la parfaite satisfaction,

Le parfait contentement...

Il ne faut pas que cet état dure. Cette douceur-là n'a pas de grande vertu, elle ne fait que nous endormir, nous réveille presque mort..

Je veux AVOIR en vie ! Jusqu'à l' ÊTRE morte. Post mort'aime.

Un jeu de mots pour avoir le dernier, chaque fois...

Je suis un homme imparfait ne me méprisez pas,

Je suis un homme imparfait, la conjugaison ou se conjuguer..Cela l'est bien autant que moi.

Et Toi ?


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FRED CHARLET - QUAND ON FAIT DÉFAUTES













Personne n'est parfaite...M'aime pas l'orthographe.. La preuve !

Personne n'a envie de faire des fautes, faudrait être con !

Tout le monde tend à devenir meilleur..cela semble normal, si ce n'est encore logique pour certains..

Moi j'ai pas eu cette chance, d'être doué pour l'orthographe...Pour apprendre la grammaire..Toutes les exceptions !

Pour finir..j'en suis devenu une, d'exception. Cela n'a rien d'exceptionnel..un constat, tout au plus.

J'en veux encore à l'école. J'en voudrais toujours à l'école. De pas avoir su, m'apprivoiser..

De m'avoir mis au piquet, au coin, dehors.. De m'avoir regardé de travers, d' m'avoir puni !

Comme un coupable (?)

C'est pas de pas être un bon élève qui m'a embêté. C'est de jamais avoir compris pourquoi.

Un prof qui sait pas expliquer pourquoi il arrive rien à apprendre, c'est pas un prof. Il est "mauvais" aussi.

Bien plus qu'un enfant..

On le punit pas lui ?

On procède par élimination...On écarte le mauvais..Les mauvais..On les laisse dans leurs incompréhensions...On les punit !

On gratifie ceux qui apprennent. Plus ils apprennent facilement. Meilleurs ils sont. Plus on pousse les écarts....

Certains sont des bosseurs..Mais pour bosser, faut encore croire en soi.. Faut avoir des parents qui s'occupent de tout ça.

Faut avoir des parents qui savent lire, compter, et regarder bêtement si tu as fait tes devoirs. Faut avoir des parents qui viennent rencontrer les profs qui te détestent parce que justement, ces parents, viennent jamais aux réunions..

Je veux pas non plus tomber dans le misérabilisme..On se construit heureusement autrement. On a pas que des mauvais profs et des parents absents, toute sa vie..

On se dit.. Si j'y arrive pas comme ça, comment je pourrais faire pour y arriver quand même ?

On reste pas toute sa vie au fond de la classe..

On se moque autrement, de son mauvais prof de sixième, quand on a 30 ans...On le trouve petit..petit comme touchant..

On guéri ses blessures.

On devient adulte ?

On se dit qu'il faudrait essayer de pas reproduire ce qu'on a pas aimer...

Va falloir qu'on fasse attention. C'est plus facile a dire qu'a faire.

On peut vite redevenir mauvais. On oublie vite de se regarder. Quand on est seul, son professeur...

Quand on s'oublie, on fait pareil que le mauvais prof..On regarde les élèves en se croyant maître de soi-même et des situations.

Ça ne nous regarde plus ces petits merdeux qui comprennent rien ! Sont vraiment trop cons !

" Vous vous rendez pas compte de la chance que vous donne l'éducation Nationnale !! "

Faudrait arrêter de nationaliser l'éducation M'sieur ! faudrait délocaliser vot' cerveau !

Partir à l'étranger...

Revenir avec d'autres cultures..

Cultiver l'art et la manière..

Avoir un grand jardin secret...

Bref, faudrait avoir beaucoup de temps... Pas courir après..

Faudrait avoir envie..de dire merde ! vous me faites chier avec toutes vos réunions !

Vous m'emmerder avec vos priorités..

Vous me cassez les C... avec le programme.. en retard !!

Après..quand on en a trop marre...

Qu'on soit élève ou prof...On devient absent..

A se demander si l'éducation nationale, aujourd'hui, ce serait pas une fabrique d'absence..

Tiens ! ça j'aime pas ! alors j'ai décidé de pas le voir !

La vie est une école...Reste à comprendre si il y en a vraiment qu'une..de vies comme d'écoles..

On va pas tous à la même.

On a pas tous la même place à tenir... C'est ce que j'essaye de retenir... Ça ! et puis moi...

Ce que je suis..

Ce que je voudrais être.. Demain !

Mon prof apprend l'élève..

L'élève apprend le prof..

On s'élève, on essaie !

On élève le débat, le respect,

On respecte soi d'abord...

Commencer a respecter vous même, si vous voulez qu'on vous aime..

