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samedi 6 septembre 2014

EVE ZIBELYNE - SOURIS, SOT !




MISE EN VOIX LOUYSE LARIE 





Illustration de ZIB




Souris, sot !


L’aube se lève, plombée par un soleil de feu.
40° sous l’abri de fortune. La journée sera torride. Le vent a rasé la nuit. Un vent sec, au souffle glacé qui a enduit de poussière la pierre du toit. Elle déblaie la couche ocre qui obstrue les ouvertures. Ce fichu sable s’infiltre partout, le déjeuner sera dur à préparer aujourd’hui. Dans leur couche, les petits piaulent de faim.
Elle s’active, gratte, déplace les pierres accumulées par la tempête de sable.
La voie semble libre. Elle sort, respire pour se débarrasser de ce rouge qui lui obstrue les narines. Elle n’aurait pas du. Une goulée de feu lui fait exploser les poumons et la laisse pantelante, l’esprit égaré.
Le soleil cuit la pierre et la réverbération aveuglante la fait cligner de l’œil.
Doucement, elle reprend ses esprits. La marmaille attend. Elle jette un regard inquiet à la maisonnée, et tel un faucon, étend les yeux tout autour de l’abri.
Tout est calme, silencieux. Seul un insecte corné s’escrime à rouler une graine desséchée.
Elle secoue la tête. Pauvre bête qui se fatigue pour rien. Cette graine est vide, vide comme l’étendue immense qui surplombe le malheureux. Aride, magma de cailloux indifférents qui se dorent la face tandis que d’autres triment !
Un frisson lui parcourt la colonne vertébrale.
Elle se met en marche, cahotant sur la pente abrupte. Monter, monter, toujours plus haut, toujours plus loin, monter pour trouver de quoi subsister.
Un jet de poussière devant ses pieds la glace d’effroi. Elle sait ce que cela signifie. Elle recule, se fait toute petite devant les pinces noircicaudes du scorpion.
Le traitre a jailli de son trou, la toisant de son œil torve. Une morsure et c’en est fini à jamais dans cette immensité inhospitalière.
La peur lui a fait franchir la première crête. Une touffe de végétation la salue de ses poils hérissés en balai défraichi. Elle gratte la terre frénétiquement, à la recherche de quelque trouvaille juteuse.
Elle creuse d’arrache-pied, s’ombrant sous le feuillage erratique, bien décidée à déraciner la plante.
Mais la plante tient bon ! C’est à se demander comment ses racines peuvent trouver de la vie dans ce sol caillouteux. Mais c’est là le secret de l’adaptation, et la racine plonge, plonge, au plus profond de la terre.
De ses dents, elle lime la tige, mâchant ce sable qui la fait tousser. Soudain la plante cède sans qu’elle s’y attende. Elle choit dans son élan et roule, roule, roule, jusqu’à son point de départ, dans les cheveux filasse de la plante.
Sonnée, elle voit tanguer le sommet de la montagne qui brûle sous le soleil d’airain. Un insecte caché dans la motte lui tombe dans la bouche. Elle le croque, savoure la chair douceâtre. Requinquée, elle rentre dans l’abri, tirant la pitance de la semaine. Les souriceaux éveillés piaulent et piaulent de joie. C’est l’heure du petit déjeuner !



Zibelyne
5 avril 2012
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à retrouver sur le blog de l'auteure

5 commentaires:

  1. Merci, ma Louyse, pour ta mise en voix, j'adore, j'en piaule de joie !

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  2. Merci ma Zibe, ce fut un régal de piauler pour ton souriceau, pas si sot que ça le coquin !

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  3. Je découvre là un bien beau texte Eve et c'était pur régal que d'écouter ton fabuleux récit porté par la voix de cette chère Louyse qui a su si bien nous le narrer pour notre plus grand plaisir ! Aussi, casquette bien bas à toutes les deux pour cette belle évasion ! Et j'allais oublier l'illustration qui est bien belle, décidément, vous êtes deux grandes dames et je vous remercie !!

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    1. Et moi je découvre un bien joli commentaire de notre chère Epo....

      Oui, ce fut pour moi un grand plaisir que de donner de la couleur à ce coquin de souriceau si joliment narré par notre Zibe...

      Grand merci Epo pour ta jolie visite ...

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  4. Louyse, ce souriceau te restera dédié, bisou envolé vers ton ailleurs.

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