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BOUQUET DE VOIX
Par ordre de parution : Naïade, Mathieu La Manna, Evelyne De Gracia, Java, Louyse Larie, Aubrée, Zibelyne, Elsa, Anna Logon.
Introduction :
Une bise printanière souffle
aujourd'hui sur la danse et retrousse les jupons de ses jours en un
léger désordre temporel. J'ai cueilli les fleurs de mon jardin
ainsi que celles de mon écho pour faire froufrouter les plus
belles nuances et intonations en un bouquet de voix pour notre ami et
poète de chaque jour Marcel Faure et pour sa très chère Lloydia,
voyageurs fidèles de Poèmie via « la danse des jours et des
mots ».
Un, deux, trois, Naïade, Mathieu LaManna et Evelyne De
Gracia ouvrent le bal de leurs jolies voix, quatre, cinq six, Java
accompagne Louyse Larie et Aubrée en trois doux menuets de notes
exquises, et enfin, sept huit neuf, Zibelyne, Elsa et Anna Logon
avec élégance font la révérence qui ponctue ce bouquet tout neuf !
Grand Merci à toutes et à tous ! Et dansez maintenant !
Mercredi
2 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR NAÏADE)
Écrire, une belle façon de capturer des rêves.
Dehors
la lumière réinvente la terre ...
À
chaque instant.
Et je
ne suis qu'une infime diffraction du temps.
Dans un
silence lézard
Je
m'enroule.
Passe
une belle trouvaille
Je
la plaque sous le stylo.
Tributaire
de l'incertain,
Des
trajectoires infidèles,
De
la sonorité des plumes,
J'interroge
mes entrailles
À
la recherche d'un écho.
Alors,
Alors
seulement,
De
ma langue tactile,
Je
happe la vie crescendo.
Jeudi
3 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR MATHIEU LAMANNA )
Je suis un artisan. La matière que je travaille, ce sont les mots.
Sont-ils déjà ébréchés lorsque je les dispose en vrac sur la
table ? Non, ils ont déjà tellement servi qu'ils rutilent de la
patine du temps. Mais ils ont su rester rebelles et refusent souvent
de se soumettre. Alors j'invoque les poètes
Sous
mes yeux la pigmentation prend forme, la coloration s'affirme, la
construction s'élabore. Je monte le four en température. De grands
à plats s'animent. Je me laisse traverser par des tonalités
nouvelles, des fugues, des impromptus, jusqu'aux graduations
écarlates.
J'aime
ces mélanges chatoyants, nés de rien, qui n'ont pas d'autres buts
que celui d'un bruissement léger à mes oreilles, qui sont comme la
fleur dans son vase, inutile, irréelle mais essentielle à la beauté
du jour.
Vendredi
4 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR EVELYNE DE GRACIA)
Atmosphère particulière de mon bureau. Le soir tombe, la lumière
s'écarte peu à peu pour faire place à une pénombre diffuse.
Bientôt le bouillonnement des constellations envahira le ciel.
Les
bruits diffus de la maison, le sourd bruit de fond de la rue, loin,
très loin dans les cercles extérieurs du temps ... Je suis dans le
ventre d'un livre s'ouvrant, se refermant. Ma main sur la tranche,
mes yeux dans le moelleux des mots. J'ai peur de me lever, d'allumer
l'électricité et de briser ainsi le charme.
Je
ne lis plus. Il fait trop sombre. D'un doigt, je caresse le granulé
de la page, entre désir et plaisir.
Samedi
5 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR JAVA)
Rose c'est son prénom, celui d'une fleur, une splendeur destinée à
mourir. Toute sa vie Rose s'est jardinée, fardée, maquillée,
confiant souvent ses cheveux au coiffeur, maintenant au perruquier.
Rose est malade, malade d'avoir trop vécu, d'avoir trop aimé,
d'avoir trop fumé.
Rose
branchée sur la vie, à se battre avec son syndicat, à se battre
pour ses enfants, à se battre avec les fins de mois, Rose branchée
sur les perfusions à se battre pour quelques instants de plus avec
les siens.
Rose
toujours à cœur perdu, à cœur ouvert, à cœur joie, toujours à
danser, faire la fête, à partager, partager seulement les instants
de bonheur donnant plus qu'elle ne possède et tant pis pour son
banquier.
Rose
secrète, épuisée par tout ce tourbillon, toute cette fumée, tous
ces gens portés à bout de bras – Mais que veux-tu, je ne peux pas
faire autrement – Rose veillant sa mère la nuit et ses enfants le
jour. Rose à bout de souffle, pompée jusqu'au moindre atome
d'oxygène – Un peu d'aide Rose ? – Mais non tout va bien.