Apprendre..ça part d'un point c'est..nous !

Apprendre pour comprendre, pour acquérir..Apprendre pour rejoindre.

Les apprend-tissages demandent de la volonté, de la patiente , de l'abnégation..

Ils demandent ! alors réponds !!

Si tu veux exister,

Si tu veux qu'on t'entende..Tout simplement !

Vivre.





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jeudi 24 avril 2014

ELSA/CATHERINE DUTIGNY - CARNETS SECRETS SUITE 5












Suite 5



Parfois une perte de connaissance s’accompagne, un court instant, d’un sentiment de quiétude. Jules en faisait l’expérience. « Je me sens bien… », pensait-il, dans un état toujours comateux. La marche du perron sur laquelle sa tête reposait libérait une senteur de salpêtre, acidulée d’une pointe de chlorophylle. Des images de lui, enfant, envahirent son cerveau. S’imposèrent, en plans successifs, les paysages sablonneux du Boischaut à la végétation maigre où il gambadait insouciant au milieu du troupeau de chèvres rousses de son père, les jeux de cache-cache au détour des haies bordant les chemins creux conduisant à la rivière, les bravades aux vipères prenant leurs bains de soleil sur les amas violacés des molinies des tourbières. Si la tiédeur humide de cette nuit de novembre n’avait peu à peu irrité sa joue posée sur le jardin lilliputien du perron, il aurait poussé le « musardage » bien plus loin et plus longtemps à la recherche d’autres émois de sa jeunesse, à la recherche, par exemple, des mollets ronds de la Marthe, lorsque celle-ci, alors âgée de quinze printemps, affolait les jeunes mâles par sa démarche nonchalante et son agaçante beauté boudeuse. C’est donc à regret qu’il ouvrit les yeux et se retrouva face à la bouille étonnée du chat. Il reprit lentement ses esprits, accommoda sa vue à la pénombre ambiante, et passa sur son front humide une main légèrement tremblante.



- Ben, qu’est-ce que tu fais là, Arsène ? dit-il, en contemplant le matou.



Le chat en entendant son nom, pencha légèrement la tête de côté. Une furieuse envie de répondre s’empara de lui. Il sentit alors un curieux phénomène se passer dans sa gorge : les muscles du cou se tordirent et dilatèrent son larynx de manière beaucoup plus large que lorsqu’il entamait un ronronnement. Sa bouche s’arrondit et une voix gutturale s’en échappa.



- Je grenais guercher de l’aide, cracha t-il, en articulant de manière exagérée chaque syllabe.



Le son de sa propre voix le terrifia. Il s’aplatit au sol, les yeux exorbités, toutes griffes sorties, du moins celles restées intactes après son escapade dans le poulailler du père Baillou. Il toussa, se racla la gorge, mais le besoin de parler ne le quittait plus.



- Attends, le chat ! Tu parles ! Pute borgne … je deviens dingue… gémit le pauvre Jules.



Arsène hésita un court instant. Les phrases se bousculaient dans sa tête. Un désir démoniaque le poussait à parler. La langue pendante, il se sentait condamné à faire sortir les mots de son larynx. Pourtant, il le fit en chuchotant afin d’épargner à son ouïe délicate des sonorités qui continuaient à le terrifier.



- Non, non… pas du gout. Groyez que j’en suis le premier surpris… Depuis le temps que gout le monde me parle et trouve g’avec mon air surpris, il ne me mangue plus que la parole… Hé bien goilà ! Ne me demandez ni gomment, ni pourgoi, mais c’est un fait, je parle… Je trouve d’ailleurs cela assez désagréable. J’ai l’impression que l’on m’arrache les gordes vogales. Avec un peu d’entraînement, je pense y arriver plus faguilement et gans ce genre de désagrément. Ga va d’ailleurs déjà mieux…



Un sentiment de fierté l’envahit. Il avait réussi une longue tirade et il sentit que ses cordes vocales s’habituaient à cette toute nouvelle gymnastique sans trop le faire souffrir. Il se redressa sur son séant, étira son cou et cligna des yeux, la mine satisfaite.



Jules le regardait bouche bée, partagé entre l’incrédulité et une formidable envie de rire tant le greffier s’était escrimé à prononcer distinctement chaque mot en dépit d’une surabondance de « g » et avait poussé sa voix basse aux limites du grave. Il pensa à nouveau qu’il était devenu fou mais que la folie avait du bon. Il n’y avait que dans les rêves et dans les livres pour enfants que les chats parlaient : preuve indiscutable qu’il n’avait toujours pas retrouvé ses esprits. Il se pinça cruellement le bras pour s’assurer du contraire.



