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mardi 12 août 2014

MARCEL FAURE - 0116 à 0120 de La danse des jours et des mots


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Lundi 16 janvier 2012 

Depuis toujours, j'écris de petites phrases que je note soigneusement. Elles m'accompagnent ainsi dans de petits carnets jusqu'à ce qu'elles trouvent une place dans un texte. Beaucoup ont trait à la poésie. Je vous en livrerai ici quelques-unes à commencer par celle-ci qui interroge mon travail.

Hors de l'énergie du langage, ce que j'écris a-t-il un sens ?



Mardi 17 janvier 2012 

Je n'aime pas trop ce terme de « travail » que j'utilise parfois à propos de l'écriture. Je n'en ai pas d'autre pour traduire cette sorte de respiration cérébrale que j'expire noir sur blanc. La buée des jours, volutes qui dansent et se posent, des lettres s'enlacent et m'expriment.



Mercredi 18 janvier 2012 

Face à une maladie dont on ne sait que trop l'issue fatale, nous ne devrions nous poser qu'une seule question. Pourquoi mon corps ne veut-il plus de moi ? La réponse sincère à cette interrogation produit parfois des effets inespérés.
J'ai essayé d'expliquer cela bien maladroitement à un ami dont je devine l'angoisse devant une échéance qu'il tente de reporter le plus loin possible, avec un certain succès.
Sa vie difficile lui a déposé sur les épaules, et ceci dès sa plus tendre enfance, des fardeaux si lourds que bien d'autres auraient résolus par le suicide. Lui, il force mon admiration par son courage et sa soif de vivre. Mais parmi tous ces fardeaux, n'en est-il pas un, enfoui si profondément qu'il n'en a jamais parlé et surtout pas à la ou les personnes concernées.
Je lui ai donc raconté cette histoire vraie dont je connais certains des protagonistes.

Jovie à 27 ans, c'est une jeune femme heureuse qui croque la vie à pleines dents. Mais depuis un an elle s'inquiète beaucoup pour sa maman, atteinte d'un cancer généralisé qui s'est aggravé semaine après semaine. Souvent, elle enrage de ne pas être plus souvent à ses côtés à cause de son métier qui l'éloigne de Marseille. Puis une fin d'après-midi...
— Allo, ici l'hôpital, si vous pouviez rentrer, votre maman ne passera pas la nuit.
Jovie se précipite, avale les kilomètres, se gare en catastrophe et grimpe les escaliers jusqu'à la chambre. Maman est toujours en vie. Elle l'attendait puisant au plus profond de ses réserves pour enfin lâcher prise.
— Ma fille, surtout ne m'interromps pas, je veux aller jusqu'au bout. Ton père, celui qui t'a élevé et bien ce n'est pas ton vrai père. C'était avant de le connaître. Un saisonnier. Il n'a jamais su. Il s'appelait Forange et il habitait dans la région de Lille.
Épuisée, elle s'endort. Jovie qui depuis le début lui avait pris la main devine plus qu'elle ne l'entend un souffle très faible, mais régulier, apaisé.
Je ne vous raconte pas les sentiments qui traversent la jeune femme, hors sujet diraient le Maître. Elle finit par s'endormir, elle aussi, dans le fauteuil près du lit.
Au matin lorsqu'elle se réveille un beau soleil caresse le visage de sa mère qui lui sourit.
— j'ai faim dit-elle.

Une semaine plus tard, encore très affaiblie, la maman de Jovie sortait de l'hôpital mais plus aucun signe de ce foutu cancer dans les analyses médicales.



Jeudi 19 janvier 2012 

Mon histoire aurait pu s'arrêter là, après vous avoir dit que Jovie avait retrouvé son vrai père sans renier celui qui l'avait élevée. Mais voilà...
Jovie encore toute bouleversée court chez sa grand-mère.
— Mamie, mamie, si tu savais...
— Calme-toi ma chérie, calme-toi, je sais. Puis après un silence, tu veux son adresse ?
— Oui, l'adresse de ton père.
C'est ainsi que Jovie apprend que Forange, peu après le mariage de sa mère, avait refait surface. Mis au courant de la situation, cet homme de cœur n'avait pas voulu perturber le jeune couple. Il se tenait régulièrement informé de la vie de sa fille et tous les ans, pour son anniversaire, il lui faisait un cadeau somptueux que tout le monde attribuait à la grand-mère.

Aujourd'hui, quelques années ont passé, le cancer n'est plus qu'une histoire ancienne et Jovie entretient de belles relations avec son demi-frère, son père et toute sa nouvelle famille.


Vendredi 20 janvier 2012 

Je sens parfois, lorsque je raconte ce genre d'histoire vraie, que je ne suis pas à la hauteur de l'évènement, mon style devient trop narratif, saccadé. J'ai l'impression d'écrire une rédaction pour l'école et que le prof de français me dira "vous auriez pu développer davantage. Et vous ne me livrez pas beaucoup vos impressions face à la mort, puisque tel était le sujet."
Je n'ose lui répondre :
— La mort je m'en fiche, et lorsque la mienne surviendra, mon seul regret sera de ne pas pouvoir l'écrire.
Peut-être faudrait-il que je rédige dès aujourd'hui, cet instant qui viendrait clore la dernière page de ma vie.









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