Rose
si fière, trop fière, jamais ne lâchant prise, toujours sur la
barricade et riant plus fort que tous, Rose dont le vent emporte les
derniers pétales qui retombent en pluie joyeuse, pour une dernière
fête, sur ceux qui l’aiment.
Dimanche
6 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR LOUYSE LARIE)
À la surface un peu floue de la conscience, des lambeaux de phrases,
des imprécisions positives. Elles émanent aux frontières de la
méditation, lucioles envoûtantes, filaments enchevêtrés de
lumières, petits legos multicolores qu'il faudra encastrer pour
faire sens.
Dans
la nuit silencieuse, rien n'est encore acquis. La nuit n'est qu'une
image, il pourrait tout aussi bien faire midi et plein soleil, dans
l'ombre titanesque de Verlaine ou Rimbaud, mon gargouillis
insignifiant n'en serait pas moins jubilatoire.
Ce
n'est que le regard de l'autre qui me rend moins populaire, moins
intéressant, moins génial que mon voisin de palier. Ma soif
impétueuse n'assèchera jamais la rivière. Pourtant, lorsque je
lève mon verre, que je trempe mes lèvres à cette encre, un paysage
s'amalgame et se forme. Du magma s'élève mon chant.
Lundi
7 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR AUBRÉE)
Sur un fond vert sombre, quelques repères blancs, discrets, presque
flous et que bercent une brise de printemps. Une branche expose sa
dentelle au vent. En observant mieux, le fond de la photo n'est
qu'un amas de fleurs dont le blanc se noie dans le vert, se perd dans
le flou comme s'il hésitait à affronter la lumière, comme si le
soleil ne frappait que l'extrémité de la beauté qu'il s'apprête à
dévoiler.
C'est
la première photographie qu'a choisi de nous montrer Shinzo Maeda,
photographe japonais, dans son livre "Arbres et brindilles."
Un
botaniste dirait de cette photo qu'elle n'est pas bonne. On n'y
distingue aucun détail qui permettrait une identification de l'arbre
(de l'arbuste ?). Mais le propos de l'artiste n'est pas de nommer
mais de partager un instant de grâce, de mettre en évidence une
fragilité tout en suggérant la profusion flamboyante de l'arrière
plan.
La
branche prend alors la dimension d'un Haïku, la sobriété d'un
Ikebana et en assume la construction. Elle se divise en trois rameaux
de différentes tailles dont seule la partie supérieure du plus
grand, capte des étincelles de blancheur. Si le rameau central a du
mal à s'extraire du magma de l'arrière plan, le rameau extérieur,
presque plaqué au cadre tente timidement de proposer une ébauche ,
un essai de ce que sera l'inflorescence quand elle aura capturé la
lumière. Les pétales largement ouverts, encore laiteux, regardent
leurs aînés souriants, pleinement épanouis, à l'objectif alors
qu'un savant jeu d'ombres donne à ces derniers une profondeur qui
intime à la méditation.
Assis
dans mon fauteuil, je perds peu à peu le contrôle de mes pensées.
Des effluves agréables chatouillent mes narines. Je m'absente
au-delà du réel dans un univers flexible où le poids de mon corps
se fait plume. Le tableau est en moi et je pense bourgeon, étamines,
pistil. Bientôt je serai fruit ou seulement radeau dérivant sur
l'air. Immobile, j'aspire au vide absolu renonçant à tout ce que
j'étais. Et mes yeux flamboyants chantent un hymne au printemps.
Mardi
8 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR ZIBELYNE)
Oh combien je suis stupide ! En rendant compte d'un monde imparfait,
je cherche à éliminer toutes les imperfections d'un monde futur.
Mais le principal obstacle, justement, n'est pas tant de supprimer
tout ce qui ne va pas. Quel serait donc ce monde parfait où chacun
trouverait sa place. En dehors des évidentes banalités : bonheur,
félicité, sécurité matérielle et alimentaire comment
s'organiserait vraiment la vie !
Faudrait-il
réserver à chacun une île déserte, sans même la possibilité de
construire un radeau, pour éviter tout pugilat ? Supprimer le
téléphone, Internet et la bouteille à la mer pour éradiquer
toutes les insultes ? Même la notion de droit devrait être revue,
chacun voulant user de son bon droit pour posséder, exiger,
interdire parce que le droit pour tous, ne va jamais sans sa cohorte
d'interdiction pour chacun.
Alors
j'érige la solitude comme principe absolu. La solitude adoptant la
solution de l'escargot qui se retire dans sa coquille à l'approche
d'un conflit. Plus de combattants, plus de conflits. Une solitude
active et bienveillante ne restant dans cette coquille que le temps
nécessaire à l'apaisement. Utopie, utopie ...
