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samedi 31 mai 2014

JEAN-LUC MERCIER -PÉCHÉ CHOISI









Péché choisi


1 - Peut-être jaloux de ces gens qui se moquent d’ailleurs, peut-être jaloux de ces gens qui se moquent d’autrui ? Qui ne sont pas même indifférents à tout ce qui ne les concerne pas. Eux se mêlent de tout et n’en connaissent rien, ont avis sur tout et ne construisent rien. Moutons de la nation, qu’ils ne servent pas plus pour autant, défenseurs de certitudes inaltérées, pourtant nées d’incertitudes altérables. Qui ne demandent en retour qu’un peu de flatterie, un infime privilège, une coupe à exposer, une médaille à accrocher, un satisfecit à afficher ! Conditionnés d’abord à l’œstrogène et la testostérone, aussi insignifiants ordinaires que d’autres pourtant, prêts à se damner pour leurs idoles de pacotilles.

2 - Peut-être jaloux de ceux qui ne voient rien, ces béats permanents pour qui tout va bien, qui s’en remettent au destin ? Ces gens qui ne vont nul part sauf en terre très connue, qui ne vont au devant de personne sauf de ceux d’une communauté très choisie. Qui ne parlent que de leur rhumatisme naissant parce qu’il faut bien parler de quelque chose ! Ou du petit qui devient grand, parce qu’il n’est bientôt plus petit. Peut-être jaloux parce qu’ils savent changer de chaine quand ça parle de guerre, savent changer de trottoir quand l’autre dérange ? Là, ici, ailleurs… peu importe, de partout il y en a, indifférents à l’agitation du monde, ils ont leur vie à sauver, à mener paisiblement jusqu’au bout. Tous malades de gravissimes dénis.


Peut-être jaloux ?
Ô non, pas de l’1-2 !
Nul besoin d’être Homme pour n’être que cela !



Peut-être jaloux de ces gens qui regardent le monde par delà leur monde ! Ces philosophes qui ne le savent pas, ces sages qui s’ignorent. Ces bouviers nomades, ces meneurs de rennes, itinérants des terres infinies de sable brûlant, des royaumes des vents, des steppes froides, ces hommes et ces femmes, que l’on n’écoute pas, hors de nos temps, qui entendent bruisser la Terre en humant l’air, en s’inclinant devant des forces dont ils connaissent les puissances.

Peut-être jaloux de ceux qui ont laissé leurs corps à la terre, confiant leur âme à Dieu ! Partis en oubliant de respirer, un soir auprès du feu. Ces paysans ridés telles pommes au fruitier quand finit la saison, desséchés sans pourrir après avoir puisés aux tréfonds de leurs chairs jusqu’à la plus infime miette d’énergie… Parce que chez eux, quand de la céréale il faut faire le pain, on ne jette pas les miettes ! Humbles comme le sont ceux qui servent les autres, ils ont nourrit les hommes et partent nourrir le sol, se rangeant sagement aux vérités essentielles.

Peut-être jaloux de ces hommes d’estives, chevriers des cimes, bergers d’alpes ou planèzes ! Qui au secret de leurs burons font naitre des merveilles, pour ravir les palais au creux des masures, tomme ou Beaufort, Salers ou Cantal. Faiseurs de bonheur sans or ni diamant, insoumis au pouvoir de l’argent, libre d’émerveiller avec un bout de fromage. Sur la patine de leur visage, se dessine au bon air le sourire de ceux qui prennent le temps de sourire.

Peut-être jaloux de ceux qui, dans l’oubli d’une chartreuse, se tracent des chemins de lumière ! Déshabillés de superflu, offerts au labeur comme une noble prière. Qui s’émerveillent de la nuit, sans boite ni flonflon. Artistes sans gloire, penseurs sans prestige, qui cherchent d’autres voies que celles du paraître, fussent-ils peut-être à l’esprit ce que le culturiste est au corps. Mais preuves tangibles d’autres alternatives à choisir ou imaginer, ainsi ou autrement.

Peut-être jaloux du tailleur de pierre qui confronte son organique au minéral à dompter ! Qui n’a de pouvoir que soumis à des lois qui ne sont pas les nôtres. Sculpteur de cubes à bâtir ou d’allégories d’art. À façon d’artiste, artisan de toute façon, il manie l’intemporel, dessine les paysages de notre Histoire, y écrit nos traces à coups de burin. Remercie la nature qu’il honore, signifie à nos esprits consommateurs que le pérenne est la plus belle manière de ne point gaspiller. 












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4 commentaires:

  1. Réponses
    1. N'est-ce pas ! Merci Gabrielle de ce commentaire que j'espère notre ami Jean-Luc pourra voir.

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  2. Un immense plaisir que de se plonger dans la très profonde plume de Jean-Luc !

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