- Arrêtez de gous pincer, mon brave homme ! Je parle… c’est un fait aguis. Ne revenons plus sur le sujet. Je pensais trouver de l’aide en me réfugiant près de vous, mais je gonstate que celui de nous d’eux qui a besoin de régonfort, ce n’est pas moi, mais plutôt gous…



- Attends ! s’exclama Jules. Tu ne vas pas t’en tirer à si bon compte… j’ai le cerveau mou et la comprenette lente comme le disait mon brave instituteur, mais j’aimerais quand même comprendre : primo, pourquoi tu cherchais de l’aide ? Deuxio, comment as-tu appris à parler ? Tertio, qu’est-ce que je fais allongé sur ces marches au beau milieu de la nuit ? Quar…



- Guarto ? suggéra Arsène…



- Guarto… répéta Jules…. Heu… ben, j’en sais plus rien. J’ai la tête chamboulée… Réponds déjà aux trois premières, je verrai après s’il y en a une quartième…



- Une gartrième… corrigea le chat.



Jules ignora la remarque, prit appui sur ses coudes, parvint à redresser son buste et à s’asseoir à peu près confortablement sur la marche. Il fouilla le fond d’une poche de son pantalon en quête d’un mouchoir et poussa un retentissant juron :



- Par le cul de Dieu ! J’crois bien que je me suis pissé dessus !



- Heu… pardon le chat… je ne voulais pas te choquer, ajouta t-il, l’air penaud.



Arsène détourna la tête avec dégoût, ne sachant du blasphème ou du dérèglement urinaire ce qui l’horrifiait le plus. Il réalisa subitement que son incapacité congénitale à parler lui avait jusqu’à présent permis d’être le témoin discret des confidences des humains. Que ne dit-on à un chat dont on doute qu’il comprenne le sens des paroles et dont on est sûr qu’il sera bien en peine de les répéter. Oui, mais voilà… un chat qui non seulement comprend mais parle devient irrémédiablement suspect. D’animal inoffensif de compagnie, son statut se transforme en traître potentiel, en dangereux rapporteur. Arsène se jura de prendre des précautions avant de renouveler l’expérience. Avec Jules, c’était trop tard. Encore pouvait-il espérer qu’en retrouvant ses esprits le cantonnier enfouirait au fin fond de sa mémoire leur discussion de peur de passer pour un cinglé. Il fallait donc parler peu, mais utile.



Il se concentra et relata au cantonnier les événements récents qui l’avaient conduit à chercher du secours. Il évita de s’attarder sur la panique qui l’avait saisi lorsque le coq l’avait foudroyé du regard, sur les circonstances précises de la perte de plusieurs griffes ainsi que sur l’épisode honteux du tas de fumier. Outre des talents de narrateur qu’il expérimentait au fur et à mesure, il comprit qu’il suffit dans un récit de changer d’infimes détails, d’en taire également l’existence de certains pour en changer l’ambiance, même parfois le sens, et chose particulièrement délectable, à défaut de s’attribuer le beau rôle, au moins sauver les apparences. Cela lui plut et lui ouvrit de nouvelles perspectives. N’ayant en revanche, trouvé aune explication rationnelle à son nouveau don, il émit l’hypothèse que le coq du père Baillou, ou du moins son spectre, l’avait ensorcelé. Et s’il avait du vocabulaire, tout le mérite en revenait à son bon maître qui n’avait pas perdu au contact rugueux des éleveurs du Boischaut, le goût des jolis mots, ni l’habitude vespérale de la lecture à voix haute.



Quant à savoir ce que faisait Jules, inconscient sur les marches du perron, il hésita, tourna trois sa petite langue rose dans sa bouche, mais resta silencieux. Il avait bien sa petite idée : le bonhomme, ce n’était un secret pour personne, aimait l’alcool. Un coma éthylique - Arsène avait entendu le vétérinaire en parler à propos de l’ivresse provoquée aux singes d’Afrique par la consommation des fruits du marula - pouvait bien être la réponse à la troisième question de Jules. Difficile pourtant de dire à une personne que l’on apprécie, et dont on pense avoir besoin, qu’elle n’est qu’un incorrigible pochard, un bois-sans-soif, un vide-bouteille. Le chat avait remarqué que les humains condamnaient l’abus d’alcool et rejetaient ceux qui s’adonnaient sans réserve à la boisson. Il en avait croisé à maintes reprises, un verre de rouge à la main, qui n’hésitaient pas à se moquer d’un de leurs compagnons de beuverie, titubant entre les tables, à la terrasse du bar «Aux Demoiselles».



Décidément, savoir parler rendait les choses compliquées.



©Catherine Dutigny/Elsa, avril 2014 

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à suivre...