Dans
la violence des mots du poète il y a ce désespoir à se savoir si
près de pousser la porte de cette utopie sans jamais y parvenir.
Dans la violence des mots du poète, il y a cette lucidité à
reconnaître en chacun ses propres imperfections. Dans la violence
des mots du poète, il y a aussi ce point ultime de fusion entre deux
corps, entre deux univers au sommet de l'amour.
Il
faudrait savoir bondir entre les interstices du temps et dans un même
mouvement tordre le cou à toutes nos pirouettes.
Mercredi
9 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR ELSA)
Idéogrammes indéchiffrables.
Le
ciel comme une énigme
Où
dorment les réponses
Des
chimères rapaces
Déchiquettent
mes rêves
Ô
condor mon frère
Protège
bien ton nid
Là
où s'endort l'enfant
Niche
les nouveaux mondes
Là
dorment les réponses
Jeudi
10 janvier 2013 (MISE EN VOIX PAR ANNA LOGON)
Ce n'est pas un songe. Le soleil emmagasiné tout l'été est
toujours là. Parfois le jour s'encanaille avec le gris, gronde comme
un orage revanchard; qu'importe puisque les plaisirs diffus de la
contemplation déploient leurs trésors. Mes yeux se fixent sur un
point imaginaire. J'ai la faiblesse de croire que je m'envole.
Oh
je n'ai pas de serres, pas de bec tranchant, même pas de plumes,
seulement des yeux perçants. Pourtant je ne sais plus vraiment qui
je suis.
Plus
de parole. Exilé volontaire parmi les poussières cosmiques,
minuscule fragment qui poudroie, invisible dans les décoctions
méticuleusement dosées de la vie, j'expérimente l'incroyable
fusion entre l'exploration intérieure et la matière qui me
contient.
Et
je sais.
Nous
ne sommes que la préhistoire de ceux qui viendront.
Textes protégés et déposés
sur le site iPagination
NB: c'est avec grand plaisir que je relaie chaque épisode de "La danse des jours et des mots". Les parutions sur le site iPagination (année 2013 - dont voici les neuf premiers épisodes ci-dessus) sont en avance sur celles de l'Écho (année 2012); voilà pourquoi j'ai parlé de "léger désordre temporel" dans mon introduction.
Les liens de la danse des jours et des mots sur l'Écho :
- Liens de la préface à l'épisode 0100
- Liens des épisodes de 0101 à 0200
- Liens des épisodes de 0201 à 0300
Sans oublier la présentation de Marcel Faure lui-même !
Des mots et une poésie de circonstances !
Alors... Dansez encore ! Longtemps, longtemps !
Alors... Dansez encore ! Longtemps, longtemps !
Quel florilège ! Bel hommage aux mots de Marcel que ces timbres qui sonnent sur autant de tons différents ! Merci à Marcel, merci à Tippi, la chef d'orchestre qui chérit ses auteurs avec ardeur !
RépondreSupprimerDanse des jolis mots de Marcel Faure sur les maillons d'une chaîne d'amitié aux intonations variées. Quelle merveille.. Des sons, des couleurs, des parfums et une chef d'orchestre adorable et talentueuse! Tippi, merci
RépondreSupprimerMerci Tippi de nous avoir donné la chance et le privilège de lire ces mots de Marcel!
RépondreSupprimerOui, Merci à Tippi de nous avoir une fois de plus réunis en ce lieu très joliment agencé pour permettre à nos voix respectives de prendre leur envol au gré des mots de quelques auteurs, en l'occurrence ici ceux très colorés de Marcel...
RépondreSupprimermerci Tippi de ces rendez vous que tu nous offres. Merci à Marcel pour ces mots où chacun semble se retrouver. Merci aux lecteurs lectrices qdont je retrouve les voix avec plaisir
RépondreSupprimerEh bien en voici des jolies fleurs mes chères voix ! Grand merci à tous et au prochain bouquet ! GROS BISOUS à chacun de vous.
RépondreSupprimerQue dire après ce florilège de remerciements et de félicitations ? Un bien beau bouquet que tu as composé là Tippi fait de multiples interprétations chantantes, douces ou plus fortes au gré des mots poétiques de notre ami Marcel. De belles sensations et de belles invitations dans son monde que nous retrouvons toujours avec plaisir.
RépondreSupprimerMerci à tous les deux de cette belle idée et merci à toutes les fleurs d'avoir prêté leurs voix pour composer ce bouquet.
Quel beau florilège de voix qui sublime les mots de Marcel empreints de poésie qui nous font tantôt réfléchir, sourire, s'interroger et j'en passe ! des mots toujours justes ! merciii ma Magicienne !!
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