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dimanche 15 mars 2015

JAVA - PROSE OU POÉSIE - QUATRE MAINS CAT & JAVA - 4/6




MISE EN VOIX JAVA













Quatrième partie prose

Vous agacer, Madame ? Rêvez-vous ? Mépris dites-vous ? Je n’ai pas, il me semble usé de ce qualificatif à votre égard… Vous m’insupportez parfois certes, mais pourrais-je mépriser quelqu’un fait du même verbe que moi. Nous sommes deux branches de la même famille, celle des mots… À la différence, Madame, que je suis aussi fait de chair et de sang alors que vous n’êtes faite que de rimes cristallines.
Vous n’étiez pas gourgandine, cela non.
Suis je bien dans la rime ?…
Mais je dirais bien courtisane
si je n’avais peur que l’on ne m’en blâme

Mais voilà où vous me menez, à vous attaquer ainsi je me vois dans une impasse,
je m’empare de la dague
alors que je ne veux que la plume.

Vous parlez de vent, de fleur et de papillon, une conscience élevée entendrait dans ces mots « liberté », mais comment utiliser cela quand vous attachez la parole à des règles désuètes et serviles, l’obligez à passer par le chat de l’aiguille qui sert à la couture de vos quatrains.

Vos poésies, Madame,
ne sont pas faites pour le dire,
elles sont faites pour la révérence.

Le mot n’est plus dans vos effets celui qui porte le regard, mais celui qui se regarde, il ne fait pas briller la lune par une nuit de ténèbres, non il se veut briller plus qu’elle. Vos phrases ne sont pas faites pour exalter, elles n’existent que pour elles, elles se mirent en elles-mêmes. Je me mets madame au service des hommes, vous au service d’un seul du nom de Narcisse. Votre miroir, dites-vous a maintenant plusieurs faces et le monde n’aurait plus de secret pour vous, je ne vois pas dans celui que vous me présentez le reflet de la réalité. Vos vérités n’en sont pas et aucune image ne s’envole plus de vos chapitres. Votre plume n’est qu’arabesques et circonvolutions elle ne raconte pas, elle n’ambitionne qu’à plier le vrai pour le mettre à sa mesure… Alexandrins et autres.

Mais encore une fois, Madame, cette joute est stérile, vous m’attaquez en termes choisis et je n’utilise la prose qu’à fourbir des armes dont je ne veux pas avoir besoin.

Je sais dire, Madame,
la misère et les voiles sombres qui obscurcissent l’horizon de hommes.

je sais dire
la colère et la haine, le glaive et le fusil et leurs raisons.

Pourtant comme vous, Madame je sais aussi parler d’amour.

Mais le mien, ne ressemble en rien au votre, si je sais effleurer la peau et faire courir sur un corps dénudé des doigts agiles et voluptueux, je sais aussi fouiller un sexe lui donner l’outrage qu’il réclame. L’intensité, Madame, n’est pas alors dans les mots mais dans le corps qui se cambre et dans les cris que la bouche prononce et ces cris là, madame, votre poésie ne les entend pas. Les mots que la bouche prononce à ces moments n’ont pas place dans vos recueils.

Endoctriner, Madame ?
C’est mal me connaître mes mots sont utilisés par tous et je m’y reconnais si l’on en fait sauter les chaines. Mon combat n’est pas porté par une bannière mais par la parole.

Les mots sont une chose Madame,
mais si on ne les utilise que pour eux-mêmes,
ils ne servent de rien à l’esprit,
ils ne sont que feux follets qui s ‘éteindront vite
sous des uniformes que l’on a déjà trop vus.

J’ai aperçu sur la grève, Madame,
errer des chiens fous,
dévorer poésies rimées
et s’attaquer ensuite
à plus loqueteux qu’eux-mêmes.

C’est de La Fontaine et de Racine, Madame qu’ils venaient de se repaître.
J’ai vu dans les jardins du monde des papillons aux ailes veloutées et chatoyantes se poser sur des fleurs qui n’ont pas non plus de secrets pour moi. Je peux
vous parler des couleurs de la rose d’équateur incomparable parmi les incomparables, des magnolias aux grandes feuilles solitaires. Mais je saurais vous chanter une simple marguerite dont vous riez des mots qui lui sont associés, j’en saurais faire s’il le fallait, une ode, une ballade alors que vous n’en feriez qu’un quatrain par peur de lasser. Combien, madame utilisez vous de mots pour nous conter l’injustice ? Sous votre plume le vrai se dérobe pour ne prendre que la lumière de vos rimes. Je veux être plus prolixe pour dire les choses, la pensée dirige ma plume et si j’ai comme vous le goût du sensible, je ne suis pas obligé de m’en tenir à ce que la règle m’impose. Mais allez je ne suis pas aussi fermé que je semble le dire, Mallarmé, Madame m’a fait pleurer, Baudelaire dans les Fleurs du mal a ouvert des portes que d’autres poètes avaient fermées.


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à suivre...







3 commentaires:

  1. Et bien, que de belles choses en réponse, Monsieur, je vous l'accorde ! J'ai dû repartir en arrière pour relire le cristal de Cat, qui a fort à faire à jouter avec un tel adversaire. Le défi n'en devient que plus goûteux, nul doute que la belle saura, de griffes ou velours, donner de la cinquième en toute symphonie, et de fleurs parfumées, ouvrir d'autres croisées !

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  2. Quelle superbe joute !! Des mots plein de justesse, foi de Gavroche ! CHAPEAU BIEN BAS !! C'est un délice, que dis-je ? Un nectar ! Je cours lire la réponse de la minette ! Merciiii à toi aussi la magicienne !! gros bisous à vous et douce soirée loin de la morosité !!

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  3. Merci beaucoup Zibelyne et Eponine de vos fidèles passages si gentiment commentés et de vos compliments aux plumes Prose et Poésie. Bisous

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