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mardi 19 août 2014

MARCEL FAURE - 0121 à 0125 de La danse des jours et des mots


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Samedi 21 janvier 2012 

Que dire de cette rose qui ne veut pas mourir sur le rebord de la fenêtre... offerte avant Noël elle semble figée dans une posture rigide avec ses feuilles vert sombre repliées sur la tige. Elle se rapproche plus d'une imitation plastique, que d'une rose séchée comme il se doit, et qui aurait gardé tout son charme.
Contrairement à l'avis de la notice, Lloydia prenant pitié de cette beauté froide, a décidé de lui donner de l'eau. Rien ne s'est passé. Toujours élégamment distante et impersonnelle notre rose, sauf...
L'eau a pris une belle couleur d'un vert profond, comme si toute la chlorophylle s'échappait de ce cadavre exquis. L'opération renouvelée plusieurs fois donne plus de légèreté à ce vert. Quels monstrueux traitements as-tu donc subis pour te contraindre à ce sublime coma.
À te voir ainsi, morte et vivante dans cette posture où tes pétales blancs ressemblent à la peau d'un cadavre, mais dessinent aussi l'arabesque épanouie d'un bouton à maturité, j'hésite entre colère et pitié. Colère contre toute la pollution que tu représentes et la maltraitance des ouvriers qui t'ont torturée ainsi et pitié pour ce que tu es devenue, éternel symbole que le merchandising a réduit en objet.



Dimanche 22 janvier 2012 

Lloydia a ratiboisé la tige de notre rose à une courte encablure du capitule ne laissant qu'une paire de feuilles. Puis, avec des fanes de céleri, elle a construit dans un minuscule pot en grès, un écrin échevelé dont le vert éclatant souligne maintenant le bouton floral. Ainsi parée, sa beauté souligne d'un sourire le jour triste et brumeux.
Les fleurs s'ennuient de toi mon amour, et lorsque tu les touches, elles explosent de bonheur et de grâce. Un coup de vaporisateur, et voici notre rose toute salivante de rosée, rien que pour tes yeux aux cent mille pétales.



Lundi 23 janvier 2012 

— Je voudrais monter dans le cheval.
— Ma petite grabotte, tu veux ouvrir le ventre du cheval ? Ça va lui faire mal !
— Non, faire comme le Monsieur.
— Alors tu veux dire monter sur le cheval ou faire du cheval.
— N'empêche, moi je voudrais bien monter dans le cheval, s'entête-t-elle têtue.
— Sur le cheval.
— Sur le cheval concède-t-elle enfin.
Je crois que je n'ai pas fini de ramer avec ce cheval. Et que dire de ces chevals, pardon, ces chevaux. Dans le manège, ils tournent sans fin, dociles aux ordres de leurs cavaliers. Ces derniers font travailler leur monture qui, paraît-il, apprécie l'exercice. Moi je n'en sais rien, je n'ai jamais appris la langue chevaline. J'y viendrai plus tard, quand j'en aurai fini avec les subtilités de notre vocabulaire.



Mardi 24 janvier 2012 

Je n'ai pas de domicile fixe. Je vagabonde de poème en poème. Je m'arrête dans l'échancrure d'une page. Jeux de la séduction. Plus avant, un paysage me happe. Feuilles mortes – automne roux – à l'angle d'une maison surgit le rire d'un enfant.
Ailleurs, des drames, des guerres. Le mur d'en face est gris. La désespérance m'assiège.
Dans le jardin, des cosmos confient leur descendance à la brise. Un oiseau s'envole. L'enfant court, éparpillant son rire dans les allées, gagne les champs où la terre se repose.
Je relève la tête. Le mur d'en face a disparu. Ce soir, je dormirai dans les étoiles.



Mercredi 25 janvier 2012 

Nat au téléphone, de grands silences, elle attend qu'on l'interroge, répond brièvement, je perds mes moyens. Lloydia s'en sort mieux. Nat est en forme, se débat pour faire isoler son toit et envisage de ne travailler qu'à 80 % refusant de travailler plus, pour payer plus d'impôts.
Il est parfois difficile d'expliquer pourquoi nous partageons l'amitié avec certaines personnes, un peu comme en amour, le courant passe et même les plus grosses tempêtes n'arrivent pas à couper le contact.
Des points communs, bien sûr, la botanique évidemment et peut-être notre première rencontre dans les Pyrénées.
Nous participions, avec d'autres, à des journées autour des fleurs organisées par une grosse association du sud-ouest. Elle ne connaissait personne; nous très peu. Souvent nous avons cheminé ensemble, échangeant nos connaissances.
Vint l'instant de la séparation. Nat complètement affolée se précipite vers nous. Elle avait perdu ses clés de voiture. Les quelques personnes encore présentes se mobilisent pour trouver une solution. Dans le village pas de garage. On s'improvise cambrioleur pour forcer la portière. Rien.
— Tes clés... Tu es sûre ?
— Oui, j'ai fouillé partout.
— Ton sac à dos ?
— Oui aussi.
— Tu permets ?
Je vide complètement le sac à dos sur le sol, les clés étaient là, tombant par terre avec le reste. Depuis, nos deux portes sont toujours ouvertes l'un pour l'autre.

Nat, pourquoi donc sommes nous amis ? Une histoire de circonstances ? Pas seulement. Toujours très attentive aux gens qui t'entourent, ta présence discrète mais efficace, ta curiosité toujours en éveil pour la nature... quelques raisons en vrac, et ton sourire en prime.









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